Chapitre 1 : Rencontre fortuite
Chapitre 1 : Rencontre fortuite
« STOP ! STOP ! C’est bon ! Arrête ! Mon Machoc a compris la leçon ! »
« Mais je ne suis pas certain que toi, tu l’aies compris. »
Le pokémon à la crête brune et à la peau grise était tombé, des marques de poing sur le visage. Un adolescent d’une quinzaine d’année, aux habits dépareillés était en train de reculer avant qu’un poing ne fonce vers lui, se stoppant à quelques centimètres de son visage. Il tomba à genoux, sous le choc de l’émotion.
« Et la prochaine fois que tu tentes une manœuvre comme ça, la distance n’existera pas entre mon poing et ton visage, est-ce bien compris ? »
« J’ai parfaitement compris le message ! PROMIS ! PROMIS ! »
« Bien maintenant, disparais de mon champ de vision. J’ai beaucoup mieux à faire que de perdre mon temps avec des imbécilités de ton genre. »
L’adolescent qui avait mis à terre le Machoc s’éloigna, se dirigeant vers la sortie du lycée, ne jetant plus un seul regard à la personne qui rappelait son pokémon. Passant une main sur une mèche de cheveux bruns, il pouvait alors observer de son œil gauche de couleur verte. A part la mèche, sa coiffure partait dans tous les sens, assez hirsute et formant des épis qui lui donnaient un air un peu fou. Pourtant, en le regardant dans les yeux, on pouvait voir le plus grand sérieux du monde. Remettant correctement sa veste rouge sur lui, il en sortit une paire de lunettes de la poche extérieure avant de se la mettre devant les yeux.
« Quand même … qu’est-ce que Ryusuke lui a mis. Pourquoi est-ce que les apprentis caïds ne comprennent pas la leçon ? » dit l’un des élèves, s’adressant à son compagnon.
« Le problème, c’est surtout le fait qu’il ait aucun pokémon. C’est pas le premier élève qui tentait de faire le malin devant lui. »
« Mais en même temps, t’as vu ? Ce qu’il a fait ? On ne dirait pas en le regardant, il a quelques muscles mais à part ça … tenir le coup face aux brutes de … »
« Bougez de là. J’aimerai quitter le lycée. »
Le ton n’était guère autoritaire mais ne laissait pas place à l’opposition. Les deux élèves se poussèrent, bredouillant quelques mots tandis qu’il continuait son chemin. Son sac par-dessus l’épaule, il observa le soleil couchant à l’horizon. Il était déjà assez tard, un peu trop même à son goût mais qu’importe, il devait rentrer chez lui. Passant la porte d’une modeste demeure, la première voix qu’il entendit fut celle de sa mère :
« Ryusuke ? C’est toi ? Ryusuke ? »
« Je suis rentré. » dit-il d’une voix nonchalante, sans même se sentir concerné par la suite des paroles que sa mère venait lui déclarer :
« Il paraitrait que tu as encore causé du trouble au lycée avec un élève et … »
« Comme d’habitude. Il y en a qui me provoquent, je ne fais que répliquer. »
« Ce n’est pas tout. Il y a aussi le fait que tu sèches tous les cours liés aux pokémon. Tu sais bien que si nous t’avons envoyé dans cette école, c’est pour une bonne raison non ? »
« JE NE PRENDRAI JAMAIS DE COURS SUR LES POKEMON ! »
« Rien à faire, ne discute pas avec lui sur ce point, s’il te plaît, chérie. »
Ryusuke grimpa les escaliers, trois par trois, se dirigeant vers sa chambre avant de claquer la porte derrière lui. Jetant son sac sur le côté, il vint aussitôt s’installer devant son bureau, s’asseyant sur une chaise. Un crayon, une feuille de papier et voilà, il était maintenant ailleurs. Nul n’allait le déranger dorénavant et …
« Ryusuke ! S’il te plaît ! Tu veux bien aller chercher des baies dans la forêt ? Pour le dessert de ce soir, tu serais un amour ! Merci beaucoup ! » cria sa mère de l’autre côté de la porte.
Pfff ! Bon, on ne lui laissait pas vraiment le choix de toute façon, il semblerait. Il déposa le crayon, quittant sa chambre avant de récupérer le panier dans sa main droite. Il sortit de la maisonnette. Cela allait peut-être l’inspirer pour ce qu’il comptait faire de son crayon ? Peut-être ? Pénétrant dans la forêt, il remarqua bien vite que quelque chose clochait.
Pourquoi est-ce qu’elle était aussi mouvementée ? Presque comme en ébullition. Ce n’était pas une bonne chose. Il y avait un évènement peu commun dans la forêt pour aller la perturber et … AH ! Il se coucha aussitôt, évitant de justesse trois Dardargnans qui l’avaient ignoré superbement. Pour que ces pokémon si agressifs en viennent à ne pas le voir, c’est qu’ils pourchassaient quelqu’un. Ce quelqu’un devait être assez énervant et agaçant pour qu’ils attaquent à plusieurs encore que, les Dardargnans étaient reconnus pour être très territoriaux. Donc quand il s’agissait de faire le ménage pour effacer l’intrus, ils employaient les grands moyens. Hum, déplaisant et il ne devait pas se mêler de ça.
Ah ah ah ! La petite créature à la corne verte ne chercha pas à regarder derrière elle. Courant sur plusieurs mètres, elle utilisait ses pouvoirs de téléportation pour en gagner d’autres. Les bourdonnements aigus se firent entendre mais elle ne s’y intéressait guère. A cette allure, si elle ne faisait pas attention, elle pouvait alors se considérer comme morte ! Il en était hors de question ! Elle n’était pas en train de se battre depuis autant de temps juste pour abandonner maintenant ! Non, non et non !
Mais ça ne servait à rien. Peu à peu, elle perdait le peu de distance qu’elle avait par rapport aux Dardargnans. Peu à peu, ils prenaient de l’avance sur elle jusqu’à finir par la rattraper. Le dard de pointu au bout de l’abdomen du plus proche se dirigea vers la petite créature capable de se téléporter, prêt à faire son office.
« On ne t’a jamais dit d’affronter un adversaire à ta taille ?! »
Un coup de pied dans l’abdomen et voilà que l’insecte ailé fut projeté contre un arbre, le sonnant à moitié sous la puissance de la frappe. L’adolescent aux cheveux bruns atterrit devant la petite créature, la fixant avec un air dédaigneux. N’importe quoi, c’était vraiment n’importe quoi ce qu’il était en train de faire.
« Je vous jure, je suis là pour chercher des baies ! »
Mais à dix contre un, il était tout simplement hors de question de ne pas s’en mêler. Enfin, maintenant, d’après ce qu’il voyait, c’était plutôt neuf contre un. C’était vraiment n’importe quoi. Il jeta un bref regard derrière lui, observant le pokémon d’une taille ridicule. Un premier constat venait s’établir : c’était une Tarsal. La différence résidait dans ses couleurs. Tout était complètement inversé : ses cornes étaient vertes, sa chevelure était rouge tandis que sa robe était teintée de lignes noires malgré qu’elle restait majoritairement blanche.
Il allait avoir besoin d’une explication. Ce n’était pas normal qu’une Tarsal se ramène dans le coin. Normalement, elles ne vivaient pas ici, du moins, pas dans la forêt, ni dans sa petite ville. Et qu’est-ce qu’il … il vint s’accroupir aussitôt, un Dardargnan passant au-dessus de lui, prêt à tenter de le liquider. Ah oui ? C’était comme ça qu’il tentait de s’en prendre à lui ? Qu’il dégage ! Il n’était pas d’humeur ce soir ! Son pied s’enfonça dans l’abdomen du pokémon aux trois dards, l’envoyant dans les airs avant qu’il ne retombe lourdement à quelques mètres de lui et de la petite Tarsal. VRAIMENT !
« Qui c’est le prochain ? Vous comptez venir à plusieurs ? »
Il avait fait un mouvement de la main droite, invitant les Dardargnan à se frotter à lui. Pendant ce temps, la Tarsal pouvait toujours s’échapper. Il ne voyait pas combien de temps il allait tenir. Zut ! Il n’avait pas pensé à prendre d’antidote sur lui. De même, à la base, il ne pensait pas tomber sur une bande de pokémon en train de poursuivre une créature loin de son habitat et aux couleurs inhabituelles. Il marmonna dans sa barbe :
« C’est vraiment pas ma journée, je vous le dis. »
Mais bon, il allait la finir le plus vite possible, laisser s’enfuir cette Tarsal et après, hein ? Comment est-ce qu’il pouvait deviner que c’était une femelle et non un mâle ? L’instinct bien entendu. Les Tarsal mâles étaient quand même un peu plus enclins à se bagarrer, à cause de cette histoire qui concernait les Gallame.
« Disparais pendant que je te fais gagner du temps. Et sors de cette forêt. Les Dardargnan ne sont pas habitués de toute façon à quitter leur habitat naturel. Ils ne te poursuivront plus. »
Voilà qu’il s’adressait à cette ridicule petite créature. Cette journée était gâchée, du début jusqu’à la fin. Encore un appel de l’école, une nouvelle bagarre, une dispute avec ses parents et maintenant, c’était l’apothéose. Une pokémon qui ne savait pas se débrouiller seule. Qu’est-ce qu’il avait fait à Arceus pour mériter une telle chose ?
« J’en ai marre, marre, marre ! »
Encore une fois, il s’affaissa sur lui-même, évitant deux Dardargnan qui se percutèrent violemment, tombant à la renverse, sonnés par leurs propres attaques. Heureusement que les pokémon étaient des créatures primitives. Il voulait passer à autre chose ! Tirer un trait sur cette histoire et l’oublier définitivement ! Il avait bien mieux à faire ! Et pourquoi est-ce que la Tarsal était en train de le regarder ? Tiens donc, elle avait les yeux verts, comme prévu. Rien de surprenant, il avait trouvé la logique derrière cette créature aux couleurs bien plus rares qu’il ne le pensait. Oui, elle était même différente de ces pokémon qu’on disait chromatiques. Mais pour ça, il ne s’y attardait pas. Il ne voulait aucun rapport avec les pokémon, sauf si cela consistait à se défendre de leurs attaques incessantes !
Le reste des Dardargnan se jeta sur lui mais il avait déjà tout préparé pour éviter cela. En se retournant, il agrippa la Tarsal par la hanche, la soulevant avec facilité. Il esquiva les nombreux dards qui fusèrent en sa direction, commençant à courir. Quel idiot mais quel idiot ! Et son panier dans tout ça ? Hein ? Est-ce qu’elle y avait pensé ?
« Première et dernière fois que je perds mon temps avec ces idioties ! »
Aucune réponse de la Tarsal. Elle ne comprenait pas qu’il était en train de lui sauver la vie ? Bien qu’il ne faisait pas cela pour qu’elle lui soit redevable, ça ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas à ouvrir sa bouche hein ? Pfff ! Voilà maintenant que les Dardargnan projetaient des dards, bien moins gros que les appendices qu’ils avaient mais tout aussi dangereux.
Puis plus rien. Il avait réussi à les esquiver mais la seule chose qu’il venait de remarquer, c’est que les bourdonnements n’étaient pas aussi lointains que prévu alors qu’il avait été téléporté. Il posa un regard bref sur la Tarsal, c’était elle hein ? Il recommença à courir, se mettant à transpirer fortement, chose qui ne passa pas inaperçu aux yeux de la Tarsal. Celle-ci avait relevé son regard émeraude, le posant sur Ryusuke.
« Zut ! Zut ! Et Zut ! Quelle idiotie ! Mais quelle idiotie ! »
Il se répétait inlassablement mais comment faire autrement ? Il était en train d’être poursuivi par des Dardargnan qui ne le lâchaient pas d’une semelle. Il s’était mêlé d’une histoire qui ne le regardait pas le moins du monde ! Voilà le résultat ! Première et dernière fois qu’il s’occupait des affaires d’une autre ! Elle n’avait qu’à se débrouiller !
Elle ressentait de la colère dans l’adolescent mais elle n’était pas tournée vers elle mais contre lui-même ? Pourquoi ? Car il avait décidé de l’aider ? Est-ce qu’elle était une plaie trop grande pour lui ? Elle allait régler cela une bonne fois pour toutes. Elle ferma les yeux puis les rouvrit, complètement roses.
L’adolescent fut téléporté comme la Tarsal bien loin par rapport aux Dardargnan. D’ailleurs, elle ne les entendait plus, c’était un signe de victoire non ? Elle fut déposée doucement au sol avant que le corps de Ryusuke ne tombe lourdement à côté d’elle. Elle sursauta, ne poussant pas un cri avant de regarder. Qu’est-ce qu’il avait ? Il semblait fiévreux ! Ce n’était pas normal ! Elle descendit ses yeux, remarquant la jambe droite.
« Vas t-en. Laisse-moi tranquille, c’est bon. »
Il marmonnait cela, serrant les dents tout en cherchant à se redresser. Ca lui faisait un mal de chien ! Il posa une main au sol, s’en servant comme appui mais il chancela aussitôt, s’écroulant sur le côté. Ça ne sert à rien. Sans antidote, il était fichu et … AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Ce cri fut surtout dans ses pensées alors qu’il s’était mordu les lèvres jusqu’au sang, la Tarsal venant de lui retirer le dard dans sa jambe. Elle était folle ? Elle n’était pas partie ? Il était convaincu que c’était une Tarsal et non un. Il le voyait dans ses geste et hein ? Elle posa une patte sur son front comme pour lui dire de ne pas s’en faire avant qu’elle ne se téléporte. Voilà comme ça. Il n’avait pas besoin de l’aide d’une pokémon. Il pouvait facilement se débrouiller seul mais là, il devait se reposer.
