De l'importance de la culture et des arts, de nos jours

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Vieille chatte

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05 mai 2015, 17:01
"culture" ouais c'est compliqué donc bon ça n'apparaitra qu'en négatif dans mes propos, hein, pas le temps de me lancer là-dedans

voilà donc comment moi je vois les choses :

"artiste" c'est un statut, je suis désolé mais se décréter "artiste" c'est bien mignon mais le premier clampin venu peut le faire à partir du moment où, comme tu le disais valentin, "il n'y a pas d'art sinon toi et ton rapport aux choses", or ce genre de définition relève de l'aporie, il n'y a rien de fondamentalement personnel ni dans toi, ni dans ton rapport aux choses, il n'y a rien du tout d'ailleurs, si ce n'est ta perception, à peine saisissable, donc rien qui puisse être l'objet d'une définition, en revanche on peut désigner le premier clampin venu comme artiste mais pour d'autres raisons

le statut d'artiste découle de conditions culturelles, et un artiste n'est jamais autre chose qu'un artisan à qui on a donné du crédit pour définir ce qui est propre à sa culture, ce qui la définit le mieux, quitte à ce qu'il devienne lui-même un objet culturel

tout dans l'art est persuasion, violence de la mise en forme, volonté de fixer et de faire durer l'expression d'un "style", d'une "perception", d'un "rapport aux choses" comme tu disais, mais tout ça n'a rien de personnel, ça ne se fait jamais dans son petit coin à soi, y a toujours le monde et quelque chose de global qui s'y joue

pourquoi alors "avant" (on va dire avant fin XVIIIe/XIXe) il y avait beaucoup de culture et peu d'artistes ? parce que la culture était bien plus persuasive, et les artistes avec : ils travaillaient pour les grandes puissances du monde et les sublimaient (la religion et les princes), et qui dit artiste persuasif, puissant dans leur style, dit moins de place pour la diversité des expressions et élévation de la culture par enrichissement continuel des mêmes idées

pourquoi "après" moins de culture et beaucoup d'artistes ? parce qu'à un grand tournant de notre civilisation sur tous les plans, durant le XVIIIe s., est apparu l'artiste critique : critique de l'existence, critique de la culture, critique de la technique, l'art est devenu l'art pour l'art et a commencé à tourner sur lui-même, et donc à tout déconstruire, à tout renverser, l'artiste est devenu un être maudit, "underground" comme on dirait aujourd'hui, a créé l'équation création = innovation (sic), et en effet, à ce petit jeu il n'y a plus de culture à part soi-même en tant que champ de bataille continuel dans un monde qui passe son temps à se contredire et se critiquer, et du coup on refile volontiers le statut d'artiste à tout le monde se revendiquant être l'expression de ce chaos

ps : je précise qu'il n'y a pas, fondamentalement, de mauvais jugement sur le "maintenant", qui est une nécessité historique et qui peut donner naissance à de belles choses, mais elles seront forcément plus ternes

Quelques passages de cet extrait sont très enrichissants, et je me suis permis de les noter pour m'en servir à l'avenir, ayant lu à l'instant cet article concernant le journalisme musical, et plus largement, le journalisme en général, en particulier celui bénévole qui s'est répandu sur la toile : http://gonzai.com/a-quoi-sert-encore-le-journalisme-musical/

J'aimerais donc avoir des réponses construites, personnelles, et réfléchies aux questions suivantes :

