"culture" ouais c'est compliqué donc bon ça n'apparaitra qu'en négatif dans mes propos, hein, pas le temps de me lancer là-dedans
voilà donc comment moi je vois les choses :
"artiste" c'est un statut, je suis désolé mais se décréter "artiste" c'est bien mignon mais le premier clampin venu peut le faire à partir du moment où, comme tu le disais valentin, "il n'y a pas d'art sinon toi et ton rapport aux choses", or ce genre de définition relève de l'aporie, il n'y a rien de fondamentalement personnel ni dans toi, ni dans ton rapport aux choses, il n'y a rien du tout d'ailleurs, si ce n'est ta perception, à peine saisissable, donc rien qui puisse être l'objet d'une définition, en revanche on peut désigner le premier clampin venu comme artiste mais pour d'autres raisons
le statut d'artiste découle de conditions culturelles, et un artiste n'est jamais autre chose qu'un artisan à qui on a donné du crédit pour définir ce qui est propre à sa culture, ce qui la définit le mieux, quitte à ce qu'il devienne lui-même un objet culturel
tout dans l'art est persuasion, violence de la mise en forme, volonté de fixer et de faire durer l'expression d'un "style", d'une "perception", d'un "rapport aux choses" comme tu disais, mais tout ça n'a rien de personnel, ça ne se fait jamais dans son petit coin à soi, y a toujours le monde et quelque chose de global qui s'y joue
pourquoi alors "avant" (on va dire avant fin XVIIIe/XIXe) il y avait beaucoup de culture et peu d'artistes ? parce que la culture était bien plus persuasive, et les artistes avec : ils travaillaient pour les grandes puissances du monde et les sublimaient (la religion et les princes), et qui dit artiste persuasif, puissant dans leur style, dit moins de place pour la diversité des expressions et élévation de la culture par enrichissement continuel des mêmes idées
pourquoi "après" moins de culture et beaucoup d'artistes ? parce qu'à un grand tournant de notre civilisation sur tous les plans, durant le XVIIIe s., est apparu l'artiste critique : critique de l'existence, critique de la culture, critique de la technique, l'art est devenu l'art pour l'art et a commencé à tourner sur lui-même, et donc à tout déconstruire, à tout renverser, l'artiste est devenu un être maudit, "underground" comme on dirait aujourd'hui, a créé l'équation création = innovation (sic), et en effet, à ce petit jeu il n'y a plus de culture à part soi-même en tant que champ de bataille continuel dans un monde qui passe son temps à se contredire et se critiquer, et du coup on refile volontiers le statut d'artiste à tout le monde se revendiquant être l'expression de ce chaos
ps : je précise qu'il n'y a pas, fondamentalement, de mauvais jugement sur le "maintenant", qui est une nécessité historique et qui peut donner naissance à de belles choses, mais elles seront forcément plus ternes
Quelques passages de cet extrait sont très enrichissants, et je me suis permis de les noter pour m'en servir à l'avenir, ayant lu à l'instant cet article concernant le journalisme musical, et plus largement, le journalisme en général, en particulier celui bénévole qui s'est répandu sur la toile : http://gonzai.com/a-quoi-sert-encore-le-journalisme-musical/
J'aimerais donc avoir des réponses construites, personnelles, et réfléchies aux questions suivantes :
. Que pensez-vous des arts actuels (depuis, disons, l'apparition des expansions populaires au détriment de la prépondérance artistique nommée par les instances au pouvoir) ?
. Pensez-vous que les médias doivent avoir une influence sur l'art, et si oui, dans quelles mesures et sous quelles conditions d'échanges ? A quel degré les écrits culturels devraient-ils rester personnels, quel devrait être l'affect des lecteurs sur le journaliste ?
. Pensez-vous qu'il soit nécessaire de critiquer une oeuvre quand celle-ci est achevée et que l'artiste a terminé sa transfiguration artistique intime et intrinsèque ? De la sorte, est-il nécessaire de critiquer sous un extrême positif, un extrême négatif, ou juste discuter l'oeuvre en prenant en compte à la fois les aspects positifs et négatifs ?
. Quelles qualités sont requises pour qu'un critique soit en mesure d'exprimer son opinion avec toute la suprématie qu'il est censé posséder dans son rôle de juge ?
. Fait-on l'art pour soi-même, ou pour l'autre ? Quelles sont vos définitions, dans un cas comme dans l'autre, de l'égoïsme et de l'altruisme, et quelles sont les limites de ces notions ?
. Peut-on réellement se permettre de donner une note à une oeuvre ? Peut-on déclarer qu'une oeuvre est bonne ou mauvaise lorsque l'avis des lecteurs diverge chaque fois ? Peut-on encore dire que le critique a un pouvoir quelconque sur ses lecteurs ?
. Quels sont les arts que vous considérez comme enrichissants du point de vue personnel ? Quels sont ceux que vous considérez comme n'étant que des distractions passagères ? Sauriez-vous établir des frontières distinctes quand la popularisation de tous les arts s'efforce, à l'instar du capitalisme conquérant symbole du feu qu'est l'humanité, de les repousser continuellement, voire de les supprimer ?
. Comment considérez-vous l'avis des autres ? Prenez-vous des notes ? Vous arrive-t-il de décomposer ces avis et d'en extraire le meilleur, même si l'ensemble ne vous convainc pas totalement ? Si oui, êtes-vous capable de faire la même chose avec une oeuvre ?
. Qu'est-ce que le beau, selon vous ? Vous limitez-vous à cette notion pour établir vos préférences ? Ou essayez-vous de faire l'effort de persister dans l'analyse de l'oeuvre afin de vous en sentir finalement submergé ?
. Est-il préférable d'avoir ses classiques et de les décomposer indéfiniment, ou plutôt de faire de perpétuelles découvertes afin de renouveler la sensation ? Quel est le but de l'art, en ce cas ? Comment peut-on déconstruire tout en assimilant ?
Si vous avez d'autres suggestions, je suis preneur, je suis ultra-dubitatif ces derniers temps quant à l'importance de l'art dans la vie, et d'autres notions prennent le dessus, alors j'essaie de décrypter au mieux sa signification pour voir comment l'insérer dans mon nouveau mode d'existence.
Merci à vous.