Je pense que j'ai pas trop besoin de tourner autour du pot, si vous êtes pas trop des blaireaux, vous comprendrez sans mal le but du sujet, même si j'aimerais insister sur l'argumentation : je veux que vous nous fassiez voyager au travers de vos rêves et que vous nous fassiez entrer, l'espace d'un paragraphe ou plus, dans votre idylle.
En ce qui me concerne, il y a trois époques que j'apprécie bien plus que les autres : la période qui précédait le moyen-âge mais suivait l'antiquité, les années 40 et les années 80.
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Entre l'antiquité et le moyen-âge. Je vendrais mes couilles, mon amour propre, ma propre famille, tout ce que je possède pour y vivre. L'époque des immensités vierges, sans trop de soucis d'autorité (puisqu'ils sont principalement venus après). Je me vois tellement sur les lagons de campagne, perdu au milieu du nappage brumeux, pêchant le dîner du lendemain; rentrant le soir à la taverne, me bastonner entre deux bières, rotant ma haine envers la jeunesse anticonformiste qui voudrait faire avancer le monde, hurler au patron de resservir donc une bière. Je rentrerais vers 3~5 heures du matin, me coucherais sur le flanc gras d'un de mes trois porcs pour être prêt à bêcher mon carré quelques minutes, profitant des premières lueurs de l'aurore. Vers 11h, j'irais fumer ma pipe, adossé au grand arbre d'un bois lumineux. Dans l'après-midi, j'irais voler, faire mon gredin, haranguer les filles, me bastonner derrière les étales, et tout le bordel. Je serais nomade, aussi. Tous les deux mois, je quitterais les berges, armé de mon courage et de ma pagaie en bois, pour découvrir de nouveaux rivages, de nouvelles personnes, de nouvelles aventures et expériences. J'essayerais de participer à des mutineries, de me bâtir une réputation dans le pays, et, v.ieux, jouir de ma gloire passée, et me pendre en me rendant compte que je ne serai jamais aussi heureux que pendant mes années de vigueur.
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Pour ce qui est des années 40, plus qu'y vivre, j'aurais voulu y naître. Les gars de cette génération ont eu la plus belle vie moderne depuis la nuit des temps. Ils ont tout fait, tout vu, tout inventé et vécu d'audace. Je me vois bien jeune, à cette époque, arpentant les rues avec ma bande de copains, tous uniformisés par l'habit scolaire. J'aurais été le fils de l'épicier du coin, un jeune rebelle qui aurait refait le monde avec un joint et de la musique quand l'âge aurait joué dans la balance.
Puis, plus insipide, je n'aurais eu qu'à claquer des doigts pour trouver un boulot. Si le patron m'emmerdait, je quittais la boîte, et 10 minutes après je me retrouvais un nouvel employeur.
Pendant ma jeunesse, j'aurais vécu d'aventures sans lendemain, je n'aurais pas connu les prises de tête, et j'aurais vieilli dans l'insouciance. Puis seraient venues les années 80, les cafés et leurs bancs en cuir rouge dont je vous parle si souvent, le développement impressionnant de la culture cinématographique et musicale ... Je me vois danser avec ma chère et tendre, sur le tapis du salon, derrière une vitre encore froide d'un hiver tenace qui donnerait sur une rue enneigée. Au loin, le dessin d'un couple s'éloignant sur le chemin blanc à la lueur d'un lampadaire.
Bon et puis là, j'ai la flemme d'argumenter, j'ai d'autres choses à faire, alors je vous laisse vous exprimer.