j'étais sérieux quand je parlais de poésie, c'est la meilleure et la plus belle méditation possible, on y trouve des résonances avec ses états d'âme et ses malaises quotidiens ; tout notre être y transparaît, parfois avec simplicité, voire humilité, dans une image touchante, parfois avec grandiloquence en sentiments écorchés ou triomphants
la poésie donne à la vie ce surplus de mélodie, à l'image de la bande son d'un film au moment d'une scène émouvante, cette impression de vérité atteignable mais fugitive qui élance l'esprit, la sensibilité et tout son être vers l'étape suivante
c'est "être du bond ; pas du festin, son épilogue" comme l'écrivait Char, ou autrement dit toujours s'aventurer et ne jamais s'arrêter
la poésie ne donne pas les clés mais donne un écho aux chagrins et aux joies, à toute la gamme des couleurs de son essence, et c'est ce même écho qui donne envie, or l'envie fait tout
par la poésie, on arrive à donner du sens à ces riens qui font le tout, s'opposant à la rigidité mathématique du x fois zéro = zéro ; l'éphémère vibration des cordes intérieures est gardée, déployée, égouttée jusqu'à donner toute sa puissance, le souvenir est maintenu dans la chair et peut indéfiniment se revisiter, au-delà de toute temporalité
parce que la poésie permet de déplacer son esprit vers un autre état, une métaphysique de l'être où, comme l'écrit David Mazzucchelli dans Asterios Polyp, un souvenir ne se visionne pas à nouveau mais se recrée ; c'est étendre les possibilités de vie, de sa vie d'abord, puis mêlée à toutes les autres pour arriver à une subjectivité transcendée en un principe essentiel duquel découlera toujours d'autres principes
la poésie, c'est la résonance de l'humanité avec le cosmos : le tout environnant, le noir de l'espace et son infinité qui émergent en un sens, en des sens impossibles à compter mais dont l'infinité n'effraie pas et pousse plutôt à explorer toutes ces potentialités éthiques, tout ce ressenti
la poésie
pour ma part
Spoiler
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[...] Allons, frères, bons vieux voleurs,
Doux vagabonds,
Filous en fleurs,
Mes chers, mes bons,
Fumons philosophiquement,
Promenons-nous
Paisiblement:
Rien faire est doux.
extrait de l'Autre de Verlaine, j'adore cette représentation décomplexée de la désinvolture ..
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there's a bluebird in my heart that
wants to get out
but I pour whiskey on him and inhale
cigarette smoke
and the whores and the bartenders
and the grocery clerks
never know that
he's
in there.
there's a bluebird in my heart that
wants to get out
but I'm too tough for him,
I say,
stay down, do you want to mess
me up?
you want to screw up the
works?
you want to blow my book sales in
Europe? [...]
tiré de Bluebird de Charles Bukowski
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De l'éternel Azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poëte impuissant qui maudit son génie
A travers un désert stérile de Douleurs.
Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde
Avec l'intensité d'un remords atterrant,
Mon âme vide. Où fuir ? Et quelle nuit hagarde
Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ?
Brouillards, montez ! versez vos cendres monotones
Avec de longs haillons de brume dans les cieux
Que noiera le marais livide des automnes,
Et bâtissez un grand plafond silencieux !
de l'Azur de Mallarmé
donc jsais que vous allez raler puisque j'ai mis que des extraits et que c'est hérésie en poésie, mais j'ai mis que les passages qui m'ont le plus ému. à vous ?