. Que pensez-vous des arts actuels (depuis, disons, l'apparition des expansions populaires au détriment de la prépondérance artistique nommée par les instances au pouvoir) ?
. Pensez-vous que les médias doivent avoir une influence sur l'art, et si oui, dans quelles mesures et sous quelles conditions d'échanges ? A quel degré les écrits culturels devraient-ils rester personnels, quel devrait être l'affect des lecteurs sur le journaliste ?
. Pensez-vous qu'il soit nécessaire de critiquer une oeuvre quand celle-ci est achevée et que l'artiste a terminé sa transfiguration artistique intime et intrinsèque ? De la sorte, est-il nécessaire de critiquer sous un extrême positif, un extrême négatif, ou juste discuter l'oeuvre en prenant en compte à la fois les aspects positifs et négatifs ?
. Quelles qualités sont requises pour qu'un critique soit en mesure d'exprimer son opinion avec toute la suprématie qu'il est censé posséder dans son rôle de juge ?
. Fait-on l'art pour soi-même, ou pour l'autre ? Quelles sont vos définitions, dans un cas comme dans l'autre, de l'égoïsme et de l'altruisme, et quelles sont les limites de ces notions ?
. Peut-on réellement se permettre de donner une note à une oeuvre ? Peut-on déclarer qu'une oeuvre est bonne ou mauvaise lorsque l'avis des lecteurs diverge chaque fois ? Peut-on encore dire que le critique a un pouvoir quelconque sur ses lecteurs ?
. Quels sont les arts que vous considérez comme enrichissants du point de vue personnel ? Quels sont ceux que vous considérez comme n'étant que des distractions passagères ? Sauriez-vous établir des frontières distinctes quand la popularisation de tous les arts s'efforce, à l'instar du capitalisme conquérant symbole du feu qu'est l'humanité, de les repousser continuellement, voire de les supprimer ?
. Comment considérez-vous l'avis des autres ? Prenez-vous des notes ? Vous arrive-t-il de décomposer ces avis et d'en extraire le meilleur, même si l'ensemble ne vous convainc pas totalement ? Si oui, êtes-vous capable de faire la même chose avec une oeuvre ?
. Qu'est-ce que le beau, selon vous ? Vous limitez-vous à cette notion pour établir vos préférences ? Ou essayez-vous de faire l'effort de persister dans l'analyse de l'oeuvre afin de vous en sentir finalement submergé ?
. Est-il préférable d'avoir ses classiques et de les décomposer indéfiniment, ou plutôt de faire de perpétuelles découvertes afin de renouveler la sensation ? Quel est le but de l'art, en ce cas ? Comment peut-on déconstruire tout en assimilant ?

Si vous avez d'autres suggestions, je suis preneur, je suis ultra-dubitatif ces derniers temps quant à l'importance de l'art dans la vie, et d'autres notions prennent le dessus, alors j'essaie de décrypter au mieux sa signification pour voir comment l'insérer dans mon nouveau mode d'existence.
Merci à vous.

Lew

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05 mai 2015, 18:41
c'est un peu brouillon, tu poses trop de questions

mais je dirais qu'avant de commencer le débat, il faut poser quelques pistes de réflexion de base sur ce qu'est une œuvre et ce que la notion de valeur peut vouloir dire quand elle est associée à de l'art (je rentre pas dans tous les détails parce que je n'ai pas le temps là)

la notion d’œuvre ne va pas de soi, c'est une notion très instable et remise en question ; la seule chose certaine est qu'il y a une dimension esthétique et juridique. Chris Marker, par exemple, souligne que la création contemporaine se fait énormément par citations, saisies de créations existantes ; cette idée redéfinit la question de l’œuvre dont la notion se dissout aujourd'hui au profit d’une bibliothèque, cf. Borgès pour qui une œuvre, c'est une bibliothèque, l’écho de toute la bibliothèque d’un auteur (ce qui relativise ce que dit faer, qui est un poil caricatural)

dans l’idée d’œuvre, il y a souvent l’idée de prélèvement sur un ensemble plus vaste : idée de Barthes d’un texte scriptible et d’un texte visible (c'est-à-dire virtuel), je sais plus quel auteur (peut-être Montaigne) pensait ses textes comme des mues de lui-même, c'est-à-dire une trace de son état d'esprit, de ses pensées, de son éthique (d'où l'idée que l'art constitue d'infinis réservoirs d'éthiques)