« Au voleur ! Au voleur ! Un Tarsal vient de me voler ! »
Et zut. Il ne pouvait même pas fermer les yeux tranquillement. C’est vrai. Même s’il y avait quelques arbres sur son chemin, il pouvait voir les lumières d’un magasin. Et subitement, il put voir la robe aux lignes noires devant lui. Le bouchon d’une fiole sauta avant que le liquide ne soit déversé sur sa jambe. Il poussa un gémissement, marmonnant :
« Pars. Pars loin, je vais régler la situation. Et ne reviens plus. »
Aucun merci, ni rien. S’il était dans cette galère, c’était à cause d’elle. Il la regarda disparaître une nouvelle fois, sans qu’elle ne revienne. Et zut. Il avait encore une galère à supporter. Il passa une main sur son front, sentant déjà les effets de l’antidote sur son corps. Ça allait beaucoup mieux. Ah … il avait besoin de respirer un peu.
Un marchand et un policier arrivèrent jusqu’à lui. Toujours couché, il écouta la marchand qui se montrait prévenant et inquiet, signalant que la Tarsal l’avait agressé. Il se redressa en gémissant, se retrouvant debout alors que la fiole de l’antidote roula à ses pieds. L’inquiétude du marchand disparut aussitôt avant qu’il ne le prenne par le col.
« Ce Tarsal t’appartenait n’est-ce pas ? »
« Je vous prie de vous calmer, vous n’avez aucune preuve que … »
« Touchez-moi encore une fois … » murmura l’adolescent avant de poser une main sur le bras qui le tenait par le col, le tordant aussitôt. De son autre main, il sortit son porte-monnaie avant de tendre un billet. Il força l’ouverture de la main dont il tordait le bras, insérant l’argent dedans avant de refermer le poing. « Et gardez la monnaie. »
« Attends un peu, jeune homme. Il faut que tu m’expliques au sujet de cet antidote et au … Ryusuke ? C’est toi ? Qu’est-ce que tu as fait encore ? Normalement, tu n’as aucun pokémon non ? » dit le policier, le reconnaissant enfin. Ryusuke relâcha le bras du marchand.
« Rien du tout. Juste un besoin d’antidote. J’ai payé, je retourne récupérer quelques baies. »
Et c’était la fin de la discussion. Vu qu’il avait donné cinq fois plus que la somme nécessaire à l’antidote, il savait que le marchand ne l’embêterait guère. Il s’enfonça dans la forêt, passant par là où il était passé la première fois, récupérant son panier. Sans perdre son temps, il récupéra les baies et retourna chez lui.
« Et bien alors ? Tu en as mis du temps, Ryusuke ? Mais ? Tu es blessé à la jambe ? Tu es sale et couvert d’herbe, qu’est-ce que tu as fait ? »
« Tiens, voilà tes baies, maman. »
Il déposa le panier sur la table, devant elle, ne répondant pas à ses questions. Ce n’était pas qu’il détestait sa mère, ni son père d’ailleurs. C’est tout simplement qu’il n’avait pas envie de parler ce soir. Il s’enferma dans sa chambre, observant la feuille de papier devant lui. Les minutes s’écoulèrent mais rien ne vint. Il n’avait plus aucune inspiration, c’était fichu. Il grogna, déposant son crayon sur la feuille avant de se coucher sur le dos sur son lit.
« M’énerve vraiment. Il a fallu que je me préoccupe de ça. Manquerait plus que demain au lycée, les autres l’apprennent par le policier. »
Mais ça ne devait pas arriver. Il se l’interdisait. Il ne voyait pas pourquoi ce policier allait trop l’ouvrir. Cette Tarsal, elle avait quoi ? Sa couleur était totalement différente de ce qu’il connaissait dans les livres. Il se mit sur le côté. Pfff, il n’allait quand même pas se mettre à penser à une pokémon dont il ne connaissait pas encore l’existence avant ce soir.
« Ryusuke ! Il est l’heure de manger, tu veux bien descendre ? »
Autant ne pas se préoccuper plus longtemps de tout ça. Dès demain, il aura déjà tout oublié. Il observa le dessin qu’il avait commencé, poussant un léger soupir. Demain serait un autre jour. Pour le moment, il allait devoir surtout esquiver les questions de sa mère au sujet de ce qui s’était passé. Ça allait être encore une sacrée soirée, il le sentait bien. Pourquoi est-ce qu’il fallait que tout ça lui arrive le même jour ? Il avait aussi besoin de souffler !
« STOP ! STOP ! C’est bon ! Arrête ! Mon Machoc a compris la leçon ! »
« Mais je ne suis pas certain que toi, tu l’aies compris. »
Le pokémon à la crête brune et à la peau grise était tombé, des marques de poing sur le visage. Un adolescent d’une quinzaine d’année, aux habits dépareillés était en train de reculer avant qu’un poing ne fonce vers lui, se stoppant à quelques centimètres de son visage. Il tomba à genoux, sous le choc de l’émotion.
« Et la prochaine fois que tu tentes une manœuvre comme ça, la distance n’existera pas entre mon poing et ton visage, est-ce bien compris ? »
« J’ai parfaitement compris le message ! PROMIS ! PROMIS ! »
« Bien maintenant, disparais de mon champ de vision. J’ai beaucoup mieux à faire que de perdre mon temps avec des imbécilités de ton genre. »
L’adolescent qui avait mis à terre le Machoc s’éloigna, se dirigeant vers la sortie du lycée, ne jetant plus un seul regard à la personne qui rappelait son pokémon. Passant une main sur une mèche de cheveux bruns, il pouvait alors observer de son œil gauche de couleur verte. A part la mèche, sa coiffure partait dans tous les sens, assez hirsute et formant des épis qui lui donnaient un air un peu fou. Pourtant, en le regardant dans les yeux, on pouvait voir le plus grand sérieux du monde. Remettant correctement sa veste rouge sur lui, il en sortit une paire de lunettes de la poche extérieure avant de se la mettre devant les yeux.
« Quand même … qu’est-ce que Ryusuke lui a mis. Pourquoi est-ce que les apprentis caïds ne comprennent pas la leçon ? » dit l’un des élèves, s’adressant à son compagnon.
« Le problème, c’est surtout le fait qu’il ait aucun pokémon. C’est pas le premier élève qui tentait de faire le malin devant lui. »
« Mais en même temps, t’as vu ? Ce qu’il a fait ? On ne dirait pas en le regardant, il a quelques muscles mais à part ça … tenir le coup face aux brutes de … »
« Bougez de là. J’aimerai quitter le lycée. »
Le ton n’était guère autoritaire mais ne laissait pas place à l’opposition. Les deux élèves se poussèrent, bredouillant quelques mots tandis qu’il continuait son chemin. Son sac par-dessus l’épaule, il observa le soleil couchant à l’horizon. Il était déjà assez tard, un peu trop même à son goût mais qu’importe, il devait rentrer chez lui. Passant la porte d’une modeste demeure, la première voix qu’il entendit fut celle de sa mère :
« Ryusuke ? C’est toi ? Ryusuke ? »
« Je suis rentré. » dit-il d’une voix nonchalante, sans même se sentir concerné par la suite des paroles que sa mère venait lui déclarer :
« Il paraitrait que tu as encore causé du trouble au lycée avec un élève et … »
« Comme d’habitude. Il y en a qui me provoquent, je ne fais que répliquer. »
« Ce n’est pas tout. Il y a aussi le fait que tu sèches tous les cours liés aux pokémon. Tu sais bien que si nous t’avons envoyé dans cette école, c’est pour une bonne raison non ? »
« JE NE PRENDRAI JAMAIS DE COURS SUR LES POKEMON ! »
« Rien à faire, ne discute pas avec lui sur ce point, s’il te plaît, chérie. »
Ryusuke grimpa les escaliers, trois par trois, se dirigeant vers sa chambre avant de claquer la porte derrière lui. Jetant son sac sur le côté, il vint aussitôt s’installer devant son bureau, s’asseyant sur une chaise. Un crayon, une feuille de papier et voilà, il était maintenant ailleurs. Nul n’allait le déranger dorénavant et …
« Ryusuke ! S’il te plaît ! Tu veux bien aller chercher des baies dans la forêt ? Pour le dessert de ce soir, tu serais un amour ! Merci beaucoup ! » cria sa mère de l’autre côté de la porte.
Pfff ! Bon, on ne lui laissait pas vraiment le choix de toute façon, il semblerait. Il déposa le crayon, quittant sa chambre avant de récupérer le panier dans sa main droite. Il sortit de la maisonnette. Cela allait peut-être l’inspirer pour ce qu’il comptait faire de son crayon ? Peut-être ? Pénétrant dans la forêt, il remarqua bien vite que quelque chose clochait.
Pourquoi est-ce qu’elle était aussi mouvementée ? Presque comme en ébullition. Ce n’était pas une bonne chose. Il y avait un évènement peu commun dans la forêt pour aller la perturber et … AH ! Il se coucha aussitôt, évitant de justesse trois Dardargnans qui l’avaient ignoré superbement. Pour que ces pokémon si agressifs en viennent à ne pas le voir, c’est qu’ils pourchassaient quelqu’un. Ce quelqu’un devait être assez énervant et agaçant pour qu’ils attaquent à plusieurs encore que, les Dardargnans étaient reconnus pour être très territoriaux. Donc quand il s’agissait de faire le ménage pour effacer l’intrus, ils employaient les grands moyens. Hum, déplaisant et il ne devait pas se mêler de ça.
Ah ah ah ! La petite créature à la corne verte ne chercha pas à regarder derrière elle. Courant sur plusieurs mètres, elle utilisait ses pouvoirs de téléportation pour en gagner d’autres. Les bourdonnements aigus se firent entendre mais elle ne s’y intéressait guère. A cette allure, si elle ne faisait pas attention, elle pouvait alors se considérer comme morte ! Il en était hors de question ! Elle n’était pas en train de se battre depuis autant de temps juste pour abandonner maintenant ! Non, non et non !
Mais ça ne servait à rien. Peu à peu, elle perdait le peu de distance qu’elle avait par rapport aux Dardargnans. Peu à peu, ils prenaient de l’avance sur elle jusqu’à finir par la rattraper. Le dard de pointu au bout de l’abdomen du plus proche se dirigea vers la petite créature capable de se téléporter, prêt à faire son office.
« On ne t’a jamais dit d’affronter un adversaire à ta taille ?! »
Un coup de pied dans l’abdomen et voilà que l’insecte ailé fut projeté contre un arbre, le sonnant à moitié sous la puissance de la frappe. L’adolescent aux cheveux bruns atterrit devant la petite créature, la fixant avec un air dédaigneux. N’importe quoi, c’était vraiment n’importe quoi ce qu’il était en train de faire.
« Je vous jure, je suis là pour chercher des baies ! »
Mais à dix contre un, il était tout simplement hors de question de ne pas s’en mêler. Enfin, maintenant, d’après ce qu’il voyait, c’était plutôt neuf contre un. C’était vraiment n’importe quoi. Il jeta un bref regard derrière lui, observant le pokémon d’une taille ridicule. Un premier constat venait s’établir : c’était une Tarsal. La différence résidait dans ses couleurs. Tout était complètement inversé : ses cornes étaient vertes, sa chevelure était rouge tandis que sa robe était teintée de lignes noires malgré qu’elle restait majoritairement blanche.
Il allait avoir besoin d’une explication. Ce n’était pas normal qu’une Tarsal se ramène dans le coin. Normalement, elles ne vivaient pas ici, du moins, pas dans la forêt, ni dans sa petite ville. Et qu’est-ce qu’il … il vint s’accroupir aussitôt, un Dardargnan passant au-dessus de lui, prêt à tenter de le liquider. Ah oui ? C’était comme ça qu’il tentait de s’en prendre à lui ? Qu’il dégage ! Il n’était pas d’humeur ce soir ! Son pied s’enfonça dans l’abdomen du pokémon aux trois dards, l’envoyant dans les airs avant qu’il ne retombe lourdement à quelques mètres de lui et de la petite Tarsal. VRAIMENT !
« Qui c’est le prochain ? Vous comptez venir à plusieurs ? »
Il avait fait un mouvement de la main droite, invitant les Dardargnan à se frotter à lui. Pendant ce temps, la Tarsal pouvait toujours s’échapper. Il ne voyait pas combien de temps il allait tenir. Zut ! Il n’avait pas pensé à prendre d’antidote sur lui. De même, à la base, il ne pensait pas tomber sur une bande de pokémon en train de poursuivre une créature loin de son habitat et aux couleurs inhabituelles. Il marmonna dans sa barbe :
« C’est vraiment pas ma journée, je vous le dis. »
Mais bon, il allait la finir le plus vite possible, laisser s’enfuir cette Tarsal et après, hein ? Comment est-ce qu’il pouvait deviner que c’était une femelle et non un mâle ? L’instinct bien entendu. Les Tarsal mâles étaient quand même un peu plus enclins à se bagarrer, à cause de cette histoire qui concernait les Gallame.
« Disparais pendant que je te fais gagner du temps. Et sors de cette forêt. Les Dardargnan ne sont pas habitués de toute façon à quitter leur habitat naturel. Ils ne te poursuivront plus. »
Voilà qu’il s’adressait à cette ridicule petite créature. Cette journée était gâchée, du début jusqu’à la fin. Encore un appel de l’école, une nouvelle bagarre, une dispute avec ses parents et maintenant, c’était l’apothéose. Une pokémon qui ne savait pas se débrouiller seule. Qu’est-ce qu’il avait fait à Arceus pour mériter une telle chose ?
