Nemu'Run Chapitre 5
Nemuru
Et voici le chapitre 5. Il arrive un peu tard, à cause, entre autres, d'un souci de sauvegarde très chiant et répété. Une grosse ellipse nous sépare du chapitre 4 et c'est tant mieux. Les séances de grind pré/post Norman sont une plaie dans RSE. J'annonce de suite que ce chapitre n'aura pas d'illustration mais je vous réserve autre chose à la fin. Bonne lecture !
Résumé des épisodes précédents :La mission d'Apollo est au point mort. Après la perte d'Hariyama face à Adriane, notre héros prospecte dans l'Ouest d'Hoenn à la recherche d'Arthur et Max. Sans succès.
Chapitre 1, Chapitre 2, Chapitre 3, Chapitre 4
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Route 118
- Ressusciter Groudon ? Je me rappelle que les hiéroglyphes de la Tour Mirage évoquent que ce genre de catastrophe s’est déjà produit dans le passé. Et Hoenn a sévèrement pâti du réveil de ce Pokémon légendaire. D’ailleurs, le faiseur de pluie Kyogre était lui aussi sorti de sa léthargie et ils avaient livré un combat d’anthologie. Ils avaient ensuite été contenus et bannis dans les profondeurs de la terre par un Pokémon surpuissant. Concevoir cette résurrection est une folie. Il faut à tout prix arrêter ce Max ! Tu t’es donc rendu au désert après ton passage à Vermilava. Mais après, qu’as-tu fait Apollo ?
La voix de Pierre à l’autre bout du Pokénav me parvient hasardeuse et inquiète. J’ai l’impression qu’il ne me croit pas à même de remplir ma mission. Pourtant, je pourrais lui dire que j’ai capturé un Kraknoix et un Sabelette dans le désert. Que j’ai récupéré un Fossile Griffe ramené à la vie à Mérouville. Que j’ai fait un crochet par Clémenti-Ville pour écraser le champion d’Arène. Que j’y ai perdu Sarinne, mais que j’ai pu le vaincre grâce à la puissance d’un Bongo évolué, d’une Carol plus déchaînée que jamais et d’un Walter hargneux. Que ce dernier a appris comment transporter des gens sur son dos par la mer. Que j’ai ainsi rallié Clémenti-Ville à Poivressel en capturant un Goélise, et un Tentacool au passage. Je pourrais aussi lui dire que j’ai poussé mon enquête dans les bas-fonds de New Lavandia où j’ai gagné un Magneti. Je pourrais lui dire tout ça.
- Rien.
- Où es-tu maintenant ?
- Je pars en direction du nord vers Cimetronelle. Les indices laissés à New Lavandia suggéraient une activité dans l’est d’Hoenn.
- D'accord. Je pars à Atalanopolis pour surveiller l’antre du Pokémon Légendaire. On se revoit bientôt, Apollo.
J’éteins mon Pokénav et le fourre dans mon sac. Le ciel nuageux du matin vient assombrir le sable de la grève sur la route 118. À mes côtés, Bongo, Walter, Carol, Alphonse, Magne et Irina, tous impatients de reprendre la route. Je les comprends. Moi aussi, ça me démange. Depuis la perte de Marilyn, j’ai de la rage à revendre. La mort de Sarinne face au Monaflémit de Norman n’a rien arrangé. Je regarde d’un œil éteint la pokéball scellée dans laquelle je viens de capturer une Dynavolt. Le système de fermeture automatique d’une pokéball quand mon équipe possède six membres me fascine. Cette Dynavolt ne m’est d’aucune utilité avant qu’une place ne se libère parmi mes compagnons de route. De même que la plupart des Pokémon que j’ai capturés jusque là. Je fourre la pokéball au fond de mon sac que je jette sur mes épaules avant de partir en direction du nord. Je larguerai ce nouveau Pokémon dans le premier PC que je trouverai.
Route 119
Une Mystherbe part rejoindre le club des Pokémon du-fond-du-sac. La route 119 regorge de dresseurs qui en veulent. Et je leur donne ce qu’ils attendent. Alors que les premières gouttes de pluie tombent sur nos têtes, je rétame les scouts et autres rangers écolos qui osent venir me défier. Mes Pokémon s’en donnent à cœur joie et remportent combat sur combat. Magne, mon Magneti, est d’ailleurs un allié redoutable. Ses attaques électriques sont surpuissantes et calment tous ses adversaires qui ne sont pas de type sol ou plante. En plus, son armure de fer le rend quasi insensible à la majorité des attaques. Je suis heureux de le compter de mon côté. Pareil pour Walter. Depuis la mort de Marilyn et Sarinne, je le trouve changé. Il est plus sombre, plus agressif. Le temps où le petit Gobou souriant venait gambader dans mes pattes à Bourg-en-Vol semble très lointain. Trop, peut-être.
Walter et Magne évoluent quasiment coup sur coup. Magne en un puissant Magneton, étincelant de robustesse et de puissance, Walter en un monstrueux Laggron, débordant d’énergie aquatique destructrice. Ces deux-là sont le fer de lance de mon équipe et dévastent tout sur leur passage. Carol semble d’ailleurs apprécier Walter de plus en plus. Son côté taciturne ne lui déplaît pas. Elle s’ouvre également un peu plus à Alphonse, le petit Anorith timide et gentil qui a toujours peur de déranger ses compagnons dans nos bivouacs... Quant à Bongo, il fait souvent bande à part, comme Irina.