pour reprendre l'idée de "création = innovation" dont parle faer, on retrouve cette idée chez Kristeva dans la Révolution du langage poétique où on trouve défini un régime particulier de littérarité : la poéticité d’un texte serait le lieu d’une jouissance, celle de détruire le code ; donc un travail de négativité, une rupture selon deux axes – le symbolique et le sémiotique (le symbolique renvoie aux codes et le sémiotique aux pulsions), il y aurait une dialectique entre les deux et c'est ce qu'on voit dans les avant-gardes et dans la vision généralement établie de l'art, à savoir qu'il doit amener ou chercher nécessairement à amener un paradigme nouveau : surprendre, se questionner (ce sur quoi il porte, voire plus) puis amener le spectateur à se questionner au regard de ses propres référents culturels

de fait, l'art en tant que réservoir d'éthique est inépuisable (donc les perpétuelles découvertes dont tu parles sont possibles dans le canon d'œuvres qu'on se donne) puisqu'on opposerait à l'œuvre sa propre bibliothèque (culturelle, de souvenirs, d'éthique-s...), c'est l'idée que l'art force à se confronter à la complexité du monde en amenant d'autres schémas (avec tous les écueils qu'on connaît et qu'on voit par exemple dans mme bovary)


du coup, c'est aussi l'idée qu'on voit chez blanchot dans L’espace littéraire, où il montre que l’écriture est une solitude pour l’écrivain, en tant qu'elle l’enferme en-dehors du monde ; de fait, l’écriture maintiendrait toujours l’auteur à distance de son but et de son œuvre et l’écrivain serait lui-même écrit par l’œuvre -> l’auteur est constitué et saisi par son écriture. L’écriture étant alors un combat entre l’auteur et le néant dans lequel il sait qu’il va se dissoudre, la littérature (qu'on peut étendre aux autres arts) peut être pensée comme un engagement total de l'auteur et ça montre l'intensité potentielle de l'œuvre

on retrouve cette idée dans la théorie développée par Alberti dans de pictura, où le tableau en tant que cadre incarne « une fenêtre par où on peut regarder l’histoire », c'est une métaphore récurrente en philo esthétique (et dans l'histoire des arts) qui nie l’effectivité matérielle, la qualité de chose en soi, et fait du tableau un rien qui fait voir. La même idée se retrouve également dans les arts non plastiques : l’écran du cinéma, le théâtre avec sa scène et la théorie de Diderot du quatrième mur, la littérature et l’existence de la page réalisée effectivement dans le processus de lecture (c'est-à-dire que l'œuvre littéraire n'existerait que quand elle est lue et confrontée à la culture du lecteur), la musique en tant qu’incarnation d’une volonté pure (puisque sans référent réel)…




après il y a la question de la valeur, qui renvoie à la fois au contenu véhiculé c'est-à-dire l’idée des valeurs, mais aussi à la de la valeur absolue ou relative ; historiquement, on a trois valeurs qui se sont imposées : le vrai, le beau et le bien

au-delà de ces critères qui sont un peu caducs aujourd'hui (si ce n'est l'idée platonicienne du bien, qui n'a jamais été invalidée), on peut aussi dégager deux axes dans une œuvre : l’effet idéologie (ce qui traverse l'œuvre sans que l'artiste ne le veuille nécessairement) et l’effet valeur (valeurs explicites qui sont voulues, voire revendiquées) qui sont à rapprocher d'une troisième donnée, la valeur temps

en gros, c'est l'idée que toute grande œuvre est canonique (ou "classique") quand tous ses effets primaires ont été épuisés et qu’il reste une possibilité de dialogue avec la parole (au sens propre pour un texte ou au sens figuré pour une autre œuvre), ou, autrement dit, quand l'œuvre s'est débarrassée de ses références liées à son temps (ses realia) pour acquérir une dimension absolue, mais ça poserait problème pour apprécier la création contemporaine

on peut aussi voir une conception progressiste de l’art et de la littérature : comme la science, la valeur progresserait sans cesse ; c'est l’idée d’un système vivant et ouvert, d'un capital littéraire/artistique, c'est-à-dire que toute nouvelle production s’ajouterait à ce capital, tout serait ainsi redéfini par l’apport d’une nouvelle œuvre, dont la production viendrait changer le passé et le présent

j'ai pas le temps de continuer mais je crois que c'était important de donner quelques éclairages sur ces questions avant de se lancer vraiment dans le débat ; il y a aussi la question de l'art c/ l'entertainment dont j'avais discuté avec vico