« J’en ai marre, marre, marre ! »
Encore une fois, il s’affaissa sur lui-même, évitant deux Dardargnan qui se percutèrent violemment, tombant à la renverse, sonnés par leurs propres attaques. Heureusement que les pokémon étaient des créatures primitives. Il voulait passer à autre chose ! Tirer un trait sur cette histoire et l’oublier définitivement ! Il avait bien mieux à faire ! Et pourquoi est-ce que la Tarsal était en train de le regarder ? Tiens donc, elle avait les yeux verts, comme prévu. Rien de surprenant, il avait trouvé la logique derrière cette créature aux couleurs bien plus rares qu’il ne le pensait. Oui, elle était même différente de ces pokémon qu’on disait chromatiques. Mais pour ça, il ne s’y attardait pas. Il ne voulait aucun rapport avec les pokémon, sauf si cela consistait à se défendre de leurs attaques incessantes !
Le reste des Dardargnan se jeta sur lui mais il avait déjà tout préparé pour éviter cela. En se retournant, il agrippa la Tarsal par la hanche, la soulevant avec facilité. Il esquiva les nombreux dards qui fusèrent en sa direction, commençant à courir. Quel idiot mais quel idiot ! Et son panier dans tout ça ? Hein ? Est-ce qu’elle y avait pensé ?
« Première et dernière fois que je perds mon temps avec ces idioties ! »
Aucune réponse de la Tarsal. Elle ne comprenait pas qu’il était en train de lui sauver la vie ? Bien qu’il ne faisait pas cela pour qu’elle lui soit redevable, ça ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas à ouvrir sa bouche hein ? Pfff ! Voilà maintenant que les Dardargnan projetaient des dards, bien moins gros que les appendices qu’ils avaient mais tout aussi dangereux.
Puis plus rien. Il avait réussi à les esquiver mais la seule chose qu’il venait de remarquer, c’est que les bourdonnements n’étaient pas aussi lointains que prévu alors qu’il avait été téléporté. Il posa un regard bref sur la Tarsal, c’était elle hein ? Il recommença à courir, se mettant à transpirer fortement, chose qui ne passa pas inaperçu aux yeux de la Tarsal. Celle-ci avait relevé son regard émeraude, le posant sur Ryusuke.
« Zut ! Zut ! Et Zut ! Quelle idiotie ! Mais quelle idiotie ! »
Il se répétait inlassablement mais comment faire autrement ? Il était en train d’être poursuivi par des Dardargnan qui ne le lâchaient pas d’une semelle. Il s’était mêlé d’une histoire qui ne le regardait pas le moins du monde ! Voilà le résultat ! Première et dernière fois qu’il s’occupait des affaires d’une autre ! Elle n’avait qu’à se débrouiller !
Elle ressentait de la colère dans l’adolescent mais elle n’était pas tournée vers elle mais contre lui-même ? Pourquoi ? Car il avait décidé de l’aider ? Est-ce qu’elle était une plaie trop grande pour lui ? Elle allait régler cela une bonne fois pour toutes. Elle ferma les yeux puis les rouvrit, complètement roses.
L’adolescent fut téléporté comme la Tarsal bien loin par rapport aux Dardargnan. D’ailleurs, elle ne les entendait plus, c’était un signe de victoire non ? Elle fut déposée doucement au sol avant que le corps de Ryusuke ne tombe lourdement à côté d’elle. Elle sursauta, ne poussant pas un cri avant de regarder. Qu’est-ce qu’il avait ? Il semblait fiévreux ! Ce n’était pas normal ! Elle descendit ses yeux, remarquant la jambe droite.
« Vas t-en. Laisse-moi tranquille, c’est bon. »
Il marmonnait cela, serrant les dents tout en cherchant à se redresser. Ca lui faisait un mal de chien ! Il posa une main au sol, s’en servant comme appui mais il chancela aussitôt, s’écroulant sur le côté. Ça ne sert à rien. Sans antidote, il était fichu et … AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Ce cri fut surtout dans ses pensées alors qu’il s’était mordu les lèvres jusqu’au sang, la Tarsal venant de lui retirer le dard dans sa jambe. Elle était folle ? Elle n’était pas partie ? Il était convaincu que c’était une Tarsal et non un. Il le voyait dans ses geste et hein ? Elle posa une patte sur son front comme pour lui dire de ne pas s’en faire avant qu’elle ne se téléporte. Voilà comme ça. Il n’avait pas besoin de l’aide d’une pokémon. Il pouvait facilement se débrouiller seul mais là, il devait se reposer.
« Au voleur ! Au voleur ! Un Tarsal vient de me voler ! »
Et zut. Il ne pouvait même pas fermer les yeux tranquillement. C’est vrai. Même s’il y avait quelques arbres sur son chemin, il pouvait voir les lumières d’un magasin. Et subitement, il put voir la robe aux lignes noires devant lui. Le bouchon d’une fiole sauta avant que le liquide ne soit déversé sur sa jambe. Il poussa un gémissement, marmonnant :
« Pars. Pars loin, je vais régler la situation. Et ne reviens plus. »
Aucun merci, ni rien. S’il était dans cette galère, c’était à cause d’elle. Il la regarda disparaître une nouvelle fois, sans qu’elle ne revienne. Et zut. Il avait encore une galère à supporter. Il passa une main sur son front, sentant déjà les effets de l’antidote sur son corps. Ça allait beaucoup mieux. Ah … il avait besoin de respirer un peu.
Un marchand et un policier arrivèrent jusqu’à lui. Toujours couché, il écouta la marchand qui se montrait prévenant et inquiet, signalant que la Tarsal l’avait agressé. Il se redressa en gémissant, se retrouvant debout alors que la fiole de l’antidote roula à ses pieds. L’inquiétude du marchand disparut aussitôt avant qu’il ne le prenne par le col.
« Ce Tarsal t’appartenait n’est-ce pas ? »
« Je vous prie de vous calmer, vous n’avez aucune preuve que … »
« Touchez-moi encore une fois … » murmura l’adolescent avant de poser une main sur le bras qui le tenait par le col, le tordant aussitôt. De son autre main, il sortit son porte-monnaie avant de tendre un billet. Il força l’ouverture de la main dont il tordait le bras, insérant l’argent dedans avant de refermer le poing. « Et gardez la monnaie. »
« Attends un peu, jeune homme. Il faut que tu m’expliques au sujet de cet antidote et au … Ryusuke ? C’est toi ? Qu’est-ce que tu as fait encore ? Normalement, tu n’as aucun pokémon non ? » dit le policier, le reconnaissant enfin. Ryusuke relâcha le bras du marchand.
« Rien du tout. Juste un besoin d’antidote. J’ai payé, je retourne récupérer quelques baies. »
Et c’était la fin de la discussion. Vu qu’il avait donné cinq fois plus que la somme nécessaire à l’antidote, il savait que le marchand ne l’embêterait guère. Il s’enfonça dans la forêt, passant par là où il était passé la première fois, récupérant son panier. Sans perdre son temps, il récupéra les baies et retourna chez lui.
« Et bien alors ? Tu en as mis du temps, Ryusuke ? Mais ? Tu es blessé à la jambe ? Tu es sale et couvert d’herbe, qu’est-ce que tu as fait ? »
« Tiens, voilà tes baies, maman. »
Il déposa le panier sur la table, devant elle, ne répondant pas à ses questions. Ce n’était pas qu’il détestait sa mère, ni son père d’ailleurs. C’est tout simplement qu’il n’avait pas envie de parler ce soir. Il s’enferma dans sa chambre, observant la feuille de papier devant lui. Les minutes s’écoulèrent mais rien ne vint. Il n’avait plus aucune inspiration, c’était fichu. Il grogna, déposant son crayon sur la feuille avant de se coucher sur le dos sur son lit.
« M’énerve vraiment. Il a fallu que je me préoccupe de ça. Manquerait plus que demain au lycée, les autres l’apprennent par le policier. »
Mais ça ne devait pas arriver. Il se l’interdisait. Il ne voyait pas pourquoi ce policier allait trop l’ouvrir. Cette Tarsal, elle avait quoi ? Sa couleur était totalement différente de ce qu’il connaissait dans les livres. Il se mit sur le côté. Pfff, il n’allait quand même pas se mettre à penser à une pokémon dont il ne connaissait pas encore l’existence avant ce soir.
« Ryusuke ! Il est l’heure de manger, tu veux bien descendre ? »
Autant ne pas se préoccuper plus longtemps de tout ça. Dès demain, il aura déjà tout oublié. Il observa le dessin qu’il avait commencé, poussant un léger soupir. Demain serait un autre jour. Pour le moment, il allait devoir surtout esquiver les questions de sa mère au sujet de ce qui s’était passé. Ça allait être encore une sacrée soirée, il le sentait bien. Pourquoi est-ce qu’il fallait que tout ça lui arrive le même jour ? Il avait aussi besoin de souffler !
----
Chapitre 2 : Rôdeuse
Chapitre 2 : Rôdeuse
« Ryusuke ? Ryusuke ? Tu es déjà prêt ? »
« Je pars à l’école dès maintenant. Bonne journée à vous deux. »
« Bonne journée à toi aussi. Fais quand même attention à ne pas créer trop de troubles. »
C’était plutôt l’inverse. Il voulait les éviter à tout prix mais ils venaient toujours le frapper de plein fouet. Il essayait pourtant de ne pas tomber dedans mais voilà, il fallait toujours que ça ne se passe pas comme prévu. Pour ça qu’il n’aimait pas toutes ces choses. Au lycée, quelques élèves regardèrent sa jambe. C’est vrai : malgré l’antidote, cela ne voulait pas dire qu’il était complètement guéri. La plaie crée par le dard était toujours présente.
« On dirait qu’il a été blessé mais qui aurait pu faire ça ? »
« Quelqu’un du lycée ? Il paraitrait que parfois, certains l’attendent sur le chemin pour tenter de l’affronter. Bon, généralement ça finit très mal pour eux. »
« Arrête de raconter des bêtises, tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas un humain qui aurait pu le blesser quoi. AH ! Il nous regarde ! »
Les deux élèves s’enfuirent lorsqu’il posa ses yeux sur eux. Ils n’avaient pas totalement tort : sa blessure n’était pas la cause d’un humain mais d’un pokémon. Il fronça les sourcils, poussant un léger soupir. Normalement, aujourd’hui, tout devrait être calme, très calme.
D’ailleurs, lorsqu’il fut installé à sa table pour les cours, il était encore songeur. Ah ! Bon, ce n’était pas le moment de penser à toutes ces imbécilités. Il avait mieux à faire, beaucoup mieux de toute façon. Quant au fait d’écouter les cours, il s’en fichait pas mal. Ce genre de connaissances, il les possédait déjà. Ah ! Tenant un crayon en main, il s’était mis à dessiner la première chose qui lui traversait l’esprit.
« Ryusuke ? Quel est le nouveau type de pokémon qui fut découvert récemment ? »
« Le type acier. » déclara l’adolescent, sans réellement conviction, reprenant ensuite : « On peut aussi rajouter le type ténèbres. »
« Ahem. Réponse fausse, Ryusuke. Ces deux types existent déjà quelques temps. Je voulais bien entendu parler du type fée. S’il te plaît, concentre-toi plus. »
« Hey, mais attendez, Ryusuke était occupé à dessiner ! »
« De quoi est-ce que je me mêle ? » rétorqua l’adolescent en émettant un grognement, se levant subitement. Plus que le fait qu’on le dérange, c’était bien la mauvaise réponse qui l’énervait. Il rétorqua : « Je vais aller à l’infirmerie. Je ne me sens pas bien. »
« Ryusuke, retourne en place. Tu m’as l’air d’aller très bien. Fais-le maintenant. » déclara le professeur mais l’adolescent était déjà parti, délaissant ses affaires. Il en avait strictement rien à foutre de ce que pensait le professeur. S’il avait décidé ça, il n’allait pas le forcer, c’était aussi simple que ça, que ça lui plaise ou non à ce professeur. Puis quoi encore ?
« Hein ? Euh ? Mais il a oublié ses affaires. »
« Laissez-le, je vais devoir le signaler pour sa conduite. Rangez juste ses affaires, qu’il puisse les récupérer quand il reviendra. Reprenons les cours. »
Le plus étrange pour tout le monde, c’était bien la réaction exagérée de l’adolescent. Ils n’étaient pas habitués à ce qu’il se comporte de la sorte, surtout en classe. Pendant qu’une lycéenne rangeait ses affaires, elle regarda ce qui se trouvait devant ses yeux :
« Hey … mais c’est un Tarsal ? C’est vrai ? Depuis quand est-ce qu’il s’intéresse aux pokémon ? Dites, vous le saviez-vous ? »
« Hum ? Un pokémon ? Ryusuke ? Qu’est-ce que tu racontes ? Attends, ah oui ! C’est bien un Tarsal. Et il est plus que bien dessiné. Mais c’est quoi ces lignes sur sa robe ? »
« S’il vous plaît, je vous rappelle que vous êtes tous en classe ! «
Le professeur réclama l’ordre et le silence, la lycéenne finissant de remettre correctement les affaires de Ryusuke. L’adolescent, les mains dans les poches, se promenait dans les couloirs. A cette heure-ci, il n’y avait personne et de toute façon, si quelqu’un le voyait, il lui dirait la stricte vérité : il était parti pour aller à l’infirmerie car il ne se sentait pas bien. Vraiment ? Oui, il allait mal. Depuis qu’il s’était levé, il n’avait qu’un visage en tête : cette Tarsal. Il ne savait pas d’où elle venait et pourquoi elle se trouvait dans la forêt hier. Tout cela était un mystère qu’il ne voulait pas résoudre mais en même temps, s’il avait décidé de l’ignorer, il continuera de réfléchir à tout ça. Il en avait déjà marre.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? » se dit-il subitement, se retournant aussitôt.