Irina la Kraknoix est un membre étrange de ma petite troupe. Elle est assez puissante et ses mâchoires redoutables ont plus d’une fois calmé les ardeurs des Pokémon qui se sont aventurés trop près. Son attaque Tourbi Sable est un piège vicieux qui en a également surpris plus d’un. Globalement, je n’ai pas à me plaindre de ce Pokémon. Certes, Irina est plus caractérielle qu’Alphonse, mais elle fait son job au sein de l’équipe. Équipe qu’elle snobe superbement d’ailleurs. Seul Bongo voit en elle une potentielle amie. Mais j’ai remarqué que récemment, mon Groret avait abandonné ses avances. Je ne peux pas lui en vouloir.
Avec cette équipe de six Pokémon je me sens quasiment invincible. Les anciens sont plus puissants que jamais et les petits nouveaux les talonnent de près. J’ai le sentiment que cette mission va se régler rapidement.
Nous nous reposons pour la nuit alors qu’une pluie drue nous douche littéralement. Seul Walter et Carol sont de sortie près de moi. Ces deux-là sont devenus proches en un rien de temps. Peut-être parce qu’ils sont les deux premiers à avoir rejoint mes rangs. Et qu’ils ont vu le départ de tous les autres.
Je tends ma toile de tente sous un arbre pour la nuit. Mon Laggron reste dehors. Pas facile de se réchauffer sous autant de flotte. Je suis assis sur le seul rocher alentour. Tout le reste n’est que boue et hautes herbes. Charmant pays.
Puis Carol lève le museau, ses oreilles se dressent. Elle sent quelque chose.
- Qu’y a-t-il ? Qu’est ce que tu sens ? Un Pokémon sauvage ?
Mon Grahyèna retrousse ses babines et commence à grogner. Non. Ce n’est pas un Pokémon. C’est autre chose.
Je sors ma tête et laisse échapper un juron vite emporté par le tumulte du vent. La pluie m’accueille à l’extérieur par un seau d’eau glacée. Je ne vois rien avec ce temps pourri. Walter, museau dans la boue, relève la tête à ma vue. Il semble vouloir jouer. Je lui adresse un geste agacé puis me retourne vers Carol.
- Écoute ma vieille. Je n’ai pas le temps pour…
Un éclair zèbre le ciel. C’est fugace, mais j’aperçois un bâtiment perché sur une colline. Je ne l’avais pas vu avec toute cette flotte.
- C’est ça que tu as senti ? Un abri ?
Carol gronde de plus belle. Il y a un truc pas net avec ce bâtiment. Mais ça peut faire un excellent lieu de couchage pour un voyageur à la merci des éléments.
Je rappelle mes Pokémon et m’approche de l’immeuble. C’est une bâtisse de deux étages, en béton et en verre. Des antennes paraboliques et des instruments bizarres hérissent son toit. Sûrement un laboratoire.
Je m’avance à petits pas. Si Carol a senti quelque chose, il faut que je me méfie. Ma Grahyèna a les sens plus affûtés que moi. Et ils ne l’ont jamais trompée. D’ailleurs…
L’entrée est gardée. Deux mecs en ciré bleu. Ce même bleu que je reconnaîtrais entre mille. Le bleu aqua. Ils portent chacun deux bandanas ornés d’un A stylisé. Pas de doute. La Team Aqua a investi les lieux. Mais pourquoi ?
Je fais sortir Laggron de sa Pokéball. Mon Pokémon sent que le combat est proche. Il attend mes ordres.
- Tir de boue Walter.
L’attaque est rapide et précise. Deux jets de boue viennent s’écraser coup sur coup sur les deux abrutis de l’entrée. Ils n’ont pas le temps de faire un geste ni d’émettre un son. Un travail propre et net.
Je rappelle Walter et fais sortir Carol et Magne. Pénétrer dans le bâtiment est un jeu d’enfant, mais j’imagine que les deux rigolos ne sont pas seuls. Magne brouille les systèmes d’alarme électroniques et Carole m’avertit de la présence de sbires éventuels. Beau travail d’équipe. J’ai l’impression de revenir à l’époque de la Team Galaxie.
L’infiltration est assez facile. Les rares personnes que je croise sont toutes du menu fretin de la Team Aqua et sont neutralisées assez rapidement. En dehors de ça, les couloirs et les bureaux sont vides. Les ordinateurs sont en veille. Un silence de mort règne au rez-de-chaussée, seulement perturbé par le hurlement du vent et le fracas des gouttes sur les vitres. Magne est un compagnon de choix pour lutter contre la Team Aqua. Les Nosferapti et les Carvanha ne peuvent strictement rien lui faire. En retour, mon Magneton s’arrange toujours pour les désintégrer en une seule attaque Étincelle. Quant aux dresseurs, une bonne décharge électrique dans le cerveau m’assure qu’ils ne se réveilleront pas avant une bonne heure. Je n’ai pas le droit de tuer. Dommage.
Une cage d’escalier faiblement éclairée nous fait face au fond de l’open-space du rez-de-chaussée. Carol grogne à nouveau. Les choses sérieuses commencent maintenant. J’ai encore l’effet de surprise avec moi. C’est le moment d’en profiter.
