Breeeeeef, voilà !
Chapitre 1
Première Partie : Dur dur d'être un héros
Chapitre 1 : Départ
« Tery, debout ! Il est l’heure de te lever ! Il est déjà plus de midi ! Ne me force pas à venir te chercher, c’est bien compris ? » cria une voix de l’autre côté de la porte.
« Non, je ne veux pas, maman ! On est dimanche ! J’ai besoin de dormir moi ! » répondit un jeune homme en marmonnant de telle sorte que la voix féminine put l’entendre.
« Tery, je me répète une fois, deux fois… mais après… Tu sais ce qui t’attends … »
« J’ai dit que je ne voulais pas ! Ne m’embête pas avec ça ! » reprit-il sèchement.
Il grommela quelques paroles intelligibles en enfouissant sa tête sous le coussin. Un pas, puis un second et il savait qu’elle montait les escaliers. Rapidement, il se cacha sous la couverture alors que la porte s’ouvrit à la volée pour laisser apparaître une femme à forte ossature. Elle posa ses deux mains sur un bord du lit, le soulevant comme si ce n’était qu’un vulgaire bout de bois. Sa tête fut la première à quitter le lit pour venir se percuter avec violence sur le sol. Légèrement secoué, le jeune homme aux cheveux bruns passa une main sur son front en gémissant de douleur. Quelle brute ! La femme dit avec un peu d’énervement :
« Quand je te demande de te lever, je veux que tu te lèves, d’accord Tery ?! »
« C’est bon, c’est bon ! J’ai compris, Maman ! J’ai compris ! T’étais pas obligé de faire ça ! Ça fait mal hein ?! Et puis … » dit-il avant de s’arrêter aussitôt en observant le regard de cette femme. Oups … Il valait mieux se taire.
Dire qu’il n’avait pas peur d’elle serait mentir. La femme d’une quarantaine d’années était assez enveloppée, un tablier blanc par-dessus une robe de paysanne verte. Celle-ci allait de pair avec ses yeux mais le plus inquiétant était quand même le fait qu’elle avait soulevé le lit avec facilité. Des petites veines brunes étaient présentes sur ses deux mains avant qu’elle ne repose le lit. Dès qu’elle eut terminé, elle lui tourna le dos, lui signalant :
« Tu devrais te mettre un bas sur toi avant que tu n’attrapes un rhume. Je te laisse dix minutes pour descendre et tu n’as pas intérêt à te recoucher sinon… »
« C’est bon ! Je ne le ferais pas ! » coupa t-il aussitôt, ne voulant surtout pas énerver sa mère une nouvelle fois. Il n’était pas stupide pour commettre cette erreur.
Avec un léger tremblement dans la voix, il se releva en culotte noire alors que sa mère s’éloignait en claquant la porte de la chambre. Il poussa un grognement, passant une main dans ses cheveux bruns en regardant son lit défait. Vraiment, quel monstre ! Elle ne savait pas se retenir ou quoi ?! Un soudain bâillement et sa main se mit devant sa bouche. Il se dirigea vers son lit, fouinant à l’intérieur pour y trouver un pantalon de tissu noir qu’il enfila ainsi qu’un haut en toile brune quelques secondes après. Tout ce qu’il avait de plus basique, n’est-ce pas ? Il n’avait besoin de rien de plus.
« Je vous jure… Dimanche et je n’ai même pas le droit de roupiller un peu. » bougonna-t-il alors qu’il observait son lit. Bon … Ca ne servait à rien de continuer à le regarder.
Il s’approcha de sa fenêtre, tirant sur les rideaux avant d’être aveuglé par les rayons du soleil. Il cria légèrement sous le déchaînement de lumière, sa main droite ramenant les rideaux à leur position initiale. Vraiment… Le soleil apparaissait de plus en plus tôt ! M’enfin, c’était de la mauvaise foi aussi. Il ronchonna dans son coin, quittant sa chambre pour se diriger vers la salle de bain. Ce n’était pas le grand luxe mais qu’importe, cela lui convenait amplement. Il passa de l’eau sur son visage, s’observant dans le miroir. Des yeux verts, un visage juvénile et assez finement dessiné, il n’était pas forcément un vilain garçon physiquement.
« Bon… Je dois me dépêcher sinon elle va encore me crier dessus. »
Il se donna deux petites claques sur les joues, se coiffant à la va-vite tout en se donnant une allure néanmoins assez propre. Il quitta la salle de bains, faisant une quinzaine de pas pour pénétrer dans une petite pièce où se trouvait sa mère. La cuisine était toute simple et n’avait rien de bien spécial mais il fallait reconnaître que la femme d’une quarantaine d’années s’occupait plutôt bien de sa demeure et que les couverts étaient de bonne facture. Il vint s’asseoir, passant ses mains sur son visage en marmonnant :
« Maman… C’est trop tôt… Il n’est que midi. »
« Tu ne vas pas faire la tête ? Manges ça, il te faut des forces pour aujourd’hui. »
« Aujourd’hui ?! Ah ! Où elle se trouve ? »
Il se releva, comme légèrement excité par cet évènement. Il quitta la cuisine pour revenir après deux minutes avec une sphère de cristal dans sa main droite. Celle-ci était remplie de fumée blanche et noire. La femme soupira tout en posant une assiette sur la table :
« Tu ne crois pas que tu as passé l’âge de jouer avec ça ? »
« Boule mystique, dis moi si j’aurais de la chance aujourd’hui ? »
Il se mit à secouer la sphère de cristal avec entrain, la fumée noire se mélangeant à la blanche pour former un mot. Tery eut un sourire qui en disait long, alors qu’il déposa la sphère sur la table. Il se mit à manger, avalant quelques morceaux avant de dire :
« Bon et bien… Je n’aurais pas de chance aujourd’hui selon elle. »
« Ne pense pas comme ça ! Aujourd’hui, c’est le grand jour ! »
« Je peux enfin quitter la maison, c’est super ! » repliqua t-il avec entrain.
« Mais non, espèce d’idiot ! Aujourd’hui, le tournoi aura lieu ! Vous serez environ une douzaine pour ce mois-ci. » répondit la femme tout en récupérant son assiette.
« Tiens… Je pensais que c’était aussi mon anniversaire. »
« Bon anniversaire mon fils. Ca doit te gratter non ? » demanda t-elle, attendrie.
Il termina son assiette, haussant les épaules d’un air désintéressé. Bien sûr que ça le grattait mais qu’est-ce que cela faisait ? C’était le lot quotidien de tout nouvel adulte dans ce monde. Enfin, c’était comme cela qu’il le voyait. Il n’y avait pas de quoi s’alarmer. Il se leva de sa chaise, se dirigeant vers la sortie de la cuisine en prenant la parole :
« Je vais aller me balader maman ! »
« Tu devrais plutôt t’entraîner, Tery ! Les autres sont préoccupés par cet évènement depuis des années mais toi… Tu manies quelle arme ? » le questionna-t-elle.
« Aucune maman, aucune. » répondit-il avec lenteur, haussant les épaules.
« Et ton élément ? Tu as une idée ? Même si il est rare que cela prenne autant de temps. »
« Pas du tout, maman, pas du tout. Je ne le savais pas avant, je ne le saurai pas après. »
« Mais alors qu’est-ce que tu vas faire pendant ce tournoi ? »
« Pffff ! Je verrais ! Je m’en vais maintenant ! Merci bien ! »
Il pouffa pour dire qu’il n’en avait aucune idée. Tout ça, c’était à peine s’il y portait un quelconque intérêt. Elle le regarda quitter la cuisine en soupirant : Qu’est-ce qu’elle allait pouvoir faire du jeune homme ? Tery était retourné dans sa chambre, enfilant une veste noire avec un grand sourire : C’était l’heure !
Finalement, il partit de la modeste demeure dans laquelle habitait sa famille. Les mains dans les poches, il observa le village dans lequel il habitait. Rien de bien énorme, tout semblait si commun… Il salua quelques personnes qu’il connaissait, s’approchant de la sortie du village. A chaque coin se trouvait un garde. L’un devait avoir la trentaine bien avancée, l’autre la cinquantaine mais ce fut le plus jeune qui s’adressa à lui :
« On peut savoir où tu comptes aller Tery ? »
« Me balader un peu sur le chemin. Un petit besoin de réfléchir. »
« Dans quelques heures, le tournoi mensuel va commencer. Tu devrais te préparer plutôt et t’entraîner. C’est vrai quoi… » reprit le même soldat d’une trentaine d’années.
« Vous savez que moi et les entraînements… »
« HAHAHA ! Laisse lui un peu de détente. Ca ne lui fera pas de mal de s’aérer l’esprit avant le tournoi, certains se calment de cette façon. Tu peux y aller, Tery. »
Le plus vieux des deux soldats laissa passer le jeune homme aux cheveux bruns, celui-ci le remerciant d’un hochement de la tête et d’un grand sourire. Les mains dans les poches comme avant, il se dit que tout allait lui manquer mais c’était sa vie. Et sa vie était telle qu’il ne voulait pas s’embêter avec tout ça. L’entraînement, les éléments, les tournois, très peu pour lui. Il se retourna, son sourire restant sur ses lèvres en observant le village :
« Désolé maman et les autres mais cette vie n’est pas pour moi. Me battre comme un chiffonnier même si ce n’est que pour une journée, ce n’est pas mon style. Je crois que je vais me trouver un petit coin tranquille et vivre là-bas jusqu’à la fin de mes jours. Héhéhé. »
C’était bien beau d’avoir des ambitions lorsqu’on était jeune. Il savait ce qu’il allait devenir : Un ermite ! Mais pour cela il devait s’éloigner du chemin et du village le plus vite possible. Il ne voulait pas qu’une personne des villages voisins le trouve non plus. Avec une petite bourse d’argent dans ses poches, rien sur son dos, sa nouvelle vie d’adulte ne faisait que débuter mais il était motivé, très motivé !
Faim… Faim… Faim… Il avait faim, si faim ! Dire que ça ne faisait qu’une heure qu’il marchait. Il aurait dû prendre un petit encas pour le chemin mais sur le coup de l’émotion, il n’y avait pas pensé. Il savait juste qu’il était seul dans les environs, personne n’osait y habiter donc… Il n’y avait qu’un endroit ! Il se dirigea vers la forêt avoisinante, quittant la route qu’il avait prit à la base pour son voyage.
Grimper aux arbres tel un animal et y manger les fruits qui s’y trouvaient, c’était pas une mauvaise idée quand il y réfléchissait ! Qu’importe si les fruits étaient comestibles ou non, il se désintéressa de tout ceci. Il escalada avec agilité le premier arbre qu’il trouva. Heureusement qu’il était quand même doué pour ça sinon, sa survie allait en prendre un sérieux coup. L’arbre était un pommier et il prit quelques fruits avant de se mettre à les manger. Assis le dos contre l’arbre et sur une branche, il se dit à lui-même :
« Et bien voilà ce que j'appelle la vraie vie. Heureusement que je suis tombé sur un arbre avec des fruits comestibles sinon je ne sais pas ce que je serais devenu. Mais bon, je ne vais pas pouvoir rester là plus longtemps...AHHHH! »
Un objet venait d’être envoyé en sa direction. Il eut juste le temps de se pencher sur sa branche mais tomba sous le geste. Il se rattrapa à une main à la branche, se disant qu’il était sauvé. Les petits cris qui se trouvaient au-dessous de lui n’auguraient pourtant rien de bon. Il baissa le regard vers la créature qui lui avait lancé la pierre d’après le constat qu’il avait établi. Surpris, il lui dit :
« Un Gnomold ? Qu’est-ce que tu fais ici toi ? Oh merde… »
En y réfléchissant, c’était tout à fait normal de rencontrer un tel monstre dans la forêt. C’était un lieu qu’il valait mieux éviter de fréquenter. Dedans se trouvait des créatures assez faibles mais pourtant mortelles pour des personnes non équipées … Un peu comme lui à l’heure actuelle. Le monstre portait une sorte de bonnet de nuit rouge, mesurait un mètre de hauteur et avait une bosse dans le dos. Vêtu d'un pagne rudimentaire, il avait un gourdin de plus de cinquante centimètres dans sa main droite et surtout sa tête était hideuse. Une créature facile et simple à battre même pour un débutant en combat mais ce n'était pas son cas! Et dire qu'il n'allait pas tenir plus longtemps vu le peu de force dans ses mains.
« Héhéhé ! Mon repas vient de tomber de son nid ! C’est l’heure de se mettre à table ! »
« T’approches pas de moi sale bête ! Cache toi le visage avec ton bonnet, tu me donnes envie de vomir en te regardant ! »
Sans même lui laisser le temps de répliquer, il se mit à courir à toute allure pour échapper au Gnomold. C’était chose aisée quand on voyait les petites pattes de la créature mais à part ça… Où aller ? Il ne connaissait pas cette forêt mais à l’écoute des cris du Gnomold, il ne se privait pas pour prendre le maximum de distance. C’était aussi simple que ça : S’il s’arrêtait, il était un homme mort. Retournant la tête pour voir où en était la créature par rapport à lui, il ne vit pas la racine saillante par rapport au sol. Il trébucha, se cognant la tête contre une pierre. Il venait de sombrer dans l’inconscience alors qu’un filet de sang s’écoulait de son front. Le Gnomold s’approcha de lui, un sourire carnassier aux lèvres, sa voix triomphante :
« Héhéhé ! Te voilà enfin devant moi, petite proie ! Tu me facilites la tâche en plus ! »
« Il ne s’est pas battu une seule fois ? C’est… bizarre. » murmura une voix autour du gnomold, celui-ci s’exclamant avec appréhension :
« Qui… Qui est là ?! MONTRE-TOI ! QUE JE T’ECRASE ! »
Le Gnomold tourna sur lui-même, certain d’avoir entendu une voix mais rien… Rien du tout. Une flèche vint se planter dans l’arbre qui était responsable de la perte de conscience de Tery. La créature regarda d’où provenait la flèche : Il y avait un ennemi, elle en était sûre ! Récupérant une pierre au sol, il envoya celle-ci dans les airs avant de pousser un cri strident. La voix murmura d’une voix calme et lente :
« Ca ne servira à rien d’appeler tes congénères maintenant. Tout a été décidé dès l’instant où tu as voulu t’en prendre à cet humain. Eloignes toi de lui. »
« JAMAIS ! Je n’ai pas à recevoir d’ordres de la part d’un hum… »
Une flèche alla se loger directement dans le crâne du Gnomold, le tuant sur le coup. Son corps s’enflamma subitement puis plus rien. Le corps calciné de la créature tomba au sol. Quelques secondes s’écoulèrent et finalement, une ombre atterrit devant Tery. Elle portait une longue cape brune et une capuche de même couleur. Son corps était entièrement recouvert par ces vêtements, ne laissant rien entrevoir de sa personne. Elle s’approche de Tery, le regardant avant de se parler à elle-même :
« Il n’a pas d’armes ? C’est insensé de se rendre dans un endroit comme celui-ci sans avoir de quoi se protéger. Il ne sait peut-être pas se battre alors… pourquoi est-il ici ? Bon, je ne vais pas l’abandonner puisque je viens de le sauver ! Aller, accroche toi ! »
Elle rigola légèrement avant de soulever le corps du jeune homme avec facilité. Il était aussi léger qu’un fétu de paille. Elle devait trouver un petit coin tranquille et le cadavre du Gnomold s’éloignait peu à peu dans l’horizon. Ah… Ce que la vie pouvait être belle et si paisible ! Elle sifflota un petit air connu d’elle-même tout en marchant.
Une vingtaine de minutes plus tard, Tery était couché dans l’herbe, un petit feu étant allumé. De l’autre côté des flammes, la personne encapuchonnée semblait préparer à manger, ayant sorti du pain, quelque fruits et de quoi boire. Les yeux du jeune homme s’ouvrirent, celui-ci ne se relevant pas tout en demandant :
« Snif… Snif… Ca sent bon ! C’est l’heure du repas ? »
« Tiens… Déjà réveillé ? Ne bouge pas trop s’il te plaît. Ta blessure n’était peut-être pas aussi profonde que je le pensais mais tu restes atteint. »
« Hein ? Qui… Qui êtes vous ? Vous êtes du village de Leskar ? » bafouilla le jeune homme en se redressant finalement, inquiet par l’étrange personne en face de lui. Il poussa un petit gémissement de douleur sous le mouvement, se rappelant par là ce qui s’était passé.
« Je connais ce village mais non, je ne viens pas de ce dernier. Mange donc un peu avant de te reposer pendant quelques heures. De toute façon, les Gnomolds ne nous feront rien, ils ne peuvent pas traverser ce bouclier. »
« Pfff… Je n’avais pas besoin d’aide de toute façon. Je veux vivre seul. »
« Alors tu n’as pas faim ? Tant mieux, cela en fera plus pour moi ! »
Même si il n’avait plus cette blessure au front, il restait quand même encore convalescent. Son ventre se mit à gronder de faim et il baissa ses yeux verts, honteux de se montrer comme ça. Sans un mot, l’ombre encapuchonnée de brun fut debout devant lui, déposant un morceau de pain et un verre d’eau. Il prit le morceau de pain, croquant à l’intérieur avant de pousser un léger cri :
« Mais… comment ?! C’est si … bon … »
« Tu ne savais pas qu’il était possible de garder le pain tendre comme ça ? Pourtant, avec des sorts très basiques, c’est très simple. Pareil pour l’eau. Oh, la majorité crée une eau non-consommable mais dans mon cas, c’est possible. J’espère que tu peux la boire. »
« Je m’en fiche des sorts, j’en ai rien à faire mais … merci, c’est quand même très bon. » marmonna le jeune homme. « Sinon, tu peux prendre ce qui est dans ma bourse. Ce n’est pas grand-chose mais bon … »
Il amorça un geste vers l’une de ses poches pour extirper la petite bourse de cuir mais l’ombre lui signala que ça ne servait à rien. Elle ne l’avait pas sauvé pour obtenir une récompense. Il n’arrivait pas à voir correctement son interlocuteur mais il eut un léger soupir d’apaisement. Au moins, il était en sécurité avec cette personne. Elle ne semblait pas hostile à première vue et elle avait tué le Gnomold. D’ailleurs, la personne encapuchonnée reprit :
« Couche-toi maintenant. Mon petit sort de guérison t’a soigné mais n’a pas retiré la fatigue dans ton corps. Tu es normalement fatigué, j’en suis sûr. Tu me raconteras ton histoire demain, d’accord ? Quand tu seras en meilleure forme. »
« Ce n’est pas de refus. Bonne nuit. » conclut le jeune homme aux cheveux bruns, peu soucieux du reste du monde autour de lui.