Il avait ressenti une présence dans son dos. Non pas une présence malsaine mais quelqu’un était en train de le regarder. Quelqu’un était en train de l’espionner !Il en était sûr et certain ! D’où ça venait ? A gauche ? A droite ? Par la fenêtre ? Il se dirigea vers celles-ci, observant les arbres. Non, il n’y avait rien du tout.
« Je crois que j’ai vraiment besoin de repos en fait. »
C’était devenu plus qu’une évidence en fin de compte. Pénétrant dans la salle de l’infirmerie, il s’apprêtait à dire qu’il venait se reposer mais cela ne servit à rien. Il n’y avait personne. Vraiment, il en avait assez là. Il s’installa sur un lit, se mettant sous les couvertures avant de retirer ses lunettes. Fermer les yeux et se reposer.
« En fin de compte, je crois que j’ai eu ma dose d’ennuis rien que pour cette matinée. »
Se parler seul le réconfortait bien qu’il n’osait pas l’avouer. Ça lui permettait d’entendre sa voix et d’être sûr qu’il n’était pas devenu sourd. Un réconfort comme un autre. Il commença à s’endormir peu à peu mais se redressa subitement.
« J’en suis sûr et certain. On me regarde ! Qui est-ce ?! »
Il chercha ses lunettes, les retrouvant. Il avait bien installé le rideau autour du lit de l’infirmerie, pour montrer qu’il ne voulait pas être dérangé. Une ombre ? Derrière le rideau ! Et cette ombre, il la reconnaissait parfaitement ! Il tira subitement sur le tissu, dévoilant la Tarsal à la corne verte ! Qu’est-ce que ça voulait dire ?
« Qu’est-ce que tu fais là ? Disparais ! Maintenant ! »
Hein ? Mais, elle … elle voulait juste le remercier pour hier. Elle n’avait pas pu car elle devait partir alors elle avait décidé de le suivre. Elle savait qu’il ne fallait pas rentrer chez les autres personnes, dans les bâtiments alors, elle n’avait rien fait. Elle était juste restée là, devant la fenêtre, pendant qu’il dormait, pour l’observer. Puis ensuite, elle s’était cachée, plusieurs fois, en voyant qu’il partait seul, tous les matins, sans personne avec qui il discutait.
« Allez ! Zou ! Du balai ! Je ne veux pas te voir ! Du vent ! »
Mais elle ne voulait pas partir ! Elle posa ses petites pattes sur la fenêtre puis se téléporta subitement, Ryusuke poussant un cri de surprise. De la téléportation ! Elle ne comprenait pas ce qu’il venait de lui dire, c’est ça hein ? ZOU ! NON ! NON ET NON !
« Mais c’est quoi ce boucan ? Qui est-ce qui crie dans l’infirmerie pendant que je ne suis pas là ? Il ou elle a intérêt à avoir une bonne raison ! »
Une autre voix ? Elle se téléporta une nouvelle fois, disparaissant complètement de la vue de l’adolescent, le laissant seul avant que la porte ne s’ouvre à la va-vite, laissant rentrer une femme d’une trentaine d’années, portant une blouse blanche ouverte, un pull rouge et un pantalon noir. Elle avait des cheveux auburn un peu frisé et quelques taches de rousseur.
« Ryusuke ? Toi ici ? Vraiment ? »
« Il y a une Tarsal ! Il y a vraiment une Tarsal ! Elle se téléportait ! »
« C’est bien la première fois que tu viens de ton plein gré. D’habitude, tu refuses que l’on te soigne, même quand tu t’écorches le genou en sport et … hein ? »
Elle s’arrêta dans ses propos, écoutant ceux de Ryusuke. Qu’est-ce qu’il racontait donc ? Une Tarsal ? Elle s’approche de la fenêtre, l’ouvrant subitement avant de regarder à gauche et à droite. Non, rien du tout. Pourtant, il était en sueur.
« Attends un peu, Ryusuke. Je crois que tu as vraiment besoin de repos. Je vais appeler tes parents, ça sera bien mieux. Tu divagues. »
« Mais je vous jure que je l’ai vue ! Pourquoi est-ce que l’on ne me croit pas ? »
Elle plaça une main sur son front, prenant sa température. Le voir aussi faible avait quelque chose d’étonnant et surprenant, elle devait l’avouer. Ce n’était pas dans les habitues de Ryusuke de se montrer sous un autre jour.
« Je vous le jure ! Ah ! Mais pourquoi est-ce que personne ne la voit ? »
« Je ne pense pas que tu mens mais elle est partie. Je sais ce que je vais faire. Prends ça. »
Un verre d’eau, une gélule et voilà que le garçon buvait en respectant sagement les paroles de l’infirmière. Quelques minutes plus tard, il sombra dans un profond sommeil. Lorsqu’une main se posa sur son épaule, il put voir le visage de sa mère, inquiète pour lui.
« Ryusuke ? Le lycée nous a appelés, ton père et moi. Il paraitrait que tu étais malade. Nous sommes venus aussi vite que possible. »
« Je pense qu’il a eu quelques stress récemment. J’ai entendu dire qu’il avait encore subit une bagarre récemment et à force, cela a dû lui monter au crâne. » déclara l’infirmière.
« Mais je n’ai rien fait du tout ! Ce n’était pas moi qui ai fait ça ! »
« C’est pour ça que j’ai dit « subir » et non « provoquer » Ryusuke. Je sais très bien que tu n’es pas capable de vouloir chercher les ennuis, ce sont eux qui viennent à toi. »
Ce n’est pas faux. Il devait le reconnaître. Mais quand même, il n’avait pas rêvé ! Il tenta de se relever, gémissant un peu avant de soupirer. Pfiou, il se sentait mal avec toute cette histoire maintenant, très mal.
« Est-ce que je peux rentrer maintenant ? »
« Seulement si tu me dis mademoiselle … ? »
« Mademoiselle Vixia. » marmonna l’adolescent. Elle adorait se moquer de lui quand il ne venait pas se faire soigner. Mais elle n’était pas méchante du tout, avec ses grands yeux bleus. C’est d’ailleurs cela qui attirait quelques garçons du lycée chez elle, pour qu’ils puissent se faire soigner. Elle eut un petit sourire avant de dire :
« Tu peux rentrer. Si tu veux, tu peux aller chercher tes affaires ou alors un élève ira te les emmener. A toi de voir. »
« Je vais aller les chercher, il n’y a pas de problèmes. C’est sur le chemin. »
Il n’avait pas que ça à faire. Il vint dire à ses parents qu’il n’allait pas perdre plus de temps à ça, retournant en salle de classe. Ses parents étaient quand même derrière lui alors qu’il toquait à la porte. Hum ? Il avait dormi combien de temps ? Car il n’entendait personne ou presque. Ouvrant la porte, il remarqua que la classe était vide, complètement vide.
« Oh ! Ryusuke ? Tu vas mieux ? »
Une voix féminine. Il se tourna vers la personne qui venait de lui adresser la parole, lui faisant un sourire tendre. Hum. Il connaissait son nom puisqu’elle était dans sa classe mais sur le moment, il ne s’en rappelait pas du tout.
« J’allais demander ton adresse au secrétariat pour te ramener ton sac et tes affaires. J’ai aussi quelques notes pour toi, comme ça, tu n’auras rien loupé des cours. Mais tu vas mieux ? »
Encore aucune réponse de sa part. De quoi est-ce qu’elle se mêlait ? Cette fille, il la connaissait bien. Déléguée de la classe mais aussi présidente du conseil des élèves, rien que ça. Il n’avait même pas envie de la détailler et AIE !
« Ryusuke ? Tu peux quand même dire merci à ton amie. »
« Ce n’est pas mon amie, je ne la connais pas plus que ça. »
« Ce n’est pas une raison pour ne pas la remercier. Et je me doute que tu n’aies pas une amie aussi jolie que ça. Merci, jeune fille. J’espère que mon fils n’est pas trop turbulent en classe. »
Voilà que son père répondait après sa mère à cette élève. Il récupéra son sac de façon assez sèche, déclarant qu’il allait les attendre à l’entrée du lycée. Interloqués, les deux adultes et la lycéenne le regardèrent s’éloigner, n’osant rien lui dire.
A l’entrée du lycée, il pouvait remarquer qu’au final, c’était juste la pause de midi. Bah ! Il ne sentait pas dans son assiette aujourd’hui, il devait l’avouer mais pas au point d’être aussi faiblard que ça hein ? Positionné devant la double porte du lycée, il s’adossa contre un mur, patientant. Il espérait que ses parents n’avaient pas la causette avec cette lycéenne.
« Elle s’appelle comment ? Déléguée, déléguée. Non. Présidente du conseil des élèves, oui, oui. C’est un nom simple pourtant ! »
Mais non, il n’y arrivait pas. Demain, il verrait. Pas que ça l’intéressait mais s’il fallait mettre les points sur les i, il le ferait. Qu’elle ne se mêle pas de sa vie privée, il fera de même. De toute façon, qu’est-ce qu’il en avait réellement à faire de tout ça hein ?
« Tarsal ? » murmura une voix sur la droite. NON !
Il avait sursauté, tremblant de tout son être. Il n’avait pas rêvé hein ? Pas en entendant cette voix hein ? Il avait juste ! Non ! Il ne devait pas tourner son visage mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Au pied d’un arbre, derrière le tronc de celui-ci, une ridicule petite créature était en train de le regarder, inquiète et soucieuse.
« DISPARAIS ! DISPARAIS ! NE VIENS PAS ! »
Hors de question ! Il le refusait ! Il commença à courir à toute allure, n’écoutant pas les cris de ses parents qui étaient sortis du hall du lycée, accompagnés par la présidente des élèves. Il s’était mis à courir, courir, courir, sans même chercher à s’arrêter.
« Arrête de me suivre ! Ce n’est pas compliqué pour autant ! »
Il ne se retourna pas. Il ne devait même pas savoir si cette créature le suivait ou non ! Qu’elle débarrasse le plancher et ne vienne plus l’embêter ! Il ne voulait pas qu’elle le suive ! Il continua de courir sur le chemin, quittant ce dernier pour traîner dans l’herbe, se cassant la figure une fois, tachant ses habits. Non, non et non ! Il ne voulait pas !
Où est-ce qu’il allait ? Où est-ce qu’il se trouvait ? Il ne savait pas ! Jusqu’elle le lâche, rien de plus ! Qu’elle l’ignore et arrête de le suivre ! Pourtant, il entendait encore la voix de la Tarsal, celle-ci résonnant parfois dans sa tête. Pouvoir psychique ! Elle utilisait ces derniers !
« Elle ne pourra pas me suivre ici, j’en suis certain. »
Ses capacités de raisonnement et de réflexion faiblissaient à vue d’œil. Il le sentait parfaitement. Normalement, il se doutait qu’elle n’aurait aucun mal à le poursuivre mais là, pour le moment, il avait fini par trouver une écurie abandonnée.
L’odeur du vieux foin à moitié usagé empesta ses narines mais il ne s’en préoccupa pas. Caché derrière une parcelle de bois, il jeta un bref regard vers l’entrée de l’étable. Elle n’était plus là hein ? Elle avait fini par abandonner la poursuite ? Quelque chose lui tira sur la jambe alors qu’il faisait un mouvement de la main :
« Pas maintenant, Tarsal. Tu ne vois pas que je tente de … »
Gloups. Il déglutit, espérant rêver. Lorsqu’il se tourna pour descendre son visage, il le déposa sur une petite bouille inquiète. Un hurlement strident sortit de ses lèvres avant que son corps ne s’affaisse, tombant évanoui sur le sol.
« Tarsal ? Tarsal ? Tar tar ? Tarsal ? »
Qu’est-ce que ça voulait dire ? Qu’est-ce qu’elle avait fait de mal ? Elle avait pu lire la terreur dans le cœur de l’adolescent, mais aussi de la rage et de la colère. Elle avait senti qu’il lui voulait du mal sans pour autant l’accomplir, tout cela parce qu’il n’avait pas ressenti la même chose chez elle. Elle ne comprenait pas.
« J’ai entendu un cri ! Il doit être par ici ! Mon Caninos ne peut pas se tromper ! »
« CANINOS ! NOS NOS ! WOOF ! »
Elle devait disparaître ! Et c’est ce qu’elle fit en se cachant dans un coin reculé … mais après avoir emmené l’adolescent en sécurité, adossé à un mur et bien visible pour tous. Elle ne comprenait pas pourquoi il était horrifié par elle mais elle n’avait aucune envie de le faire souffrir. Peut-être qu’elle s’était montré un peu insistante à vouloir se présenter devant ses yeux ? Et pas forcément dans les meilleurs moments ? Elle ne savait pas, elle était juste un peu triste. C’est ça. Elle était triste de la réaction de l’adolescent.
« Il est là ! Mais qu’est-ce qu’il fait ici ? »
« Depuis hier, c’est la tourmente en ce qui le concerne. Si je suis venu vous chercher, c’est pour parler de lui. Nous allons le ramener chez vous et je vous expliquerai tout en chemin. Brave Caninos, brave Caninos. »
« WOOF WOOF ! CANINOS ! CANI ! » s’exclama le pokémon chiot alors que le corps de Ryusuke était soulevé par son père, sa mère inquiète se trouvant à côté de lui. Non-loin, le même policier qu’hier était présent ainsi que la présidente des élèves.
