Super topic !
Je crois que chaque fana de musique a été marqué à vie par un album (ou collection de musique) et ça dépend souvent du contexte plus que la musique en elle-même. C'est souvent lié à certaines phases/émotions (comme l'a expliqué Victor), tristesse, solitude, souvenirs, joie, découverte(s), éveil, maturité, rébellion, etc. Certains albums nous font nous rendre compte du pouvoir de la musique (putain vrai Vico impossible de parler de ce sujet en profondeur sans sonner cliché), transcendent beaucoup de choses et nous aident à évoluer en tant que personne-- pour ça qu'on peut être autant fascinés par la musique, Aphex Twin a beau dire qu'au final il s'agit juste de fréquences et de comment elles affectent notre cerveau, cette vision extrême et simpliste va plus loin que de simples ondes sonores. On (s') attache beaucoup à la musique qu'on apprécie. A divers degrés la symbolique peut nous faire préférer un album à un autre, encore une fois tout dépend des gens... Personne ne recherche exactement la même chose dans la musique qu'il écoute, personne ne cherche exactement de la musique selon les mêmes critères / pour les mêmes objectifs. C'est pertinent d'inclure le contexte dans le choix, une première écoute et son contexte sont littéralement un premier contact avec l'objet, le genre de choses qui changent totalement ta perception. Plus jamais je n'aurais la même conception de la musique qu'aujourd'hui, je n'ai plus celle que j'ai hier et je n'aurais pas la même demain. On juge souvent la qualité d'un album inconsciemment par notre ignorance dans le sens où une musique peut paraître innovante pour l'un et redondante pour l'autre (et dieu seul sait à quel point l'innovation est ESSENTIELLE en musique électronique). Il y a une multitude d'albums / courants / artistes qui ne m'auraient pas touché à une autre période de ma vie et inversement, certains albums qui ont changé ma vie ne m'auraient pas intrigué aujourd'hui. Le goût du nouveau est souvent capital chez l'auditeur, j'ai une amie ultra calée en musique électronique qui pourtant ne s'est jamais intéressée au glitch et qui, en voulant me "rendre la pareille" pour lui faire toujours découvrir des artistes innovants, m'a filé un (fantastique) album de glitch/lowercase en pensant que j'allais être étonné. Seul album du genre qu'elle a écouté, elle a cru que l'artiste avait transcendé la musique électronique. Cet album m'aurait sûrement fasciné en 2010 mais mon savoir en glitch m'a fait me concentrer que sur la beauté de la production-- j'ai beaucoup apprécié l'album mais je n'ai pas été aussi profondément marqué qu'elle au final. Ce topic présente le choix le plus subjectif qu'on puisse faire musicalement, il serait impossible de choisir un seul album pour tous tant il y a de critères qui changent la donne, même en choisissant un être humain qu'on aurait génétiquement programmé pour être le plus lambda possible, en ne lui faisant qu'écouter de la musique toute sa vie (et donc en ne laissant pas de critères externes interférer), on n'aurait pas un choix objectif. L'ordre de la musique à lui seul change tout. Pour citer encore Aphex Twin le pinacle de la musique pour un passionné serait d'écouter de la musique d'une autre planète, qui ne serait pas influencée par l'Homme. Même là les avis seraient partagés. Une autre amie me parlait de The Knife, l'un de ses groupes préférés, il y a quelques semaines et on ne l'appréciait pas pour les mêmes raisons, quand je lui parlais du côté sombre elle me disait "mais ça c'est un inconvénient, pourquoi ce serait en faveur de l'album qu'il soit aussi dark ?". Néanmoins il reste des albums tellement timeless et universellement acclamés pour les bonnes raisons que je ne serai même pas étonné si quelqu'un postait Loveless pour les mêmes raisons qu'un autre qui a vécu une vie totalement différente.
C'est vraiment impossible de n'en choisir qu'un seul. Les critères qu'a cité Victor peuvent se contredire. Il y a des albums qui m'ont marqué plus que 99.9% des albums que j'ai écouté mais dont je me suis lassé, il y en a que j'ai écouté 30 fois qui ont changé ma vie à tout jamais. Beaucoup ont pris du temps à kick in. Je vais enfreindre les règles et en choisir trois du coup (lol).
