Storm of Blood

Pages: [1]

Sainior

  • Membre
  • 6362 posts
19 septembre 2010, 18:45
La silhouette se releva. Elle commença à marcher. A errer. La pluie, telle les larmes d'une quelconque entité, tombait à flot, et s'écrasait dans la boue. Une boue collante, qui agrippait aux bottes de cuir de l'homme qui avançait. Il marchait. Sans but précis, comme si la vie ne lui offrait que cette capacité à se déplacer, et rien d'autre. Des jours durant, sous des averses et d'innombrables orages, tous plus violent que les autres, il marchait et ne s'arrêtait jamais...

Un petit village s'étendait devant Kutsuu. Il pouvait apercevoir les gens s'affairer à leurs taches quotidiennes. Certains conduisaient des charrettes, pleines de paille, d'orge ou de blé. Des chevaux s'alignaient le long du flanc droit d'une habitation. Mais, même de là où il était, on voyait que les personnes de ce village étaient d'une humeur morose. Kutsuu se demanda pourquoi, par un grand soleil comme celui-là, on pouvait être de mauvaise humeur, ou triste. Il descendit, pour y voir de plus près, et remis son arc à son épaule. Il réajusta la sangle de son carquois de flèches, pour ne pas risquer de le faire tomber pendant de brusques déplacements. Arrivé sur la place principale, il interpella un homme :
"- Monsieur ! Puis-je vous demander où je suis ?
- Vous êtes dans le village de Tahamura", répondit l'homme.
Kutsuu dévisagea son interlocuteur. Un visage que la tristesse ravageait. Il n'avait pas l'air en grande forme, et ses yeux étaient vides d'expression, hormis la tristesse, et le désespoir. Le garçon reprit :
"- Je vois. Pourriez-vous me dire où trouver une auberge, ou un gîte pour y dormir ?
- A votre place, je ne resterais pas ici. La peste fait rage."
Kutsuu blêmit. L'homme continua son chemin, d'une démarche lourde et traînante. La peste ? Impensable ! Cette maladie était éradiquée depuis des années.
Il se plongea dans ses pensées, et se rappela un passage de sa vie. Lui et son père, par un jour de beau temps comme celui-ci, étaient allés ramasser du bois dans une forêt voisine à leur maison. Vers le milieu de l'après-midi, alors qu'ils s'apprêtaient à rentrer, ils étaient tombés sur une biche, en piteux état. La pauvre bête avait été transpercée et déchiquetée par une fourche, et ses yeux étaient absents de leurs orbites. Pourtant, elle était encore vivante, et s'accrochait à la vie. Elle ressemblait plus à un tas informe de morceaux de viande plutôt qu'à un animal. Cette vision avait été une des pires que Kutsuu ait pu voir. Finalement, pour abréger les souffrances de la bête, sont père l'avait abattue, tout en espérant qu'elle ne laisserait pas un pauvre faon derrière elle. Les gens du village rappelaient à Kutsuu ce passage de son existence. Ils étaient comme la biche, persécutés et torturés par un sadique avide de chair et de sang. Sauf que cette ennemi-là était invisible, et pratiquement imbattable. Kutsuu continua son chemin dans le village, s'arrêtant parfois pour laisser passer quelques charrettes, tirées par des chevaux. Çà et là, de petits tas de fumier ou de terre s'entassaient, embaumant l'air. Le soleil était anormalement chaud, même brûlant. Le garçon essuya la sueur qui dégoulinait sur son front. Il sentit un frisson parcourir son corps. Un signe, chez lui, qui l'avertissait d'un danger. Un homme le fixait, au coin d'un mur.