« Depuis hier, vous me dites ? Mais qu’est-ce qui s’est passé exactement ? »
C’était qui cette fille ? Pourquoi est-ce qu’elle regardait en sa direction ? Elle était cachée dans le foin. Elle était invisible ! Disparue ! Personne ne pouvait le voir. Elle en était sûre et certaine mais … elle avait l’impression qu’elle la voyait.
« Attendez-moi, je viens vous aider ! » s’exclama subitement la jeune demoiselle avant de retourner auprès des trois adultes et du fidèle compagnon canin crachant des flammèches de joie d’avoir fait un excellent travail en tant que limier.
« Ryusuke ? Ryusuke ? Tu es déjà prêt ? »
« Je pars à l’école dès maintenant. Bonne journée à vous deux. »
« Bonne journée à toi aussi. Fais quand même attention à ne pas créer trop de troubles. »
C’était plutôt l’inverse. Il voulait les éviter à tout prix mais ils venaient toujours le frapper de plein fouet. Il essayait pourtant de ne pas tomber dedans mais voilà, il fallait toujours que ça ne se passe pas comme prévu. Pour ça qu’il n’aimait pas toutes ces choses. Au lycée, quelques élèves regardèrent sa jambe. C’est vrai : malgré l’antidote, cela ne voulait pas dire qu’il était complètement guéri. La plaie crée par le dard était toujours présente.
« On dirait qu’il a été blessé mais qui aurait pu faire ça ? »
« Quelqu’un du lycée ? Il paraitrait que parfois, certains l’attendent sur le chemin pour tenter de l’affronter. Bon, généralement ça finit très mal pour eux. »
« Arrête de raconter des bêtises, tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas un humain qui aurait pu le blesser quoi. AH ! Il nous regarde ! »
Les deux élèves s’enfuirent lorsqu’il posa ses yeux sur eux. Ils n’avaient pas totalement tort : sa blessure n’était pas la cause d’un humain mais d’un pokémon. Il fronça les sourcils, poussant un léger soupir. Normalement, aujourd’hui, tout devrait être calme, très calme.
D’ailleurs, lorsqu’il fut installé à sa table pour les cours, il était encore songeur. Ah ! Bon, ce n’était pas le moment de penser à toutes ces imbécilités. Il avait mieux à faire, beaucoup mieux de toute façon. Quant au fait d’écouter les cours, il s’en fichait pas mal. Ce genre de connaissances, il les possédait déjà. Ah ! Tenant un crayon en main, il s’était mis à dessiner la première chose qui lui traversait l’esprit.
« Ryusuke ? Quel est le nouveau type de pokémon qui fut découvert récemment ? »
« Le type acier. » déclara l’adolescent, sans réellement conviction, reprenant ensuite : « On peut aussi rajouter le type ténèbres. »
« Ahem. Réponse fausse, Ryusuke. Ces deux types existent déjà quelques temps. Je voulais bien entendu parler du type fée. S’il te plaît, concentre-toi plus. »
« Hey, mais attendez, Ryusuke était occupé à dessiner ! »
« De quoi est-ce que je me mêle ? » rétorqua l’adolescent en émettant un grognement, se levant subitement. Plus que le fait qu’on le dérange, c’était bien la mauvaise réponse qui l’énervait. Il rétorqua : « Je vais aller à l’infirmerie. Je ne me sens pas bien. »
« Ryusuke, retourne en place. Tu m’as l’air d’aller très bien. Fais-le maintenant. » déclara le professeur mais l’adolescent était déjà parti, délaissant ses affaires. Il en avait strictement rien à foutre de ce que pensait le professeur. S’il avait décidé ça, il n’allait pas le forcer, c’était aussi simple que ça, que ça lui plaise ou non à ce professeur. Puis quoi encore ?
« Hein ? Euh ? Mais il a oublié ses affaires. »
« Laissez-le, je vais devoir le signaler pour sa conduite. Rangez juste ses affaires, qu’il puisse les récupérer quand il reviendra. Reprenons les cours. »
Le plus étrange pour tout le monde, c’était bien la réaction exagérée de l’adolescent. Ils n’étaient pas habitués à ce qu’il se comporte de la sorte, surtout en classe. Pendant qu’une lycéenne rangeait ses affaires, elle regarda ce qui se trouvait devant ses yeux :
« Hey … mais c’est un Tarsal ? C’est vrai ? Depuis quand est-ce qu’il s’intéresse aux pokémon ? Dites, vous le saviez-vous ? »
« Hum ? Un pokémon ? Ryusuke ? Qu’est-ce que tu racontes ? Attends, ah oui ! C’est bien un Tarsal. Et il est plus que bien dessiné. Mais c’est quoi ces lignes sur sa robe ? »
« S’il vous plaît, je vous rappelle que vous êtes tous en classe ! «
Le professeur réclama l’ordre et le silence, la lycéenne finissant de remettre correctement les affaires de Ryusuke. L’adolescent, les mains dans les poches, se promenait dans les couloirs. A cette heure-ci, il n’y avait personne et de toute façon, si quelqu’un le voyait, il lui dirait la stricte vérité : il était parti pour aller à l’infirmerie car il ne se sentait pas bien. Vraiment ? Oui, il allait mal. Depuis qu’il s’était levé, il n’avait qu’un visage en tête : cette Tarsal. Il ne savait pas d’où elle venait et pourquoi elle se trouvait dans la forêt hier. Tout cela était un mystère qu’il ne voulait pas résoudre mais en même temps, s’il avait décidé de l’ignorer, il continuera de réfléchir à tout ça. Il en avait déjà marre.
« Qu’est-ce que ça veut dire ? » se dit-il subitement, se retournant aussitôt.
Il avait ressenti une présence dans son dos. Non pas une présence malsaine mais quelqu’un était en train de le regarder. Quelqu’un était en train de l’espionner !Il en était sûr et certain ! D’où ça venait ? A gauche ? A droite ? Par la fenêtre ? Il se dirigea vers celles-ci, observant les arbres. Non, il n’y avait rien du tout.
« Je crois que j’ai vraiment besoin de repos en fait. »
C’était devenu plus qu’une évidence en fin de compte. Pénétrant dans la salle de l’infirmerie, il s’apprêtait à dire qu’il venait se reposer mais cela ne servit à rien. Il n’y avait personne. Vraiment, il en avait assez là. Il s’installa sur un lit, se mettant sous les couvertures avant de retirer ses lunettes. Fermer les yeux et se reposer.
« En fin de compte, je crois que j’ai eu ma dose d’ennuis rien que pour cette matinée. »
Se parler seul le réconfortait bien qu’il n’osait pas l’avouer. Ça lui permettait d’entendre sa voix et d’être sûr qu’il n’était pas devenu sourd. Un réconfort comme un autre. Il commença à s’endormir peu à peu mais se redressa subitement.
« J’en suis sûr et certain. On me regarde ! Qui est-ce ?! »
Il chercha ses lunettes, les retrouvant. Il avait bien installé le rideau autour du lit de l’infirmerie, pour montrer qu’il ne voulait pas être dérangé. Une ombre ? Derrière le rideau ! Et cette ombre, il la reconnaissait parfaitement ! Il tira subitement sur le tissu, dévoilant la Tarsal à la corne verte ! Qu’est-ce que ça voulait dire ?
« Qu’est-ce que tu fais là ? Disparais ! Maintenant ! »
Hein ? Mais, elle … elle voulait juste le remercier pour hier. Elle n’avait pas pu car elle devait partir alors elle avait décidé de le suivre. Elle savait qu’il ne fallait pas rentrer chez les autres personnes, dans les bâtiments alors, elle n’avait rien fait. Elle était juste restée là, devant la fenêtre, pendant qu’il dormait, pour l’observer. Puis ensuite, elle s’était cachée, plusieurs fois, en voyant qu’il partait seul, tous les matins, sans personne avec qui il discutait.
« Allez ! Zou ! Du balai ! Je ne veux pas te voir ! Du vent ! »
Mais elle ne voulait pas partir ! Elle posa ses petites pattes sur la fenêtre puis se téléporta subitement, Ryusuke poussant un cri de surprise. De la téléportation ! Elle ne comprenait pas ce qu’il venait de lui dire, c’est ça hein ? ZOU ! NON ! NON ET NON !
« Mais c’est quoi ce boucan ? Qui est-ce qui crie dans l’infirmerie pendant que je ne suis pas là ? Il ou elle a intérêt à avoir une bonne raison ! »
Une autre voix ? Elle se téléporta une nouvelle fois, disparaissant complètement de la vue de l’adolescent, le laissant seul avant que la porte ne s’ouvre à la va-vite, laissant rentrer une femme d’une trentaine d’années, portant une blouse blanche ouverte, un pull rouge et un pantalon noir. Elle avait des cheveux auburn un peu frisé et quelques taches de rousseur.
« Ryusuke ? Toi ici ? Vraiment ? »
« Il y a une Tarsal ! Il y a vraiment une Tarsal ! Elle se téléportait ! »
« C’est bien la première fois que tu viens de ton plein gré. D’habitude, tu refuses que l’on te soigne, même quand tu t’écorches le genou en sport et … hein ? »
Elle s’arrêta dans ses propos, écoutant ceux de Ryusuke. Qu’est-ce qu’il racontait donc ? Une Tarsal ? Elle s’approche de la fenêtre, l’ouvrant subitement avant de regarder à gauche et à droite. Non, rien du tout. Pourtant, il était en sueur.
« Attends un peu, Ryusuke. Je crois que tu as vraiment besoin de repos. Je vais appeler tes parents, ça sera bien mieux. Tu divagues. »
« Mais je vous jure que je l’ai vue ! Pourquoi est-ce que l’on ne me croit pas ? »
Elle plaça une main sur son front, prenant sa température. Le voir aussi faible avait quelque chose d’étonnant et surprenant, elle devait l’avouer. Ce n’était pas dans les habitues de Ryusuke de se montrer sous un autre jour.
« Je vous le jure ! Ah ! Mais pourquoi est-ce que personne ne la voit ? »
« Je ne pense pas que tu mens mais elle est partie. Je sais ce que je vais faire. Prends ça. »
Un verre d’eau, une gélule et voilà que le garçon buvait en respectant sagement les paroles de l’infirmière. Quelques minutes plus tard, il sombra dans un profond sommeil. Lorsqu’une main se posa sur son épaule, il put voir le visage de sa mère, inquiète pour lui.
« Ryusuke ? Le lycée nous a appelés, ton père et moi. Il paraitrait que tu étais malade. Nous sommes venus aussi vite que possible. »
« Je pense qu’il a eu quelques stress récemment. J’ai entendu dire qu’il avait encore subit une bagarre récemment et à force, cela a dû lui monter au crâne. » déclara l’infirmière.
« Mais je n’ai rien fait du tout ! Ce n’était pas moi qui ai fait ça ! »
« C’est pour ça que j’ai dit « subir » et non « provoquer » Ryusuke. Je sais très bien que tu n’es pas capable de vouloir chercher les ennuis, ce sont eux qui viennent à toi. »
Ce n’est pas faux. Il devait le reconnaître. Mais quand même, il n’avait pas rêvé ! Il tenta de se relever, gémissant un peu avant de soupirer. Pfiou, il se sentait mal avec toute cette histoire maintenant, très mal.
« Est-ce que je peux rentrer maintenant ? »
« Seulement si tu me dis mademoiselle … ? »
« Mademoiselle Vixia. » marmonna l’adolescent. Elle adorait se moquer de lui quand il ne venait pas se faire soigner. Mais elle n’était pas méchante du tout, avec ses grands yeux bleus. C’est d’ailleurs cela qui attirait quelques garçons du lycée chez elle, pour qu’ils puissent se faire soigner. Elle eut un petit sourire avant de dire :
« Tu peux rentrer. Si tu veux, tu peux aller chercher tes affaires ou alors un élève ira te les emmener. A toi de voir. »
« Je vais aller les chercher, il n’y a pas de problèmes. C’est sur le chemin. »
Il n’avait pas que ça à faire. Il vint dire à ses parents qu’il n’allait pas perdre plus de temps à ça, retournant en salle de classe. Ses parents étaient quand même derrière lui alors qu’il toquait à la porte. Hum ? Il avait dormi combien de temps ? Car il n’entendait personne ou presque. Ouvrant la porte, il remarqua que la classe était vide, complètement vide.
« Oh ! Ryusuke ? Tu vas mieux ? »
Une voix féminine. Il se tourna vers la personne qui venait de lui adresser la parole, lui faisant un sourire tendre. Hum. Il connaissait son nom puisqu’elle était dans sa classe mais sur le moment, il ne s’en rappelait pas du tout.
« J’allais demander ton adresse au secrétariat pour te ramener ton sac et tes affaires. J’ai aussi quelques notes pour toi, comme ça, tu n’auras rien loupé des cours. Mais tu vas mieux ? »
Encore aucune réponse de sa part. De quoi est-ce qu’elle se mêlait ? Cette fille, il la connaissait bien. Déléguée de la classe mais aussi présidente du conseil des élèves, rien que ça. Il n’avait même pas envie de la détailler et AIE !
« Ryusuke ? Tu peux quand même dire merci à ton amie. »
« Ce n’est pas mon amie, je ne la connais pas plus que ça. »
« Ce n’est pas une raison pour ne pas la remercier. Et je me doute que tu n’aies pas une amie aussi jolie que ça. Merci, jeune fille. J’espère que mon fils n’est pas trop turbulent en classe. »
Voilà que son père répondait après sa mère à cette élève. Il récupéra son sac de façon assez sèche, déclarant qu’il allait les attendre à l’entrée du lycée. Interloqués, les deux adultes et la lycéenne le regardèrent s’éloigner, n’osant rien lui dire.