« Et bien ? Tu ne t’inquiètes même pas un petit peu ? » demanda son sauveur.
« Et où est-ce que je dois m’inquiéter ? »
Il s’était redressé, cherchant à savoir où voulait en venir son interlocuteur. Celui-ci rangea correctement le reste de la nourriture avant de reprendre :
« Et bien, nous ne nous connaissons pas, n’est-ce pas ? »
« Je m’appelle Tery et comme vous vous en doutez, je viens du village de Leskar. »
« Je vois, je vois … Mais tu me dis cela alors que je suis peut-être un tueur ? » reprit la personne encapuchonnée, le jeune homme haussant simplement les épaules.
« Je ne suis pas plus inquiet que ça. Personnellement, j’aurai dû mourir face au Gnomold il y a quelques heures. Enfin … Si, j’ai un peu peur de mourir pendant que je dors … Mais je pense que je m’y habituerai. Donc … Merci beaucoup pour le sauvetage, la nourriture et la boisson, sans vous, je serai mort à l’heure où je vous parle. Bonne nuit ! »
Il se coucha finalement dans l’herbe et malgré la dureté du sol comparée à celle de son matelas, il s’endormit rapidement, en moins de cinq minutes. Il ne vit pas le sourire de l’être sous sa cape brune, celui-ci semblant l’étudier longuement du regard. Ah … C’était donc lui … qu’il devait chercher ? Du moins, qu’il devait trouver ? Enfin … Maintenant, c’était fait. C’était donc … ce dénommé Tery, néophyte dans l’art du combat et de la magie, qu’il allait devoir prendre sous son aile ?
« C’est plutôt … intéressant quand on y réfléchit bien. » murmura d’une voix calme l’être avant de se rapprocher de Tery. Sa cape brune se souleva légèrement, laissant paraître une dague tout ce qu’il y avait de plus basique. Il souleva la dague avant de la déposer à une vingtaine de centimètres du jeune homme.
Façonner cette personne comme il le désirait … Etait-ce simplement possible ? Il se posait cette question en étudiant le jeune homme si rapidement endormi. Il avait tout à apprendre ! Depuis le début, les bases même ! Ça n’allait pas être … facile. Pourtant, c’était un jeune homme, n’est-ce pas ? Comment était-ce possible alors de ne rien savoir ? Les explications n’allaient pas tarder à se faire entendre mais pour l’heure …
« Tu m’as fait une impression assez … spéciale, il faut le reconnaître. » dit l’ombre avec un peu d’amusement dans sa voix.
Mais c’était ce genre d’impression qui lui permettait de donner un premier avis positif sur les personnes qui l’entouraient ! Le fixant de ses yeux bleus, l’être camouflé dans une cape brune recula son visage avant de se redresser. Bon … Ce n’était pas tout ça mais pour la nuit, il valait mieux s’éloigner !
« Dors bien, n’est-ce pas ? Tu auras besoin de toutes tes forces dès demain ! »
Avec lenteur puis en commençant à courir peu à peu, l’ombre s’éloigna du jeune homme, le laissant seul en pleine nuit. Oh … Avec le feu à côté de lui, il ne devrait pas avoir trop froid, n’est-ce pas ? Mais ce n’était pas le plus important. Si il avait peur de se faire attaquer durant la nuit, il ne serait pas si loin que ça de lui.
Logé contre un arbre, la personne encapuchonnée sortit son arc, le gardant auprès de lui avant que ses deux yeux bleus ne se ferment. Pour l’heure, il était temps de se reposer lui aussi. Ensuite, dès demain, ils iraient se mettre en route car ils avaient beaucoup de moments à passer dorénavant, tous les deux ! Oh que oui !
Chapitre 1 : Départ
« Tery, debout ! Il est l’heure de te lever ! Il est déjà plus de midi ! Ne me force pas à venir te chercher, c’est bien compris ? » cria une voix de l’autre côté de la porte.
« Non, je ne veux pas, maman ! On est dimanche ! J’ai besoin de dormir moi ! » répondit un jeune homme en marmonnant de telle sorte que la voix féminine put l’entendre.
« Tery, je me répète une fois, deux fois… mais après… Tu sais ce qui t’attends … »
« J’ai dit que je ne voulais pas ! Ne m’embête pas avec ça ! » reprit-il sèchement.
Il grommela quelques paroles intelligibles en enfouissant sa tête sous le coussin. Un pas, puis un second et il savait qu’elle montait les escaliers. Rapidement, il se cacha sous la couverture alors que la porte s’ouvrit à la volée pour laisser apparaître une femme à forte ossature. Elle posa ses deux mains sur un bord du lit, le soulevant comme si ce n’était qu’un vulgaire bout de bois. Sa tête fut la première à quitter le lit pour venir se percuter avec violence sur le sol. Légèrement secoué, le jeune homme aux cheveux bruns passa une main sur son front en gémissant de douleur. Quelle brute ! La femme dit avec un peu d’énervement :
« Quand je te demande de te lever, je veux que tu te lèves, d’accord Tery ?! »
« C’est bon, c’est bon ! J’ai compris, Maman ! J’ai compris ! T’étais pas obligé de faire ça ! Ça fait mal hein ?! Et puis … » dit-il avant de s’arrêter aussitôt en observant le regard de cette femme. Oups … Il valait mieux se taire.
Dire qu’il n’avait pas peur d’elle serait mentir. La femme d’une quarantaine d’années était assez enveloppée, un tablier blanc par-dessus une robe de paysanne verte. Celle-ci allait de pair avec ses yeux mais le plus inquiétant était quand même le fait qu’elle avait soulevé le lit avec facilité. Des petites veines brunes étaient présentes sur ses deux mains avant qu’elle ne repose le lit. Dès qu’elle eut terminé, elle lui tourna le dos, lui signalant :
« Tu devrais te mettre un bas sur toi avant que tu n’attrapes un rhume. Je te laisse dix minutes pour descendre et tu n’as pas intérêt à te recoucher sinon… »
« C’est bon ! Je ne le ferais pas ! » coupa t-il aussitôt, ne voulant surtout pas énerver sa mère une nouvelle fois. Il n’était pas stupide pour commettre cette erreur.
Avec un léger tremblement dans la voix, il se releva en culotte noire alors que sa mère s’éloignait en claquant la porte de la chambre. Il poussa un grognement, passant une main dans ses cheveux bruns en regardant son lit défait. Vraiment, quel monstre ! Elle ne savait pas se retenir ou quoi ?! Un soudain bâillement et sa main se mit devant sa bouche. Il se dirigea vers son lit, fouinant à l’intérieur pour y trouver un pantalon de tissu noir qu’il enfila ainsi qu’un haut en toile brune quelques secondes après. Tout ce qu’il avait de plus basique, n’est-ce pas ? Il n’avait besoin de rien de plus.
« Je vous jure… Dimanche et je n’ai même pas le droit de roupiller un peu. » bougonna-t-il alors qu’il observait son lit. Bon … Ca ne servait à rien de continuer à le regarder.
Il s’approcha de sa fenêtre, tirant sur les rideaux avant d’être aveuglé par les rayons du soleil. Il cria légèrement sous le déchaînement de lumière, sa main droite ramenant les rideaux à leur position initiale. Vraiment… Le soleil apparaissait de plus en plus tôt ! M’enfin, c’était de la mauvaise foi aussi. Il ronchonna dans son coin, quittant sa chambre pour se diriger vers la salle de bain. Ce n’était pas le grand luxe mais qu’importe, cela lui convenait amplement. Il passa de l’eau sur son visage, s’observant dans le miroir. Des yeux verts, un visage juvénile et assez finement dessiné, il n’était pas forcément un vilain garçon physiquement.
« Bon… Je dois me dépêcher sinon elle va encore me crier dessus. »
Il se donna deux petites claques sur les joues, se coiffant à la va-vite tout en se donnant une allure néanmoins assez propre. Il quitta la salle de bains, faisant une quinzaine de pas pour pénétrer dans une petite pièce où se trouvait sa mère. La cuisine était toute simple et n’avait rien de bien spécial mais il fallait reconnaître que la femme d’une quarantaine d’années s’occupait plutôt bien de sa demeure et que les couverts étaient de bonne facture. Il vint s’asseoir, passant ses mains sur son visage en marmonnant :
« Maman… C’est trop tôt… Il n’est que midi. »
« Tu ne vas pas faire la tête ? Manges ça, il te faut des forces pour aujourd’hui. »
« Aujourd’hui ?! Ah ! Où elle se trouve ? »
Il se releva, comme légèrement excité par cet évènement. Il quitta la cuisine pour revenir après deux minutes avec une sphère de cristal dans sa main droite. Celle-ci était remplie de fumée blanche et noire. La femme soupira tout en posant une assiette sur la table :
« Tu ne crois pas que tu as passé l’âge de jouer avec ça ? »
« Boule mystique, dis moi si j’aurais de la chance aujourd’hui ? »
Il se mit à secouer la sphère de cristal avec entrain, la fumée noire se mélangeant à la blanche pour former un mot. Tery eut un sourire qui en disait long, alors qu’il déposa la sphère sur la table. Il se mit à manger, avalant quelques morceaux avant de dire :
« Bon et bien… Je n’aurais pas de chance aujourd’hui selon elle. »
« Ne pense pas comme ça ! Aujourd’hui, c’est le grand jour ! »
« Je peux enfin quitter la maison, c’est super ! » repliqua t-il avec entrain.
« Mais non, espèce d’idiot ! Aujourd’hui, le tournoi aura lieu ! Vous serez environ une douzaine pour ce mois-ci. » répondit la femme tout en récupérant son assiette.
« Tiens… Je pensais que c’était aussi mon anniversaire. »
« Bon anniversaire mon fils. Ca doit te gratter non ? » demanda t-elle, attendrie.
Il termina son assiette, haussant les épaules d’un air désintéressé. Bien sûr que ça le grattait mais qu’est-ce que cela faisait ? C’était le lot quotidien de tout nouvel adulte dans ce monde. Enfin, c’était comme cela qu’il le voyait. Il n’y avait pas de quoi s’alarmer. Il se leva de sa chaise, se dirigeant vers la sortie de la cuisine en prenant la parole :
« Je vais aller me balader maman ! »
« Tu devrais plutôt t’entraîner, Tery ! Les autres sont préoccupés par cet évènement depuis des années mais toi… Tu manies quelle arme ? » le questionna-t-elle.
« Aucune maman, aucune. » répondit-il avec lenteur, haussant les épaules.
« Et ton élément ? Tu as une idée ? Même si il est rare que cela prenne autant de temps. »
« Pas du tout, maman, pas du tout. Je ne le savais pas avant, je ne le saurai pas après. »
« Mais alors qu’est-ce que tu vas faire pendant ce tournoi ? »
« Pffff ! Je verrais ! Je m’en vais maintenant ! Merci bien ! »
Il pouffa pour dire qu’il n’en avait aucune idée. Tout ça, c’était à peine s’il y portait un quelconque intérêt. Elle le regarda quitter la cuisine en soupirant : Qu’est-ce qu’elle allait pouvoir faire du jeune homme ? Tery était retourné dans sa chambre, enfilant une veste noire avec un grand sourire : C’était l’heure !
Finalement, il partit de la modeste demeure dans laquelle habitait sa famille. Les mains dans les poches, il observa le village dans lequel il habitait. Rien de bien énorme, tout semblait si commun… Il salua quelques personnes qu’il connaissait, s’approchant de la sortie du village. A chaque coin se trouvait un garde. L’un devait avoir la trentaine bien avancée, l’autre la cinquantaine mais ce fut le plus jeune qui s’adressa à lui :
« On peut savoir où tu comptes aller Tery ? »
« Me balader un peu sur le chemin. Un petit besoin de réfléchir. »
« Dans quelques heures, le tournoi mensuel va commencer. Tu devrais te préparer plutôt et t’entraîner. C’est vrai quoi… » reprit le même soldat d’une trentaine d’années.
« Vous savez que moi et les entraînements… »
« HAHAHA ! Laisse lui un peu de détente. Ca ne lui fera pas de mal de s’aérer l’esprit avant le tournoi, certains se calment de cette façon. Tu peux y aller, Tery. »
Le plus vieux des deux soldats laissa passer le jeune homme aux cheveux bruns, celui-ci le remerciant d’un hochement de la tête et d’un grand sourire. Les mains dans les poches comme avant, il se dit que tout allait lui manquer mais c’était sa vie. Et sa vie était telle qu’il ne voulait pas s’embêter avec tout ça. L’entraînement, les éléments, les tournois, très peu pour lui. Il se retourna, son sourire restant sur ses lèvres en observant le village :
« Désolé maman et les autres mais cette vie n’est pas pour moi. Me battre comme un chiffonnier même si ce n’est que pour une journée, ce n’est pas mon style. Je crois que je vais me trouver un petit coin tranquille et vivre là-bas jusqu’à la fin de mes jours. Héhéhé. »
C’était bien beau d’avoir des ambitions lorsqu’on était jeune. Il savait ce qu’il allait devenir : Un ermite ! Mais pour cela il devait s’éloigner du chemin et du village le plus vite possible. Il ne voulait pas qu’une personne des villages voisins le trouve non plus. Avec une petite bourse d’argent dans ses poches, rien sur son dos, sa nouvelle vie d’adulte ne faisait que débuter mais il était motivé, très motivé !
Faim… Faim… Faim… Il avait faim, si faim ! Dire que ça ne faisait qu’une heure qu’il marchait. Il aurait dû prendre un petit encas pour le chemin mais sur le coup de l’émotion, il n’y avait pas pensé. Il savait juste qu’il était seul dans les environs, personne n’osait y habiter donc… Il n’y avait qu’un endroit ! Il se dirigea vers la forêt avoisinante, quittant la route qu’il avait prit à la base pour son voyage.
Grimper aux arbres tel un animal et y manger les fruits qui s’y trouvaient, c’était pas une mauvaise idée quand il y réfléchissait ! Qu’importe si les fruits étaient comestibles ou non, il se désintéressa de tout ceci. Il escalada avec agilité le premier arbre qu’il trouva. Heureusement qu’il était quand même doué pour ça sinon, sa survie allait en prendre un sérieux coup. L’arbre était un pommier et il prit quelques fruits avant de se mettre à les manger. Assis le dos contre l’arbre et sur une branche, il se dit à lui-même :
« Et bien voilà ce que j'appelle la vraie vie. Heureusement que je suis tombé sur un arbre avec des fruits comestibles sinon je ne sais pas ce que je serais devenu. Mais bon, je ne vais pas pouvoir rester là plus longtemps...AHHHH! »
Un objet venait d’être envoyé en sa direction. Il eut juste le temps de se pencher sur sa branche mais tomba sous le geste. Il se rattrapa à une main à la branche, se disant qu’il était sauvé. Les petits cris qui se trouvaient au-dessous de lui n’auguraient pourtant rien de bon. Il baissa le regard vers la créature qui lui avait lancé la pierre d’après le constat qu’il avait établi. Surpris, il lui dit :
« Un Gnomold ? Qu’est-ce que tu fais ici toi ? Oh merde… »
En y réfléchissant, c’était tout à fait normal de rencontrer un tel monstre dans la forêt. C’était un lieu qu’il valait mieux éviter de fréquenter. Dedans se trouvait des créatures assez faibles mais pourtant mortelles pour des personnes non équipées … Un peu comme lui à l’heure actuelle. Le monstre portait une sorte de bonnet de nuit rouge, mesurait un mètre de hauteur et avait une bosse dans le dos. Vêtu d'un pagne rudimentaire, il avait un gourdin de plus de cinquante centimètres dans sa main droite et surtout sa tête était hideuse. Une créature facile et simple à battre même pour un débutant en combat mais ce n'était pas son cas! Et dire qu'il n'allait pas tenir plus longtemps vu le peu de force dans ses mains.