« Modifié: 05 mai 2015, 18:48 par Lew »

Vieille chatte

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05 mai 2015, 19:17
J'aimerais bien que quelqu'un retrouve le débat en question avec vico si c'est possible et le colle ici.

Merci pour ces éclairages référencés, Lew, il me semble qu'il était important de les rappeler, en cela que je les connaissais pour la plupart, mais c'étaient des notions dont l'utilité ne m'était pas revenue lors de la rédaction du topic. En soi, je voulais seulement poser ces questions et laisser libre-cours aux réponses, aux idées qui peuvent surgir, et en extraire le meilleur, car je me sens moi-même perdu et mitigé, ne sachant pas considérer ma place entre spectateur et artiste, ne sachant pas vers quoi m'orienter, ni s'il y a une alternative qui ne soit pas terne et sans sens derrière tout cela (qu'on ne me parle pas de religion svp), quand l'art semble être d'une importance relativement primordiale à la survie de l'homme en tant qu'être individuel cherchant continuellement la sensation.

Maître pastêque

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05 mai 2015, 23:43
L'art est pour moi une excroissance de la pensée humaine, qui est nécéssaire au bien ètre mental de l'homme, le besoin de création est un besoin primaire à la limite du physiologique, tout comme la curiosité, ces deux faces d'une meme pièces sont souvent comblé de nos jours par des tas de divertissements tel que l'accumulation de bien matériaux, le besoin d'intégration au sein d'une communauté, l'entretien physique à haut niveau, ou encore la consommation de produits pouvant changer sa perception de la réalité,
tout ceci n'est qu'une simple culture permettant de faire germer sa propre vision des choses le tout distiller en une oeuvre qui soit est aboutie et peut ètre considéré comme une oeuvre au sens propre ou comme un simple concept.
Ce qui est intéressant c'est que cette notion d'excroissance de la pensée humaine est aussi retrouvable avec internet qui n'est rien d'autre qu'un réseau télépathique géant.

Vieille chatte

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06 mai 2015, 00:16
Merci pour ton inutilité.

Vassily Kandinsgruy

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06 mai 2015, 00:31

se poser les bonnes questions

Maître pastêque

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06 mai 2015, 00:38
Merci pour ton inutilité.
Bah niques ta race, et continue de tergiverser sur l'importance de l'art sur notre société tout en ayant l'initiative et la recherche artistique d'un jeune garçon rebelle agé de douze ans

valentin buck

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06 mai 2015, 00:40
tergiverser
mdrrrrrrr d'où t'écris ce mot correctement

Maître pastêque

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06 mai 2015, 00:45
j'ai pas la flemme de bien écrire ojd.

faer

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06 mai 2015, 01:08
c'est un sujet passionnant mais j'ai déjà livré pas mal sur l'autre topic, et là ma vie m'occupe avec des choses qui touchent assez peu à ce genre de questions dans l'immédiat

Maître pastêque

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06 mai 2015, 01:10
Le peuple t'attend de pied ferme.