A l’entrée du lycée, il pouvait remarquer qu’au final, c’était juste la pause de midi. Bah ! Il ne sentait pas dans son assiette aujourd’hui, il devait l’avouer mais pas au point d’être aussi faiblard que ça hein ? Positionné devant la double porte du lycée, il s’adossa contre un mur, patientant. Il espérait que ses parents n’avaient pas la causette avec cette lycéenne.
« Elle s’appelle comment ? Déléguée, déléguée. Non. Présidente du conseil des élèves, oui, oui. C’est un nom simple pourtant ! »
Mais non, il n’y arrivait pas. Demain, il verrait. Pas que ça l’intéressait mais s’il fallait mettre les points sur les i, il le ferait. Qu’elle ne se mêle pas de sa vie privée, il fera de même. De toute façon, qu’est-ce qu’il en avait réellement à faire de tout ça hein ?
« Tarsal ? » murmura une voix sur la droite. NON !
Il avait sursauté, tremblant de tout son être. Il n’avait pas rêvé hein ? Pas en entendant cette voix hein ? Il avait juste ! Non ! Il ne devait pas tourner son visage mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Au pied d’un arbre, derrière le tronc de celui-ci, une ridicule petite créature était en train de le regarder, inquiète et soucieuse.
« DISPARAIS ! DISPARAIS ! NE VIENS PAS ! »
Hors de question ! Il le refusait ! Il commença à courir à toute allure, n’écoutant pas les cris de ses parents qui étaient sortis du hall du lycée, accompagnés par la présidente des élèves. Il s’était mis à courir, courir, courir, sans même chercher à s’arrêter.
« Arrête de me suivre ! Ce n’est pas compliqué pour autant ! »
Il ne se retourna pas. Il ne devait même pas savoir si cette créature le suivait ou non ! Qu’elle débarrasse le plancher et ne vienne plus l’embêter ! Il ne voulait pas qu’elle le suive ! Il continua de courir sur le chemin, quittant ce dernier pour traîner dans l’herbe, se cassant la figure une fois, tachant ses habits. Non, non et non ! Il ne voulait pas !
Où est-ce qu’il allait ? Où est-ce qu’il se trouvait ? Il ne savait pas ! Jusqu’elle le lâche, rien de plus ! Qu’elle l’ignore et arrête de le suivre ! Pourtant, il entendait encore la voix de la Tarsal, celle-ci résonnant parfois dans sa tête. Pouvoir psychique ! Elle utilisait ces derniers !
« Elle ne pourra pas me suivre ici, j’en suis certain. »
Ses capacités de raisonnement et de réflexion faiblissaient à vue d’œil. Il le sentait parfaitement. Normalement, il se doutait qu’elle n’aurait aucun mal à le poursuivre mais là, pour le moment, il avait fini par trouver une écurie abandonnée.
L’odeur du vieux foin à moitié usagé empesta ses narines mais il ne s’en préoccupa pas. Caché derrière une parcelle de bois, il jeta un bref regard vers l’entrée de l’étable. Elle n’était plus là hein ? Elle avait fini par abandonner la poursuite ? Quelque chose lui tira sur la jambe alors qu’il faisait un mouvement de la main :
« Pas maintenant, Tarsal. Tu ne vois pas que je tente de … »
Gloups. Il déglutit, espérant rêver. Lorsqu’il se tourna pour descendre son visage, il le déposa sur une petite bouille inquiète. Un hurlement strident sortit de ses lèvres avant que son corps ne s’affaisse, tombant évanoui sur le sol.
« Tarsal ? Tarsal ? Tar tar ? Tarsal ? »
Qu’est-ce que ça voulait dire ? Qu’est-ce qu’elle avait fait de mal ? Elle avait pu lire la terreur dans le cœur de l’adolescent, mais aussi de la rage et de la colère. Elle avait senti qu’il lui voulait du mal sans pour autant l’accomplir, tout cela parce qu’il n’avait pas ressenti la même chose chez elle. Elle ne comprenait pas.
« J’ai entendu un cri ! Il doit être par ici ! Mon Caninos ne peut pas se tromper ! »
« CANINOS ! NOS NOS ! WOOF ! »
Elle devait disparaître ! Et c’est ce qu’elle fit en se cachant dans un coin reculé … mais après avoir emmené l’adolescent en sécurité, adossé à un mur et bien visible pour tous. Elle ne comprenait pas pourquoi il était horrifié par elle mais elle n’avait aucune envie de le faire souffrir. Peut-être qu’elle s’était montré un peu insistante à vouloir se présenter devant ses yeux ? Et pas forcément dans les meilleurs moments ? Elle ne savait pas, elle était juste un peu triste. C’est ça. Elle était triste de la réaction de l’adolescent.
« Il est là ! Mais qu’est-ce qu’il fait ici ? »
« Depuis hier, c’est la tourmente en ce qui le concerne. Si je suis venu vous chercher, c’est pour parler de lui. Nous allons le ramener chez vous et je vous expliquerai tout en chemin. Brave Caninos, brave Caninos. »
« WOOF WOOF ! CANINOS ! CANI ! » s’exclama le pokémon chiot alors que le corps de Ryusuke était soulevé par son père, sa mère inquiète se trouvant à côté de lui. Non-loin, le même policier qu’hier était présent ainsi que la présidente des élèves.
« Depuis hier, vous me dites ? Mais qu’est-ce qui s’est passé exactement ? »
C’était qui cette fille ? Pourquoi est-ce qu’elle regardait en sa direction ? Elle était cachée dans le foin. Elle était invisible ! Disparue ! Personne ne pouvait le voir. Elle en était sûre et certaine mais … elle avait l’impression qu’elle la voyait.
« Attendez-moi, je viens vous aider ! » s’exclama subitement la jeune demoiselle avant de retourner auprès des trois adultes et du fidèle compagnon canin crachant des flammèches de joie d’avoir fait un excellent travail en tant que limier.
Chapitre 3 : Une journée mouvementée
Chapitre 3 : Une journée mouvementée
« Comment se porte t-il ? Dites-le nous docteur, je vous en prie. »
« Il a juste besoin de repos, beaucoup de repos. Vous ne devriez pas le déranger. »
« Mais qu'est-ce qui s'est passé ? La présidente du conseil de son lycée nous a dit qu'il se comportait plus que bizarrement aujourd'hui. »
« Je ne peux pas vous le dire. Le mieux à faire est d'attendre qu'il se réveille et ensuite de l'interroger mais prenez vos précaution quand même. »
« Nous le savons parfaitement, ne vous inquiétez pas. Merci encore pour tout. Il faut que j'aille servir un chocolat chaud à la présidente des élèves qui nous attends dans la cuisine. »
Elle s'excusa poliment, descendant les escaliers avant de retrouver l'adolescente qui était restée assise sur une chaise, les coudes posés sur la table, les mains jointes. Elle attendait avec patience l'arrivée de la mère de Ryusuke, la remarquant lorsqu'elle se présenta dans la cuisine. Aussitôt, ses premières paroles furent :
« Qu'est-ce que le médecin a dit ? »
« Beaucoup de fatigue et d'épuisement. Il nous faudra lui demander lorsqu'il se réveillera. Néanmoins, vous savez aussi bien que moi que mon fils est quelqu'un de très difficile malheureusement. Je ne crois pas qu'il voudra nous en parler. »
« D'après les élèves de sa classe, il dessinait en classe un pokémon Un Tarsal pour être plu précis mais en tant que présidente du conseil des élèves, je suis au courant de la réputation de Ryusuke en ce qui concerne les pokémon. C'est pourquoi je me demandais d'où lui viendrait cette idée d'un Tarsal. Peut-être que nous devrions le laisser tranquille et attendre qu'il s'ouvre de lui-même ? Cela ne me semble pas une idée si absurde, qu'en pensez-vous ? »
« Peut-être. Pour une adolescente, vous avez des pensées bien adultes. Est-ce que l'on vous le dit souvent ? » demanda la mère de Ryusuke, faisant un léger sourire.
« En tant que présidente du conseil des élèves, je me dois d'être un sérieux à toute épreuve, surtout quand des cas comme Ryusuke se présentent. Il faut réagir correctement avec des événements de la sorte. »
« Ah … si seulement Ryusuke pouvait être ainsi mais bon …il est-ce qu'il est. Nous n'allons pas le forcer à être quelqu'un qui ne veut pas être. Combien de sucres ? »
« Deux s'il vous plaît. Vous faites bien. Ce n'est pas ainsi qu'une personne se développera correctement si on décide de le lier à des principes auxquels il n'adhère pas. C'est peut-être pour cela que Ryusuke est aussi intéressant aux yeux des autres élèves du lycée. »
« Je préférai ne pas affirmer vos propos mais pourtant … ah. » soupira la mère de Ryusuke, servant alors sa tasse de chocolat chaud à la jeune demoiselle, celle-ci l'emmenant à ses lèvres. Quand elle eut terminé de boire, elle se releva avec élégance, déclarant qu'il était temps pour elle de partir maintenant. Si cela était nécessaire, elle reviendrait.
Le lendemain matin, il se trouvait déjà en classe. Qu'importe ce que le médecin ou ses parents avaient dit, il ne s'en préoccupait pas le moins du monde. Par contre, ce qui le dérangeait bien plus, c'était les regards tournés vers lui et non pas pour une raison appréciable. Lorqu'il fut l'heure de déjeuner à midi, pendant qu'il mangeait tranquillement dans son coin, deux adolescents vinrent le regarder, un sourire aux lèvres.
« Ben alors ? Paraitrait que tu aimes dessiner des Tarsal, Ryusuke ? »
« Je ne suis pas d'humeur. Je vous conseille juste de déguerpir au lieu de me chercher des noises. A vous de voir. Vous préférez quoi ? »
« Hahaha, tu étais encore malade hier, tu crois vraiment être en pleine forme pour ça ? »
« Tu veux vérifier pour voir ? Tu serais surpris du résultat. »
Il s'était relevé,déposant son plat à côté de lui en craquant ses poings. Il n'avait même pas envie de chercher à discuter avec des imbéciles de la sorte. Il allait tout simplement briser ces deux types et retourner manger bien tranquillement.
« Ohla, ohla, on cherche pas la bagarre, l'amoureux des pokémon psychiques hein ? »
« Bon, visiblement, tu m'as cherché, tu vas me trouver. »
Il n'en fallait pas plus pour qu'ils lui prennent la tête. Ils allaient vite le payer et d'une façon assez violente. Il commença à courir en leur direction, les empêchant de s'enfuir. En attrapant un par le col, il s'apprêta à le frapper de toutes ses forces avant de s'arrêter. Non. La violence, pas contre ces types, ils n'en valent pas la peine.
« Déguerpissez et ne venez plus me déranger, compris ? Je veux manger tranquille. »
Il n'allait même pas remercier cette présidente du conseil des élèves. Son intérêt envers elle était nul, proche du néant. Il termina son repas, écoutant calmement pendant la fin des cours. Cette Tarsal perturbait toute son existence depuis son apparition.
« Elle ne peut pas me lâcher un petit peu ? Pourquoi est-ce qu'elle reste dans mon esprit ? »
« Oh ? Ryusuke ? Tu n'es pas encore parti de l'école ? »
Une voix féminine. Grrr. Les cours étaient terminés et il avait préféré tarder dans les couloirs du lycée plutôt que de partir le plus vite possible. Maintenant, il pouvait la voir. La fameuse présidente des élèves. Elle avait son âge. La chose la plus remarquable chez elle était sa longue chevelure blanche et argentée. Elle avait aussi des yeux verts et une beauté indéniable qui allait de pair avec le physique qu'elle arborait.
« Oh. Toi. Tu … hmm … cela va me revenir normalement. »
« Junon. C'est le prénom que tu recherches. » dit-elle tout en ayant un petit rire qui agaça aussitôt l'adolescent. Celui-ci n'en fit pas pour autant la remarque. Il reprit la parole :
« Je tenais juste à te remercier. Mes parents m'ont dit que tu étais venue mais ça s'arrête là. Maintenant, je vais m'en aller. Je n'ai pas que ça à faire. »
« Est-ce que je peux te raccompagner ? Du moins, sur un bon kilomètre ? »
« Si c'est de la pitié ou de l'inquiétude car tu ne sais pas si je vais me casser la figure ou m'évanouir, tu peux partir de ton côté. Salut. »
Il avait fait ce qu'il avait à faire. Il n'allait pas discuter avec cette fille alors qu'il n'en avait pas envie. Quittant le lycée, il se dirigea à toute allure jusqu'à chez lui, montant dans sa chambre sans chercher à communiquer avec ses parents. Quelques instants plus tard, il était couché sur son lit, regardant le plafond en réfléchissant à tout et à rien. La vie était compliquée, tellement compliquée, pourquoi est-ce qu'on lui causait autant de problèmes ?
« J'en ai assez de tout ça. Je veux juste que l'on me laisse tranquille. Est-ce que j'en demande trop par hasard ? Beaucoup trop ? C'est juste une blague, non ? »
Il n'en savait trop rien. La seule chose dont il pouvait être sûr, c'est que la fatigue qui l'envahissait était bien présente. Il ferma les yeux, sombrant peu à peu dans un sommeil réparateur. De toute façon, il avait mis son réveil au cas où.
Mais ce ne fut pas le réveil qui vint le sortir de sa torpeur mais cette sensation d'être épié. Il se redressa dans le lit, regardant autour de lui, une main posée sur son front. Il était en sueur ! C'était quoi ça ? Gauche ? Droite ? Rien du tout. Il n'y avait rien ou … AH ! La fenêtre ! Il y avait bien quelqu'un à la fenêtre ! Cette Tarsal était de retour ?