« Héhéhé ! Mon repas vient de tomber de son nid ! C’est l’heure de se mettre à table ! »
« T’approches pas de moi sale bête ! Cache toi le visage avec ton bonnet, tu me donnes envie de vomir en te regardant ! »
Sans même lui laisser le temps de répliquer, il se mit à courir à toute allure pour échapper au Gnomold. C’était chose aisée quand on voyait les petites pattes de la créature mais à part ça… Où aller ? Il ne connaissait pas cette forêt mais à l’écoute des cris du Gnomold, il ne se privait pas pour prendre le maximum de distance. C’était aussi simple que ça : S’il s’arrêtait, il était un homme mort. Retournant la tête pour voir où en était la créature par rapport à lui, il ne vit pas la racine saillante par rapport au sol. Il trébucha, se cognant la tête contre une pierre. Il venait de sombrer dans l’inconscience alors qu’un filet de sang s’écoulait de son front. Le Gnomold s’approcha de lui, un sourire carnassier aux lèvres, sa voix triomphante :
« Héhéhé ! Te voilà enfin devant moi, petite proie ! Tu me facilites la tâche en plus ! »
« Il ne s’est pas battu une seule fois ? C’est… bizarre. » murmura une voix autour du gnomold, celui-ci s’exclamant avec appréhension :
« Qui… Qui est là ?! MONTRE-TOI ! QUE JE T’ECRASE ! »
Le Gnomold tourna sur lui-même, certain d’avoir entendu une voix mais rien… Rien du tout. Une flèche vint se planter dans l’arbre qui était responsable de la perte de conscience de Tery. La créature regarda d’où provenait la flèche : Il y avait un ennemi, elle en était sûre ! Récupérant une pierre au sol, il envoya celle-ci dans les airs avant de pousser un cri strident. La voix murmura d’une voix calme et lente :
« Ca ne servira à rien d’appeler tes congénères maintenant. Tout a été décidé dès l’instant où tu as voulu t’en prendre à cet humain. Eloignes toi de lui. »
« JAMAIS ! Je n’ai pas à recevoir d’ordres de la part d’un hum… »
Une flèche alla se loger directement dans le crâne du Gnomold, le tuant sur le coup. Son corps s’enflamma subitement puis plus rien. Le corps calciné de la créature tomba au sol. Quelques secondes s’écoulèrent et finalement, une ombre atterrit devant Tery. Elle portait une longue cape brune et une capuche de même couleur. Son corps était entièrement recouvert par ces vêtements, ne laissant rien entrevoir de sa personne. Elle s’approche de Tery, le regardant avant de se parler à elle-même :
« Il n’a pas d’armes ? C’est insensé de se rendre dans un endroit comme celui-ci sans avoir de quoi se protéger. Il ne sait peut-être pas se battre alors… pourquoi est-il ici ? Bon, je ne vais pas l’abandonner puisque je viens de le sauver ! Aller, accroche toi ! »
Elle rigola légèrement avant de soulever le corps du jeune homme avec facilité. Il était aussi léger qu’un fétu de paille. Elle devait trouver un petit coin tranquille et le cadavre du Gnomold s’éloignait peu à peu dans l’horizon. Ah… Ce que la vie pouvait être belle et si paisible ! Elle sifflota un petit air connu d’elle-même tout en marchant.
Une vingtaine de minutes plus tard, Tery était couché dans l’herbe, un petit feu étant allumé. De l’autre côté des flammes, la personne encapuchonnée semblait préparer à manger, ayant sorti du pain, quelque fruits et de quoi boire. Les yeux du jeune homme s’ouvrirent, celui-ci ne se relevant pas tout en demandant :
« Snif… Snif… Ca sent bon ! C’est l’heure du repas ? »
« Tiens… Déjà réveillé ? Ne bouge pas trop s’il te plaît. Ta blessure n’était peut-être pas aussi profonde que je le pensais mais tu restes atteint. »
« Hein ? Qui… Qui êtes vous ? Vous êtes du village de Leskar ? » bafouilla le jeune homme en se redressant finalement, inquiet par l’étrange personne en face de lui. Il poussa un petit gémissement de douleur sous le mouvement, se rappelant par là ce qui s’était passé.
« Je connais ce village mais non, je ne viens pas de ce dernier. Mange donc un peu avant de te reposer pendant quelques heures. De toute façon, les Gnomolds ne nous feront rien, ils ne peuvent pas traverser ce bouclier. »
« Pfff… Je n’avais pas besoin d’aide de toute façon. Je veux vivre seul. »
« Alors tu n’as pas faim ? Tant mieux, cela en fera plus pour moi ! »
Même si il n’avait plus cette blessure au front, il restait quand même encore convalescent. Son ventre se mit à gronder de faim et il baissa ses yeux verts, honteux de se montrer comme ça. Sans un mot, l’ombre encapuchonnée de brun fut debout devant lui, déposant un morceau de pain et un verre d’eau. Il prit le morceau de pain, croquant à l’intérieur avant de pousser un léger cri :
« Mais… comment ?! C’est si … bon … »
« Tu ne savais pas qu’il était possible de garder le pain tendre comme ça ? Pourtant, avec des sorts très basiques, c’est très simple. Pareil pour l’eau. Oh, la majorité crée une eau non-consommable mais dans mon cas, c’est possible. J’espère que tu peux la boire. »
« Je m’en fiche des sorts, j’en ai rien à faire mais … merci, c’est quand même très bon. » marmonna le jeune homme. « Sinon, tu peux prendre ce qui est dans ma bourse. Ce n’est pas grand-chose mais bon … »
Il amorça un geste vers l’une de ses poches pour extirper la petite bourse de cuir mais l’ombre lui signala que ça ne servait à rien. Elle ne l’avait pas sauvé pour obtenir une récompense. Il n’arrivait pas à voir correctement son interlocuteur mais il eut un léger soupir d’apaisement. Au moins, il était en sécurité avec cette personne. Elle ne semblait pas hostile à première vue et elle avait tué le Gnomold. D’ailleurs, la personne encapuchonnée reprit :
« Couche-toi maintenant. Mon petit sort de guérison t’a soigné mais n’a pas retiré la fatigue dans ton corps. Tu es normalement fatigué, j’en suis sûr. Tu me raconteras ton histoire demain, d’accord ? Quand tu seras en meilleure forme. »
« Ce n’est pas de refus. Bonne nuit. » conclut le jeune homme aux cheveux bruns, peu soucieux du reste du monde autour de lui.
« Et bien ? Tu ne t’inquiètes même pas un petit peu ? » demanda son sauveur.
« Et où est-ce que je dois m’inquiéter ? »
Il s’était redressé, cherchant à savoir où voulait en venir son interlocuteur. Celui-ci rangea correctement le reste de la nourriture avant de reprendre :
« Et bien, nous ne nous connaissons pas, n’est-ce pas ? »
« Je m’appelle Tery et comme vous vous en doutez, je viens du village de Leskar. »
« Je vois, je vois … Mais tu me dis cela alors que je suis peut-être un tueur ? » reprit la personne encapuchonnée, le jeune homme haussant simplement les épaules.
« Je ne suis pas plus inquiet que ça. Personnellement, j’aurai dû mourir face au Gnomold il y a quelques heures. Enfin … Si, j’ai un peu peur de mourir pendant que je dors … Mais je pense que je m’y habituerai. Donc … Merci beaucoup pour le sauvetage, la nourriture et la boisson, sans vous, je serai mort à l’heure où je vous parle. Bonne nuit ! »
Il se coucha finalement dans l’herbe et malgré la dureté du sol comparée à celle de son matelas, il s’endormit rapidement, en moins de cinq minutes. Il ne vit pas le sourire de l’être sous sa cape brune, celui-ci semblant l’étudier longuement du regard. Ah … C’était donc lui … qu’il devait chercher ? Du moins, qu’il devait trouver ? Enfin … Maintenant, c’était fait. C’était donc … ce dénommé Tery, néophyte dans l’art du combat et de la magie, qu’il allait devoir prendre sous son aile ?
« C’est plutôt … intéressant quand on y réfléchit bien. » murmura d’une voix calme l’être avant de se rapprocher de Tery. Sa cape brune se souleva légèrement, laissant paraître une dague tout ce qu’il y avait de plus basique. Il souleva la dague avant de la déposer à une vingtaine de centimètres du jeune homme.
Façonner cette personne comme il le désirait … Etait-ce simplement possible ? Il se posait cette question en étudiant le jeune homme si rapidement endormi. Il avait tout à apprendre ! Depuis le début, les bases même ! Ça n’allait pas être … facile. Pourtant, c’était un jeune homme, n’est-ce pas ? Comment était-ce possible alors de ne rien savoir ? Les explications n’allaient pas tarder à se faire entendre mais pour l’heure …
« Tu m’as fait une impression assez … spéciale, il faut le reconnaître. » dit l’ombre avec un peu d’amusement dans sa voix.
Mais c’était ce genre d’impression qui lui permettait de donner un premier avis positif sur les personnes qui l’entouraient ! Le fixant de ses yeux bleus, l’être camouflé dans une cape brune recula son visage avant de se redresser. Bon … Ce n’était pas tout ça mais pour la nuit, il valait mieux s’éloigner !
« Dors bien, n’est-ce pas ? Tu auras besoin de toutes tes forces dès demain ! »
Avec lenteur puis en commençant à courir peu à peu, l’ombre s’éloigna du jeune homme, le laissant seul en pleine nuit. Oh … Avec le feu à côté de lui, il ne devrait pas avoir trop froid, n’est-ce pas ? Mais ce n’était pas le plus important. Si il avait peur de se faire attaquer durant la nuit, il ne serait pas si loin que ça de lui.
Logé contre un arbre, la personne encapuchonnée sortit son arc, le gardant auprès de lui avant que ses deux yeux bleus ne se ferment. Pour l’heure, il était temps de se reposer lui aussi. Ensuite, dès demain, ils iraient se mettre en route car ils avaient beaucoup de moments à passer dorénavant, tous les deux ! Oh que oui !
Chapitre 2
Chapitre 2 : Premier combat
Le réveil se déroula sans aucun problème. Ses yeux verts s'ouvrirent pour regarder où il était : Une magnifique forêt autour de lui, une ombre encapuchonnée faisait tourner un lapin au-dessus d’un feu créé par magie. Ah...Bien sûr, il n'était plus chez lui et il poussa un petit rire amusé avant de se relever : C'est vrai ! Il était enfin libre et il n'avait plus à se poser de questions sur son avenir ! En entendant le rire, la personne encapuchonnée se tourna vers lui, lui demandant d’une voix neutre :
« Je vois que tu es en pleine forme. Cela fait plaisir à voir. Tu prendras un peu de lapin? »
« Heu...Non désolé, pas au réveil. Mais j'ai une petite question : Normalement, cette forêt réunit pas mal de monstres mais je n'ai eu aucun problème et vous non plus. Vous avez même réussi à chasser ! » s’écria le jeune homme avec entrain.
« Tu ne m'as donc pas écouté? Enfin bon, tu n'étais pas en bon état hier. Prends donc ce morceau de pain et cette eau. Ils sont aussi frais que ceux d'hier. Je vais donc t'expliquer quelques principes si tu le désires. »
L'ombre encapuchonnée se releva avant de se mettre à marcher en rond autour de Tery qui la regarda faire en écoutant d'une oreille distraite. Il dévora avec appétit le mini-repas, se disant que cela n'allait pas le remettre d'aplomb mais au moins lui remplir l'estomac pour les prochaines heures. Il était toujours aussi insouciant par rapport à cette histoire. L’être prit la parole avec lenteur, comme pour chercher à s’exprimer correctement :
« Alors … Par quoi je peux commencer ? Et bien … Disons que c’est de la magie, n’est-ce pas ? Je suis capable de créer une zone telle que les odeurs qui émanent de nos corps sont transportées par le vent ailleurs. Ainsi, les créatures et autres monstres qui tenteraient de venir vers nous seront alors attirés ailleurs et nous serons en sécurité. Est-ce que cela te convient ? Ou non ? J’ai essayé de faire simple. »
« Et c’est tout ce qu’il y a à savoir ? » demanda le jeune homme sans réellement s’intéresser à ce qui venait de se dire. La personne encapuchonnée haussa les épaules, répondant :
« Et c’est tout. Rien de bien spécial, n’est-ce pas ? »
« Alors, ça me suffit amplement ! Je n’ai pas besoin d’en savoir plus !
Il finit son morceau de pain, passant un doigt sur ses lèvres pour retirer une miette. Il remarqua enfin la dague qui était posée à quelques centimètres de lui tandis que l'ombre lui tournait le dos. Il se releva en tenant l'objet entre les mains, l'observant sous toutes les coutures : Une dague tout ce qu'il y avait de plus normale mais dont la lame brillait, signe qu'elle était de bonne qualité. A part ça, rien de bien spécial. Il s’adressa à la personne :
« Hey, vous avez fait tomber votre arme. »
« Ceci est ton arme maintenant... C’est Tery, ton nom, n’est-ce pas ? »
« C’est bien ça et le vô... Mais attendez un peu ! Je ne veux pas de votre dague ! Je n'ai pas besoin de cet objet ! »
Il jeta l'objet au sol d'un geste rageur avant de croiser les bras : Il avait quitté son village car il ne voulait pas utiliser d'armes ou de magie justement ! Et cette personne, bien qu'elle lui ait sauvé la vie, tentait maintenant de lui donner une arme ?! L'ombre encapuchonnée se retourna, un petit sourire aux lèvres :
« Et pourquoi tu n'aurais pas besoin de cette chose? Quitter la forêt sans arme sera très difficile. Peut-être devrais-je t'abandonner en ce lieu et voir comment tu te débrouillerais sans moi ? Qu’est-ce que tu en penses ? Ce n’est pas une bonne idée ?
« Ah ! Mais c'est du chantage ça ! Je ne marche pas ! » s’écria t-il, croisant les bras.
« Soit, alors adieu. » termina de dire la personne recouverte par sa cape brune.
Alors qu'il n'y eut aucun cri autour de lui, ce fut le cas après une dizaine de secondes. Il se redressa, se retournant pour voir son sauveur. Profitant de sa confusion, l'ombre encapuchonnée s'était enfuit sans lui laisser le temps de parler. Il se sentait mal, très mal et il reprit la dague, celle-ci se mettant à trembler en même temps que sa main droite. Une branche qui se brisait, un souffle dans son dos alors qu'il s'avançait à travers les arbres et voilà que tout ses sens étaient déjà en éveil. Il n'avait pas peur, il n'était pas de ce genre mais cette ombre, était-ce un ennemi ou un ami ? Il ne savait pas mais quel enfoiré de l'avoir abandonné ici. Il releva subitement son regard : Il n'avait pas rêvé ! Il en était sûr ! Quelque chose ou quelqu'un se trouvait dans les arbres ! Ou alors, était-ce tout simplement son imagination ? A gauche, aucun danger. A droite, il en était de même. Derrière lui, il n'y avait aucune présence alors il lui suffisait de toujours avan...
« BOUH ! » s’écria subitement une voix en face de lui.
« AHHHHHHHH ! » hurla t-il aussitôt, apeuré par ce qu’il venait de voir.
La dague fut jetée en l'air tandis qu'il tomba sur les fesses en voyant l'ombre encapuchonnée à cinq mètres de lui. Même de là, il n'arriva pas à voir les détails de la personne qui se tenait devant lui. Cette foutue ombre avait la tête à l'envers et sa tenue ne tombait pas malgré la gravité. Encore de la magie ? Il tenta de reprendre ses esprits, marmonnant :
« Non mais t'es complètement dingue ! C’est quoi ça ?! »
« Tu ferais mieux de te taire si tu ne veux pas avoir de problèmes. Récupères la dague et suis-moi. Je vais nous emmener ailleurs. Ça sera bien mieux que de rester ici. »
« Non. » répliqua le jeune homme sèchement, visiblement en colère.
« Qu'est-ce que tu as dit ? Tu peux répéter pour voir ? J’ai cru mal entendre. »
L'ombre encapuchonnée atterrit sur le sol avec un petit rire. Cela avait été assez drôle de voir la réaction du jeune homme lorsqu'elle était apparue devant lui. Mais maintenant, il valait mieux qu’il arrête de refuser sinon, tout allait très mal se finir. Tery restait assis sur le sol, les bras croisés au niveau de son torse. Les yeux plissés, il reprit :
« Je n'ai pas d'ordres à recevoir de ta part. Je ne te connais pas, tu ne me connais pas. C'est tout ! Merci pour ce que tu as fait mais c’est bon, maintenant, on n’a plus rien à voir ! »
« Tu ne me laisses pas le choix. Et dire que tu as le même âge que moi, je n'arrive pas à croire que j'ai affaire à un gamin mais bon, nous sommes tous de grands enfants n'est-ce pas? Accroche-toi, ça va faire mal ! »
Une aura brune entoura légèrement le corps de l'ombre encapuchonnée avant que des morceaux de terre ne se mettent à sortir du sol. Il se releva, inquiet par ce qu'il voyait : Qu'est-ce qu'elle comptait faire ?! Il n'eut pas le temps de réagir que le poing recouvert d'une protection de pierre vint le frapper au ventre. Il pouffa sous le coup avant de s'évanouir aussitôt. Il n'avait pas de force physique ni de magie, il n'était qu'une simple chenille sous forme humaine. L'ombre encapuchonnée poussa un profond soupir avant de murmurer :
« Ce n'est pas possible d'être aussi borné que ça. Néanmoins, tu vas devoir m'accompagner puisque j'ai besoin d'un compagnon. Et dire que je débute moi-même par rapport au monde extérieur, je n'arrive pas à croire qu'il y ait tant de différences. »
Elle le réceptionna avant qu'il ne tombe en arrière. Ce n'était pas une chose très difficile d'après les dires de celui qui l’avait envoyé, il valait mieux être plus prudent. Il avait parlé de trouver une personne dans la forêt avoisinant le village de Leskar qui serait là pour l'épauler. L'Oracle ne se trompait jamais dans ses prédictions mais quand même, pourquoi l'avoir envoyé là-bas? L'ombre sourit tandis qu'elle soulevait Tery sans ménagement.
« Mais c'est quoi ce BORDEL ! » s’écria le jeune homme en rouvrant les yeux, regardant où il se trouvait. C’était quoi cet endroit ? Des colonnes de marbre brisées en plusieurs morceaux sur le sol herbeux, des murs à moitié détruits mais aussi des cadavres de gnomolds un peu partout … Il se trouvait où ? Il entendit la voix de l’être encapuchonné, s’adressant à lui d’une voix énervée comme à son habitude :
« Ah? Tu es enfin réveillé ? Il était temps ! Tu as encore dormi tout le trajet. »
« Mais pourquoi je suis ligoté ? Et pourquoi on est dans un temple super louche et surtout POURQUOI il y a des gnomolds morts autour de MOI ? »
« Car nous sommes dans le temple où se trouve le médaillon que je devais récupérer. Est-ce que tu as d'autres questions ou est-ce qu’on peut y aller ? » demanda la personne dont il ne savait guère si elle était une amie ou une ennemie.