Maître pastêque

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Vieille chatte

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06 mai 2015, 01:30
faer si t'as n'importe quel type d'écrit personnel à m'envoyer, ce serait avec joie que je les lirais

Simlock

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06 mai 2015, 01:39
Osef, c'est comme le débat le jeu vidéo est il un art, tel truc est il de l'art, une femme qui balance des boules de peinture avec sa chatte est il de l'art, au final l'avis des autres sur ce qu'on "apprécie" reste toujours secondaire.
Je veux dire dans un monde où tout le monde est de plus en plus centré sur son nombril, et où chacun est persuadé que son avis est le meilleurs, je pourrais par exemple commencer à débattre de l'importance de la révolution qu'à été la techno avec k_mas, et dans autant de pages qu'en compte le topic sur les femmes idéales aucun de nous n'aurait changé.
C'est pas juste pour dire une banalité du genre, le goût c'est personnel blablabla, seulement un constat assez triste de notre rapport à l'art. Je sais pas si c'est lié à notre époque, j'ai lu des articles d'époques liés les polémiques artistiques du 18-19ème dans le domaine musical donc je dirais que non, mais je trouve que la majorité des gens traitent leurs avis personnels comme des biens patrimoniaux rares et précieux. Je suis pas sur d'être clair. En fait j'ai l'impression que la notion d'art ne sert qu'à donner de la valeur à des trucs qui nous plaisent pour x raison, de façon à donner de la valeur à notre sens critique, donc notre intellect, par rebond.

Mdr amin si internet était l'équivalent d'un réseau télépathique alors on serait dans une grosse merde. Internet c'est une décharge, tout ce qui est usé s'y retrouve et s'y mélange, et ça donne d'un côté occupy WS et de l'autre l'équivalent de la bibliothèque d'Alexandrie en hentai fury.
Mdr j'ai relus ton truc avant de soumettre, tu viens de résumer internet.


Pour info j'ai pas lu vos pavés parce que voilà mais je suis d'accord avec vous.

Maître pastêque

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06 mai 2015, 01:55
Merci pour ton inutilité.
Simlock artiste zephirien.

doux jésus

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06 mai 2015, 06:44
Osef, c'est comme le débat le jeu vidéo est il un art, tel truc est il de l'art, une femme qui balance des boules de peinture avec sa chatte est il de l'art, au final l'avis des autres sur ce qu'on "apprécie" reste toujours secondaire.
Je veux dire dans un monde où tout le monde est de plus en plus centré sur son nombril, et où chacun est persuadé que son avis est le meilleurs, je pourrais par exemple commencer à débattre de l'importance de la révolution qu'à été la techno avec k_mas, et dans autant de pages qu'en compte le topic sur les femmes idéales aucun de nous n'aurait changé.
C'est pas juste pour dire une banalité du genre, le goût c'est personnel blablabla, seulement un constat assez triste de notre rapport à l'art. Je sais pas si c'est lié à notre époque, j'ai lu des articles d'époques liés les polémiques artistiques du 18-19ème dans le domaine musical donc je dirais que non, mais je trouve que la majorité des gens traitent leurs avis personnels comme des biens patrimoniaux rares et précieux. Je suis pas sur d'être clair. En fait j'ai l'impression que la notion d'art ne sert qu'à donner de la valeur à des trucs qui nous plaisent pour x raison, de façon à donner de la valeur à notre sens critique, donc notre intellect, par rebond.

Mdr amin si internet était l'équivalent d'un réseau télépathique alors on serait dans une grosse merde. Internet c'est une décharge, tout ce qui est usé s'y retrouve et s'y mélange, et ça donne d'un côté occupy WS et de l'autre l'équivalent de la bibliothèque d'Alexandrie en hentai fury.
Mdr j'ai relus ton truc avant de soumettre, tu viens de résumer internet.


Pour info j'ai pas lu vos pavés parce que voilà mais je suis d'accord avec vous.

simlock

Lew

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06 mai 2015, 10:00
J'aimerais bien que quelqu'un retrouve le débat en question avec vico si c'est possible et le colle ici.

c'était en conversation privée sur Facebook par rapport à un article de vico : http://maze.fr/musique/04/2015/plaidoyer-pour-la-musique-dite-mainstream/

je c/c l'essentiel de la conversation (qui est évidemment à creuser davantage), j'espère que victor n'y verra pas de problème :

Citation de: Lew
J'ai trouvé ça bien, surtout le fait de rattacher à l'analyse très pertinente de QT. Après j'aurais deux-trois critiques à faire. D'abord, tu ne fais pas la distinction qui est essentielle dans l'art aujourd'hui, à savoir ce qui est de l'entertainment et ce qui est de l'art, les deux notions étant largement imbriquées avec l'idée de mainstream/underground, sans être aussi claires pour autant.