Mentions honorables : Tyler, The Creator - Bastard // Daft Punk - Discovery
L'album qui a tout changé : Baths - Cerulean
Je crois que je ne remercierai jamais assez Lezahna. J'ai toujours été fasciné par la musique, depuis ce fameux jour en 99 quand mon frère m'aidait à faire marcher un jouet et qu'il écoutait Daft Punk - Homework en fond. Je lui ai demandé de me faire écouter d'autres trucs et j'ai eu droit à Saint Germain, Jamiroquai, The Doors et d'autres trucs. J'avais toujours une radio portable ou un baladeur sur moi durant mon enfance et j'écoutais tout ce que je trouvais (99% de merde de radio oui lol). Je n'ai eu mon ordinateur perso qu'en 2009 (quand j'ai découvert PT héhé) et donc je faisais le plein de musique quand mon frère me laissait utiliser le sien pour la journée et comme beaucoup je me suis construit une mini culture musicale en tapant tout et n'importe quoi sur Limewire. Ce n'est que quand j'ai pu avoir L'INTERNET quand je voulais que j'ai enfin pu développer cette passion enfouie, et encore, je ne savais ni quoi ni où chercher. J'ai (re)découvert Daft Punk en 2009 aussi et c'est là que je me suis réellement rendu compte d'à quel point la musique bah c'était best ever. Taper des trucs random sur le net ça allait 10 minutes par contre, donc un jour j'ai cherché parmi là où j'étais le plus familier, potes, famille... forum. Je suis allé sur votre playlist et j'ai dig les 10 dernières pages et je tombe sur
<3 de Baths posté par Lezahna. C'était le coup de coeur immédiat, je comprenais rien (j'adore ne rien comprendre quand j'écoute de la musique, sentiment malheureusement éphémère quand on en amasse beaucoup), c'était quoi tous ces bleeps, pourquoi les percussions sonnaient aussi bien, pourquoi elles suivaient pas de pattern avec laquelle j'étais familière, comment ça se faisait qu'un mec chantait un truc aussi "régulier" sur un beat aussi chelou, comment ça se fait que ça marchait, c'était quoi ses samples de voix pitchée, ces petits bruits qui cliquaient
Surtout, pourquoi ça sonnait aussi bien ?? C'était fantastique, l'un des plus gros coups de coeur de ma vie, j'étais habitué à de la musique électronique régulière : de la pop, de l'électropop, du chill-out, de la house vocale, de l'EDM, quelques trucs assez différents certes (birdy nam nam, crystal castles, blabla) mais assez "formatés" au final, etc., des genres faciles à apprécier en gros. Je suis allé lui parler direct et il m'a dit de télécharger l'album. L'anticipation était immense, je l'ai écouté dans ma chambre en fin d'après-midi devant mon pc avec des speakers de merde (aucune notion de qualité à l'époque lol) et j'ai passé toute l'écoute
comme ça. C'était trop trop avant-gardiste pour moi et ça a excité mon "courage" musical à des niveaux qui n'ont plus jamais été égalés. Jamais je n'avais écouté aussi beau, aussi différent. C'était un starting point pour moi : tout ce que j'avais écouté avant était de la merde, était worthless. Je n'avais aucune idée qu'on pouvait faire de la musique comme ça, que ces sons là pouvaient être assemblés pour créer ça, je n'avais aucune idée de ce que c'était. Tout ce que je savais c'est que c'était la meilleure chose que j'ai pu écouter. J'avais déjà écouté <3 en boucle toute la journée avant d'écouter l'album mais j'avais direct 4-5 chansons que je préférais déjà.