Je grimpe au premier étage. Un petit groupe de scientifiques est retenu en otage par une demi-douzaine de criminels. Quatre montent la garde, un autre s’affaire sur un ordinateur, et une magnifique jeune femme semble diriger les opérations. Elle possède un Grahyèna à ses côtés. Ses cheveux roux tombent en cascade sur ses hanches qui se dessinent sous une espèce de collant particulièrement moulant. J’ai l’impression de l’avoir déjà vue. Elle se penche sur le mec à l’ordinateur.
- Alors ?
- Tout va bien. Le transfert est bientôt terminé. Nous aurons très vite toutes les données hygrométriques de la région d’Hoenn.
Les données hygrométriques ? Qu’est-ce que des abrutis dans leur genre pourraient faire avec de tels renseignements ?
- Arthur sera content.
- S’il vous plaît… Laissez-moi voir ma fille… Vous avez eu ce que vous voul…
- LA FERME !
La voix de la jeune femme résonne dans l’étage comme un claquement de fouet. Sec et tranchant. Le binoclard de scientifique qui a osé l’ouvrir pousse un petit cri de fillette apeurée et se recroqueville dans un coin.
- Encore 10% !
Je ne réfléchis pas une seconde de plus. S’ils n’ont pas les données complètes, ça fera déjà ça de gagné.
- Magneton, Sonicboom.
L’onde de choc que dégage mon Magnéton est assez puissante pour pulvériser trois ordinateurs d’affilée. Dont celui sur lequel pianotait le sbire qui lâche une exclamation de surprise mêlée à de la douleur.
La rouquine en chef se retourne vers moi. De la fumée noirâtre monte des carcasses des machines.
- TOI ! Tu aurais dû rester dans le coma. Occupez-vous de lui !
Elle me connaît. Et j’ai vraiment l’impression de l’avoir déjà vu quelque part, mais où ?
Poivressel.
La nana en bikini. Elle était avec eux depuis le début.
- Vous avez entendu Sarah ! Éliminez l’intrus !
Une horde de Carvanha et de Nosferapti se jette sur moi la gueule ouverte, prêts à me déchiqueter. C’est sans compter sur mon Magneton et son attaque foudre dévastatrice. Une décharge plus tard et les Pokémon adverses sont transformés en tas de charbon. C'est super efficace.
Les sbires de la Team Aqua font l’amère expérience de la Pokéball inutile face à un Pokémon décédé. Hébétés, ils se retournent vers leur chef qui s’avance vers moi. Son Grahyèna grogne à mon attention. Derrière moi, Carol lui répond sourdement.
- Je vais te régler définitivement ton compte ! Grahyèna ! Attaque Morsure !!
Son Pokémon fonce sur moi, mais est intercepté en plein bond par mon propre Grahyèna qui se jette sur lui tous crocs dehors. Carol a soif de sang. L’adversaire est mis à terre en moins de deux.
- Attaque Éclate-roc !
Carol profite que son adversaire est à terre pour lui asséner plusieurs coups de patte dans les flancs. Le Grahyèna de Sarah couine puis se remet sur ses pattes. L’attaque de Carol l’a désorienté. Il a baissé sa garde.
- Morsure !
- Éclate-roc encore une fois !
Carol se laisse volontairement toucher pour asséner une nouvelle volée de coups dans les côtes. J’entends littéralement les griffes de mon Pokémon labourer la fourrure de son adversaire. Le rouge commence à perler sur le pelage noir. L’attaque de Carol est plus puissante, mais, touchée à la gorge, elle bondit en arrière et hérisse le poil. Elle est mal en point. Mais l’autre en face est un mort en sursis. Je ne prends pas de risque.
- Reviens Carol. Magne, finis le boulot.
Carol me jette un regard de haine alors que le rayon de ma Pokéball vient la rappeler à moi. Magne s’avance, aussi assuré de remporter la victoire que son maître. Ce match est déjà gagné d’avance.
- Sonicboom.
L’attaque sonore touche de plein fouet le Grahyèna adverse qui chancelle et s’écroule sur le sol du laboratoire. Derrière Sarah, j’entends les scientifiques pousser des rumeurs admiratives. Derrière moi, les sbires encouragent leur chef.
Cette dernière détache une deuxième Pokéball de sa ceinture après avoir rappelé son Pokémon.
- Si c’est un Pokémon aquatique, tu peux abandonner tout de suite. J’ai gagné.
- JAMAIS ! Carvanha ! Morsure !
- Étincelle.
Le Carvanha est réduit à l’état de charbon avant même d’avoir pu faire un mètre. Magne n’est pas DU TOUT d’humeur à se laisser marcher sur les aimants ce soir.
- C’est fini Sarah. Tu as perdu. Rends-toi et libère ces scientifiques.
- Tu es trop fort, c’est dégueulasse ! Nous aurions dû t’éliminer quand nous en avions l’occasion au Mont Chimnée. Arthur est trop tendre avec toi. Il espère que tu vas… Bah, peu importe. J’ai ce qu’il me fallait. J’espère que le reste de l’équipe aura fait sa part du travail.
Un sbire déboule à l’étage.
- Sarah ! J’ai Arthur sur le canal d’urgence ! Un groupe de la Team Magma leur a tendu une embuscade au Mont Mémoria ! Ils ont besoin de soutien !!
- Enfoirés de Team Magma ! À toute l’unité, repli ! On fonce au Mont Mémoria !
- Hé, un instant ! J’ai encore des questions à te poser, la rouquine.
