Voilà une bonne demie-heure que j'ai bouclé mon taf et que je scroll sur tout l'Internet, au repos sur mon coude. Je me fais chier, il est trop tard pour inviter des potes et bien trop tôt pour aller me coucher, alors je vais vous raconter un peu ce qui se passe dans ma vie.
Pas grand chose, en fait. J'ai jamais eu de "copine" à proprement dit, rien n'excédant deux jours, le comas éthylique, la simple ébriété ou le coup de blues; cela dit je ne suis plus puceau depuis mes 16 ans. Je gagne ma vie en demandant de l'argent à mes parents, des gens pas forcément riches mais pas pauvres non plus, un couple dans la norme sociale à cela près qu'ils ne sont affables qu'avec l'argent et ceux qui pourraient leur en procurer.
Grosso-modo, j'ai jamais rien branlé de ma vie; j'ai grandi dans une maison assez spacieuse, on ne me privait pas de cookies, j'ai toujours maintenu un niveau scolaire correct sans vraiment m'en occuper, j'ai toujours pu sortir sans trop de règles et d'horaires et aujourd'hui mes vieux payent la moitié du loyer que je partage avec ma colocataire.
Ma coloc', c'est une nana super. Elle est bien faite, c'est une brunette un peu maigre et blafarde, mais bien faite. Elle s'en fout un peu de ses fringues, elle se coiffe pas et ne vient pas me casser les couilles avec ses histoires de fille. C'est pas forcément un cordon bleu, mais elle est sympa, on aime se foutre sur le canapé et passer la nuit sur la 360 en bouffant des trucs de merde. On parle S-F, prog, hardware, jeux, sens de la vie, tout ce genre de conneries qui nous intéressent. Je crois que je l'aime, mais j'y pense pas trop, je sais pas ... Putain, j'ai l'impression d'écrire à mon journal intime. Je n'ai pas de journal intime. J'en avais un quand j'étais petit, j'avais écrit Valentine sur toutes les premières pages et un jour je l'ai balancé. Valentine, c'était mon amoureuse en primaire. Aujourd'hui je ne sais pas ce qu'elle devient. Je m'en fous.
Je sais pas trop où je vais, ce que je fais ou pourquoi je le fais; j'essaye de vivre tranquille mais j'ai toujours l'impression d'avoir trop de travail pour penser, et quand j'ai du temps libre je viens vous raconter ça plutôt que d'envisager l'avenir. On entend souvent les utopistes parler de leurs rêves, moi je ne crois pas avoir de rêve. J'aimerais avoir du temps, vivre lentement, que toutes les périodes de vide actif soient longues. Je suis pas pressé, parce que je n'sais pas c'que j'attends.