« Qu'est-ce que tu fais là ? Tu arrêtes de me poursuivre ? C'est de la persécution ! »
« Tarsal ? Tarsal ? Tar ? » demanda t-elle alors qu'elle ouvrait la bouche. Elle était de l'autre côté de la fenêtre alors pourquoi est-ce qu'il l'entendait ? AH ! C'était des messages mentaux ! Il en était sûr et certain ! NON ! Qu'elle arrête ça !
« N'utilise plus tes fichus pouvoirs pour me parler ? Compris ? Je ne veux pas de ça ! »
Elle se téléporta pour arriver dans la chambre, debout sur bureau. Il cligna des yeux. Elle avait rien compris à ce qu'il venait de dire ou quoi ? La créature cornue tourna son visage vers les dessins représentant une Tarsal. Il s'écria :
« Mais qu'est-ce que tu fous là ? Ne touche pas à ça ! REVIENS PAR LA ! »
Il n'allait pas se laisser faire par une morveuse de pokémon ! Il quitta son lit, s'approchant d'elle à toute allure, prêt à lui bondir dessus. Il amorça un mouvement pour l'attraper mais elle se télépora une nouvelle fois, arrivant sur son lit. Elle désigna le dessin, disant :
« Tarsal ? Tarsal ? Tar ? Tarsal ? »
« Quoi ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Je m'en fiche et je ne te comprends pas ! ET ARRÊTE DE BOUGER ! BON SANG ! » hurla l'adolescent avant de sauter pour tenter de l''immobiliser sur le lit. Un bon gros tremblement se fit sentir alors que la Tarsal s'était téléportée une nouvelle fois, la voix de la mère de Ryusuke criant :
« Ryusuke ? Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu hurles dans ta chambre ? Et c'est quoi ce boucan ? Tu es encore malade ? Attends, j'arrive ! »
« NON ! PERSONNE NE RENTRE DANS MA CHAMBRE ! »
Il ferma à toute allure la porte de sa chambre, tournant la clé avant que la Tarsal ne lui montre le dessin représentant la pokémon. Elle désigna sa corne comme pour lui dire que la sienne était un peu plus grande que celle dont il avait affublé la créature sur le dessin.
« Et qu'est-ce que tu veux que ça me fasse? Arrête de bouger ou alors, je vais t'étriper ! »
« Tarsal ! Tar tar ! Tarsal, tarsal, tarsal ! »
Quoi ? Elle se foutait de sa gueule ? Il n'avait pas la tête à penser à ça ! Il allait l'égorger ! Il devait juste se déplacer doucement puis l'attraper par surprise. L'air de rien, il s'avança vers elle alors qu'elle continuait de regarder les dessins, comme émerveillée. Lorsqu'il fut à sa portée, il poussa un cri de victoire, cherchant à l'agripper.
« Tu vas voir ! J'ai fini par t'avoir, petite Tarsal ! »
Sans qu'il ne sache comment cela s'était produit, il était maintenant couché sur le ventre sur le lit ? Le pire ? C'est qu'il marmonnait alors qu'il sentait la Tarsal sur son crâne Elle se penchait en avant, ses yeux toujours cachés par sa coupe au bol alors qu'elle montrait le dessin, désignant maintenant ses « hanches » ? Hein quoi ? Trop grosses ? Mais elle allait arrêter ça ? Pour qui est-ce qu'elle se prenait ?
« Je vais vraiment te farcir si tu continues ! »
« Tarsal ! Tarsal Tarsal Tar Tar ! »
Gnnn ! Elle lui prenait la tête ! Masi qu'est-ce qu'il en avait à faire de ce qu'elle disait ? Elle croyait vraiment qu'il s'intéressait à ce qu'elle racontait ? C'était qu'une pokémon ! Une simple pokémon ! Rien de plus ! Rien de moins ! Rien d'autre ! Qu'elle se rentre ça dans le crâne ! Il n'avait pas que ça à faire ! STOP !
« Je te laisse dix secondes pour descendre de moi. Après, je te promets pas la vie sauve. »
« Tarsal ? Tar Tar Tarsal ? Tar ? »
QUOI ?! STOP ! Il se retourna vivement, agrippant la Tarsal à deux mains. Celle-ci relâcha les dessins qu'il avait fait alors qu'il pouvait voir ses yeux verts. AH ! Elle faisait moins la maline maintenant hein ? C'était qui le chef hein ?
« Disparais de ma vue ! Compris ? Je ne veux plus te voir ! Zou ! Du balai ! Du vent ! »
« Ryusuke ? Mais as qui est-ce que tu parles ? Tu as invité un ami ? Ou alors, est-ce que … tu aurais enfin un pokémon ? » demanda sa mère tout en frappant de l'autre côté de la porte.
« UN POKEMON ? MOI ? ET PUIS QUOI ENCORE ?! C'est juste un Roucool ! »
Il n'avait pas honte de mentir de la sorte à sa mère alors qu'il ouvrait la fenêtre, faisant semblant de faire du bruit pour qu'un Roucool ne s'envole. Sa mère fit quelques pas en partant alors qu'il refermait la fenêtre. Il poussa un profond soupir, se tournant vers la Tarsal. Il la désigna du doigt, déclarant :
« Je ne veux pas de toi alors maintenant, tu es priée de disparaître de mon champ de vision. Tu m'importunes et m’insupporte. Compris ? »
« Tarsal ? Tar Tar ! Tarsal Tarsal Tar Tar Tarsal ! »
Qu'importe ce qu'elle disait, il n'allait pas changer d'avis comme ça. Il cligna des yeux, croisant les bras alors qu'elle restait là, attendant de voir ce qu'il allait faire pour la forcer à partir. Elle n'avait pas envie. Elle avait été très inquiète hier après son évanouissement.
« Je ne veux pas de toi dans ma chambre, ni dans ma vie. Si tu arrives à comprendre ça, tu peux maintenant partir car je ne te retiendrai pas, compris ? »
« Tarsal, Tarsal, Tarsal … Tar … Tarsal. » répondit-elle avant de déposer les feuilles de papier. Puisqu'il en était ainsi, elle se téléporta subitement hors de la chambre, Ryusuke poussant un soupir de soulagement. Enfin débarrassé d'elle !
Il alla se coucher sur son lit, recommençant à regarder le plafond. Maintenant, il allait enfin pouvoir passer aux choses sérieuses ! Et surtout, puisqu'elle avait compris le message, il était sûr et certain qu'elle n'allait pas revenir de sitôt !
Le reste de la soirée se passa tranquillement, très tranquillement. Lorsqu'il fut l'heure de se coucher, il jeta quand même un regard par la fenêtre, observant l'arbre en face de lui et ses racines. Non, il n'y avait rien du tout. Tant mieux, il n'avait pas envie de la voir de toute façon. Il en avait assez d'elle. Bon débarras.
« Et bonne nuit à moi ! Je l'ai méritée après tout ça ! »
Il en était sûr et certain. Pourtant, couché dans le lit, il se sentait un peu anxieux, sans savoir réellement pourquoi. BAH ! Demain était une autre journée. Il allait tout simplement bien dormir et rien de dramatique allait se passer, voilà tout.
Pourquoi se prendre la tête pour tout le reste ? Finalement, il trouva le sommeil bien rapidement et se rendit au pays de songes. Il ne put remarquer le regard vert qui l'observait à travers la vitre, la Tarsal étant debout sur une branche.
Elle n'avait pas voulut partir tout de suite. Elle avait eut un pressentiment comme quoi, quelque chose allait se passer. Était-ce à cause de ses capacités ? Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle ne pouvait pas le laisser seul. Elle le regarda, fermant les yeux, ses lunettes retirées alors qu'il était déjà en train de s'assoupir. Avec lenteur, elle se téléporta à l'intérieur, faisant bien attention à ne pas le réveiller.
A quoi est-ce qu'il pouvait rêver ? Un adolescent comme lui, tourmenté et effrayé par elle, il devait avoir des rêves bien saugrenus non ? Peut-être devait-elle les lire ? Non, ça ne se faisait pas. Elle restait juste assise à côté de l'adolescent, se demandant quand tout sera fini.
Où est-ce qu'il était ? C'était étrange. Une forêt. Il se trouvait dans une forêt ? Cela lui rappelait quelque chose qu'il aurait préféré oublier après toutes ces années. Après, c'était sûrement une illusion. Pourquoi ferait-il un rêve aussi précis maintenant ?
« Brrr, il ne fait pas chaud par contre, ils exagèrent quand même un peu ! »
Non, là, c'était vraiment très perturbant. Qu'il puisse parler alors qu'il était dans son rêve, qu'il en ait conscience, quelque chose clochait. Et cette sensation de froid qui l'envahissait ? Comme s'il était vraiment dans ce rêve, qu'il ressentait tout.
La forêt s’enflamma subitement devant lui, des cendres venant caresser son visage alors qu'il sursautait. Réel ! C'était beaucoup trop réel ! Il savait maintenant ce que c'était ! NON NON ET NON ! Il ne voulait pas replonger dans ça ! Il en était hors de question !
« AU FEU ! Ces pokémon sont complètement fous ! Au secours ! Aidez-nous ! »
Elle se remit aussitôt debout sur le lit de Ryusuke. Elle l'avait parfaitement ressenti. Son visage se tourna vers l'adolescent qui s'était mis à haleter. Il faisait un mauvais rêve. Non, ce n'était pas un mauvais rêve mais un cauchemar. Une main posée sur le front de Ryusuke et le constat était affligeant : ce n'était pas un cauchemar mais une véritable terreur.
« Tarsal ! Tar Tar Tarsal ! Tarsal ! Tarsal Sal Sal ! »
Ce n'était même pas une question d'avoir le choix ou non. Le pressentiment qu'elle avait eut était l'exemple parfait de la raison qui la poussait à être ici. C'était à son tour de le sauver !
« Comment se porte t-il ? Dites-le nous docteur, je vous en prie. »
« Il a juste besoin de repos, beaucoup de repos. Vous ne devriez pas le déranger. »
« Mais qu'est-ce qui s'est passé ? La présidente du conseil de son lycée nous a dit qu'il se comportait plus que bizarrement aujourd'hui. »
« Je ne peux pas vous le dire. Le mieux à faire est d'attendre qu'il se réveille et ensuite de l'interroger mais prenez vos précaution quand même. »
« Nous le savons parfaitement, ne vous inquiétez pas. Merci encore pour tout. Il faut que j'aille servir un chocolat chaud à la présidente des élèves qui nous attends dans la cuisine. »
Elle s'excusa poliment, descendant les escaliers avant de retrouver l'adolescente qui était restée assise sur une chaise, les coudes posés sur la table, les mains jointes. Elle attendait avec patience l'arrivée de la mère de Ryusuke, la remarquant lorsqu'elle se présenta dans la cuisine. Aussitôt, ses premières paroles furent :
« Qu'est-ce que le médecin a dit ? »
« Beaucoup de fatigue et d'épuisement. Il nous faudra lui demander lorsqu'il se réveillera. Néanmoins, vous savez aussi bien que moi que mon fils est quelqu'un de très difficile malheureusement. Je ne crois pas qu'il voudra nous en parler. »
« D'après les élèves de sa classe, il dessinait en classe un pokémon Un Tarsal pour être plu précis mais en tant que présidente du conseil des élèves, je suis au courant de la réputation de Ryusuke en ce qui concerne les pokémon. C'est pourquoi je me demandais d'où lui viendrait cette idée d'un Tarsal. Peut-être que nous devrions le laisser tranquille et attendre qu'il s'ouvre de lui-même ? Cela ne me semble pas une idée si absurde, qu'en pensez-vous ? »
« Peut-être. Pour une adolescente, vous avez des pensées bien adultes. Est-ce que l'on vous le dit souvent ? » demanda la mère de Ryusuke, faisant un léger sourire.
« En tant que présidente du conseil des élèves, je me dois d'être un sérieux à toute épreuve, surtout quand des cas comme Ryusuke se présentent. Il faut réagir correctement avec des événements de la sorte. »
« Ah … si seulement Ryusuke pouvait être ainsi mais bon …il est-ce qu'il est. Nous n'allons pas le forcer à être quelqu'un qui ne veut pas être. Combien de sucres ? »
« Deux s'il vous plaît. Vous faites bien. Ce n'est pas ainsi qu'une personne se développera correctement si on décide de le lier à des principes auxquels il n'adhère pas. C'est peut-être pour cela que Ryusuke est aussi intéressant aux yeux des autres élèves du lycée. »
« Je préférai ne pas affirmer vos propos mais pourtant … ah. » soupira la mère de Ryusuke, servant alors sa tasse de chocolat chaud à la jeune demoiselle, celle-ci l'emmenant à ses lèvres. Quand elle eut terminé de boire, elle se releva avec élégance, déclarant qu'il était temps pour elle de partir maintenant. Si cela était nécessaire, elle reviendrait.
Le lendemain matin, il se trouvait déjà en classe. Qu'importe ce que le médecin ou ses parents avaient dit, il ne s'en préoccupait pas le moins du monde. Par contre, ce qui le dérangeait bien plus, c'était les regards tournés vers lui et non pas pour une raison appréciable. Lorqu'il fut l'heure de déjeuner à midi, pendant qu'il mangeait tranquillement dans son coin, deux adolescents vinrent le regarder, un sourire aux lèvres.
« Ben alors ? Paraitrait que tu aimes dessiner des Tarsal, Ryusuke ? »
« Je ne suis pas d'humeur. Je vous conseille juste de déguerpir au lieu de me chercher des noises. A vous de voir. Vous préférez quoi ? »
« Hahaha, tu étais encore malade hier, tu crois vraiment être en pleine forme pour ça ? »
« Tu veux vérifier pour voir ? Tu serais surpris du résultat. »
Il s'était relevé,déposant son plat à côté de lui en craquant ses poings. Il n'avait même pas envie de chercher à discuter avec des imbéciles de la sorte. Il allait tout simplement briser ces deux types et retourner manger bien tranquillement.
