tu ne peux pas être crédible en disant ça, c'est une généralisation abusive et ridiculeCiterça devient difficile de répondre, parfois j'ai l'impression que tu réponds à côté, d'autres fois tu me sers des réponses incomplètes : des pédagogies modernes plus efficaces ? mais lesquelles ? et plus efficaces que quoi exactement ? connais-tu réellement les pratiques pédagogiques actuelles ou te bases-tu sur ta seule expérience ?à peu prés toutes ? quelle éducation que la notre facilite moins l'accès à l'épanouissement personnel au travers du savoir etc. ?
notre école produit des gens inutiles, incapables, médiocres, asociaux, etc. où est la gloire ? et ce n'est pas la faute de notre système économique : le but de notre éducation devrait être de nous permettre de nous y intégrer, pas de le soutenir
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ah bon ? et tu lui enseignes comment à ton informaticien ce qu'est un ordinateur et comment il fonctionne ?Citeret donc je répète que pour "enseigner" la compréhension du monde, les savoirs disciplinaires restent valables, à condition de ne pas les limiter/détruire pour les raisons déjà évoquéesoui mais j'inverse le raisonnement : ce n'est pas les savoirs disciplinaires qui permettent la compréhension du monde mais la compréhension du monde qui permet l'apprentissage disciplinaire
la première chose qui doit être enseigné à un apprenti informaticien, ce n'est pas un "hello world", c'est ce qu'est un ordinateur, pourquoi il est là, comment il fonctionne, etc. ce qui implique aussi de revenir sur les notions de machine et d'outil
t'insère une petite question "pourquoi pensez vous qu'on vous enseigne l'histoire ?" dans le prochain ds de tes classes stp ?
je peux l'insérer ta question, y a pas de souci, je pense que tu ne te rends pas compte de comment ça se passe, je peux t'assurer que 9 élèves sur 10 s'en bat juste les couilles en l'état, je peux te le dire parce que mon enseignement n'est pas aussi caricatural que tu sembles le croire
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je discuterai de ce point plus basCiterce que pourrait faire l'école dans le cadre d'enseignements disciplinairespas tant qu'on les enseignements à quelques disciplines, pas tant qu'il y a des professeurs et des élèves, où seuls les premiers enseignent et sont les seuls porteurs des trois pouvoirs
je précise que je n'idéalise ou ne fige pas pour autant cette fameuse "séparation", mais qu'elle est un outil quasi-indispensable à un minimum de rigueur dans la manière d'étudier un sujet, c'est comme une sorte de pré-sélection qui sert de "tuteur" à l'esprit pour aborder un sujet, et c'est seulement une fois arrivé à maturation que cette séparation doit sauter, ce qui m'amène à répondre à ça :
je ne suis pas contre l'école, je discute de la médiocrité de la notre
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c'est juste le discours qu'on nous tient dans les formations depuis 30 ans, et nous on s'étonne toujours parce qu'au fond personne n'a jamais nié ça, seulement après les enseignants sont des individus et ont tous leur rapport personnel à l'autorité donc ça donne des choses diverses et variées, le problème de la massification de l'école c'est pas seulement trop d'élèves, c'est aussi trop d'enseignants, ça donne globalement plus de chances d'avoir des enseignants pourrisCiteron est tout à fait d'accord, mais tu ne dis pas comment on apprend à devenir autonome, et l'autorité que tu critiques plus haut peut être nécessaire dans ce processus, elle n'est pas une fin mais un moyenet bien en ne l'étant pas. et tu as raison, je voulais en parler d'ailleurs mais il y deux types d'autorités, celle qui interdit et celle qui montre l'intérêt du savoir être, l'autorité du titre et celle de la compétence
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rien n'empêche de faire les deux, il est même préférable de faire les deux pour ne pas passer pour un charlatan et un beau parleurCitermerci pour le conseil mais ça on le sait depuis fort longtemps, je peux te tirer des citations d'auteurs du XIXe qui racontent comment faire une leçon d'histoire en partant de l'intérêt des gosses pour tel ou tel sujettu vois ton problème c'est que tu veux enseigner l'histoire aux enfants alors qu'il faut leur apprendre à être, à penser, à communiquer, à créer ce qui éveillera leur intérêt pour l'histoire ou whatever
je peux aussi te dire qu'avant de réussir à faire venir "naturellement" ce que tu décris de la part d'un gamin t'as intérêt à t'armer de beaucoup de patience, tu luttes contre d'autres influences autrement plus puissantes que toi et tous les gamins n'ont pas ton parcours
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tu peux parler à n'importe qui dans la rue, du dernier des clochards à l'ambassadeur du xvie, ils ont tous leur vérité sur le monde. peut-être qu'ils te confessent que eux ne sont pas grand chose, mais au fond, quand même : ils savent ce qu'est le monde, pourquoi il est comme ça, etc.mais c'est ce que je fais tous les jours, dans le cadre de ma discipline, qui peut être fort large par ailleurs, sauf que je pars toujours de quelque chose de précis et que globalement ça me permet de rester cohérent dans mon enseignement et de pas m'éparpiller dans tous les sens, parce que tout ce que tu cites là, pour le critiquer réellement, il faut des connaissances de base solide, parce que dire que c'est mal en expliquant vaguement pourquoi, ça c'est facile, souvent mes élèves d'ailleurs me disent direct en début de séquence "mais monsieur de toute façon le problème c'est les riches qui exploitent les gens" etc., et à chaque fois je leur dis "c'est bien, maintenant tu m'expliques pourquoi et comment", et pour ça ils doivent commencer par apprendre leur géographie économique
que cette vérité personnelle soit excessivement médiocre ça ne fait pas de doute, mais quand même ils savent quelque chose là-dessus : c'est donc bien qu'ils s'y intéressent et veulent l'apprendre
la division cellulaire et la commune ? c'est loin tout ça...