J’attrape Sarah par la manche alors qu’elle passe à ma portée, mais elle me décoche un formidable crochet du droit que je reçois en plein nez. La douleur me fait instantanément monter les larmes aux yeux et je tombe à genoux en poussant une exclamation étouffée. Sarah en profite pour m’envoyer son pied en pleine figure.
- Ça, c’est pour mon Carvanha.
Les yeux mi-clos, je l’aperçois en train d’arracher le disque dur d’un ordinateur fumant.
- Et ça, c’est pour moi.
Elle s’enfuit dans l’escalier, suivie par plusieurs sbires. Magne me regarde avec ses yeux sans expression, attendant que je réagisse à l’absurdité de ce qui vient de m’arriver. Comment ai-je pu me faire avoir comme un bleu ?
- C-c-cage-éclair.
Aussitôt, des rayons d’électricité statique viennent frapper les deux trainards qui restaient à l’étage. Les deux hommes tombent à terre, pétrifiés. Victoire.
Je m’écroule de fatigue.
Je me réveille dans un lit. Plutôt douillet. Un bandage me serre le cartilage du nez que je sens encore douloureux. Ça fait deux fois que je défaille. Deux de trop. J’espère que je n’ai pas comaté plusieurs semaines.
Plusieurs silhouettes floues m’entourent. J’arrive à discerner les contours de ma chambre avant de les identifier. Je suis dans une sorte de cahute en bois. Les murs sont en branches tressées, le lit est dans un beau bois patiné et le plafond est en feuillage. Je reconnais ce style de bicoque. Je suis à Cimetronelle.
- Comment vous sentez-vous monsieur ?
Une voix féminine m’apostrophe. Un officier de police. À ses côtés, un des scientifiques du labo. Celui au couinement de fillette.
- J’ai connu mieux.
- Merci d’avoir aidé à libérer le Centre Météo. Nous avons écroué les deux individus que vous avez capturés. Mais ils n’ont rien voulu nous dire. Les scientifiques sur place nous ont parlé du Mont Mémoria, mais nous n’en savons pas plus. Et vous ?
- Je ne sais rien à propos de ça.
- Votre aide pourrait nous être précieuse. Nous mettons tout en œuvre pour arrêter ces terroristes.
- Je ne sais rien.
L’officier soupire.
- Très bien. Je vous laisse mon numéro de Pokénav. Si jamais quelque chose vous revient…
Elle sort, accompagnée du scientifique. Par réflexe, je m’assure que mes six Pokéballs sont sur la table de nuit. Magne, Carol, Walter, Alphonse, Irina, Bongo. Ils sont tous là. Parfait.
- Tu me fascines.
Une nouvelle voix résonne dans la chambre. Plus fluette. Plus cynique aussi.
- Flora.
- Bonsoir Apollo.
- Combien de temps j’ai dormi ?
- Une journée à peine. Ta nuit blanche au Centre Météo ne devait plus être de ton âge. Mais tu as fait du bon travail.
Je ne relève pas l’insolence de la gamine. Je n’aurais qu’à claquer des doigts pour la griller sur place avec l’aide de Magne. Mais je me retiens.
- Merci pour tes conseils à Vermilava. Je suis plus fort qu’avant. Mais si ton intervention se résume au rôle d’inspectrice des travaux finis, tu es en avance. Par contre, si c’est pour un combat…
- Je sais à quel point tu as progressé Apollo. Tu as six Pokémon maintenant. J’ai vu avec quelle facilité tu as pénétré dans le Centre Météo. Du grand art. Mais je ne vais pas me battre avec toi pour l’instant. Le temps presse.
Je me gratte machinalement la cicatrice qui cache la puce de mon poignet. Flora capte mon manège.
- Il faut bien te tenir en laisse. Imagine un criminel de ta tempe laissé en liberté ! Je pourrais te neutraliser cela dit, mais quel gâchis. Tu es en bonne voie.
- Pourquoi ne pas laisser faire les flics ?
- Parce personne ne pourra prouver que Marc ou Arthur sont à la tête des deux plus grandes organisations criminelles d'Hoenn. Tu as réussi par deux fois à les approcher. Je sais que tu peux décapiter cette hydre qui ravage la région.
- C’est trop d’honneur.
Flora se contente de soupirer dans un sourire énigmatique.
- Alizée, la championne de Cimetronelle, est redoutée par les dresseurs de la région. C’est aussi une amie. Je lui ai dit qui tu étais. Elle t’attend dans son arène pour un entraînement.
- Je croyais que le temps était compté ?
- Je croyais que battre les deux teams serait un jeu d’enfant ? Visiblement non. Ton Grahyèna a failli laisser sa peau dans son dernier combat. Et je ne parle pas du reste de ton équipe.
Je serre le poing.
- Dégage.
Flora me laisse en éteignant la lumière derrière elle. Cette gamine… Je jure qu’elle regrettera ses paroles un jour ou l’autre.
Je jette un œil à ma montre. Près de minuit. J’ai encore sommeil. Demain, je pars à la poursuite de la Team Aqua.
Cimetronelle
Les rayons matinaux rendent particulièrement bien sur le badge de la championne de Cimetronelle. Ce combat d’arène a été une promenade de santé. Magne a géré toutes les menaces de ses Pokémon vol jusqu’à ce que son Altaria prouve qu’il connaissait l’attaque Seisme. Bien que survivant à l’attaque, j’ai préféré rappeler mon Magneton pour laisser parler Alphonse, qui a terminé le combat à coup de Pouvoir Antique. Une puissante attaque de type roche qui n’est pas sans rappeler les chutes de pierres qui ont enseveli Gisele.