L'ombre encapuchonnée avança tranquillement dans le temple en ruines autour d'eux. Il y avait plusieurs tas de gravats qui jouxtaient l'endroit où ils se trouvaient. Des cris d'animaux en colère se firent entendre … mais était-ce réellement des animaux ? Tery était attaché et ligoté par une corde qui se tenait toute seule dans les airs comme animée par une main invisible tandis que l'ombre lui tournait le dos comme à son habitude. De nombreuses flèches partaient du corps de l'ombre sans qu'il ne puisse voir l'arme : Etait-ce un archer ? Elle se tourna vers lui avant de reprendre la parole :
« Est-ce que tu es décidé à m'aider ? J'ai besoin d'un allié pour prendre le médaillon qui est gardé par un chef de clan mineur de Gnomolds. Ils seront beaucoup trop nombreux pour moi seul alors autant me donner un coup de main. Après ça, je te libère et tu pourras faire ta vie comme tu le désires. C’est un bon marché n’est-ce pas ? »
« Je ne sais pas utiliser d'armes ! » répondit-il avec véhémence.
« Et la magie ? » demanda t-elle aussitôt, semblant n’en avoir que faire des cris du jeune homme, se rapprochant de lui. Il était temps qu’il parle.
« C'est pareil ! Je ne sais rien faire car je ne veux rien faire en rapport avec ces foutus trucs ! C’est bon ? Tu peux me libérer maintenant ? »
« Où est ton tatouage ? » questionna une nouvelle fois la personne encapuchonnée.
« Tu crois que je vais te le dire ! Je ne suis peut-être pas doué au combat mais je sais bien qu'il ne faut jamais révéler l'emplacement de son tatouage car c'est là que se focalise notre point vital et principal ! »
«Tu n'es pas aussi bête que tu en as l'air hihi. » termina t-elle de dire.
L'ombre encapuchonnée rigola avant que deux créatures au bonnet rouge ne fassent leur apparition dans son dos. Sans plus attendre, elle se retourna à nouveau, faisant apparaître deux pieux de glace au bout de ses paumes. Quelques secondes plus tard, les pieux s’étaient plantés dans les corps des Gnomolds qui tombèrent en arrière, morts sur le coup.
« Mais tu n'as pas besoin de moi vu comment tu te débrouilles ! Libères moi au lieu ! »
« Puisque c'est ton choix. » marmonna l’autre personne avec lenteur.
La corde qui le ligotait tomba au sol avant de disparaître. Encore un tour de magie. L'ombre ne savait que se battre comme ça ou quoi ? Il se frotta les bras, les observant longuement. Il allait garder ces marques pendant quelques heures mais au moins, il était libre.
« Bon, je te laisse et je ne te remercie pas pour ce que tu viens de me faire ! »
Il s'éloigna avant que des grognements ne se fassent entendre dans son dos ainsi que des cris humains. Ce n'était pas des cris de détresse mais plutôt de guerre. Maintenant qu'il y réfléchissait, même avec le son de sa voix, il ne savait pas si c'était une femme ou un homme qui l'avait sauvé. De toute façon, au final, il s'en fichait pas mal. L'ombre n'avait pas besoin de lui et il avait décidé de ne pas se mêler de ça !
Quelques minutes plus tard, il était de retour tandis que la cape de la personne était légèrement trouée, signe que des projectiles avaient été envoyés sans réussite envers elle.
« On se rapproche. Tu as donc décidé de venir me rejoindre ? » demanda la personne encapuchonnée en se tournant vers lui.
« Non ! Mais j'ai une question : Tu peux m'indiquer la sortie ? » dit-il avec lenteur.
Quelques secondes où le temps s'était arrêté : Il ne blaguait pas. Il ne connaissait pas la sortie de ces foutues ruines. En fait, c'était pire que ça : Il ne savait même pas où il était ! Puis un puissant rire cristallin sortit de l'ombre encapuchonnée qui tentait de se contrôler, bafouillant dans ses paroles comme à la recherche de son souffle :
« Tu es vraiment un cas Tery ! Restes près de moi et ne t'éloignes pas. Je m'occupe du médaillon et ensuite, on sortira des ruines tout les deux. Ca te convient comme marché ? »
« Est-ce que j'ai vraiment le choix ? Je devrais me battre ? »
«Non et c'est à toi de voir mais c'est dommage de ne rien savoir faire de ses deux mains. Tu es comme un bébé qui apprend à marcher. Tu es sûr de ne pas vouloir ma dague ? » questionna t-elle en lui tendant une nouvelle fois l’arme de courte taille.
« Je t'ai déjà répondu à ce sujet : Je ne veux pas me battre! Et je ne sais pas me battre ! Et je ne sais pas utiliser de magie ! Et je ne sais pas de quel élément je suis ! » dit-il avec appréhension, un peu énervé comme à son habitude depuis qu’il était avec cette personne.
« Au moins, on a un point en commun : Je ne sais pas de quel élément je suis non plus. C'est pourquoi j'utilise tous les éléments ! Dès que nous sommes sortis de là, on prendra un peu de temps pour t'apprendra les bases. Voilà tout ! »
« Mais TU ME GONFLES! Je t'ai dit que... » commença t-il à parler avant d’être coupé.
« Tu ne voulais pas te battre mais pas ne pas apprendre les sorts élémentaires. » termina t-elle de dire sur un ton amusé par la situation.
Il allait ouvrir la bouche mais il préféra se taire pour éviter de proférer des insultes. Cette ombre... Elle arrivait à l'énerver trop facilement et ce n'était pas bon. Il n'aimait pas être pris pour un imbécile mais elle avait réussi là où peu de gens y arrivaient : le mettre en colère pour des futilités. Il maugréa avant de se mettre à suivre la personne qui continuait de tracer son chemin à travers les ruines comme si elle savait où se rendre. Pourtant, subitement de derrière une ruine imposante, un gnomold se jeta sur elle, une masse à la main. Un coup vint la frapper au niveau du crâne, l'envoyant contre une ruine tandis que la dague tombait au sol à plus de trois mètres de l'ombre.
« Erk erk erk. T'étais venu pour prendre ça n'est-ce pas ? »
Ah ! Il ne l'avait pas remarqué! L'homme aux yeux émeraude se cacha derrière une ruine, jetant un oeil à la créature qui venait de frapper l'ombre. La créature avait un bonnet bleu sur son crâne qui était dégarni, deux pics sortant de son dos, une masse en fer dans la main droite ainsi qu'une rondache dans main gauche. Il était possible de voir un petit médaillon qui brillait d'une lueur brune autour de son cou, une pierre de même couleur incrusté à l'intérieur. Du Gnomold, il en avait l'apparence sauf qu'il mesurait bien un mètre vingt-cinq de hauteur et semblait avoir plus de muscles et d'intelligence que ces congénères.
« Trop d'humains sont venus pour lui erk erk erk. Je sais pas ce que tu es mais tu vas les rejoindre ! » s’écria le monstre en s’approchant du corps qui semblait inanimé.
L'ombre encapuchonné ne bougeait plus : Etait-elle évanouie ? Si c'était le cas, il ne pouvait plus rien pour elle et il valait mieux s'enfuir mais bon... Ce n'était pas vraiment son genre non plus de s'enfuir, du moins pas quand il avait une dette de cette importance. Mais pourquoi devait-il se battre ? Ce n’était vraiment pas son truc ! Il s'approcha en catimini vers la dague qui était tombée au loin du chef de clan Gnomold et de l'ombre. Il devait la serrer, la tenir bien en main et s'approchait de la créature. Il commença à courir à toute allure vers le gnomold. Un seul coup dans la tête et c’en était terminé ! C’était comme ça !
« CREVE SALE BÊTE ! » hurla t-il de toutes ses forces, le gnomold se retournant :
« Nierk ? Un autre humain ! Erk erk erk. Ca va être chouette. Deux fois plus de nourriture ! »
La lame de la dague vint frapper la masse du Gnomold qui s'était retourné pour être en face de Tery. Dieu qu'il était laid, surtout quand il se mit à sourire avec ses nombreuses dents en moins. La masse se leva en même temps que la dague, la tête du Gnomold venant se loger dans le ventre du jeune homme aux cheveux bruns qui fut envoyé au loin. Il roula pendant quelques secondes avant de gémir de douleur : Voilà pourquoi il ne voulait pas combattre ! Il n'aimait pas souffrir, il n'aimait pas du tout ! Pourquoi s'était-il permis de croire qu'il pouvait faire quelque chose contre un chef de clan Gnomold même mineur? Ces monstres même si faibles étaient bien plus doués au combat que lui. Mais il ne pouvait pas abandonner l'ombre, c'était un principe simple comme le monde ! Si quelqu'un t'avait sauvé la vie, tu devais sauver la sienne ! Il se releva, il n'avait pas si mal que ça, il était encore capable de se battre. Tenant la dague à la main d'une manière qui montrait son absence d'utilisation habituelle dans cette arme, il se positionna pour faire face au Gnomold.
« T'as l'air de tenir un peu mieux les coups que l'autre erk erk erk! Ranges ton arme, tu vas te couper ! » s’égosilla le gnomold avec amusement.
« Parles pour toi tête de Glumarx ! » répondit aussitôt Tery.
Il avait fait mouche : Le visage du chef de clan Gnomold prit peu à peu une teinte rouge, signe qu'il allait exploser de colère avant de proliférer des insultes à tout va. Tery ferma ses yeux avant de les ouvrir aussitôt : Se concentrer et ne pas écouter les insultes, seulement se préoccuper de la créature qui allait courir à toute allure vers lui. Ses deux jambes tremblaient, signe de son anxiété. Ca s'annonçait mal, très mal. Mais … Il n’avait pas vraiment le choix hein ? Il n’avait jamais combattu de toute son existence ! Alors pourquoi est-ce qu’il devait le faire maintenant ?
« Je vais te faire regretter le jour où tu as proféré ces paroles, sale humain ! »
« Parle toujours, tu ne m’intéresses pas ! Laisse-moi tranquille et dégage de là plutôt ou sinon, je risque de te faire mal ! C’est compris ?! »
Lui faire du mal ? Il n’arrivait même pas à s’enfuir ! Si ce gnomold savait qu’il n’arrivait pas à se battre, non, qu’il ne s’était jamais battu, c’était fini pour lui. La seule chose qu’il pouvait faire, c’était passer le temps pour que l’ombre se réveille et en termine avec le gnomold. Car lui de son côté …
« NE T’AVISE MÊME PAS DE T’ENFUIR SALE HUMAIN ! »
« Tu crois vraiment que je vais t’écouter ou quoi ?! » répliqua-t-il aussitôt, faisant quelques pas en arrière. Ça ne servait à rien de se battre. Rien du tout ! Il n’arriverait pas à battre le gnomold s’il restait là. Il valait mieux courir dès maintenant ! Il se retourna avant de bondir en avant, voulant mettre le plus de distance entre lui et le gnomold. Celui-ci ne tarda pas à réagir, courant à son tour pour venir le rattraper.
« Arrête un peu de bouger que je t’assomme et te lapide morceau par morceau ! »
Hors de question ! Il n’allait pas se laisser faire de la sorte ! Il devait se cacher derrière une ruine ! Mettre le plus de distance avec le gnomold avant qu’il ne l’attrape ! C’était plus facile à dire qu’à faire, il n’était pas adepte des courses d’endurance ou des sprints !
Ah … Ah … Ah … Il devait se reposer. Adossé contre un mur à moitié détruit, il reprenait son souffle, serrant avec force la dague. Pourquoi est-ce qu’il faisait tout ça ? Pourquoi ? Si cette personne encapuchonnée lui avait sauvé la vie, c’était bien pour qu’il continue à vivre non ? Alors chercher le combat avec ce chef gnomold, ce n’était pas du tout une bonne idée.
« Où es-tu petit petit petit ? Montre toi donc … »
Gloups … Le Gnomold se rapprochait peu à peu de lui. Ce n’était pas bon, pas bon du tout. Il ne devait pas stresser … Ce n’était pas bon. Il devait garder son calme et … ne pas faire de bêtises. Il entendait les bruits de pas qui avançaient au fur et à mesure des secondes qui s’écoulaient. Gloups … Il devait réagir … Réagir et vite ou sinon, il …
« AH ! TE VOILA ! Hein ? Comment ça ? » dit le Gnomold, bondissant sur le côté, sa masse à la main avec un sourire de vainqueur. Sourire qui disparut lorsque le jeune homme n’était pas présent devant ses yeux. Il était sûr pourtant … de l’avoir senti ici. Il reprit : « Nierf … Pas normal ça … Pas normal du tout même … Si t’es pas de ce côté … Ca veut dire … QUE TU ES DE L’AUTRE ! »
Mais encore une fois, rien du tout. Pourtant, il en était sûr ! Il entendait des bruits de pas ! Il était là ! Il voulait s’amuser à changer de côté tandis qu’il passait de l’autre ? Il n’était pas comme ça ! On ne se moquait pas de lui ! D’un geste rageur, il frappa de sa lourde masse dans le mur, celui-ci s’écroulant en morceaux. La destruction du mur laissa paraître le jeune homme, surpris par un tel geste.
« Alors ? On essayait de se cacher hein ? Fini de s’amuser ! Je vais t’apprendre à m’insulter de Glumarx, saleté d’humain ! »
« Je ne fa … Je ne fais que dire la vérité à ton sujet ! » reprit le jeune homme, tremblant en tenant sa dague à la main.
Bon … Se calmer et se concentrer … Son petit jeu était terminé. Ça n’avait pas duré cinq minutes mais visiblement, cela avait suffi à énerver le gnomold. Bon … Qu’est-ce qu’il devait faire ? Quand est-ce que l’autre personne allait se réveiller ?! Il n’allait pas l’attendre trop longtemps non plus hein ! Il était mal barré … Il n’allait quand même pas devoir … se battre hein ? NON ! Ce n’était pas possible !
« C’est pas dans mes cordes ça ! »
« A qui est-ce que t’es en train de parler, l’humain ? » demanda le gnomold. « Enfin, je m’en fous … Maintenant que tu n’as plus d’endroit ou te cacher, c’est foutu pour toi ! »
Il le savait bien que c’était foutu ! Il n’était pas bête non plus mais … mais … Ah … Il devait garder son calme … Ca ne servait à rien de s’apeurer. Mais il était dans de beaux draps !
Le réveil se déroula sans aucun problème. Ses yeux verts s'ouvrirent pour regarder où il était : Une magnifique forêt autour de lui, une ombre encapuchonnée faisait tourner un lapin au-dessus d’un feu créé par magie. Ah...Bien sûr, il n'était plus chez lui et il poussa un petit rire amusé avant de se relever : C'est vrai ! Il était enfin libre et il n'avait plus à se poser de questions sur son avenir ! En entendant le rire, la personne encapuchonnée se tourna vers lui, lui demandant d’une voix neutre :
« Je vois que tu es en pleine forme. Cela fait plaisir à voir. Tu prendras un peu de lapin? »
« Heu...Non désolé, pas au réveil. Mais j'ai une petite question : Normalement, cette forêt réunit pas mal de monstres mais je n'ai eu aucun problème et vous non plus. Vous avez même réussi à chasser ! » s’écria le jeune homme avec entrain.
« Tu ne m'as donc pas écouté? Enfin bon, tu n'étais pas en bon état hier. Prends donc ce morceau de pain et cette eau. Ils sont aussi frais que ceux d'hier. Je vais donc t'expliquer quelques principes si tu le désires. »
L'ombre encapuchonnée se releva avant de se mettre à marcher en rond autour de Tery qui la regarda faire en écoutant d'une oreille distraite. Il dévora avec appétit le mini-repas, se disant que cela n'allait pas le remettre d'aplomb mais au moins lui remplir l'estomac pour les prochaines heures. Il était toujours aussi insouciant par rapport à cette histoire. L’être prit la parole avec lenteur, comme pour chercher à s’exprimer correctement :
« Alors … Par quoi je peux commencer ? Et bien … Disons que c’est de la magie, n’est-ce pas ? Je suis capable de créer une zone telle que les odeurs qui émanent de nos corps sont transportées par le vent ailleurs. Ainsi, les créatures et autres monstres qui tenteraient de venir vers nous seront alors attirés ailleurs et nous serons en sécurité. Est-ce que cela te convient ? Ou non ? J’ai essayé de faire simple. »
« Et c’est tout ce qu’il y a à savoir ? » demanda le jeune homme sans réellement s’intéresser à ce qui venait de se dire. La personne encapuchonnée haussa les épaules, répondant :
« Et c’est tout. Rien de bien spécial, n’est-ce pas ? »
« Alors, ça me suffit amplement ! Je n’ai pas besoin d’en savoir plus !