De mon point de vue, l'entertainment amène cette idée de "consommation" culturelle, donc un rapport à une oeuvre qui implique une attente satisfaite, d'où le plaisir immédiat (comme la gastronomie contre la fast food) et le caractère consommable puis jetable. En revanche, j'aurais tendance à dire que l'art amène ou cherche nécessairement à amener un paradigme nouveau : il surprend, amène à se questionner et à questionner ce sur quoi il porte, voire plus. Par exemple sur le vocodeur, tu vas avoir l'utilisation savante et motivée de Kanye ou des Daft et celle de chanteurs qui font ça parce que c'est le son en vogue, mais je ne t'apprends rien.
 
Du coup, la question du rejet du mainstream va souvent se poser face à un refus de l'entertainment. Ce qui pour moi est assez vain comme attitude, puisqu'il faut prendre ça non dans une logique de comparaison avec la véritable (le terme étant évidemment relatif malgré tout) production artistique, mais en tant qu'autre système. Je trouve certains morceaux de Britney Spears efficaces mais Logos me fascine par exemple, parce qu'il ne me donne pas ce que j'attends : il interroge le rapport à l'espace qu'a la musique et de manière performative, donne une autre vision de l'art et de la perception du monde, voire de nos sens, etc.

Après, les deux couples de termes ne se chevauchent pas. Beyoncé est mainstream mais dépasse le cadre de l'entertainment avec certains de ses morceaux qui déroulent les mécanismes de la pop pour les reconvoquer sous une nature autre et leur donner une valeur artistique, du moins de mon point de vue.

L'autre point qui manque peut-être à ta réflexion, c'est aussi la question de la valeur que tu n'étudies pas : tu te demandes qui peut être juge mais tu ne poses pas la question des critères. Le débat a été posé de longue date dans la philosophie esthétique et de façon encore plus poussée dans la théorie littéraire, mais aucune thèse n'a encore été retenue à l'unanimité. Tu as des gens comme Genette qui parlent d'une subjectivité qui prône (toute oeuvre est bonne tant que je peux dire pourquoi elle est bonne), mais dans une époque qui n'intègre pas autant la question de l'entertainment. Et d'autres thèses (comme celle d'Antoine Compagnon) qui mettent en avant l'idée que l'oeuvre artistique peut être évalué au regard de critères définis (composition plus ou moins savante, portée philosophique ou culturelle, redéfinition du genre, extension du domaine artistique) couplés à une part d'indéfini (l'assemblage de quelques accords qui donne pourtant une mélodie extraordinaire, comme parfois dans la pop, le côté "game changer", etc.).

Le dernier point, c'est sur la question de la "vision ouverte" qui impliquerait de ne pas critiquer une autre oeuvre. Je crois que quand on arrive à bien concevoir les différents éléments auxquels j'ai fait référence, on peut faire des critiques. One Direction ne m'intéresse pas, parce que je trouve ça mauvais, mais je peux donner des critères qui pour moi constituent la médiocrité "artistique" de leur oeuvre. C'est une conception plus élitiste de l'art, mais c'est aussi celle, de mon point de vue, qui met l'art sur le plus haut piédestal : l'oeuvre doit introduire un changement de paradigme (quel qu'il soit). Et la distinction art/entertainment n'empêche pas de juger, à la fois avec des critères communs et avec d'autres qui leur sont propres : une chanson pop qui se voudrait être un peu intello pourrait pécher de ce côté par rapport à une chanson comme Get Lucky qui atteint la perfection de la pop et qui devient difficilement qualifiable : entertainment premium, art...?