Cette sensation de neuf qui se fait aujourd'hui tellement rare, cette découverte ultime, ce coup de coeur final, ça serait suffisant pour faire de ça "l'Album" comme le dit Vico. Mais non, c'est là que la symbolique intervient : Mon éveil musical est né avec Cerulean. Ma passion pour la musique qui était enfouie depuis toujours et qui attendait le catalyseur a décuplé, même centuplé d'un coup, elle sortait de partout, je voulais absolument ressentir ça toute ma vie. Je suis passé de "mec qui aime la musique izi" à des frissons, les jambes qui tremblent, les larmes de joie, le cerveau en extase, d'un seul coup. J'avais déjà senti ça sur Discovery, mais là c'était différent. Cerulean m'a alors lancé dans une quête musicale : je voulais découvrir un autre artiste qui sonne comme Baths. J'ai donc direct cherché tout tout tout : le label, la discographie du type, le nom du genre, les artistes connexes, etc., dans l'espoir de trouver une famille musicale où tout sonne pareil. J'ai vraiment eu de la chance d'être tombé sur ça : Rien,
rien ne sonne comme Cerulean. J'ai appris que c'était du glitch-hop, j'ai appris ce qu'était le glitch-hop, j'ai écouté Prefuse 73, Flying Lotus, Teebs, les débuts de Machinedrum, Sweet Trip, Dntel, Bibio, edIT, rien. Même le glitch plus "académique", Oval, Autechre, Fennesz, rien. Ils ne chantaient pas, c'était plus funky / psychédélique qu'émouvant. J'aurais eu une base sur le genre, j'aurais apprécié Baths, j'aurais dit "c'est du glitch-hop sauf qu'il chante", mais là c'est les autres artistes qui étaient "c'est du glitch-hop mais ils ne chantent pas". J'ai donc continué à chercher chercher chercher sans cesse. Tout ce que j'ai écouté pendant au moins deux ans depuis passait direct par un comparatif avec Baths. Une fois assez de savoir accumulé j'ai compris que (malheureusement ? heureusement ?), Cerulean était unique. Je n'allais jamais trouver un truc similaire. Il y a peut-être Khonnor - Handwriting qui est l'album qui lui ressemble le plus mais bon. C'était sûrement trop tard, Cerulean était déjà la valeur échelon. S'il n'y avait pas eu Cerulean ? Un autre album aurait été le catalyseur, mais tout aurait été différent. J'ai quand même eu de la chance d'avoir cette motivation musicale couplée à un truc aussi unique au final.
Je l'ai écouté plus que tout autre album (ou au moins ex aequo avec Discovery), pendant au moins 2-3 ans. Ca fait longtemps que je ne l'écoute plus par contre. Je m'en suis "lassé" mais jamais je me suis fait chier (ou même juste resté neutre) en l'écoutant. Cet été je l'ai redécouvert à travers une pote et c'était presque aussi beau que les 100 premières fois. Là je le réécoute et c'est izi aussi beau que l'une des 50 premières fois (merci de ouf Vico). J'attache énormément de souvenirs à cet album, les 2 premières fois que je suis tombé amoureux, je m'en suis rendu compte en écoutant
Hall. J'ai énormément d'anecdotes dessus aussi, il a accentué ma joie et couvert ma tristesse. J'ai rarement été aussi heureux qu'en l'écoutant, qu'il s'agisse de l'ado perdu de 16 ans ou de Simoh "mdrrrrrrr" 2015. C'est vraiment l'album breakthrough pour moi, le the year of hibernation de Victor. Même si aujourd'hui je l'écoute presque plus il reste la pièce musicale essentielle. Ce n'est pas "celui que j'emporterai avec moi sur une île déserte" mais celui qui a rendu cette question aussi difficile.