Il finit son morceau de pain, passant un doigt sur ses lèvres pour retirer une miette. Il remarqua enfin la dague qui était posée à quelques centimètres de lui tandis que l'ombre lui tournait le dos. Il se releva en tenant l'objet entre les mains, l'observant sous toutes les coutures : Une dague tout ce qu'il y avait de plus normale mais dont la lame brillait, signe qu'elle était de bonne qualité. A part ça, rien de bien spécial. Il s’adressa à la personne :
« Hey, vous avez fait tomber votre arme. »
« Ceci est ton arme maintenant... C’est Tery, ton nom, n’est-ce pas ? »
« C’est bien ça et le vô... Mais attendez un peu ! Je ne veux pas de votre dague ! Je n'ai pas besoin de cet objet ! »
Il jeta l'objet au sol d'un geste rageur avant de croiser les bras : Il avait quitté son village car il ne voulait pas utiliser d'armes ou de magie justement ! Et cette personne, bien qu'elle lui ait sauvé la vie, tentait maintenant de lui donner une arme ?! L'ombre encapuchonnée se retourna, un petit sourire aux lèvres :
« Et pourquoi tu n'aurais pas besoin de cette chose? Quitter la forêt sans arme sera très difficile. Peut-être devrais-je t'abandonner en ce lieu et voir comment tu te débrouillerais sans moi ? Qu’est-ce que tu en penses ? Ce n’est pas une bonne idée ?
« Ah ! Mais c'est du chantage ça ! Je ne marche pas ! » s’écria t-il, croisant les bras.
« Soit, alors adieu. » termina de dire la personne recouverte par sa cape brune.
Alors qu'il n'y eut aucun cri autour de lui, ce fut le cas après une dizaine de secondes. Il se redressa, se retournant pour voir son sauveur. Profitant de sa confusion, l'ombre encapuchonnée s'était enfuit sans lui laisser le temps de parler. Il se sentait mal, très mal et il reprit la dague, celle-ci se mettant à trembler en même temps que sa main droite. Une branche qui se brisait, un souffle dans son dos alors qu'il s'avançait à travers les arbres et voilà que tout ses sens étaient déjà en éveil. Il n'avait pas peur, il n'était pas de ce genre mais cette ombre, était-ce un ennemi ou un ami ? Il ne savait pas mais quel enfoiré de l'avoir abandonné ici. Il releva subitement son regard : Il n'avait pas rêvé ! Il en était sûr ! Quelque chose ou quelqu'un se trouvait dans les arbres ! Ou alors, était-ce tout simplement son imagination ? A gauche, aucun danger. A droite, il en était de même. Derrière lui, il n'y avait aucune présence alors il lui suffisait de toujours avan...
« BOUH ! » s’écria subitement une voix en face de lui.
« AHHHHHHHH ! » hurla t-il aussitôt, apeuré par ce qu’il venait de voir.
La dague fut jetée en l'air tandis qu'il tomba sur les fesses en voyant l'ombre encapuchonnée à cinq mètres de lui. Même de là, il n'arriva pas à voir les détails de la personne qui se tenait devant lui. Cette foutue ombre avait la tête à l'envers et sa tenue ne tombait pas malgré la gravité. Encore de la magie ? Il tenta de reprendre ses esprits, marmonnant :
« Non mais t'es complètement dingue ! C’est quoi ça ?! »
« Tu ferais mieux de te taire si tu ne veux pas avoir de problèmes. Récupères la dague et suis-moi. Je vais nous emmener ailleurs. Ça sera bien mieux que de rester ici. »
« Non. » répliqua le jeune homme sèchement, visiblement en colère.
« Qu'est-ce que tu as dit ? Tu peux répéter pour voir ? J’ai cru mal entendre. »
L'ombre encapuchonnée atterrit sur le sol avec un petit rire. Cela avait été assez drôle de voir la réaction du jeune homme lorsqu'elle était apparue devant lui. Mais maintenant, il valait mieux qu’il arrête de refuser sinon, tout allait très mal se finir. Tery restait assis sur le sol, les bras croisés au niveau de son torse. Les yeux plissés, il reprit :
« Je n'ai pas d'ordres à recevoir de ta part. Je ne te connais pas, tu ne me connais pas. C'est tout ! Merci pour ce que tu as fait mais c’est bon, maintenant, on n’a plus rien à voir ! »
« Tu ne me laisses pas le choix. Et dire que tu as le même âge que moi, je n'arrive pas à croire que j'ai affaire à un gamin mais bon, nous sommes tous de grands enfants n'est-ce pas? Accroche-toi, ça va faire mal ! »
Une aura brune entoura légèrement le corps de l'ombre encapuchonnée avant que des morceaux de terre ne se mettent à sortir du sol. Il se releva, inquiet par ce qu'il voyait : Qu'est-ce qu'elle comptait faire ?! Il n'eut pas le temps de réagir que le poing recouvert d'une protection de pierre vint le frapper au ventre. Il pouffa sous le coup avant de s'évanouir aussitôt. Il n'avait pas de force physique ni de magie, il n'était qu'une simple chenille sous forme humaine. L'ombre encapuchonnée poussa un profond soupir avant de murmurer :
« Ce n'est pas possible d'être aussi borné que ça. Néanmoins, tu vas devoir m'accompagner puisque j'ai besoin d'un compagnon. Et dire que je débute moi-même par rapport au monde extérieur, je n'arrive pas à croire qu'il y ait tant de différences. »
Elle le réceptionna avant qu'il ne tombe en arrière. Ce n'était pas une chose très difficile d'après les dires de celui qui l’avait envoyé, il valait mieux être plus prudent. Il avait parlé de trouver une personne dans la forêt avoisinant le village de Leskar qui serait là pour l'épauler. L'Oracle ne se trompait jamais dans ses prédictions mais quand même, pourquoi l'avoir envoyé là-bas? L'ombre sourit tandis qu'elle soulevait Tery sans ménagement.
« Mais c'est quoi ce BORDEL ! » s’écria le jeune homme en rouvrant les yeux, regardant où il se trouvait. C’était quoi cet endroit ? Des colonnes de marbre brisées en plusieurs morceaux sur le sol herbeux, des murs à moitié détruits mais aussi des cadavres de gnomolds un peu partout … Il se trouvait où ? Il entendit la voix de l’être encapuchonné, s’adressant à lui d’une voix énervée comme à son habitude :
« Ah? Tu es enfin réveillé ? Il était temps ! Tu as encore dormi tout le trajet. »
« Mais pourquoi je suis ligoté ? Et pourquoi on est dans un temple super louche et surtout POURQUOI il y a des gnomolds morts autour de MOI ? »
« Car nous sommes dans le temple où se trouve le médaillon que je devais récupérer. Est-ce que tu as d'autres questions ou est-ce qu’on peut y aller ? » demanda la personne dont il ne savait guère si elle était une amie ou une ennemie.
L'ombre encapuchonnée avança tranquillement dans le temple en ruines autour d'eux. Il y avait plusieurs tas de gravats qui jouxtaient l'endroit où ils se trouvaient. Des cris d'animaux en colère se firent entendre … mais était-ce réellement des animaux ? Tery était attaché et ligoté par une corde qui se tenait toute seule dans les airs comme animée par une main invisible tandis que l'ombre lui tournait le dos comme à son habitude. De nombreuses flèches partaient du corps de l'ombre sans qu'il ne puisse voir l'arme : Etait-ce un archer ? Elle se tourna vers lui avant de reprendre la parole :
« Est-ce que tu es décidé à m'aider ? J'ai besoin d'un allié pour prendre le médaillon qui est gardé par un chef de clan mineur de Gnomolds. Ils seront beaucoup trop nombreux pour moi seul alors autant me donner un coup de main. Après ça, je te libère et tu pourras faire ta vie comme tu le désires. C’est un bon marché n’est-ce pas ? »
« Je ne sais pas utiliser d'armes ! » répondit-il avec véhémence.
« Et la magie ? » demanda t-elle aussitôt, semblant n’en avoir que faire des cris du jeune homme, se rapprochant de lui. Il était temps qu’il parle.
« C'est pareil ! Je ne sais rien faire car je ne veux rien faire en rapport avec ces foutus trucs ! C’est bon ? Tu peux me libérer maintenant ? »
« Où est ton tatouage ? » questionna une nouvelle fois la personne encapuchonnée.
« Tu crois que je vais te le dire ! Je ne suis peut-être pas doué au combat mais je sais bien qu'il ne faut jamais révéler l'emplacement de son tatouage car c'est là que se focalise notre point vital et principal ! »
«Tu n'es pas aussi bête que tu en as l'air hihi. » termina t-elle de dire.
L'ombre encapuchonnée rigola avant que deux créatures au bonnet rouge ne fassent leur apparition dans son dos. Sans plus attendre, elle se retourna à nouveau, faisant apparaître deux pieux de glace au bout de ses paumes. Quelques secondes plus tard, les pieux s’étaient plantés dans les corps des Gnomolds qui tombèrent en arrière, morts sur le coup.
« Mais tu n'as pas besoin de moi vu comment tu te débrouilles ! Libères moi au lieu ! »
« Puisque c'est ton choix. » marmonna l’autre personne avec lenteur.
La corde qui le ligotait tomba au sol avant de disparaître. Encore un tour de magie. L'ombre ne savait que se battre comme ça ou quoi ? Il se frotta les bras, les observant longuement. Il allait garder ces marques pendant quelques heures mais au moins, il était libre.
« Bon, je te laisse et je ne te remercie pas pour ce que tu viens de me faire ! »
Il s'éloigna avant que des grognements ne se fassent entendre dans son dos ainsi que des cris humains. Ce n'était pas des cris de détresse mais plutôt de guerre. Maintenant qu'il y réfléchissait, même avec le son de sa voix, il ne savait pas si c'était une femme ou un homme qui l'avait sauvé. De toute façon, au final, il s'en fichait pas mal. L'ombre n'avait pas besoin de lui et il avait décidé de ne pas se mêler de ça !
Quelques minutes plus tard, il était de retour tandis que la cape de la personne était légèrement trouée, signe que des projectiles avaient été envoyés sans réussite envers elle.
« On se rapproche. Tu as donc décidé de venir me rejoindre ? » demanda la personne encapuchonnée en se tournant vers lui.
« Non ! Mais j'ai une question : Tu peux m'indiquer la sortie ? » dit-il avec lenteur.
Quelques secondes où le temps s'était arrêté : Il ne blaguait pas. Il ne connaissait pas la sortie de ces foutues ruines. En fait, c'était pire que ça : Il ne savait même pas où il était ! Puis un puissant rire cristallin sortit de l'ombre encapuchonnée qui tentait de se contrôler, bafouillant dans ses paroles comme à la recherche de son souffle :
« Tu es vraiment un cas Tery ! Restes près de moi et ne t'éloignes pas. Je m'occupe du médaillon et ensuite, on sortira des ruines tout les deux. Ca te convient comme marché ? »
« Est-ce que j'ai vraiment le choix ? Je devrais me battre ? »
«Non et c'est à toi de voir mais c'est dommage de ne rien savoir faire de ses deux mains. Tu es comme un bébé qui apprend à marcher. Tu es sûr de ne pas vouloir ma dague ? » questionna t-elle en lui tendant une nouvelle fois l’arme de courte taille.
« Je t'ai déjà répondu à ce sujet : Je ne veux pas me battre! Et je ne sais pas me battre ! Et je ne sais pas utiliser de magie ! Et je ne sais pas de quel élément je suis ! » dit-il avec appréhension, un peu énervé comme à son habitude depuis qu’il était avec cette personne.
« Au moins, on a un point en commun : Je ne sais pas de quel élément je suis non plus. C'est pourquoi j'utilise tous les éléments ! Dès que nous sommes sortis de là, on prendra un peu de temps pour t'apprendra les bases. Voilà tout ! »
« Mais TU ME GONFLES! Je t'ai dit que... » commença t-il à parler avant d’être coupé.
« Tu ne voulais pas te battre mais pas ne pas apprendre les sorts élémentaires. » termina t-elle de dire sur un ton amusé par la situation.
Il allait ouvrir la bouche mais il préféra se taire pour éviter de proférer des insultes. Cette ombre... Elle arrivait à l'énerver trop facilement et ce n'était pas bon. Il n'aimait pas être pris pour un imbécile mais elle avait réussi là où peu de gens y arrivaient : le mettre en colère pour des futilités. Il maugréa avant de se mettre à suivre la personne qui continuait de tracer son chemin à travers les ruines comme si elle savait où se rendre. Pourtant, subitement de derrière une ruine imposante, un gnomold se jeta sur elle, une masse à la main. Un coup vint la frapper au niveau du crâne, l'envoyant contre une ruine tandis que la dague tombait au sol à plus de trois mètres de l'ombre.
« Erk erk erk. T'étais venu pour prendre ça n'est-ce pas ? »
Ah ! Il ne l'avait pas remarqué! L'homme aux yeux émeraude se cacha derrière une ruine, jetant un oeil à la créature qui venait de frapper l'ombre. La créature avait un bonnet bleu sur son crâne qui était dégarni, deux pics sortant de son dos, une masse en fer dans la main droite ainsi qu'une rondache dans main gauche. Il était possible de voir un petit médaillon qui brillait d'une lueur brune autour de son cou, une pierre de même couleur incrusté à l'intérieur. Du Gnomold, il en avait l'apparence sauf qu'il mesurait bien un mètre vingt-cinq de hauteur et semblait avoir plus de muscles et d'intelligence que ces congénères.
« Trop d'humains sont venus pour lui erk erk erk. Je sais pas ce que tu es mais tu vas les rejoindre ! » s’écria le monstre en s’approchant du corps qui semblait inanimé.
L'ombre encapuchonné ne bougeait plus : Etait-elle évanouie ? Si c'était le cas, il ne pouvait plus rien pour elle et il valait mieux s'enfuir mais bon... Ce n'était pas vraiment son genre non plus de s'enfuir, du moins pas quand il avait une dette de cette importance. Mais pourquoi devait-il se battre ? Ce n’était vraiment pas son truc ! Il s'approcha en catimini vers la dague qui était tombée au loin du chef de clan Gnomold et de l'ombre. Il devait la serrer, la tenir bien en main et s'approchait de la créature. Il commença à courir à toute allure vers le gnomold. Un seul coup dans la tête et c’en était terminé ! C’était comme ça !
« CREVE SALE BÊTE ! » hurla t-il de toutes ses forces, le gnomold se retournant :
« Nierk ? Un autre humain ! Erk erk erk. Ca va être chouette. Deux fois plus de nourriture ! »
La lame de la dague vint frapper la masse du Gnomold qui s'était retourné pour être en face de Tery. Dieu qu'il était laid, surtout quand il se mit à sourire avec ses nombreuses dents en moins. La masse se leva en même temps que la dague, la tête du Gnomold venant se loger dans le ventre du jeune homme aux cheveux bruns qui fut envoyé au loin. Il roula pendant quelques secondes avant de gémir de douleur : Voilà pourquoi il ne voulait pas combattre ! Il n'aimait pas souffrir, il n'aimait pas du tout ! Pourquoi s'était-il permis de croire qu'il pouvait faire quelque chose contre un chef de clan Gnomold même mineur? Ces monstres même si faibles étaient bien plus doués au combat que lui. Mais il ne pouvait pas abandonner l'ombre, c'était un principe simple comme le monde ! Si quelqu'un t'avait sauvé la vie, tu devais sauver la sienne ! Il se releva, il n'avait pas si mal que ça, il était encore capable de se battre. Tenant la dague à la main d'une manière qui montrait son absence d'utilisation habituelle dans cette arme, il se positionna pour faire face au Gnomold.
« T'as l'air de tenir un peu mieux les coups que l'autre erk erk erk! Ranges ton arme, tu vas te couper ! » s’égosilla le gnomold avec amusement.
« Parles pour toi tête de Glumarx ! » répondit aussitôt Tery.
Il avait fait mouche : Le visage du chef de clan Gnomold prit peu à peu une teinte rouge, signe qu'il allait exploser de colère avant de proliférer des insultes à tout va. Tery ferma ses yeux avant de les ouvrir aussitôt : Se concentrer et ne pas écouter les insultes, seulement se préoccuper de la créature qui allait courir à toute allure vers lui. Ses deux jambes tremblaient, signe de son anxiété. Ca s'annonçait mal, très mal. Mais … Il n’avait pas vraiment le choix hein ? Il n’avait jamais combattu de toute son existence ! Alors pourquoi est-ce qu’il devait le faire maintenant ?
« Je vais te faire regretter le jour où tu as proféré ces paroles, sale humain ! »
« Parle toujours, tu ne m’intéresses pas ! Laisse-moi tranquille et dégage de là plutôt ou sinon, je risque de te faire mal ! C’est compris ?! »
Lui faire du mal ? Il n’arrivait même pas à s’enfuir ! Si ce gnomold savait qu’il n’arrivait pas à se battre, non, qu’il ne s’était jamais battu, c’était fini pour lui. La seule chose qu’il pouvait faire, c’était passer le temps pour que l’ombre se réveille et en termine avec le gnomold. Car lui de son côté …
« NE T’AVISE MÊME PAS DE T’ENFUIR SALE HUMAIN ! »
« Tu crois vraiment que je vais t’écouter ou quoi ?! » répliqua-t-il aussitôt, faisant quelques pas en arrière. Ça ne servait à rien de se battre. Rien du tout ! Il n’arriverait pas à battre le gnomold s’il restait là. Il valait mieux courir dès maintenant ! Il se retourna avant de bondir en avant, voulant mettre le plus de distance entre lui et le gnomold. Celui-ci ne tarda pas à réagir, courant à son tour pour venir le rattraper.
« Arrête un peu de bouger que je t’assomme et te lapide morceau par morceau ! »
Hors de question ! Il n’allait pas se laisser faire de la sorte ! Il devait se cacher derrière une ruine ! Mettre le plus de distance avec le gnomold avant qu’il ne l’attrape ! C’était plus facile à dire qu’à faire, il n’était pas adepte des courses d’endurance ou des sprints !
Ah … Ah … Ah … Il devait se reposer. Adossé contre un mur à moitié détruit, il reprenait son souffle, serrant avec force la dague. Pourquoi est-ce qu’il faisait tout ça ? Pourquoi ? Si cette personne encapuchonnée lui avait sauvé la vie, c’était bien pour qu’il continue à vivre non ? Alors chercher le combat avec ce chef gnomold, ce n’était pas du tout une bonne idée.