Je passe faire un tour au Centre Pokémon pour y déposer mes poids morts. J’espère que je n’aurai pas à les utiliser un jour ou l’autre. J’achète également des potions, des antidotes et autres produits utiles. Maintenant, direction le Sud, sac au dos. Le Mont Mémoria est assez loin. J’en aurai pour plusieurs jours de marche.
Route 120
Le premier Pokémon que je rencontre est un Absol. Je me disais bien que quelque chose m’observait dans les hautes herbes, mais je ne pensais pas tomber sur un tel spécimen. C’est un Pokémon magnifique, mais encore faible. Je l’amène à portée de Pokéball grâce à l’aide d’Irina, et Kriss l’Absol rejoint le fond de mon sac. Irina me regarde m’adonner au rituel du surnom avec un air intrigué. Je décide d’appeler le nouveau venu en référence aux couteaux historiques que les guerriers royaux utilisaient dans l’antique région d’Orre.
Pierre m’appelle sur mon Pokénav alors que je m’extirpe des hautes herbes.
- Apollo ? Comment vas-tu ?
- Ça va.
- Parfait ! Je reviens d’inspecter la grotte d’Atalanopolis. Aucune trace d’effraction. Le Pokémon Légendaire dort toujours de son sommeil millénaire.
- Bon à savoir.
- Du neuf sur la Team Aqua et la Team Magma ? Je sais de source sûre qu’ils s’apprêtent à mener une action contre le Mont Mémoria. Puis-je compter sur toi pour leur mettre la main dessus là-bas ? Moi j’ai d’autres affaires qui requièrent toute mon attention. Je suis désolé.
- Je suis déjà dessus.
Je lui raccroche au nez. Ce fouille-merde de Pierre. S’il est si bien informé, pourquoi tient-il à mon aide ? Je me fous de ses histoires. Je m’occupe des Teams, point.
Route 121
La route est effectivement assez longue jusqu’au Mont Mémoria. J’entraîne mes Pokémon d’arrache-pied. Irina me récompense en évoluant en une somptueuse Vibraninf. Seul Bongo s’enthousiasme de cette évolution. Le reste de la troupe semble s’en foutre comme d’une guigne. J’ai l’impression que plus rien ne peut étonner mon équipe. À part Alphonse et Magne. Ces deux-là, impossible de lire quoi que ce soit sur leur tronche inexpressive.
Une Polichombr reçoit l’honneur d’une Pokéball sur la route 121. Je sens que j’approche du Mont Mémoria. Les Pokémon spectres se font de plus en plus présents, et les mystiques illuminées qui me lancent des duels sont légion. J’appelle la Polichombr Alice. Elle part rejoindre Kriss au fond du sac.
Et soudain, je le vois. Émergeant de la brume au milieu d’un lac, il apparaît dans toute sa majesté. Le Mont Mémoria. Plus petit que le Mont Chimnée, je le trouve plus impressionnant. Déjà parce qu’il est encerclé d’eau, ensuite parce qu’il abrite un tas considérable de Pokémon mort, et enfin parce que je sais que deux Teams m’attendent sur ses flancs.
Des traces de lutte ont marqué la végétation sur le chemin qui mène au sanctuaire. On s’est battu à plusieurs par ici. Des touffes de poil noir et des réminiscences de gaz toxique ne font aucun doute sur la nature des belligérants. Je suis sur leurs talons. J’appelle Walter pour m’aider à traverser le lac. Il est temps de couper court à leur petite sauterie.
Mont Mémoria
Le Mont Mémoria est en fait une montagne creuse où sont entreposées plusieurs tombes de Pokémon visitées par quelques âmes en pleurs. Les personnes que je croise ne me prêtent pas attention. J’éprouve une curieuse sensation de malaise. Mon Trioxhydre… Mon Léviator… Les aurais-je enterrés en pareil endroit si j’avais récupéré leur dépouille après l’assaut de Voilaroc ? Serais-je venu me recueillir sur leur tombe ? Aurais-je honoré leur mémoire ? Et Gisèle ? Pic ? Marylin ? Sarinne ? Tous ces Pokémon qui sont morts depuis le début de cette histoire ?
Je frissonne devant les Polichombr et les Skelénox qui flânent entre les pierres tombales. Des esprits de Pokémon réincarnés ? Je n’y prête pas attention. À pas de loups pour ne pas déranger la solennité du lieu, je me dirige vers les contreforts rocheux du Mont Mémoria.
Délaissée du grand public, la face extérieure du sanctuaire est particulièrement à pic. Je dois m’aider d’Irina pour passer d’une prise sûre à l’autre. Pour le moment, aucune trace de qui que ce soit. Seraient-ils déjà partis ?
Mais non. Ils sont là.
Au fur et à mesure que je progresse dans mon ascension, de la brume vient gêner mon champ de vision. Opaque et humide, elle manque de me faire trébucher contre un corps étalé sur le sentier.
Un corps ?
Je crois reconnaître le tissu rouge qui drape d’ordinaire les membres de la Team Magma. Il y a eu de l’affrontement par ici. Et ça s’est mal terminé pour celui-là.
Je vérifie le pouls de celui qui s’avère n’être qu’évanoui. Bon. Je pousse le corps dans le bas-côté au milieu des tombes. Personne n’ira le chercher avant un moment.