L'album dont je ne me lasserai jamais : Burial - Untrue
Contrairement aux deux autres albums de cette liste (et contrairement à izi 10 autres de mes albums préférés), je me souviens même plus de ma première écoute. Enfin si, je me souviens que j'ai trouvé ça fantastique mais c'est tout. Je n'y suis retourné qu'un an après l'avoir écouté, c'est-à-dire début 2012. Ma copine de l'époque adorait Burial et je me suis dit "tiens oui je devrais réécouter", aussi simple que ça. Elle m'a aussi dit "tu devrais réécouter Sepalcure" et c'était le coup de coeur. C'était peut-être lié au fait que ben voilà j'étais amoureux mais je crois pas, cet album est juste trop trop bon, amour ou pas. Il y a deux albums que je considère comme le pinacle de la musique car bien que différents sur chaque points, ils partagent le même objectif : transformer le son, brut, en émotion. Loveless et Untrue partagent donc le but le plus noble de la musique, celui de transcender, de faire ressentir. Si le premier le fait en crashant des murs immensément denses de bruit, le second utilise le côté froid du dubstep, l'intensité de la sub-bass, le grit des drums et les samples. Je sais pas, il y a juste quelque chose dans cette musique qui me touche plus que tout tout tout tout. Plus que le simple fait que ce soit mieux produit que presque tout ce que j'ai pu écouter, c'est les sons en eux-mêmes. Chacun des samples, chaque tonalité, chaque pitch est un poignard pour moi, c'est comme s'il avait créé cet album pour moi lol. Il y a certains sons qui me touchent à certains niveaux et lui il les a tous mis. Chaque son utilisé ici en est un et chacun est parfait pour moi dans le sens où je vois pas comment est-ce qu'on pourrait les rendre individuellement meilleurs pour mon goût. Il a trouvé le pitch parfait pour chaque sample. Après, ça c'est le côté "fréquences sonores et l'effet qu'elles ont sur le cerveau". Le côté émotionnel...
Burial a trouvé une niche, un thème vaste (la tristesse lol) et universel. Il y a très peu d'artistes électroniques qui ont atteint ce niveau là de culte. Il y a peut-être plus de fans hardcore de Drexciya par exemple mais pas autant de fans tout court que Burial. Chaque information aussi triviale qu'une vieille interview de 8 ans suffit à être la news musicale de la semaine. Plus que la musique, c'est le personnage. La rareté des informations autour de lui ont cultivé un mythe. Le personnage en lui-même est trop parfait, au point de se demander s'il est réel. Il est humble jusqu'au cliché. C'est un mec qui fait de la musique pour se réconforter de la mort de son chien, qui devient philosophe quand il prend le train le soir, qui est passionné de jeux vidéos, qui bade quand il se dispute avec sa meuf et qui est surtout super triste pour tout un tas de raisons. C'est limite un pastiche du mec urbain de 20 ans. J'ai développé ce point dans une
chronique de son dernier EP il y a un an. Son public s'associe énormément à lui-- et au monde qu'il peint avec sa musique. "Le stress de la ville, les nuits froides, les ciels gris, les heures dans les transports le soir, l’isolation, la peine"... Son sound design, bien qu'assez primitif, a la qualité souvent overlooked d'être particulièrement épais et dense, on sent presque la musique sortir des speakers et nous englober peu à peu et c'est une qualité formidable. Enfin bref, je vais pas vous décrire Burial (j'en ai assez fait lol). Je pourrais vous parler pendant des heures de pourquoi Burial me touche plus que tout et je vais pas m'attarder sur ça.
Aucun artiste ne m'a autant fasciné que lui, je n'ai parlé que de lui pendant très longtemps et aujourd'hui encore j'en parle avec la même ferveur. Quand je rencontre un fan de Burial IRL ser la fet. Je suis amoureux de chaque seconde des 51 minutes de Untrue. Sur Cerulean par exemple il y a des chansons / passages qui me rendent pas ouf. Ici il y a pas une bar que je jetterai. Je pourrai jamais vous expliquer à quel point j'apprécie musicalement cet album tellement c'est incommensurable. Je le connais par coeur de chez par coeur.
Comme Cerulean, j'ai vécu énormément avec Untrue, voire même plus que tout autre album. J'ai traversé tellement de périodes de ma vie avec, ruptures, joie, tensions, euphorie, avec toujours la même fascination que la première fois. C'est mon son, le son parfait pour mes goûts musicaux et je n'imagine jamais ne plus l'apprécier. Aujourd'hui encore je l'écoute régulièrement avec toujours autant de plaisir. Impossible de me lasser, c'est l'album ultime, le boss de fin de mon parcours musical, c'est tout. C'est l'un des rares albums qui dépasse la symbolique de par l'appréciation alors que j'y attache plus de symbolique plus que quasiment tout, c'est dire à quel point j'aime cet album.