« Où es-tu petit petit petit ? Montre toi donc … »
Gloups … Le Gnomold se rapprochait peu à peu de lui. Ce n’était pas bon, pas bon du tout. Il ne devait pas stresser … Ce n’était pas bon. Il devait garder son calme et … ne pas faire de bêtises. Il entendait les bruits de pas qui avançaient au fur et à mesure des secondes qui s’écoulaient. Gloups … Il devait réagir … Réagir et vite ou sinon, il …
« AH ! TE VOILA ! Hein ? Comment ça ? » dit le Gnomold, bondissant sur le côté, sa masse à la main avec un sourire de vainqueur. Sourire qui disparut lorsque le jeune homme n’était pas présent devant ses yeux. Il était sûr pourtant … de l’avoir senti ici. Il reprit : « Nierf … Pas normal ça … Pas normal du tout même … Si t’es pas de ce côté … Ca veut dire … QUE TU ES DE L’AUTRE ! »
Mais encore une fois, rien du tout. Pourtant, il en était sûr ! Il entendait des bruits de pas ! Il était là ! Il voulait s’amuser à changer de côté tandis qu’il passait de l’autre ? Il n’était pas comme ça ! On ne se moquait pas de lui ! D’un geste rageur, il frappa de sa lourde masse dans le mur, celui-ci s’écroulant en morceaux. La destruction du mur laissa paraître le jeune homme, surpris par un tel geste.
« Alors ? On essayait de se cacher hein ? Fini de s’amuser ! Je vais t’apprendre à m’insulter de Glumarx, saleté d’humain ! »
« Je ne fa … Je ne fais que dire la vérité à ton sujet ! » reprit le jeune homme, tremblant en tenant sa dague à la main.
Bon … Se calmer et se concentrer … Son petit jeu était terminé. Ça n’avait pas duré cinq minutes mais visiblement, cela avait suffi à énerver le gnomold. Bon … Qu’est-ce qu’il devait faire ? Quand est-ce que l’autre personne allait se réveiller ?! Il n’allait pas l’attendre trop longtemps non plus hein ! Il était mal barré … Il n’allait quand même pas devoir … se battre hein ? NON ! Ce n’était pas possible !
« C’est pas dans mes cordes ça ! »
« A qui est-ce que t’es en train de parler, l’humain ? » demanda le gnomold. « Enfin, je m’en fous … Maintenant que tu n’as plus d’endroit ou te cacher, c’est foutu pour toi ! »
Il le savait bien que c’était foutu ! Il n’était pas bête non plus mais … mais … Ah … Il devait garder son calme … Ca ne servait à rien de s’apeurer. Mais il était dans de beaux draps !
chapitre 3
Chapitre 3 : Un médaillon bien spécial
« Alors ? Alors ? On a décidé d’arrêter de courir ? Héhéhé … T’as bien fait … T’inquiète pas … Je ne te ferai pas mal … enfin pas trop ! »
Oui mais … Il n’était pas convaincu du tout. Vu l’épaisseur du monstre et son obésité … Est-ce qu’il pouvait essayer de courir à nouveau ? Ainsi, il pourrait alors l’épuiser plus que nécessaire et ça permettrait de retourner chercher la personne encapuchonnée, de la récupérer et ensuite de s’enfuir avec. Oui … C’était une excellente idée ! Il allait faire ça !
« Ne t’avise même pas de recommencer … » grogna le gnomold, comprenant ce qu’il tentait de faire. Le jeune homme sprinta en arrière. Il avait aussi une seconde idée … Jouer sur l’aspect psychologique … Car si il se rappelait vers où il se dirigeait. Peut-être que là … Il aurait alors une chance de s’en sortir. Ou alors, si il arrivait à mettre de la distance avec le gnomold, ça serait encore mieux mais là … Il ne fallait pas rêver.
Combien de temps allait-il garder cette allure ? Le monstre était-il vraiment aussi endurant que ça ? Cela faisait déjà bien une dizaine de minutes qu'il courait à travers les ruines, passant à côté des nombreux cadavres des congénères du gnomold qui le poursuivait. Visiblement, il voulait jouer sur la découverte de la mort des membres de sa tribu. Un cri de colère arriva dans son dos tandis qu’il se retournait pour voir le gnomold furieux :
« Ah mais c'est TOI le SALOPARD qui a fait ça ! Je vais t'étriper ! Ou alors c'est ton ami ? Je m'en fous, je vais vous tuer tous les deux ! Ah non, je vais faire mieux ! Je vais aller m'occuper de ton ami évanoui au loin. »
« Ce n'est PAS mon ami ! » répliqua le jeune homme en colère.
« Alors tu vois aucun problème à ce que j'aille le tuer maintenant ? » annonça le gnomold, souriant de toutes ses dents ou du moins de celles qui lui restaient.
Les deux personnes s'étaient arrêtées de courir. Tery reprit son souffle en se retournant : Voilà que le Gnomold se tenait là, heureux et fier de son idée. Puisque cet humain ne faisait que s'enfuir, autant aller s'occuper de celui qui était inconscient par ses soins. L'homme aux cheveux bruns poussa à son tour un cri de colère avant de courir vers le Gnomold qui semblait surpris par sa réaction : Il allait enfin combattre ?!
Il ne pouvait pas l'abandonner ! Il ne pouvait pas laisser l'ombre toute seule ! Mais quand est-ce qu'elle allait se réveiller ? Il ne savait pas combien de temps durait une inconscience ! Il devait néanmoins tenir le plus longtemps possible mais avec ces nombreuses courses, il était déjà fatigué. Ne pas montrer qu'il était épuisé et tenter le tout pour le tout en attaquant. La lame de sa dague percuta la masse de fer du Gnomold avec toute la force qu'il avait avant qu'il ne se mette à donner des coups au hasard et dans le vide.
Cet humain ne savait pas se battre ? Vu la façon dont il frappait avec la dague, il se posait des questions qui disparaissaient aussi vite qu'elles étaient venues. Il n'avait pas à s'en faire si son adversaire était aussi pathétique que ça mais méfiance, rien n'était sûr. Il positionna sa rondache pour parer l'un des coups de la dague. La lame de celle-ci pénétra le bois du bouclier circulaire. Voilà ce qu'il appelait se battre : Défendre et contre-attaquer aussitôt ! Sa masse vint se loger une nouvelle fois dans le ventre de l'humain, celui-ci tombant à genoux, poussant un râle de douleur.
Mal ! Ca faisait sacrément mal ! Il tint avec difficultés la dague dans sa main droite, sa main gauche posée sur son ventre. Heureusement qu'il n’avait pas grandement mangé sinon il était bon pour recracher son repas. Il observa de ses yeux verts la créature qui poussait des petits ricanements : Elle était contente de son résultat cette garce ! Il fallait lui rendre la monnaie de sa pièce avant qu'il ne soit trop tard. Alors que la masse de fer allait venir le frapper à la tête pour l'envoyer dans le royaume des morts ou au minimum de l’inconscience, il s'avança subitement, dague en avant. La lame de l'arme pénétra à travers la peau épaisse du Gnomold, celui-ci lâchant sa masse par surprise.
Cet homme ?! CET HOMME ?! Il avait profité du fait qu'il pensait qu'il était aussi faible pour attendre le bon moment pour planter sa dague en lui ?! SALOPARD! C'était vraiment d'une bassesse sans normes et il allait lui faire payer ! Dès l'instant où Tery retira la lame de sa dague, plus apeuré qu'heureux par la situation, la rondache le frappa à la tête avec colère.
« SALETE ! Fini de rire et de plaisanter ! Tu m'as bien eut sur ce coup stupide humain ! Je ne pensais pas que tu étais capable de te battre mais puisque tu viens de me blesser... »
Il ne finit pas sa phrase, de la bave coulant de ses lèvres tandis que Tery était à nouveau à terre. Combien de temps cela allait-il durer ? L'homme aux yeux verts ne savait pas mais il n'allait plus tenir très longtemps. Il avait senti sa lame s'étant bien logée dans le corps du Gnomold alors pourquoi celui-ci ne ressentait-il pas la douleur? Etaient-ils si différents l'un de l'autre ? Sauver l'ombre encapuchonnée, c'était une bonne chose, il était un peu fier de son acte mais LUI, qui allait le sauver ? Il se releva avec une légère difficulté dans le geste. Le Gnomold avait une légère blessure au niveau du torse gauche. Une entaille dont s'écoulait du sang à cause de son attaque. Il avait réussi à faire ça avec cette dague ? Il n'était peut-être pas si mauvais et se repositionna correctement avec un petit sourire : Peut-être qu'il pouvait tuer ce gnomold ? Cela serait le premier pas de son existence en tant qu'adulte et peut-être que son tatouage allai t... Mais qu'est-ce qu'il se racontait ?
« Ah ! Mais... Mais... » balbutia le jeune homme sans comprendre.
Ses pieds tremblèrent soudainement avant qu'il ne s'écroule au sol. Ses jambes ne répondaient plus ! Ce n'était pas normal ! Maintenant qu'il y réfléchissait, il n'avait que des petites blessures causées par la masse de fer du Gnomold mais... Il regarda d'un air apeuré la créature qui arrivait vers lui, celle-ci se mettant à ricaner :
« Erk erk erk ! T’as enfin compris ? Je n'ai pas cherché à te tuer avec mes coups ! Je voulais simplement te frapper à certains endroits de ton corps pour t'empêcher de trop bouger. Tu es tombé dans mon piège petit humain. Ton misérable coup n'est rien comparé à ce que je vais te faire subir héhéhé ! »
Le Gnomold s'avança vers lui tandis que le jeune homme reculait en se traînant avec ses deux mains : De la peur, il était passé à la terreur. Qu'est-ce qu'il s'était mis à penser il y a quelques secondes ? Qu'il allait pouvoir battre un Gnomold tout seul ?!C'était complètement stupide ! Il ne pouvait pas battre un chef Gnomold aussi facilement ! Et voilà qu'il allait mourir une journée après son anniversaire ! Ce n’était vraiment pas de chance. Mais pourquoi n'était-il pas resté dans son village ? POURQUOI ? Il sera sa dague dans sa main droite, donnant des coups dans le vide pour empêcher le chef Gnomold de s'approcher de lui. Il ne voulait pas mourir ! Il ne voulait absolument pas mourir aujourd’hui ! Il était trop jeune pour ça ! Il avait encore toute sa vie devant lui !
« Lâches donc cette arme, elle te sera inutile là où tu vas. » dit le gnomold, frappant dans sa main avec sa masse pour bien lui montrer ce qui l’attendait.
Fini de rigoler, il pouvait tout donner maintenant! Il avait récupéré sa masse de fer et venait fracasser la main droite de Tery. Plusieurs craquements sinistres, la dague vola en éclats tandis que les doigts de l'homme aux cheveux bruns étaient maintenant brisés, celui-ci roulant sur le sol en criant de douleur. Sans arme, sans défense, sans magie, il n'était rien, rien du tout. Pourquoi ne savait-il pas utiliser la magie? Pourquoi avait-il évité de suivre les cours pendant toutes ces années ? Il le regrettait presque ! Il sanglota, chose normale quand on savait qu'on allait mourir dans quelques instants.
« Et puis zut héhéhé ! Attends un peu, ça sera encore plus drôle ! Tu voulais sauver l'autre humain n'est-ce pas ? Ne bouges pas d'ici ! » s’écria le gnomold.
Il sauta sur le ventre de Tery qui gémit de douleur avant que la masse de fer ne s'abatte sur ses deux genoux et sa main gauche encore indemnes. Non, ce n'était pas comme avec le dernier coup qu'il avait donné, c'était différent. Il ne sentait plus rien, plus rien du tout, comme si les nerfs de ses muscles ne répondaient plus. Qu'est-ce qu'il venait de faire ? Le chef de clan mineur Gnomold s'éloignait en ricanant. Tery ne pouvait plus bouger depuis ces coups et vu l'humeur sadique du Gnomold, il n'allait pas se gêner pour le faire souffrir psychologiquement. ZUT ZUT ZUT ! Il devait se débattre et bouger ! ALLEZ ! Que son corps lui réponde ! Il pouvait lever la tête … mais pas le reste … Il était … paralysé ?
Pourquoi ? Pourquoi le Gnomold l’avait-il abandonné ? Qu'est-ce qu'il avait en tête ?! Il avait parlé de l'ombre encapuchonnée mais c'était quoi son idée ? Il ne pouvait plus bouger, seulement se tenir sur son épaule droite puisque le reste de son corps ne répondait plus. Son épaule droite … Ah … Ah … Quelques minutes après, le Gnomold revenait en traînant le corps inanimé de l'ombre encapuchonnée dans sa main gauche. Sa rondache était attachée à son dos tandis qu’il présentait l’être dans sa cape brune à Tery, lui disant :
« C'est pour ça que tu as osé te battre contre moi héhéhé ! Ou alors le médaillon t'intéressait aussi ? Mais personne n'aura ce médaillon ! PERSONNE ! Vous êtes trop faibles pour ça ! »
« Mais je m'en fous du médaillon, je voulais simplement rendre service à cette personne ! De toute façon, puisqu'on est entre nous, t'as vraiment une sale trogne ! Tu as déjà pensé à te laver un jour ? Non, je ne crois pas ! Je suis sûr que tu ne sais même pas ce que c’est l’eau ! » répondit aussitôt le jeune homme, encore enclin à riposter verbalement.
« Tu as toujours une grande gueule pour quelqu'un au sol et qui ne peut plus bouger ! De toute façon, je vais te régler ton compte avant celui de l'autre puisque tu désires tant mourir. »
C'était bien l'unique chose qu'il pouvait encore faire pour donner un peu de répit à la vie de cette ombre. Mais qu'est-ce qu'elle avait voulu faire ?! Il ne comprenait pas les raisons de sa présence ici, il ne savait pas à quoi servait ce médaillon et il s'en fichait pas mal. Il allait rembourser bien trop tôt sa dette de envie envers l’ombre encapuchonnée. Vie qui allait bientôt disparaître à cette allure. La créature se rapprocha de lui tandis qu'il mettait sa main droite cassée devant son visage, un rictus de douleur peint sur ses lèvres.
« Je pense qu'il est temps de mettre un terme à ça. Fini la mascarade. »
L'ombre encapuchonnée se releva sans aucun souci tandis que Tery l'observait avec étonnement. La cape ne se releva que très peu avant que cinq flèches viennent se planter dans le dos du Gnomold qui poussa un hurlement de colère. Il se retourna, furieux. Elle n'était donc pas évanouie depuis tout ce temps ? Qu’est-ce que ça voulait dire ?
« Vous êtes tous plus fourbes les uns que les autres ! » s’écria le gnomold.
« Je dirais simplement que c'est une tactique comme une autre. Tery, fermes les yeux et tente de t'éloigner, ça va faire mal bientôt. » dit la personne recouverte par la cape brune.
« MAIS JE NE PEUX PAS BOUGER ! » s’écria le jeune homme.
« Hein? Oh oh... Ca, par contre, ce n’était pas prévu. ATTENTION ! »
L'ombre encapuchonnée poussa un petit cri tandis que les cinq flèches plantées dans le dos du Gnomold se mettaient à s'illuminer de cinq couleur différentes : Rouge, vert, bleu, brun et jaune. La créature gémit de douleur avant de crier comme une damnée. L’ombre courut en direction de Tery pour se retrouver à sa hauteur. AH ! Il arrivait enfin à voir son visage : Un visage entièrement caché par un masque blanc avec un sourire dessus. Seuls deux yeux saphir étaient visibles, deux yeux exprimant l'inquiétude de la situation. Une main gantée de rouge l'empoigna subitement avant de le soulever tandis que le chef de clan Gnomold semblait être pris de soubresauts, son corps gonflant sur de nombreuses parties.
Quelques secondes plus tard, ils étaient déjà éloignés à une dizaine de mètres avant qu'une explosion ne se fasse entendre dans les ruines. Lorsqu’ils jetèrent un regard vers l’origine de l’explosion, ils purent constatés l’ampleur des dégâts. Le corps du Gnomold n'était plus que résidus de chair et de morceaux tombés au sol. L'ombre encapuchonnée déposa Tery sur le sol avant de se diriger vers là où se trouvait les restes du Gnomold. Elle se pencha légèrement pour récupérer le médaillon pour lequel elle était venue avant de retourner auprès de Tery. Elle n'était plus qu'à quelques mètres de lui avant que son pied droit ne s’empêtre dans sa cape, la faisant tomber au sol. Le médaillon quitta sa main, atterrissant non-loin du jeune homme qui était stupéfait. Cette ombre, c'était quoi exactement ? Le masque blanc était tombé et rapidement la main droite vint le récupérer pour le positionner à nouveau sur son visage. Il reprit avec entrain :
« Ah ! Cela m'apprendra à être trop excité par cette nouvelle. On a réussi Tery ! On a récupéré le médaillon de Tarka. Enfin une bonne nouvelle ! C’est le premier d’une longue série ! »
« Tu portes un masque car tu es un bouffon ? Du moins, vu tes gestes et tes réactions, je me demande si ce n'est pas le cas. » annonça le jeune homme aux cheveux bruns, n’arrivant toujours pas à bouger à cause de la paralysie.