Des pierres tombales ébréchées et de l’herbe couchée témoignent d’une intense activité toute récente. J’enjambe d’autres corps. Moins vivants. Du sang a coulé sur les pavés du cimetière. Des cadavres de Nosferapti jonchent le sol, au milieu des lambeaux d’étoffe rouge et bleue. Sarah a dû arriver à temps finalement. Quel carnage.
- Pitié !!
Une voix déchire le silence cotonneux. Je me pétrifie sur place, les mains crispées sur mes Pokéballs. Quelque part, tout près, quelqu’un est en danger.
- Pour la dernière fois ! Où est parti Max ? Où est l’Orbe Rouge ? Tu veux que mon Medhyèna t’arrache un autre doigt ?
Deux mecs en bleu. Un mec en rouge. Le sbire Magma est à genoux, le front en sang. Au sol, deux Pokéballs brisées et deux silhouettes couchées que je distingue comme celles d’un Chamallot et d’un Nosferapti. Les sbires Aqua se tiennent au-dessus de lui en ricanant. Un Medhyèna leur tourne autour.
- Réponds !
Je fais sortir Bongo à mes côtés. Un Choc Mental bien placé pourrait m’assurer leur évanouissement. Sans même que je ne desserre la mâchoire, mon Groret sait ce qu’il doit faire. Ses yeux s’illuminent. Je sens l’air se distordre autour de nous.
Les deux sbires Aqua se raidissent d’un coup. Leur bouche se crispe. Ils se dévisagent un instant puis s’écroulent de concert. Parfait. Le Medhyèna a l’air désorienté. Il accourt aux pieds de ses maîtres évanouis. Surgie de la brume, Irina l’emporte dans un battement d’ailes. Tout s’est fait sans un cri, sans un bruit.
Je sors de ma cachette alors que le sbire Magma, hébété, se remet doucement sur ses jambes. Il me regarde approcher avec effroi.
- T-toi ! Je t’ai vu au Mont Chimnée ! Tu es…
- Je ne suis pas votre ennemi. Pas maintenant en tout cas. Et je ne vous ferai aucun mal, si vous me racontez ce qu’il s’est passé.
- C’était très confus. Nous savions que la Team Aqua devait récupérer un artefact au Mont Mémoria. Mais quand nous sommes arrivés avec Max, il n’y avait personne. C’est quand nous avons réussi à mettre nous-mêmes la main sur l’Orbe Rouge qu’ils nous sont tombés dessus. Max à réussi à s’enfuir en emportant un orbe. Nous sommes restés en diversion…
Tu parles d’un bordel. Je me demande si la mission n’irait pas plus vite si je les laissais s’entretuer.
- À quoi sert cet artefact ?
- Il y en a deux. Deux orbes. Et je ne sais pas à quoi ils servent.
Je n’en tirerai pas grand-chose de plus. Je l’abandonne dans son coin et continue mon ascension.
Je repère vite la Team Aqua. Ils ne sont pas spécialement discrets. Un, deux, trois sbires montent la garde devant un autel de pierre près duquel se tient un Arthur triomphant. À genoux devant lui, une vieille dame est en pleurs. Ce que j’imagine être son époux se tient à ses côtés, une main sur l’épaule, l’autre, tremblante, sur une canne en bois. Arthur semble savourer l’instant. Il tient un orbe bleu à la main. L’artefact ?
- Enfin ! Je savais que vous ne pourriez pas me le cacher plus longtemps ! L’Orbe Bleu est en ma possession et avec ça, Kyogre…
Ouh là. Un instant. Ces machins peuvent ressusciter les Pokémon légendaires ? Et on les confie à ces pauvres vieux en haut d’une montagne ?! Si Max a mis la main sur l’Orbe Rouge et qu’Arthur vient de récupérer le bleu, doit-on s’attendre à une apocalypse bis ? J’interviens.
- Groret, Choc Mental.
Bongo réagit aussitôt et lance son attaque psychique. Mais cela échoue. Vif comme l’éclair, un des sbires a envoyé son Medhyèna pour contrer mon attaque. Mon plan tombe à l’eau et ma couverture est ruinée. Fais chier. Arthur se tourne vers moi.
- Qui est là ? Apollo ? C’est toi ?
Je sors de ma cachette, mains sur mes Pokéballs. Bongo ne peut rien faire contre les Medhyèna et j’ai rappelé tous les autres. Il faut que j’arrive à changer de Pokémon.
- Je suis content que tu ailles mieux. Sarah m’a raconté votre rencontre au centre météo. Tu es quelqu’un de rapide et puissant Apollo. Mais c’est trop tard. L’orbe est à moi, je l’emporte à Nénucrique et tu ne pourras plus interférer dans mes plans.
- Ça reste à voir. Reviens Bongo, à toi Magne !
Magne surgit par surprise devant les sbires qui me barrent la route. Ils amorcent un mouvement de recul avant de serrer les rangs. Il va falloir les éliminer.
J’ai presque de la peine pour eux. Magneton ne fait pas dans le détail et transforme en petit tas noir et fumant tout ce qui se dresse sur notre chemin. L’air humide est électrique. La résistance n’est que de courte durée.
Arthur est acculé. Il tourne le dos au flanc nord du Mont Mémoria. Une falaise à pic qui vient rencontrer le bras de mer en contrebas. Le leader de la Team Aqua a déjà un pied dans le vide quand j’arrive à hauteur de l’autel.