L'homme s'approcha. Il avançait d'un pas déterminé, presque obsessionnel. Ses bottes étaient tachées de boue séchée. Après plusieurs interminables secondes, il arriva enfin devant Kutsuu. Son visage semblait avoir été taillé dans la pierre. Des cernes immenses se déployaient sous ses yeux fatigués. Il parla d'une voie râpeuse :
"- Bonjour, mon ami...
- Bonjour...", répondit Kutsuu, méfiant.
"- Je viens te demander de l'aide. Elles ont dit que tu avais le pouvoir de sauver mon fils...
- De qui parlez-vous ?
- Des ombres..."
Le jeune garçon était de plus en plus inquiet. Il doutait aussi de la santé mentale de cet homme bien mystérieux. Ce dernier reprit :
"- Suis-moi, s'il te plaît..."
Ça ne lui disait rien. Kutsuu était pourtant intrigué par cet homme étrange. Bien qu'à contrecœur, il le suivit jusqu'à une bâtisse, à demi écroulée, à la lisière du village. Kutsuu entra à l'intérieur, sur les talons de l'homme. L'intérieur était encore plus pitoyable que l'extérieur. Du sang tâchait le sol en plusieurs endroits, et une table bancale, ô combien petite, reposait dans un coin de la pièce. Des paillasses étaient étendues sur le sol, près de ruines de cheminée. Enfin, un lit dont les couvertures étaient rongées par les mites, était calé contre un mur. Un enfant dormait dedans. Le jeune garçon fut ému devant tant de misère. L'homme, qui n'avait pas ouvert la bouche pendant le trajet, dit :
"- Mon fils est en train de mourir à cause de la peste noire...
- ...
- Ma femme est morte de ce fléau il y a déjà deux semaines. J'aimerais mourir plutôt que de voir le même sort arrivé à mon cher enfant... J'ai marché des jours et des jours, des semaines, et même des mois, pour tenter de trouver un remède. Rien n'y fait..."
Kutsuu s'approcha du lit. L'enfant se réveilla, en sueur, pouvant à peine respirer. Le jeune supplicié fixa Kutsuu, de ses yeux où la douleur faisait rage. Il leva une main, comme pour appeler à l'aide. Ses doigts étaient noircis. Puis, avec un dernier soupir, il mourut. Kutsuu se retourna, regarda l'homme, et secoua la tête. Le père du cadavre hurla.

Pendant que l'homme se déchirait les cordes vocales, une main se leva lentement vers Kutsuu, et s'accrocha, avec une force inouïe, à sa veste. Elle l'attira vers le mort, doucement, et lui souffla :
"Tue les ombres..."
Kutsuu en fut pétrifié. Le souffle du supplicié était glacial. Sa main le lâcha, et tomba mollement sur son ventre pourri par la maladie. Quand le père s'arrêta enfin de crier et de pleurer, il se releva et regarda son fils de ses yeux rougis. Puis, il avança vers Kutsuu, et lui souffla, d'une voix tremblante :
"Il faut que je t'expliques... Oui, je vais t'expliquer. Mais avant, je veux enterrer... mon..."
Il ne finit jamais sa phrase. Il ne put jamais.




Voilà, j'éditerai pour mettre la suite =)
« Modifié: 01 octobre 2010, 22:32 par Sainior »

Nigtman

  • Membre
  • 322 posts

L'index du patron

  • Membre
  • 8641 posts
20 septembre 2010, 04:16
GG (y) ! C'est un bon début.
Y'a 2-3 fautes à corriger comme
Citer
les gens s'affairés


Je vois plus les autres pour le moment, je relirais demain avec un peu de temps. Y'a quelques passages un peu génant aussi je trouve. C'est peut-être une question de goût perso et tout mais je te dis quand même.

Citer
Il n'avait pas l'air en grande forme, et ses yeux étaient vides d'expression, comme si on lui avait retirer le droit d'exprimer un sentiment autre que la tristesse et le désespoir.

Faut éviter avoir dans une description, ça nique tout. Faut essayer de faire quelque chose comme '' L'air abattu, ses yeux étaient ... ''

Et la deuxième partie de ta phrase est bizarre. :/ Antithèse : tu dis que d'abord ses yeux sont vides d'expression puis après ils n'expriment que de la tristesse ou du désespoir. Ça bugge je trouve. ''L'air épuisé, ses yeux n'exprimaient que de la tristesse et du désespoir'' enfin je dis pas qu'il faut faire ça mot pour mot mais c'est pour essayer de montrer que des fois faire des trop longues phrases ça peut être dangereux parce que tu te perds dans les jolis mots et tu peux oublier d'être précis et tu perds ton lecteur dans du superflu (Comme le dit je ne sais plus qui dont je retrouverais le nom plus tard : 'La littérature n'a rien à voir avec la richesse du vocabulaire, sinon le plus grand des chefs-d'œuvre serait le dictionnaire'.)

; ) Hâte de voir la suite !

Sainior

  • Membre
  • 6362 posts
20 septembre 2010, 20:09
Voilà, j'ai écris un peu ce soir =)

Boumbibthebob

  • Membre
  • 22640 posts
22 septembre 2010, 22:55
Hé bah, je te savais pas aussi doué. T'as un super style d'écriture.
GG  :winner:

Sainior

  • Membre
  • 6362 posts
12 octobre 2010, 20:20
J'arrête cette histoire pour l'instant, j'ai plus trop d'inspiration, je reprendrai surement plus tard ; par ailleurs, c'est même pas une fanfic \o/

Pages: [1]    En haut ↑