« Ce n'est pas très gentil de ta part ! Surtout envers la personne qui t’a sauvé la vie. »
L'ombre encapuchonnée poussa un léger rire avant de se rapprocher de lui, récupérant le médaillon. Elle se mit à genoux devant lui, le jeune homme étant couché sur le sol. Rien à faire … Son corps ne lui répondait pas, sauf les doigts de sa main droite … Sauf qu’ils partaient dans tous les sens. Lentement, elle sortit ses deux mains gantées de rouge pour prendre celle aux os brisés de Tery. Elle appuya sur chacun des doigts comme pour les étudier, le jeune homme commençant à hurler :
« AIE ! OUILLE ! MERDEEEEEEEE ! Mais arrêtes, ça fait mal ! MAIS TU M'ECOUTES ?! ASSEZ ! Qu’est-ce que je t’ai fait ? »
« Ce que tu peux être douillet quand tu le veux, tu es vraiment un enfant mais bon...Merci sinon. » répondit la personne masquée de blanc, recommençant à triturer ses doigts.
« Hein? AIEEEEEE ! De quoi ? S'IL TE PLAÎT ! Ah … ah … C’est ... fini … »
Elle retirait enfin ses deux mains gantées avant de faire apparaître une petite sphère blanche autour de sa main droite. Une sphère qui recouvra intégralement la main cassée de Tery, ses doigts se remettant en place, les petites blessures disparaissant les unes après les autres. Lentement, il bougeait l'index de sa main droite puis le reste de ses doigts : Parfait ! Il pouvait tous les bouger ! OUILLE ! Ca faisait quand même un peu mal !
« Et bien, tu es venu m'aider alors que j'étais évanoui à cause du Gnomold. En plus, tu as utilisé une arme pour me sauver, tu t'es même battu ! Et dire que tu disais que tu ne pouvais pas te battre, tu vois bien que c'est possible ! » reprit la personne masquée de blanc, le sourire du masque semblant définir son émotion du moment.
« Ne me prends pas la tête, j'ai compris ton manège ! »
« Quel manège ? Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Fais attention à ne pas trop bouger quand même. Ce n’est pas parce que j’ai réparé tes doigts que tu es complètement soigné. On a quand même eut de la chance, ce n’était pas si grave que cela hein ? »
« Tu n'étais pas inconscient, tu pouvais facilement le tuer quand tu le voulais et tu m'as laissé faire le boulot à ta place ! » s’énerva t-il, ne semblant pas s’être intéressé à ce que la personne en face de lui venait de dire à son sujet.
« En fait...Comment dire : Tu vois, dans la vie, il y a des hauts et des bas. Toi, tu étais en bas et je devais te remonter des abysses dans lesquels tu t'enfonçais. Alors j'ai imaginé ce petit stratagème pour voir si tu étais capable et tu vois que c'est le cas ! »
« C'est ce que je disais : Tu t'es foutu de ma gueule ! Et arrête de raconter n’importe quoi avec tes belles paroles ! Ça ne marche pas comme ça ! »
L'ombre encapuchonnée rigola à nouveau d'un rire cristallin en voyant la moue boudeuse du jeune homme. Tery était de plus en plus exaspéré par sa présence. Elle l'utilisait à sa guise et il n'aimait pas ça : il n'était pas son jouet ! Le sourire sur son masque devait être dessiné pour montrer que la personne qui le portait était souvent d'humeur joyeuse.
« Par contre... » commença à dire l’être au masque blanc, le jeune homme le coupant :
« Quoi encore ? Je ne veux plus rien à voir avec toi ! C’est bon ! Laisse-moi tranquille ! »
« Non mais laisses moi parler Tery ! Je disais que pour la paralysie de ton bras gauche et de tes deux pieds, je n'y peux rien. Il va te falloir attendre quelques heures avant de pouvoir marcher correctement. Je vais donc te quitter. Adieu ! »
L'ombre encapuchonnée se releva, le médaillon avec la pierre brune dans sa main droite. Tery ouvrit la bouche pour lui crier dessus, lui rappelant qu'il ne savait pas où il était et qu'il ne voulait pas être seul dans cet endroit. L'ombre encapuchonnée l'avait foutu dans cette galère, c'était à elle de l'en sortir ! L'ombre éclata à nouveau de rire. Elle se dirigea vers lui avant de soulever le jeune homme avec facilité. Celui-ci lui dit en marmonnant :
« Non mais tu sais que tu ressembles à ma mère ? »
« Je dois le prendre comment ? » demanda t-elle en rigolant encore une fois.
« Comme une insulte ! T'as la force d’un monstre ! »
L'ombre pouffa de rire avant de déposer le jeune homme contre les ruines d'un mur. Sans plus attendre, elle se mit à côté de lui. Quelques secondes plus tard, elle sortit de quoi boire sous la forme d’une gourde, pour porter le conteneur à sa bouche. Le liquide s'infiltra à travers le masque blanc puis finalement, elle tendit la cruche en direction de Tery.
« On va se reposer un peu, il n'y a pas à s'inquiéter pour les Gnomolds. Ils sont tous morts donc fermes tes yeux et laisses toi bercer par le chant mélodieux des oiseaux. »
« Le chant mélodieux des oiseaux? Mais t'entends des trucs bi... »
Il s'arrêtait de parler, remarquant que l'ombre encapuchonnée n'avait pas tord sur ce coup. Maintenant qu'ils étaient tranquilles et que le clan avait été totalement détruit, la nature allait reprendre ses droits dans les ruines. Enfin bon … C’était quoi cette histoire ?
« Je ne te connais même pas ! Je ne sais pas qui tu es et je n’ai clairement pas envie de le savoir ! Dès que je peux bouger, je m’en vais d’ici et je compte … »
Il comptait quoi faire ? Il avait pensé à l’idée de retourner à son village mais rien que le fait d’y réfléchir était une aberration ! Il allait se faire insulter voir même sacrément en baver par rapport à sa mère. Non … C’était mieux de ne pas y penser.
« Et bien, on aura tout le temps de se connaître, n’est-ce pas ? Tu n’es pas pressé que je sache, n’est-ce pas ? » dit la personne masquée de blanc tandis que Tery bougeait son unique main valide pour commencer à boire un peu.
« Je ne suis pas pressé et je ne sais même pas ce que tu racontes, je tiens à te le dire ! » annonça le jeune homme après avoir bu, tendant la gourde à la personne à côté de lui. Celle-ci la récupérant, la fermant avant de la remettre dans son sac.
« Et bien … Dorénavant, nos deux existences sont liées ! C’est le destin qui fait que tu as été mis sur ma route … ou non ! Qu’est-ce que tu en penses ? »
« Que tu es tout simplement dingue … Je crois que même avec une seule main, je vais plutôt m’éloigner de toi car ce n’est pas bon pour ma santé mentale. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il se traînait avec difficulté sur le sol, utilisant toute la force de son bras pour avancer. Cela avait plus un aspect comique et pitoyable qu’autre chose. Elle poussa un profond soupir amusée, se remettant debout. Elle posa ses deux mains sur ses épaules, gardant son éternel sourire figé par le masque.
« Et si tu arrêtais tes bêtises ? Tu n’es pas en état de te mouvoir. »
« Je ne compte pas arrêter mes soi-disant bêtises ! » dit-il avec énervement, se laissant néanmoins faire par la personne masquée.
Pfff … Où est-ce qu’ils allaient maintenant ? Et zut … Elle le ramenait à nouveau contre le mur en ruines. Il poussa un grognement, fermant les yeux en marmonnant quelques paroles incompréhensibles. Ça ne lui plaisait pas … Pas du tout même … Il n’aimait pas cette histoire, pas le moins du monde même !
« Dès que je peux bouger à nouveau, je te préviens, je me barre de mon côté, c’est bien compris ? Car je ne compte pas rester avec toi. »
« Tu ne veux pas plutôt en parler un autre moment ? Du genre, dans quelques heures ? Car là … J’ai envie de me reposer un tout petit peu. »
« Avec tout ce sang autour de nous ? Et cette odeur affreuse ? Désolé, je n’ai pas du tout sommeil personnellement ! Ça ne me donne même pas envie de rester ici ! »
« Tu racontes n’importe quoi. Il n’y a pas d’odeur et de traces de sang ici. »
… … … Pfff … Il savait qu’elle avait raison mais bon … Ca ne lui plaisait pas du tout. Non …. Il n’aimait pas cet endroit. Pfff … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Pour une première journée comme ermite, ou plutôt une seconde … Enfin, il ne savait pas l’heure exacte mais … Elle s’était passée très différemment de celle à laquelle il s’était attendu. Il avait espéré quelque chose de bien plus calme.
« D’ailleurs, au passage, je sais même pas comment tu t’a… »
Une petite forme vint se poser contre son épaule. Qu’est-ce que … La tête de cette personne ? Il entendit son léger souffle se faire entendre alors qu’il était plus que surpris. Elle avait réussi à s’endormir aussi vite ? Cette personne ? Ce type ? Comment est-ce qu’il avait fait ça ? Il aurait bien aimé le savoir.
« Ouais … Enfin bon … Il ne faudrait quand même pas exagérer non plus. Je ne suis pas un reposoir hein ? On se sert pas de mes épaules comme d’un … »
Oh et puis zut. Pour l’heure voir celles qui allaient suivre, il pouvait bien se taire un peu aussi hein ? Gardant les yeux fermés, il marmonna :
« De toute façon … Dès demain, je règle cette histoire. »
Car il était hors de question qu’il reste avec une telle personne. Il ne voulait surtout pas … que sa vie soit problématique. Mais là … Il allait tout simplement dormir un peu.
« Alors ? Alors ? On a décidé d’arrêter de courir ? Héhéhé … T’as bien fait … T’inquiète pas … Je ne te ferai pas mal … enfin pas trop ! »
Oui mais … Il n’était pas convaincu du tout. Vu l’épaisseur du monstre et son obésité … Est-ce qu’il pouvait essayer de courir à nouveau ? Ainsi, il pourrait alors l’épuiser plus que nécessaire et ça permettrait de retourner chercher la personne encapuchonnée, de la récupérer et ensuite de s’enfuir avec. Oui … C’était une excellente idée ! Il allait faire ça !
« Ne t’avise même pas de recommencer … » grogna le gnomold, comprenant ce qu’il tentait de faire. Le jeune homme sprinta en arrière. Il avait aussi une seconde idée … Jouer sur l’aspect psychologique … Car si il se rappelait vers où il se dirigeait. Peut-être que là … Il aurait alors une chance de s’en sortir. Ou alors, si il arrivait à mettre de la distance avec le gnomold, ça serait encore mieux mais là … Il ne fallait pas rêver.
Combien de temps allait-il garder cette allure ? Le monstre était-il vraiment aussi endurant que ça ? Cela faisait déjà bien une dizaine de minutes qu'il courait à travers les ruines, passant à côté des nombreux cadavres des congénères du gnomold qui le poursuivait. Visiblement, il voulait jouer sur la découverte de la mort des membres de sa tribu. Un cri de colère arriva dans son dos tandis qu’il se retournait pour voir le gnomold furieux :
« Ah mais c'est TOI le SALOPARD qui a fait ça ! Je vais t'étriper ! Ou alors c'est ton ami ? Je m'en fous, je vais vous tuer tous les deux ! Ah non, je vais faire mieux ! Je vais aller m'occuper de ton ami évanoui au loin. »
« Ce n'est PAS mon ami ! » répliqua le jeune homme en colère.
« Alors tu vois aucun problème à ce que j'aille le tuer maintenant ? » annonça le gnomold, souriant de toutes ses dents ou du moins de celles qui lui restaient.
Les deux personnes s'étaient arrêtées de courir. Tery reprit son souffle en se retournant : Voilà que le Gnomold se tenait là, heureux et fier de son idée. Puisque cet humain ne faisait que s'enfuir, autant aller s'occuper de celui qui était inconscient par ses soins. L'homme aux cheveux bruns poussa à son tour un cri de colère avant de courir vers le Gnomold qui semblait surpris par sa réaction : Il allait enfin combattre ?!
Il ne pouvait pas l'abandonner ! Il ne pouvait pas laisser l'ombre toute seule ! Mais quand est-ce qu'elle allait se réveiller ? Il ne savait pas combien de temps durait une inconscience ! Il devait néanmoins tenir le plus longtemps possible mais avec ces nombreuses courses, il était déjà fatigué. Ne pas montrer qu'il était épuisé et tenter le tout pour le tout en attaquant. La lame de sa dague percuta la masse de fer du Gnomold avec toute la force qu'il avait avant qu'il ne se mette à donner des coups au hasard et dans le vide.
Cet humain ne savait pas se battre ? Vu la façon dont il frappait avec la dague, il se posait des questions qui disparaissaient aussi vite qu'elles étaient venues. Il n'avait pas à s'en faire si son adversaire était aussi pathétique que ça mais méfiance, rien n'était sûr. Il positionna sa rondache pour parer l'un des coups de la dague. La lame de celle-ci pénétra le bois du bouclier circulaire. Voilà ce qu'il appelait se battre : Défendre et contre-attaquer aussitôt ! Sa masse vint se loger une nouvelle fois dans le ventre de l'humain, celui-ci tombant à genoux, poussant un râle de douleur.
Mal ! Ca faisait sacrément mal ! Il tint avec difficultés la dague dans sa main droite, sa main gauche posée sur son ventre. Heureusement qu'il n’avait pas grandement mangé sinon il était bon pour recracher son repas. Il observa de ses yeux verts la créature qui poussait des petits ricanements : Elle était contente de son résultat cette garce ! Il fallait lui rendre la monnaie de sa pièce avant qu'il ne soit trop tard. Alors que la masse de fer allait venir le frapper à la tête pour l'envoyer dans le royaume des morts ou au minimum de l’inconscience, il s'avança subitement, dague en avant. La lame de l'arme pénétra à travers la peau épaisse du Gnomold, celui-ci lâchant sa masse par surprise.
Cet homme ?! CET HOMME ?! Il avait profité du fait qu'il pensait qu'il était aussi faible pour attendre le bon moment pour planter sa dague en lui ?! SALOPARD! C'était vraiment d'une bassesse sans normes et il allait lui faire payer ! Dès l'instant où Tery retira la lame de sa dague, plus apeuré qu'heureux par la situation, la rondache le frappa à la tête avec colère.
« SALETE ! Fini de rire et de plaisanter ! Tu m'as bien eut sur ce coup stupide humain ! Je ne pensais pas que tu étais capable de te battre mais puisque tu viens de me blesser... »
Il ne finit pas sa phrase, de la bave coulant de ses lèvres tandis que Tery était à nouveau à terre. Combien de temps cela allait-il durer ? L'homme aux yeux verts ne savait pas mais il n'allait plus tenir très longtemps. Il avait senti sa lame s'étant bien logée dans le corps du Gnomold alors pourquoi celui-ci ne ressentait-il pas la douleur? Etaient-ils si différents l'un de l'autre ? Sauver l'ombre encapuchonnée, c'était une bonne chose, il était un peu fier de son acte mais LUI, qui allait le sauver ? Il se releva avec une légère difficulté dans le geste. Le Gnomold avait une légère blessure au niveau du torse gauche. Une entaille dont s'écoulait du sang à cause de son attaque. Il avait réussi à faire ça avec cette dague ? Il n'était peut-être pas si mauvais et se repositionna correctement avec un petit sourire : Peut-être qu'il pouvait tuer ce gnomold ? Cela serait le premier pas de son existence en tant qu'adulte et peut-être que son tatouage allai t... Mais qu'est-ce qu'il se racontait ?
« Ah ! Mais... Mais... » balbutia le jeune homme sans comprendre.
Ses pieds tremblèrent soudainement avant qu'il ne s'écroule au sol. Ses jambes ne répondaient plus ! Ce n'était pas normal ! Maintenant qu'il y réfléchissait, il n'avait que des petites blessures causées par la masse de fer du Gnomold mais... Il regarda d'un air apeuré la créature qui arrivait vers lui, celle-ci se mettant à ricaner :
« Erk erk erk ! T’as enfin compris ? Je n'ai pas cherché à te tuer avec mes coups ! Je voulais simplement te frapper à certains endroits de ton corps pour t'empêcher de trop bouger. Tu es tombé dans mon piège petit humain. Ton misérable coup n'est rien comparé à ce que je vais te faire subir héhéhé ! »
Le Gnomold s'avança vers lui tandis que le jeune homme reculait en se traînant avec ses deux mains : De la peur, il était passé à la terreur. Qu'est-ce qu'il s'était mis à penser il y a quelques secondes ? Qu'il allait pouvoir battre un Gnomold tout seul ?!C'était complètement stupide ! Il ne pouvait pas battre un chef Gnomold aussi facilement ! Et voilà qu'il allait mourir une journée après son anniversaire ! Ce n’était vraiment pas de chance. Mais pourquoi n'était-il pas resté dans son village ? POURQUOI ? Il sera sa dague dans sa main droite, donnant des coups dans le vide pour empêcher le chef Gnomold de s'approcher de lui. Il ne voulait pas mourir ! Il ne voulait absolument pas mourir aujourd’hui ! Il était trop jeune pour ça ! Il avait encore toute sa vie devant lui !
« Lâches donc cette arme, elle te sera inutile là où tu vas. » dit le gnomold, frappant dans sa main avec sa masse pour bien lui montrer ce qui l’attendait.
Fini de rigoler, il pouvait tout donner maintenant! Il avait récupéré sa masse de fer et venait fracasser la main droite de Tery. Plusieurs craquements sinistres, la dague vola en éclats tandis que les doigts de l'homme aux cheveux bruns étaient maintenant brisés, celui-ci roulant sur le sol en criant de douleur. Sans arme, sans défense, sans magie, il n'était rien, rien du tout. Pourquoi ne savait-il pas utiliser la magie? Pourquoi avait-il évité de suivre les cours pendant toutes ces années ? Il le regrettait presque ! Il sanglota, chose normale quand on savait qu'on allait mourir dans quelques instants.
« Et puis zut héhéhé ! Attends un peu, ça sera encore plus drôle ! Tu voulais sauver l'autre humain n'est-ce pas ? Ne bouges pas d'ici ! » s’écria le gnomold.