- C’est trop tard Apollo. Quel dommage que tu ne fasses pas partie de notre grande famille ! On aurait pu faire de grandes choses ensemble.
Il saute. Je bondis sur lui, mais n’attrape que du vide. Ce fou a sauté. Je l’entends rire alors qu’il dégringole vers les rochers. J’attends le bruit mat, le plongeon, mais rien ne vient. Seuls le fracas des vagues et le vent lugubre.
Puis, un bruit de moteur, faible, m’arrive aux oreilles. Il avait préparé son coup l’enfoiré.
Je me retourne vers l’autel. Les sbires sont partis, évidemment. Putain !! Encore raté. Comment vais-je pouvoir terminer cette mission si ces deux mégalos ont maintenant des Pokémon légendaires sous leurs ordres ? Je porte la main à mon Pokénav dans un réflexe pour appeler Pierre. Non. Je n’ai pas besoin de lui pour gérer ça.
Nénucrique. Le plan m’indique que la cité portuaire est à deux pas d’ici. Je fonce.
- Jeune homme attendez !
Le vieux couple me fixe avec des yeux implorants.
- J’ai vu que vous cherchiez à empêcher ces terroristes de faire le mal. Je vous en prie, arrêtez-les !
- Vous auriez dû mieux cacher ces objets. Vous étiez des proies faciles.
- Ce secret était gardé depuis des siècles ! Une fois que nous avons été repérés, nous n’avons rien pu faire. Mais dans sa fuite, la Team Magma a oublié ça.
La vieille me tend un emblème en métal sur lequel est dessiné un M stylisé.
- Je ne sais pas à quoi il pourra vous servir, mais s’il peut vous aider à combattre ces gens… Je vous envoie ma bénédiction.
- Merci.
J’aurai plutôt besoin d’une équipe de choc et de temps.
Nénucrique
Nénucrique la Belle me tend les bras. Sortir du Mont Mémoria était encore plus simple qu’y entrer. Et les dresseurs qui pensaient m’empêcher d’avancer en ont eu pour leurs frais. Alphonse profite de ce petit entraînement pour évoluer en Armaldo.
J’ai campé sur le rivage, près du Parc Safari de la route 121. À la nuit tombée, j’ai capturé un Doduo.
C’est en transférant mon trop-plein de Pokémon au PC du Centre de Nénucrique que je tombe sur Flora. J’essaye de l’ignorer, mais elle me barre la route. Et je ne suis pas d’humeur.
- J’ai à te parler.
- Je n’ai rien à te dire.
- Moi si.
Nous sortons du Centre Pokémon. Elle m’entraîne dans une ruelle, derrière un grand bâtiment rouge, près du port.
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Des résultats. Je te vois lutter depuis des jours pour rien. J’ai appris ce qu’il s’était passé au Mont Mémoria et j’ai le sentiment que cette affaire te dépasse.
- Tu as prévenu les autorités ?
- Pas encore. L’enquête du centre météo patine et les mandats de perquisition n’ont pas été délivrés. Mais je ne pense pas qu’on puisse découvrir quoi que ce soit au bureau de la Team Aqua à Nénucrique.
- Un bureau ? Où est-il ?
- C’est un entrepôt, un peu plus loin au large. On y voit souvent des membres de la Team Aqua rôder par là. Mais officiellement c’est un atelier de matériaux de plongée. Une couverture qu’ils mettent en avant quand on s’intéresse de trop près à eux.
- Je ne suis pas un flic. Je vais m’infiltrer.
- Non.
- Quoi, non ?
- Tu es retiré de cette mission. Je me demande bien ce que nous pouvions attendre de plus d'un ancien de la Team Galaxie... Je vais appeler mon père qui contactera Belladonis. Ce qu’il t’arrivera après, je m’en fous.
- C’est hors de question.
Flora sort quatre Pokéball d’une de ses poches. Son regard est sans équivoque. Je regarde derrière moi. Personne ne passe dans ce putain de quartier. Oh, merde.
- Limagma, à toi !
- Alphonse, Pouvoir Antique !
Mon Armaldo domine le petit Limagma de toute sa hauteur. L’issue de ce duel ne fait aucun doute. D'ailleurs le Limagma a un mouvement de recul. Des pierres viennent bientôt s’écraser sur le Pokémon de Flora qui s’écrase dans une giclée de lave sans avoir eu le temps de dire « ouf ». Et d’un. Flora esquisse un sourire.
- Tropius, attaque Feuillemagik !
L’imposant Tropius occupe d’un seul coup l’espace réduit de la ruelle. L’attaque plante inflige des dégâts moyens à mon Armaldo qui encaisse le choc sans broncher. Les feuilles qui viennent se planter dans sa carapace de roche ne semblent pas l’avoir énormément blessé, mais je sais que les Pokémon roche apprécient moyennement les attaques végétales. Par contre, le Pouvoir Antique d’Alphonse tape à côté. C’est l’heure de changer de tactique.
- En avant Carol, attaque Morsure !!
- Feuillemagik !
Carol attaque tous crocs dehors. Je sens à sa hargne qu’elle rongeait son frein depuis un moment. Et c’est tant mieux. Ses canines rencontrent le cou découvert de son adversaire. Le sang du Tropius verdit ses canines.
Mais l’attaque adverse fait également mouche et Carol n’a pas l’air d’apprécier. Je l’entends couiner alors que les feuilles, tranchantes comme des rasoirs, viennent lui lacérer la peau.