Pour essayer d'être plus clair : je crois qu'il est effectivement idiot de ne pas aimer Beyoncé parce qu'elle est moins puissante au sens artistique qu'une symphonie de Mozart. Simplement, on est dans deux systèmes liés à leurs propres critères et à leurs propres visées. Mais on pourra tenter d'expliquer pourquoi, et surtout tenter d'expliquer pourquoi Mozart est meilleur que Beethoven et pourquoi Get Lucky est une meilleure chanson que le dernier morceau de la fille de Call Me Maybe.

La hate est de manière générale une posture très souvent contreproductive, mais je pense qu'on peut bien expliquer pourquoi One Direction est un groupe qui fait de mauvaises chansons, au-delà de ce que le groupe et sa fanbase représentent (ce qui n'a pas lieu d'être mis sur le même tableau, une erreur beaucoup trop souvent commise comme le "comment tu peux aimer ce que fait kanye west ? t'as vu sa femme, ses scandales aux Grammys, etc.?"), et surtout pourquoi c'est du mauvais entertainment. Après encore une fois, l'idée de vouloir et de penser un entertainment premium impose non seulement une conception élitiste de la question mais rend aussi compte d'un niveau d'éducation élevé.
Mais là on touche encore une fois à la question de la vision de l'art de manière générale : consommation fourre-tout dont la qualité n'a aucune importance ou moyen d'élévation ?

Citation de: Vico
je me suis longtemps questionné sur "faire ou non la différence entre art et entertainement" mais j'ai essayé de me placer du côté du spectateur (j'ai failli "consommateur") - s'il est friand du mainstream, il ne verra pas la différence (enfin je ne pense pas), il considerera de la meme manière ces deux "versants" de la musique, même s'ils existent, ils cohabitent.

quant à la question des critères je t'avoue me l'être posé .. mais cela revient vraiment à de la "technique culturelle" (pourquoi ce morceau est il plus beau que celui la ? etc ..) et c'est quelque chose qui me dépasse littéralement - je n'en suis qu'à un stade d'écoute, de tentative de compréhension, mais pas d'analyse. la thèse de Genette est celle à laquelle je me rattacherai avec le plus de facilité jpense mais elle est un pue trop "simple" dans le sens ou elle laisse légitimité à des cultures oppressives / non qualitatives

ton dernier point par contre est vraiment méga intéressant, j'avais vu l'art dans le prisme de cette vision et c'est vrai que cela se tient - mais ça voudrait du coup dire que beaucoup d'oeuvres "underground" ne le sont que grâce à leur manque de visibilité non ?
tu soulèves des points auxquels j'avais pas du tout pensé donc je t'en remercie

Citation de: Lew
Alors pour le côté "technique culturelle", c'est peut-être un peu trop limité de le voir comme ça. Il y a des critères indéfinis, sinon indéfinissables, comme je te disais. Qu'est-ce qui provoque de l'émotion ? Mais après on peut aussi critiquer de façon constructive sur ces aspects je pense, sans arriver à une conclusion pour autant.

Par exemple : l'émotion larme à l'oeil que certains trouveront à ou éprouveront dans un morceau de Muse, One Direction et autres ne comprendront pas l'émotion que d'autres (que j'aurais tendance à qualifier d'écouteurs plus cultivés et éclairés) verront dans un morceau de Future, voire de techno où une ligne de synthé à peine perceptible modifiera toute la tonalité du morceau et aura des résonances émotionnelles beaucoup plus complexes et de fait intéressantes. Par exemple le premier morceau du dernier Jam City où du son très brut du début sort une mélodie, comme une fleur qui arriverait à naître dans une décharge pleine de béton et de déchets.

Après je crois vraiment à la "surprise" ou au changement de paradigme que doit amener la création artistique pour être intéressante, à la différence d'une création plus conventionnelle et peut-être effectivement plus proche de l'"entertainment" qui ne comble qu'une pulsion et rencontre une attente du spectateur.