L'album fétiche : Jam City - Classical Curves
Ca me ferait mal de ne mettre qu'un 500x500 de cette cover qui est mon image préférée ever donc
voici un lien 2000x2000. Voilà un album auquel je n'attache presque aucune symbolique et que j'ai écouté beaucoup moins qu'au moins une trentaine d'autres. Je n'ai pas beaucoup de souvenirs avec, il ne m'a jamais aidé à traverser une période (faut dire que ramdoulaye jsuis tout le temps heureux depuis donc bon lol), il ne m'a pas aidé à "grandir" ni rien. Il m'a juste mind-blown plus que tout. Si Cerulean me faisait faire de la tachycardie, c'était parce que c'était l'excitation du neuf, de me dire que j'allais enfin me lancer dans la musique, etc. Je pense qu'en 2012 j'avais assez de culture musicale pour savoir que quand je l'ai écouté, RIEN ne sonnait pareil, qu'il ne sonnait pas unique pour moi parce que je connaissais pas le reste. Une fois passé l'intro, des les premières bar du "vrai" premier track, j'ai compris que c'était
ce sentiment qui est le graal du passionné, celui du neuf, qui vient faire trembler ta culture préconçue. Je savais que durant les 45 minutes qui venaient j'allais être challengé, que j'allais découvrir de la musique qui allait dépasser ma conception que j'élargissais depuis la découverte de Cerulean. Et pourtant je me suis pas du tout lancé dans cet album avec cette optique (ce qui m'a encore plus étonné, du coup). Je connaissais le label, je connaissais rapidement Jam City, qui en plus ne m'avait pas marqué. C'est là qu'on en vient à ce que je disais au tout début du post, quand j'ai écouté ses premiers travaux je ne connaissais pas du tout le genre pour me rendre compte d'à quel point c'était next level, l'attrait de l'innovation inhérente à ce sous-genre n'avait aucun intérêt pour moi. J'ai vu cet album un peu partout et une très jolie chronique sur Resident Advisor en plus de la cover qui elle, par contre, m'a fasciné de ouf. Je me demandais comment est-ce qu'un album avec une telle cover pouvait sonner. Je pensais que Jam City était un nègre qui faisait de l'UK Funky, c'est dire à quel point l'EP que j'avais écouté de lui m'avait pas marqué mdrrr.
Au bout de la première écoute j'étais sur le cul, il y avait trop trop trop de détails sur lesquels j'ai pas eu le temps de m'attarder tellement il y en avait. Tout l'album a été un mind fuck, pile je me disais "mais attend c'est quoi ce bruit de verre qui--" que j'entendais un autre truc encore plus ouf derrière. Tout, la structure, l'esthétique, les sonorités... J'ai réécouté ça en boucle et il m'a fallu beaucoup de temps pour bien le grasp, aujourd'hui encore (littéralement aujourd'hui) je découvre des nouveaux trucs dedans. J'ai jamais écouté aussi next level. J'apprécie pas cet album autant que les deux autres, je l'écoute beaucoup moins, y a même des chansons qu'il m'arrive de skip, faut dire qu'il est pas vraiment "appréciable", c'est pas son objectif principal, il est juste avant de dingue. C'est vraiment le seul album dont littéralement
tout me fascine, chaque liner note chaque bruit tout. Je fantasme sur le monde futuriste qu'il a créé dedans, tout chromé, en 3D lisse, plein de marbre et de plantes achetées en discount, un club où tu rentres en moto pour écouter de la musique qui flotte sans kick. J'veux vivre dedans, c'est trop parfait comme truc. Quand je l'écoute je me sens vraiment dedans, j'imagine trop un monde comme ça, ou des fois au contraire genre ça c'est juste ce qui a été pris par l'appareil et tout ce qu'il y a autour et qu'on voit pas dans l'image est vide ou dévasté. "I like that place, wherever it is, because it looks so glossy and pristine and structured, there is no movement there, no bodies there, but somehow it’s inviting something to happen there to interrupt that. I really wanted to write music that gave you a similar feeling. Like you’d establish a base, a place, a space, the classic 90’s House shuffling hi-hats, the warm pad…then something breaks that peace…smashing glass…motorcycle engines…" L'esthétique joue beaucoup, énormément d'artistes essayent de mettre / créer / superposer