et donc : ce qu'on doit enseigner, ce n'est pas l'histoire, c'est dire qu'il y a moins de vérité dans ce qu'on voit que dans ce qu'on mesure. effectivement, il y a des immigrés qui trichent sur les allocs, on peut le voir, l'entendre, le savoir : on peut aussi mesurer que ça concerne une très infime partie de la population et que c'est drastiquement inférieur à la fraude aux impôts
et plus que de mesurer les états de fait, il faut apprendre à en identifier les causes, les fondements : pourquoi des personnes fraudent-elles aux allocs ? pourquoi y a t il des allocs ? parce qu'elles veulent de l'argent ? pourquoi ? pour que les gens puissent subvenir au minimum de leurs besoins ; parce que l'argent permet l'accès aux besoins, services, désirs, etc. pourquoi doit on payer pour ses besoins vitaux ? pourquoi, si on ne doit pas payer pour respirer, doit on payer pour l'eau et les pommes, pourquoi doit on payer un loyer pour un bout de terre à d'autres qui, comme nous, ne se sont "donné que la peine de naître" ? etc.
pourquoi les gens ne font pas ça après 15 ans à l'école alors qu'on a pris le temps de leur apprendre le badminton, le théorème de pytagore, la shoah, etc. ? n'y a t il pas un énorme problème quelque part - auquel l'enseignement disciplinaire ne répond pas ?
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le reste du monde est médiocre ? et alors ? comment s'en sont tirés tous les gens issus des milieux particulièrement défavorables ? un choc esthétique, une passion, un rêve, une fille, peut-être un professeur parfois : les enfants subissent notre environnement, certes, l'école doit enseigner sa destruction, pas y trouver son modèlel'école républicaine française a pour ambition d'émanciper l'individu, globalement l'idéologie dominante chez les enseignants c'est celle des Lumières, après sur le terrain ça donne des choses variables, parce que tous les enseignants ne se valent pas et qu'avec la massification y a peu de chance que tu profites majoritairement d'un enseignement de qualité
je ne sais pas si tu te rends compte que tu tiens quasiment au mot près le discours qui est tenu par le pouvoir aujourd'hui, ta critique de l'école est exactement celle qui est tenue depuis 30 ans par la société actuelle, les connaissances sont inutiles (vive wikipedia), les disciplines empêchent les élèves de faire du lien entre les choses, les élèves ne sont pas assez autonomes et créatifs, les professeurs sont trop autoritaires, les enseignements ne sont pas pratiques / pas assez utiles / ne permettent pas assez de comprendre le monde etc etc
le problème de ce discours c'est qu'il est tenu à la fois par des gens qui croient qu'ils critiquent l'école pour la rendre meilleure, alors que ce qu'ils veulent, l'école le voulait et le faisait déjà avant eux, et à la fois par l'idéologie néo-libérale qui y voit une opportunité depuis des décennies de casser une école idéologiquement trop "élitiste" et attachée à la capacité d'abstraction et à la maîtrise du savoir
je ne sais pas non plus si tu te rends compte par exemple que l'école française a produit pendant très longtemps de bons mathématiciens que le monde entier s'arrachait, et qu'avec la direction que prend l'école sur la base de discours comme le tien aujourd'hui, ça n'est déjà pratiquement plus le cas
je pense que je ne suis pas en désaccord avec tes aspirations, et que globalement beaucoup d'enseignants seront en accord avec toi sur le principe, mais qu'il faut absolument que tu te penches davantage sur le malaise de l'école aujourd'hui pour en comprendre les causes profondes et les effets pervers, la première des causes étant clairement une massification ratée qui a culminé avec le collège unique dans les années 80