Citation de: Vico
oui mais selon le critère "larme à l'oeil", alors un morceau des one direction serait aussi bon qu'un morceau de future, car arrivant au même résultat ? j'aime pas forcément cette "course à la complexité" qui est peut être plus technique qu'artistique, même si elle a un rendu émotionnel d'autant plus fort (et je ne peux qu'approuver pour le premier morceau de dream a garden)

le dernier point que tu soulevais était quant à "l'art sur un piedestalle", cette vision élitiste de l'art  selon laquelle l'oeuvre doit introduire un changement de paradigme

oui la surprise est un facteur de taille. j'avais pas pensé à ça, et c'est vrai que contrecarre en grande partie mes dires
jpense m'essayer de manière personnelle à l'avenir à l'exercice contraire de celui que j'ai fait, tu me donnes déjà de bonnes pistes à explorer

Citation de: Lew
Je vois ce que tu veux dire pour la course à la complexité mais encore une fois, je trouve un morceau comme Get Lucky (ou mieux "Lose Yourself to Dance" pour rester dans la "pop" mainstream) beaucoup plus intéressant que beaucoup de morceaux d'IDM arrogants et sans intérêt, parce qu'ils touchent une émotion plus profonde et intense.

Du coup c'est là où la part d'explication devient difficile et où Genette a peut-être raison : je trouve Get Lucky mieux que ce que fait One Direction (mais dont je ne connais que deux morceaux je pense donc c'est un peu hypocrite), mais sans réussir à véritablement expliquer pourquoi, il y a une part d'indéfini empirique et difficile à conceptualiser, au-delà d'étudier la structure de composition que je trouve meilleure. Au-delà du côté fanboy qui entre évidemment en compte, je pense qu'on peut critiquer les émotions. C'est ce que je disais : la larme à l'oeil de Coldplay sera évidente, peut-être intense (sinon niaise) mais peu intéressante. "Lose Yourself To Dance" a des accords qui m'évoquent une émotion beaucoup plus puissante et intéressante avec les accords en mineur et la lenteur, la mélancolie qui contraste avec l'appel à la danse, etc.

Et pour la hate, qui est le fondement de ton article et sur lequel je te rejoins complètement, je ne pense pas que les One Direction se disent être de formidables artistes qui vont révolutionner la musique, contrairement à un Jam City par exemple qui intellectualise beaucoup plus sa composition. Déjà parce que les One Direction, sauf erreur de ma part, ne sont pas ni auteurs, ni compositeurs, mais surtout parce qu'ils se veulent "entertainers"

valentin buck

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06 mai 2015, 10:53
par qui est décrié la musique mainstream/médiocre/facile sinon ses inconscients adeptes ?

Vieille chatte

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06 mai 2015, 13:55
Superbe article de Vico, je ne le pensais pas capable d'avoir ce genre de plume.

mad fen

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06 mai 2015, 14:19
encore un topic pour essayer de justifier la merde que vous écoutez ?

je crois n'avoir jamais vu ça sur ce forum

Rat si beau

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06 mai 2015, 14:21
encore un topic pour essayer de justifier la merde que vous écoutez ?

je crois n'avoir jamais vu ça sur ce forum

Vieille chatte

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06 mai 2015, 17:12
encore un topic pour essayer de justifier la merde que vous écoutez ?

je crois n'avoir jamais vu ça sur ce forum

Explicite ?

valentin buck

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06 mai 2015, 17:20
humour.com

Rat si beau

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06 mai 2015, 17:29
mon image d'appat n'était pas encore assez grande visiblement

Vassily Kandinsgruy

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06 mai 2015, 17:31
so many baits they call him nancy

Vieille chatte

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06 mai 2015, 20:27
mon image d'appat n'était pas encore assez grande visiblement

c'est un hameçon, l'appât est ce qu'on y accroche fdp

doux jésus

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07 mai 2015, 08:24
mon image d'appat n'était pas encore assez grande visiblement

c'est un hameçon, l'appât est ce qu'on y accroche fdp

mdrrrrrrrrrr

Rat si beau

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07 mai 2015, 09:24
Oh l'excuse!

Je me suis laissé avoir par le meme bien ouej

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