09 octobre 2011, 13:48
Merde ma vie va à cent à l'heure depuis que je suis au lycée. Hier soir je pensais me poser pénard devant un film, balancer la critique dans la nuit, me faire un petit goulet sur wow, une ou deux games sur hon, entamer un bouquin, le fermer aux alentours de la trente-quatrième page pour me lancer dans une folle partie de deadspace deux, le son rugissant sa pleine puissance à en faire vibrer mon casque, me reposer sur wow pour finir deux ou trois quêtes annexes avec de la musique et au petit matin me coucher après m'être branlé.
Au lieu de ça, à peine j'avais lancé pleasantville et enfourné ma main dans un vieux paquet de pop-corns froids, j'ai été dérangé par un mec qui voulait m'inviter à ce qu'il appelait une "soirée posée". Je lui répond gentiment d'aller se faire foutre et que j'ai prévu de passer une soirée de jeune ado' célibataire jemenfoutiste, ce à quoi il a rétorqué qu'il y aurait Élise (you know who), de la bonne herbe, une ou deux inconnues et un fond musical novateur bourré de trucs que je connais pas. On m'aurait putain de jamais proposé ça il y a deux ans (bon ok, j'avais treize ans, adaptez le contexte), alors j'ai réfléchi deux secondes et j'ai accepté, même si j'étais pas franchement motivé. Bref, je vais pas vous faire un compte rendu de la soirée, c'est pas ce que j'essaye de vous expliquer (même si c'était finalement génial, que je me suis encore plus rapproché d'elle, effectivement découvert quelques artistes, que l'herbe était bonne, les inconnues aussi, et qu'on a fini pété dans un champ).
Il y a même pas une semaine, mes parents m'avaient pris à part pour me dire que je suis un type cool, que je suis sympa comme fils, que je bosse bien en cours, que j'ai su me reprendre de mes années de déchéance sociale (selon eux), que je prenais soin de moi et de mon avenir, que c'était bien et ils ont direct commencé à me parler de mon année post-bac : ils m'ont soutenu que la meilleure chose à faire de ma vie était de prendre une année sabbatique une fois mon bac en poche, d'aller où je veux, découvrir un maximum de choses loin du cocon familial, de faire un gigantesque walk/road trip à travers des paysages magnifiques dans plusieurs états différents et qu'ils seraient prêts à payer tant que ce n'est pas trop excessif et à condition que je continue à me donner à fond pendant les trois années à venir. J'avais clairement envie de leur répondre "non mais attendez, j'ai que quinze ans là, vous me parlez de me barrer un an après le bac, mais il me reste encore trois ans, quoi.", mais bon, j'étais un peu pris de court j'ai juste fait un petit "euh, ouais ... ok" et je me suis barré. Même speech pour ma sœur de dix-sept ans. Apparemment ce serait parce qu'ils auraient négligé le bonheur de mon frère qu'ils ont seulement poussé à travailler (même si ça lui a effectivement bien servi), et qu'ils voudraient pas que ça se reproduise avec nous, enfin bon, je m'étais un peu cru dans un film.
Ça commence à me faire chier que tout le monde soit derrière moi, que tout le monde me trouve sympa il n'y a plus aucun frein à mes envies et je trouve ça malsain. Ma vie subit des changements d'état beaucoup trop radicaux. Le problème vient pas des autres, j'ai jamais eu de problème avec ça, je ne me suis jamais attaché aux gens, j'ai jamais pleuré quelqu'un ou pour quelqu'un, ça ne risque pas de m'arriver, j'ai absolument aucune envie précise et je subis la vie sans l'appréhender, j'ai aucun mal à me détacher des autres et à rompre des liens douloureusement tissés, puisque de toute façon aucun lien ne s'est tissé douloureusement. J'ai l'impression de vendre mon esprit, de marchander mes pensées, je suis franchement pas le genre de mec à sortir tout le temps, je suis un homme d'intérieur ou d'étendues vierges, mais certainement pas de rues pavée, de lotissements, de bars et je ne suis absolument pas friand de la présence humaine.
Je me demande si le destin ne me prend pas un peu pour un con. J'ai toujours été un mec qui se complaisait dans sa passion, à l'écart des groupes préformatés, j'aime les relations simple et je n'ai clairement rien à foutre de l'amour, de la solitude, du sexe, des peines ... tout ça, je ne l'ai jamais connu et ça ne m'intéresse pas. J'ai passé de longues années dans l'ombre de mes personnages sur wow, derrière mes dés et mes jeux de plateau, les seules personnes que je voyais irl étaient les gars avec qui je jouais à d&d et les gars de ma guilde que je rencontrais souvent lors des évènements tels que la blizzcon, la sortie d'un jeu spécial, symbolique ou tout simplement grandiose.
Ma vie était un automne pluvieux, le ciel était doux, grisâtre, parfois perlé d'une faible teinte bleue laiteuse, percé d'un unique faisceau de lumière qui rayonnait en tant que ma passion sur un sol de terre humide et de feuilles craquantes, mortes. Maintenant, c'est devenu un après-midi d'été en plein new-york, il fait chaud et les gens se pressent, ne prennent plus le temps d'apprécier l'horizon. Je déteste l'été et la chaleur. J'ai de plus en plus envie d'arrêter tout ça et de retourner sur wow ou lancer des dés dans une cave sombre.
Je pourrais faire ça sans mal, je me soucie franchement pas de l'avis et de l'état des autres. Enfin évidemment, sauf d'une personne. Ça fait putain de mec sensible, mais depuis que j'ai rencontré la fille dont je vous conte les qualités depuis plus d'un mois, je ressens un flux émotionnel qui oscille d'elle à moi, une longueur d'onde parfaite, j'ai l'impression de vivre en elle et de la ressentir vivre en moi. Merde, j'étais pas sûr de ce que je pensais d'elle, mais si je vous raconte ça après la soirée d'hier, c'est justement parce que tout s'est précisé depuis lors. J'ai carrément envie de remettre le pied derrière la ligne et de revivre mes années passées, mais je me dis que je veux aussi vivre la passion amoureuse qui nous est promise à elle et moi. Il s'est passé un truc que je prendrai peut-être la peine de vous raconter une autre fois, mais là, comme Thomas et The_Miz, je peux le dire sans me tromper : "je suis fou amoureux".
Je suis écrasé par deux volontés d'opposition qui se disputent la suite de ma vie : world of warcraft, d&d, un puis de culture intarissable, des expériences loin des autres qui me rapprochent de moi-même, ou bien ... l'amour, au détriment de tout ce qui me faisait du bien ?
Je me fais chier. Ça m'emmerde d'avoir quinze ans. Ça m'emmerde de vivre à cette époque. Je veux partir sur les chemins, vivre d'horizons et d'aventures, loin du commun des mortels et de l'avis des autres. flbflbflbfblfblfbl !