J’attrape une baie Sitrus que je lance à mon Grahyèna qui l'attrape au vol et l'engloutit d'un claquement de mâchoires. Une deuxième attaque Feuillemagik vient la frapper de plein fouet, mais elle tient le choc comme une professionnelle.
- Finis-le.
Carole réattaque. Le Tropius pousse un cri de douleur et s’écroule sur le sol de la ruelle. Il est très mal en point, mais Flora arrive encore à le rappeler à elle. Et de deux.
- Bekipan ! Cru’ailes !!
- Esquive et Morsure !
Le Békipan ennemi rencontre les crocs de Carol dès sa sortie de Pokéball. L’attaque est un franc succès et les plumes blanches se teintent de rouge. Carol est une tueuse-née. Flora serre les dents. Elle est clairement en posture de faiblesse et des larmes coulent le long de ses joues. Ce n'est pas ce piaf qui va nous emmerder plus longtemps. La bourrasque projette mon Grahyena dans les airs avant de l'expulser violemment sur le sol. Cette saloperie est vive. J'aurai dû demander à Carol de viser les ailes.
Bah, tant pis. Finissons en. Je me tâte à rappeler Carol mais le regard de haine qu'elle m'avait lancé au Centre Météo m'intime le contraire. Je lui dois bien une deuxième victime sur ce combat.
- Allez Carol, Morsure, une dernière fois !
Mais Carol ne bouge pas. Je sors une autre baie Sitrus que je lui lance. Aucune réaction.
- Carol ?
Flora me dévisage avec colère. Comme si c’était de ma faute.
- Reviens Carol.
Le rayon de la Pokéball rencontre le vide. Carol ne revient pas. Mon Grahyèna ne reviendra plus.
Je tombe à genoux devant la dépouille de mon Pokémon. Son pelage est encore chaud. J’essaye de retenir les larmes qui coulent sur mes joues. Carol. Pourquoi ici et maintenant ? Pourquoi comme ça ? Pourquoi face à elle ?
Flora rappelle son Békipan et dégaine son Pokénav.
Non.
- Irina, Mâchouille.
Flora a le réflexe de faire resortir son Békipan pour éviter les mâchoires de mon Vibraninf. Mais l’attaque ne touche pas dans le vide. Et le cou du Békipan dessine un angle bizarre entre les dents d’Irina. Egalité.
- Massko, lame-feuille !
- Irina, on continue ! Mâchouille !
Le type Dragon d’Irina lui épargne bien des soucis face à cette attaque. Les feuilles semblent lui glisser sur la chitine comme de l’eau sur un parapluie. Pas plus émue que ça, ma Vibraninf attaque. Le Massko pousse un cri de douleur.
- Mâchouille encore.
Irina referme une nouvelle fois ses dents sur la peau tendre de son adversaire. Flora me jette un œil affolé.
- ENCORE !
L’attaque atteint une nouvelle fois sa cible. Et marque la fin du combat. Et la vie du Massko, je crois. Perchée triomphalement sur le cadavre du vaincu, Irina semble attendre des félicitations.
- Viens là.
Penaude, comme si elle avait fauté, ma Vibraninf retourne auprès de moi dans un battement d’ailes. Je lui tends mon poignet où saille la cicatrice de ma puce électronique.
- Vire-moi ça.
Irina me regarde comme si j’avais perdu la raison. Je serre les dents. Et d’un signe de tête lui fait comprendre que je ne plaisante pas. Flora s’est écroulée sur la dépouille de son Massko. Trois Pokémon morts dans une ruelle de Nénucrique. Je vois déjà les journaux demains.
Irina plante ses petites dents aigües dans mon poignet. Je serre les dents encore un peu plus fort. Mais la puce sort dans un filet de sang. Je l’écrase du talon.
Flora se tient la tête dans ses mains en gémissant. Elle n’encaisse pas le choc. Mon vieux cœur ne semble toujours pas vouloir se calmer non plus. Je ramasse le corps sans vie de Carol. Elle mérite une sépulture décente.
Mais avant de partir, je m’arrête devant Flora. Les yeux rouges, en sanglot, elle lève la tête vers moi sans qu’aucun mot ne franchisse ses lèvres.
- Ne réapparais plus jamais devant moi.
Elle s’effondre en larmes. Je pars sans me retourner.
Walter creuse un trou sous un arbre de la route 121. Il ne m’a pas regardé de toute la soirée. Alphonse, Magne et Irina savent que l’heure est grave. Même s’ils ne connaissaient pas Carol, ils comprennent qu’ils viennent de perdre la doyenne de l’équipe. Bongo est abattu. Son naturel optimiste en prend un coup. Comme Laggron.
***
Le soleil se couche sur Nénucrique et je n’arrive pas à me calmer. Je n’ai plus de puce, mais j’ai un compte à régler avec Max, Arthur et les autres. Première chose à faire, trouver un remplaçant pour Carol. Ensuite, je pars rendre une visite à la Team Aqua.
Ça va chier.
Regrets :
Quel Pokémon Apollo choisira pour remplacer Carol ? À vous de choisir. Votez sur le forum (section Nuzlocke) pour le Pokémon de la boîte que vous souhaitez voir apparaître dans le chapitre 6. Attention, les votes se terminent le 10 octobre.
Seuls les votes sur le forum seront comptabilisés.