« Ohla, ohla, on cherche pas la bagarre, l'amoureux des pokémon psychiques hein ? »
« Bon, visiblement, tu m'as cherché, tu vas me trouver. »
Il n'en fallait pas plus pour qu'ils lui prennent la tête. Ils allaient vite le payer et d'une façon assez violente. Il commença à courir en leur direction, les empêchant de s'enfuir. En attrapant un par le col, il s'apprêta à le frapper de toutes ses forces avant de s'arrêter. Non. La violence, pas contre ces types, ils n'en valent pas la peine.
« Déguerpissez et ne venez plus me déranger, compris ? Je veux manger tranquille. »
Il n'allait même pas remercier cette présidente du conseil des élèves. Son intérêt envers elle était nul, proche du néant. Il termina son repas, écoutant calmement pendant la fin des cours. Cette Tarsal perturbait toute son existence depuis son apparition.
« Elle ne peut pas me lâcher un petit peu ? Pourquoi est-ce qu'elle reste dans mon esprit ? »
« Oh ? Ryusuke ? Tu n'es pas encore parti de l'école ? »
Une voix féminine. Grrr. Les cours étaient terminés et il avait préféré tarder dans les couloirs du lycée plutôt que de partir le plus vite possible. Maintenant, il pouvait la voir. La fameuse présidente des élèves. Elle avait son âge. La chose la plus remarquable chez elle était sa longue chevelure blanche et argentée. Elle avait aussi des yeux verts et une beauté indéniable qui allait de pair avec le physique qu'elle arborait.
« Oh. Toi. Tu … hmm … cela va me revenir normalement. »
« Junon. C'est le prénom que tu recherches. » dit-elle tout en ayant un petit rire qui agaça aussitôt l'adolescent. Celui-ci n'en fit pas pour autant la remarque. Il reprit la parole :
« Je tenais juste à te remercier. Mes parents m'ont dit que tu étais venue mais ça s'arrête là. Maintenant, je vais m'en aller. Je n'ai pas que ça à faire. »
« Est-ce que je peux te raccompagner ? Du moins, sur un bon kilomètre ? »
« Si c'est de la pitié ou de l'inquiétude car tu ne sais pas si je vais me casser la figure ou m'évanouir, tu peux partir de ton côté. Salut. »
Il avait fait ce qu'il avait à faire. Il n'allait pas discuter avec cette fille alors qu'il n'en avait pas envie. Quittant le lycée, il se dirigea à toute allure jusqu'à chez lui, montant dans sa chambre sans chercher à communiquer avec ses parents. Quelques instants plus tard, il était couché sur son lit, regardant le plafond en réfléchissant à tout et à rien. La vie était compliquée, tellement compliquée, pourquoi est-ce qu'on lui causait autant de problèmes ?
« J'en ai assez de tout ça. Je veux juste que l'on me laisse tranquille. Est-ce que j'en demande trop par hasard ? Beaucoup trop ? C'est juste une blague, non ? »
Il n'en savait trop rien. La seule chose dont il pouvait être sûr, c'est que la fatigue qui l'envahissait était bien présente. Il ferma les yeux, sombrant peu à peu dans un sommeil réparateur. De toute façon, il avait mis son réveil au cas où.
Mais ce ne fut pas le réveil qui vint le sortir de sa torpeur mais cette sensation d'être épié. Il se redressa dans le lit, regardant autour de lui, une main posée sur son front. Il était en sueur ! C'était quoi ça ? Gauche ? Droite ? Rien du tout. Il n'y avait rien ou … AH ! La fenêtre ! Il y avait bien quelqu'un à la fenêtre ! Cette Tarsal était de retour ?
« Qu'est-ce que tu fais là ? Tu arrêtes de me poursuivre ? C'est de la persécution ! »
« Tarsal ? Tarsal ? Tar ? » demanda t-elle alors qu'elle ouvrait la bouche. Elle était de l'autre côté de la fenêtre alors pourquoi est-ce qu'il l'entendait ? AH ! C'était des messages mentaux ! Il en était sûr et certain ! NON ! Qu'elle arrête ça !
« N'utilise plus tes fichus pouvoirs pour me parler ? Compris ? Je ne veux pas de ça ! »
Elle se téléporta pour arriver dans la chambre, debout sur bureau. Il cligna des yeux. Elle avait rien compris à ce qu'il venait de dire ou quoi ? La créature cornue tourna son visage vers les dessins représentant une Tarsal. Il s'écria :
« Mais qu'est-ce que tu fous là ? Ne touche pas à ça ! REVIENS PAR LA ! »
Il n'allait pas se laisser faire par une morveuse de pokémon ! Il quitta son lit, s'approchant d'elle à toute allure, prêt à lui bondir dessus. Il amorça un mouvement pour l'attraper mais elle se télépora une nouvelle fois, arrivant sur son lit. Elle désigna le dessin, disant :
« Tarsal ? Tarsal ? Tar ? Tarsal ? »
« Quoi ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Je m'en fiche et je ne te comprends pas ! ET ARRÊTE DE BOUGER ! BON SANG ! » hurla l'adolescent avant de sauter pour tenter de l''immobiliser sur le lit. Un bon gros tremblement se fit sentir alors que la Tarsal s'était téléportée une nouvelle fois, la voix de la mère de Ryusuke criant :
« Ryusuke ? Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi tu hurles dans ta chambre ? Et c'est quoi ce boucan ? Tu es encore malade ? Attends, j'arrive ! »
« NON ! PERSONNE NE RENTRE DANS MA CHAMBRE ! »
Il ferma à toute allure la porte de sa chambre, tournant la clé avant que la Tarsal ne lui montre le dessin représentant la pokémon. Elle désigna sa corne comme pour lui dire que la sienne était un peu plus grande que celle dont il avait affublé la créature sur le dessin.
« Et qu'est-ce que tu veux que ça me fasse? Arrête de bouger ou alors, je vais t'étriper ! »
« Tarsal ! Tar tar ! Tarsal, tarsal, tarsal ! »
Quoi ? Elle se foutait de sa gueule ? Il n'avait pas la tête à penser à ça ! Il allait l'égorger ! Il devait juste se déplacer doucement puis l'attraper par surprise. L'air de rien, il s'avança vers elle alors qu'elle continuait de regarder les dessins, comme émerveillée. Lorsqu'il fut à sa portée, il poussa un cri de victoire, cherchant à l'agripper.
« Tu vas voir ! J'ai fini par t'avoir, petite Tarsal ! »
Sans qu'il ne sache comment cela s'était produit, il était maintenant couché sur le ventre sur le lit ? Le pire ? C'est qu'il marmonnait alors qu'il sentait la Tarsal sur son crâne Elle se penchait en avant, ses yeux toujours cachés par sa coupe au bol alors qu'elle montrait le dessin, désignant maintenant ses « hanches » ? Hein quoi ? Trop grosses ? Mais elle allait arrêter ça ? Pour qui est-ce qu'elle se prenait ?
« Je vais vraiment te farcir si tu continues ! »
« Tarsal ! Tarsal Tarsal Tar Tar ! »
Gnnn ! Elle lui prenait la tête ! Masi qu'est-ce qu'il en avait à faire de ce qu'elle disait ? Elle croyait vraiment qu'il s'intéressait à ce qu'elle racontait ? C'était qu'une pokémon ! Une simple pokémon ! Rien de plus ! Rien de moins ! Rien d'autre ! Qu'elle se rentre ça dans le crâne ! Il n'avait pas que ça à faire ! STOP !
« Je te laisse dix secondes pour descendre de moi. Après, je te promets pas la vie sauve. »
« Tarsal ? Tar Tar Tarsal ? Tar ? »
QUOI ?! STOP ! Il se retourna vivement, agrippant la Tarsal à deux mains. Celle-ci relâcha les dessins qu'il avait fait alors qu'il pouvait voir ses yeux verts. AH ! Elle faisait moins la maline maintenant hein ? C'était qui le chef hein ?
« Disparais de ma vue ! Compris ? Je ne veux plus te voir ! Zou ! Du balai ! Du vent ! »
« Ryusuke ? Mais as qui est-ce que tu parles ? Tu as invité un ami ? Ou alors, est-ce que … tu aurais enfin un pokémon ? » demanda sa mère tout en frappant de l'autre côté de la porte.
« UN POKEMON ? MOI ? ET PUIS QUOI ENCORE ?! C'est juste un Roucool ! »
Il n'avait pas honte de mentir de la sorte à sa mère alors qu'il ouvrait la fenêtre, faisant semblant de faire du bruit pour qu'un Roucool ne s'envole. Sa mère fit quelques pas en partant alors qu'il refermait la fenêtre. Il poussa un profond soupir, se tournant vers la Tarsal. Il la désigna du doigt, déclarant :
« Je ne veux pas de toi alors maintenant, tu es priée de disparaître de mon champ de vision. Tu m'importunes et m’insupporte. Compris ? »
« Tarsal ? Tar Tar ! Tarsal Tarsal Tar Tar Tarsal ! »
Qu'importe ce qu'elle disait, il n'allait pas changer d'avis comme ça. Il cligna des yeux, croisant les bras alors qu'elle restait là, attendant de voir ce qu'il allait faire pour la forcer à partir. Elle n'avait pas envie. Elle avait été très inquiète hier après son évanouissement.
« Je ne veux pas de toi dans ma chambre, ni dans ma vie. Si tu arrives à comprendre ça, tu peux maintenant partir car je ne te retiendrai pas, compris ? »
« Tarsal, Tarsal, Tarsal … Tar … Tarsal. » répondit-elle avant de déposer les feuilles de papier. Puisqu'il en était ainsi, elle se téléporta subitement hors de la chambre, Ryusuke poussant un soupir de soulagement. Enfin débarrassé d'elle !
Il alla se coucher sur son lit, recommençant à regarder le plafond. Maintenant, il allait enfin pouvoir passer aux choses sérieuses ! Et surtout, puisqu'elle avait compris le message, il était sûr et certain qu'elle n'allait pas revenir de sitôt !
Le reste de la soirée se passa tranquillement, très tranquillement. Lorsqu'il fut l'heure de se coucher, il jeta quand même un regard par la fenêtre, observant l'arbre en face de lui et ses racines. Non, il n'y avait rien du tout. Tant mieux, il n'avait pas envie de la voir de toute façon. Il en avait assez d'elle. Bon débarras.
« Et bonne nuit à moi ! Je l'ai méritée après tout ça ! »
Il en était sûr et certain. Pourtant, couché dans le lit, il se sentait un peu anxieux, sans savoir réellement pourquoi. BAH ! Demain était une autre journée. Il allait tout simplement bien dormir et rien de dramatique allait se passer, voilà tout.
Pourquoi se prendre la tête pour tout le reste ? Finalement, il trouva le sommeil bien rapidement et se rendit au pays de songes. Il ne put remarquer le regard vert qui l'observait à travers la vitre, la Tarsal étant debout sur une branche.
Elle n'avait pas voulut partir tout de suite. Elle avait eut un pressentiment comme quoi, quelque chose allait se passer. Était-ce à cause de ses capacités ? Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle ne pouvait pas le laisser seul. Elle le regarda, fermant les yeux, ses lunettes retirées alors qu'il était déjà en train de s'assoupir. Avec lenteur, elle se téléporta à l'intérieur, faisant bien attention à ne pas le réveiller.
A quoi est-ce qu'il pouvait rêver ? Un adolescent comme lui, tourmenté et effrayé par elle, il devait avoir des rêves bien saugrenus non ? Peut-être devait-elle les lire ? Non, ça ne se faisait pas. Elle restait juste assise à côté de l'adolescent, se demandant quand tout sera fini.
Où est-ce qu'il était ? C'était étrange. Une forêt. Il se trouvait dans une forêt ? Cela lui rappelait quelque chose qu'il aurait préféré oublier après toutes ces années. Après, c'était sûrement une illusion. Pourquoi ferait-il un rêve aussi précis maintenant ?
« Brrr, il ne fait pas chaud par contre, ils exagèrent quand même un peu ! »
Non, là, c'était vraiment très perturbant. Qu'il puisse parler alors qu'il était dans son rêve, qu'il en ait conscience, quelque chose clochait. Et cette sensation de froid qui l'envahissait ? Comme s'il était vraiment dans ce rêve, qu'il ressentait tout.
La forêt s’enflamma subitement devant lui, des cendres venant caresser son visage alors qu'il sursautait. Réel ! C'était beaucoup trop réel ! Il savait maintenant ce que c'était ! NON NON ET NON ! Il ne voulait pas replonger dans ça ! Il en était hors de question !
« AU FEU ! Ces pokémon sont complètement fous ! Au secours ! Aidez-nous ! »
Elle se remit aussitôt debout sur le lit de Ryusuke. Elle l'avait parfaitement ressenti. Son visage se tourna vers l'adolescent qui s'était mis à haleter. Il faisait un mauvais rêve. Non, ce n'était pas un mauvais rêve mais un cauchemar. Une main posée sur le front de Ryusuke et le constat était affligeant : ce n'était pas un cauchemar mais une véritable terreur.
« Tarsal ! Tar Tar Tarsal ! Tarsal ! Tarsal Sal Sal ! »
Ce n'était même pas une question d'avoir le choix ou non. Le pressentiment qu'elle avait eut était l'exemple parfait de la raison qui la poussait à être ici. C'était à son tour de le sauver !
Chapitre 4 : L'accepter ... un peu