un concept et tu sens que la musique accroche pas forcément mais cet album là colle vraiment à l'image qu'il dégage et au monde qu'il décrit. Comme je l'ai dit dans le topic des covers j'ai jamais écouté un album qui sonne autant comme la cover et je l'imagine pas sonner autrement que ça, la cover décrit parfaitement le son et vice-versa. C'est donc un album super "lourd" à process, c'est tout un ensemble aussi bien visuel que musical, il a même fait des vidéos pour teaser, un "jeu" pour avoir des codes de dl au début, etc. La conception de l'album en elle-même me fascine, il dit qu'il aborde la musique comme un sculpteur plus qu'un architecte dans le sens où l'architecte construit peu à peu alors que le sculpteur prend un bloc de marbre et le dénude peu à peu pour arriver peu à peu à un truc "parfait" en se débarrassant du surplus, ce qui décrit super bien l'album qui est particulièrement minimaliste. Ce point là mène vers un autre : cet album a transformé ma manière de voir la musique de manière générale. Cerulean était une valeur échelon, une sorte de comparaison, il m'a montré que la musique pouvait être comme ça ou comme ça mais Classical Curves c'est différent, quand je l'ai découvert je m'y connaissais assez pour qu'il ne me fasse rien découvrir de "concret" comme un genre ou autre chose, il m'a fait voir la musique de manière beaucoup plus large, j'ai abordé avec le sound design, l'utilisation de l'espace, la structure, beaucoup de choses. Je suis vraiment passé du carré au cube et je me suis rendu compte qu'on pouvait aborder le son en lui-même de 999 façons, qu'il n'y avait pas juste certains critères. J'ai commencé à prêter attention à 15x plus de détails, apprécier différentes méthodes, etc. Ca a beaucoup influencé mes goûts, le leftfield, la grime, les sons cheap, les samples inhabituels, le rapport minimalisme <=> club, etc. Il faut dire qu'il s'inspire d'énormément de genres qui me plaisent : synth pop, house de chicago, techno de detroit, electro classique, uk bass, grime, progressive electronic... On pourrait décrire ça comme un remix house de Wiley et de Oneohtrix Point Never (et c'est le genre de truc qui me fait bander pendant des heures). Chaque écoute me thrill toujours, je me lasserai sans doute jamais de cet album, c'est celui que je recommande à tout le monde. Littéralement tout sur cet album me fascine. Le rapport à la technologie, les titres (How We Relate To The Body, Backseat Becomes a Zone While We Glide...) etc. Je me souviens au Boiler Room à Marrakech on s'était posé avec le programmateur et on s'entendait hyper bien lui et moi et je lui ai demandé qui était son artiste préféré right now et il m'a direct dit "Jam City, il est à un level suuuupérieur" et tous mes potes ont explosé de rire parce qu'ils savaient que j'allais fondre de joie, on était tous les deux ultra fascinés par le travail de ce mec. A vrai dire c'est vraiment un artiste d'artistes, beaucoup de mecs du game (musique électronique ou pas) sont vraiment fascinés par cet album ; les auditeurs avaient prévu qu'il allait être très influent dans le futur mais personne ne s'attendait à ce qu'il soit influent aussi vite, c'était vraiment le starting point de beaucoup de tendances / méthodes / genres, un cult classic. Les moments de beauté sont aussi nombreux que les moments de surprise et cet album sonne encore (et sonnera toujours) unique, la replay value est infinie, autant pour l'esthétique que la surprise que les moments qui sont juste splendides. En plus il y a des cuts de dancefloor... et des bangers particulièrement minimalistes. Transe avec des claps et une bassline et c'est tout. Des bruits de verre qui se brisent. Des snares faits de semelles sur le parquet. Des chiens qui aboient. Une moto qui démarre, le mec qui se tire de son propre track. Des keys de jingle télé-achat. Des appareils qui flashent. Des criquets. Des anti-drops où le track se vide peu à peu pour ne laisser qu'un synthé durant le drop. Classical Curves 2030. Je crois que c'est de ça que parlait Aphex Twin quand il parlait d'un album d'une autre planète.