Il sauta sur le ventre de Tery qui gémit de douleur avant que la masse de fer ne s'abatte sur ses deux genoux et sa main gauche encore indemnes. Non, ce n'était pas comme avec le dernier coup qu'il avait donné, c'était différent. Il ne sentait plus rien, plus rien du tout, comme si les nerfs de ses muscles ne répondaient plus. Qu'est-ce qu'il venait de faire ? Le chef de clan mineur Gnomold s'éloignait en ricanant. Tery ne pouvait plus bouger depuis ces coups et vu l'humeur sadique du Gnomold, il n'allait pas se gêner pour le faire souffrir psychologiquement. ZUT ZUT ZUT ! Il devait se débattre et bouger ! ALLEZ ! Que son corps lui réponde ! Il pouvait lever la tête … mais pas le reste … Il était … paralysé ?
Pourquoi ? Pourquoi le Gnomold l’avait-il abandonné ? Qu'est-ce qu'il avait en tête ?! Il avait parlé de l'ombre encapuchonnée mais c'était quoi son idée ? Il ne pouvait plus bouger, seulement se tenir sur son épaule droite puisque le reste de son corps ne répondait plus. Son épaule droite … Ah … Ah … Quelques minutes après, le Gnomold revenait en traînant le corps inanimé de l'ombre encapuchonnée dans sa main gauche. Sa rondache était attachée à son dos tandis qu’il présentait l’être dans sa cape brune à Tery, lui disant :
« C'est pour ça que tu as osé te battre contre moi héhéhé ! Ou alors le médaillon t'intéressait aussi ? Mais personne n'aura ce médaillon ! PERSONNE ! Vous êtes trop faibles pour ça ! »
« Mais je m'en fous du médaillon, je voulais simplement rendre service à cette personne ! De toute façon, puisqu'on est entre nous, t'as vraiment une sale trogne ! Tu as déjà pensé à te laver un jour ? Non, je ne crois pas ! Je suis sûr que tu ne sais même pas ce que c’est l’eau ! » répondit aussitôt le jeune homme, encore enclin à riposter verbalement.
« Tu as toujours une grande gueule pour quelqu'un au sol et qui ne peut plus bouger ! De toute façon, je vais te régler ton compte avant celui de l'autre puisque tu désires tant mourir. »
C'était bien l'unique chose qu'il pouvait encore faire pour donner un peu de répit à la vie de cette ombre. Mais qu'est-ce qu'elle avait voulu faire ?! Il ne comprenait pas les raisons de sa présence ici, il ne savait pas à quoi servait ce médaillon et il s'en fichait pas mal. Il allait rembourser bien trop tôt sa dette de envie envers l’ombre encapuchonnée. Vie qui allait bientôt disparaître à cette allure. La créature se rapprocha de lui tandis qu'il mettait sa main droite cassée devant son visage, un rictus de douleur peint sur ses lèvres.
« Je pense qu'il est temps de mettre un terme à ça. Fini la mascarade. »
L'ombre encapuchonnée se releva sans aucun souci tandis que Tery l'observait avec étonnement. La cape ne se releva que très peu avant que cinq flèches viennent se planter dans le dos du Gnomold qui poussa un hurlement de colère. Il se retourna, furieux. Elle n'était donc pas évanouie depuis tout ce temps ? Qu’est-ce que ça voulait dire ?
« Vous êtes tous plus fourbes les uns que les autres ! » s’écria le gnomold.
« Je dirais simplement que c'est une tactique comme une autre. Tery, fermes les yeux et tente de t'éloigner, ça va faire mal bientôt. » dit la personne recouverte par la cape brune.
« MAIS JE NE PEUX PAS BOUGER ! » s’écria le jeune homme.
« Hein? Oh oh... Ca, par contre, ce n’était pas prévu. ATTENTION ! »
L'ombre encapuchonnée poussa un petit cri tandis que les cinq flèches plantées dans le dos du Gnomold se mettaient à s'illuminer de cinq couleur différentes : Rouge, vert, bleu, brun et jaune. La créature gémit de douleur avant de crier comme une damnée. L’ombre courut en direction de Tery pour se retrouver à sa hauteur. AH ! Il arrivait enfin à voir son visage : Un visage entièrement caché par un masque blanc avec un sourire dessus. Seuls deux yeux saphir étaient visibles, deux yeux exprimant l'inquiétude de la situation. Une main gantée de rouge l'empoigna subitement avant de le soulever tandis que le chef de clan Gnomold semblait être pris de soubresauts, son corps gonflant sur de nombreuses parties.
Quelques secondes plus tard, ils étaient déjà éloignés à une dizaine de mètres avant qu'une explosion ne se fasse entendre dans les ruines. Lorsqu’ils jetèrent un regard vers l’origine de l’explosion, ils purent constatés l’ampleur des dégâts. Le corps du Gnomold n'était plus que résidus de chair et de morceaux tombés au sol. L'ombre encapuchonnée déposa Tery sur le sol avant de se diriger vers là où se trouvait les restes du Gnomold. Elle se pencha légèrement pour récupérer le médaillon pour lequel elle était venue avant de retourner auprès de Tery. Elle n'était plus qu'à quelques mètres de lui avant que son pied droit ne s’empêtre dans sa cape, la faisant tomber au sol. Le médaillon quitta sa main, atterrissant non-loin du jeune homme qui était stupéfait. Cette ombre, c'était quoi exactement ? Le masque blanc était tombé et rapidement la main droite vint le récupérer pour le positionner à nouveau sur son visage. Il reprit avec entrain :
« Ah ! Cela m'apprendra à être trop excité par cette nouvelle. On a réussi Tery ! On a récupéré le médaillon de Tarka. Enfin une bonne nouvelle ! C’est le premier d’une longue série ! »
« Tu portes un masque car tu es un bouffon ? Du moins, vu tes gestes et tes réactions, je me demande si ce n'est pas le cas. » annonça le jeune homme aux cheveux bruns, n’arrivant toujours pas à bouger à cause de la paralysie.
« Ce n'est pas très gentil de ta part ! Surtout envers la personne qui t’a sauvé la vie. »
L'ombre encapuchonnée poussa un léger rire avant de se rapprocher de lui, récupérant le médaillon. Elle se mit à genoux devant lui, le jeune homme étant couché sur le sol. Rien à faire … Son corps ne lui répondait pas, sauf les doigts de sa main droite … Sauf qu’ils partaient dans tous les sens. Lentement, elle sortit ses deux mains gantées de rouge pour prendre celle aux os brisés de Tery. Elle appuya sur chacun des doigts comme pour les étudier, le jeune homme commençant à hurler :
« AIE ! OUILLE ! MERDEEEEEEEE ! Mais arrêtes, ça fait mal ! MAIS TU M'ECOUTES ?! ASSEZ ! Qu’est-ce que je t’ai fait ? »
« Ce que tu peux être douillet quand tu le veux, tu es vraiment un enfant mais bon...Merci sinon. » répondit la personne masquée de blanc, recommençant à triturer ses doigts.
« Hein? AIEEEEEE ! De quoi ? S'IL TE PLAÎT ! Ah … ah … C’est ... fini … »
Elle retirait enfin ses deux mains gantées avant de faire apparaître une petite sphère blanche autour de sa main droite. Une sphère qui recouvra intégralement la main cassée de Tery, ses doigts se remettant en place, les petites blessures disparaissant les unes après les autres. Lentement, il bougeait l'index de sa main droite puis le reste de ses doigts : Parfait ! Il pouvait tous les bouger ! OUILLE ! Ca faisait quand même un peu mal !
« Et bien, tu es venu m'aider alors que j'étais évanoui à cause du Gnomold. En plus, tu as utilisé une arme pour me sauver, tu t'es même battu ! Et dire que tu disais que tu ne pouvais pas te battre, tu vois bien que c'est possible ! » reprit la personne masquée de blanc, le sourire du masque semblant définir son émotion du moment.
« Ne me prends pas la tête, j'ai compris ton manège ! »
« Quel manège ? Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Fais attention à ne pas trop bouger quand même. Ce n’est pas parce que j’ai réparé tes doigts que tu es complètement soigné. On a quand même eut de la chance, ce n’était pas si grave que cela hein ? »
« Tu n'étais pas inconscient, tu pouvais facilement le tuer quand tu le voulais et tu m'as laissé faire le boulot à ta place ! » s’énerva t-il, ne semblant pas s’être intéressé à ce que la personne en face de lui venait de dire à son sujet.
« En fait...Comment dire : Tu vois, dans la vie, il y a des hauts et des bas. Toi, tu étais en bas et je devais te remonter des abysses dans lesquels tu t'enfonçais. Alors j'ai imaginé ce petit stratagème pour voir si tu étais capable et tu vois que c'est le cas ! »
« C'est ce que je disais : Tu t'es foutu de ma gueule ! Et arrête de raconter n’importe quoi avec tes belles paroles ! Ça ne marche pas comme ça ! »
L'ombre encapuchonnée rigola à nouveau d'un rire cristallin en voyant la moue boudeuse du jeune homme. Tery était de plus en plus exaspéré par sa présence. Elle l'utilisait à sa guise et il n'aimait pas ça : il n'était pas son jouet ! Le sourire sur son masque devait être dessiné pour montrer que la personne qui le portait était souvent d'humeur joyeuse.
« Par contre... » commença à dire l’être au masque blanc, le jeune homme le coupant :
« Quoi encore ? Je ne veux plus rien à voir avec toi ! C’est bon ! Laisse-moi tranquille ! »
« Non mais laisses moi parler Tery ! Je disais que pour la paralysie de ton bras gauche et de tes deux pieds, je n'y peux rien. Il va te falloir attendre quelques heures avant de pouvoir marcher correctement. Je vais donc te quitter. Adieu ! »
L'ombre encapuchonnée se releva, le médaillon avec la pierre brune dans sa main droite. Tery ouvrit la bouche pour lui crier dessus, lui rappelant qu'il ne savait pas où il était et qu'il ne voulait pas être seul dans cet endroit. L'ombre encapuchonnée l'avait foutu dans cette galère, c'était à elle de l'en sortir ! L'ombre éclata à nouveau de rire. Elle se dirigea vers lui avant de soulever le jeune homme avec facilité. Celui-ci lui dit en marmonnant :
« Non mais tu sais que tu ressembles à ma mère ? »
« Je dois le prendre comment ? » demanda t-elle en rigolant encore une fois.
« Comme une insulte ! T'as la force d’un monstre ! »
L'ombre pouffa de rire avant de déposer le jeune homme contre les ruines d'un mur. Sans plus attendre, elle se mit à côté de lui. Quelques secondes plus tard, elle sortit de quoi boire sous la forme d’une gourde, pour porter le conteneur à sa bouche. Le liquide s'infiltra à travers le masque blanc puis finalement, elle tendit la cruche en direction de Tery.
« On va se reposer un peu, il n'y a pas à s'inquiéter pour les Gnomolds. Ils sont tous morts donc fermes tes yeux et laisses toi bercer par le chant mélodieux des oiseaux. »
« Le chant mélodieux des oiseaux? Mais t'entends des trucs bi... »
Il s'arrêtait de parler, remarquant que l'ombre encapuchonnée n'avait pas tord sur ce coup. Maintenant qu'ils étaient tranquilles et que le clan avait été totalement détruit, la nature allait reprendre ses droits dans les ruines. Enfin bon … C’était quoi cette histoire ?
« Je ne te connais même pas ! Je ne sais pas qui tu es et je n’ai clairement pas envie de le savoir ! Dès que je peux bouger, je m’en vais d’ici et je compte … »
Il comptait quoi faire ? Il avait pensé à l’idée de retourner à son village mais rien que le fait d’y réfléchir était une aberration ! Il allait se faire insulter voir même sacrément en baver par rapport à sa mère. Non … C’était mieux de ne pas y penser.
« Et bien, on aura tout le temps de se connaître, n’est-ce pas ? Tu n’es pas pressé que je sache, n’est-ce pas ? » dit la personne masquée de blanc tandis que Tery bougeait son unique main valide pour commencer à boire un peu.
« Je ne suis pas pressé et je ne sais même pas ce que tu racontes, je tiens à te le dire ! » annonça le jeune homme après avoir bu, tendant la gourde à la personne à côté de lui. Celle-ci la récupérant, la fermant avant de la remettre dans son sac.
« Et bien … Dorénavant, nos deux existences sont liées ! C’est le destin qui fait que tu as été mis sur ma route … ou non ! Qu’est-ce que tu en penses ? »
« Que tu es tout simplement dingue … Je crois que même avec une seule main, je vais plutôt m’éloigner de toi car ce n’est pas bon pour ma santé mentale. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il se traînait avec difficulté sur le sol, utilisant toute la force de son bras pour avancer. Cela avait plus un aspect comique et pitoyable qu’autre chose. Elle poussa un profond soupir amusée, se remettant debout. Elle posa ses deux mains sur ses épaules, gardant son éternel sourire figé par le masque.
« Et si tu arrêtais tes bêtises ? Tu n’es pas en état de te mouvoir. »
« Je ne compte pas arrêter mes soi-disant bêtises ! » dit-il avec énervement, se laissant néanmoins faire par la personne masquée.
Pfff … Où est-ce qu’ils allaient maintenant ? Et zut … Elle le ramenait à nouveau contre le mur en ruines. Il poussa un grognement, fermant les yeux en marmonnant quelques paroles incompréhensibles. Ça ne lui plaisait pas … Pas du tout même … Il n’aimait pas cette histoire, pas le moins du monde même !
« Dès que je peux bouger à nouveau, je te préviens, je me barre de mon côté, c’est bien compris ? Car je ne compte pas rester avec toi. »
« Tu ne veux pas plutôt en parler un autre moment ? Du genre, dans quelques heures ? Car là … J’ai envie de me reposer un tout petit peu. »
« Avec tout ce sang autour de nous ? Et cette odeur affreuse ? Désolé, je n’ai pas du tout sommeil personnellement ! Ça ne me donne même pas envie de rester ici ! »
« Tu racontes n’importe quoi. Il n’y a pas d’odeur et de traces de sang ici. »
… … … Pfff … Il savait qu’elle avait raison mais bon … Ca ne lui plaisait pas du tout. Non …. Il n’aimait pas cet endroit. Pfff … Qu’est-ce que ça voulait dire ? Pour une première journée comme ermite, ou plutôt une seconde … Enfin, il ne savait pas l’heure exacte mais … Elle s’était passée très différemment de celle à laquelle il s’était attendu. Il avait espéré quelque chose de bien plus calme.
« D’ailleurs, au passage, je sais même pas comment tu t’a… »
Une petite forme vint se poser contre son épaule. Qu’est-ce que … La tête de cette personne ? Il entendit son léger souffle se faire entendre alors qu’il était plus que surpris. Elle avait réussi à s’endormir aussi vite ? Cette personne ? Ce type ? Comment est-ce qu’il avait fait ça ? Il aurait bien aimé le savoir.
« Ouais … Enfin bon … Il ne faudrait quand même pas exagérer non plus. Je ne suis pas un reposoir hein ? On se sert pas de mes épaules comme d’un … »
Oh et puis zut. Pour l’heure voir celles qui allaient suivre, il pouvait bien se taire un peu aussi hein ? Gardant les yeux fermés, il marmonna :
« De toute façon … Dès demain, je règle cette histoire. »
Car il était hors de question qu’il reste avec une telle personne. Il ne voulait surtout pas … que sa vie soit problématique. Mais là … Il allait tout simplement dormir un peu.
Chapitre 4
Chapitre 4 : S'équiper correctement
Ce n'était pas si mal de dormir après un combat. Il ronfla légèrement, le souffle court, signe qu'il était apaisé. Il aimait bien ces petits moments où il savait que rien n'allait le déranger pendant sa sieste. Sauf peut-être cette chose à laquelle il ne s’était pas attendu. La tête de l'ombre encapuchonnée tomba sur ses genoux : Visiblement, la personne avait le sommeil agité mais quand même...
« Tu me dis si je te dérange quand tu dors ? Car bon, s’installer sur moi … »
Il murmurait cela l'ombre encapuchonnée, se disant qu'elle ne devait sûrement pas l'entendre vue la façon dont elle dormait. Mais pourquoi une telle personne existait en ce monde ? Il tenta de fermer ses yeux verts mais n'y arrivait pas : Il devait voir ce qu'il y avait sous cette capuche mais comment l'ombre allait-elle prendre son geste ? Le souvenir du corps du chef de clan Gnomold qui explosait revint aussitôt dans sa mémoire. Sa main se retira de la capuche avant qu’il ne soupire un long moment. Les yeux fermés à nouveau, il chercha à retrouver le sommeil disparu tandis qu’un sourire se dessina sur le visage sous le masque. Il n'avait pas fait de bêtises, ce n'était pas un si mauvais bougre.
L'Oracle avait été formel : Dans cette forêt, il y allait avoir un jeune homme complètement perdu et inapte au combat. C'était à elle, l'ombre encapuchonnée, de devoir s'occuper de lui et de le rendre capable de très grandes prouesses. Néanmoins, l'Oracle n'avait pas réussi à voir plus loin dans l'avenir et cela l'avait inquiété. Son tatouage … Sur son corps … Elle n’avait pas oublié qu’il était présent mais c’était la première fois … qu’elle voyageait aussi loin. Quant au jeune homme, elle allait se charger de lui. Dès demain, ils allaient se rendre dans une ville et prendre un équipement décent pour Tery. L'une de ses mains gantées de rouge se posa sur la bourse qu'elle avait. Oui, tout était prêt pour demain mais lui, comment allait-il le prendre ? Enfin … Il verrait cela en temps et en heure. Pour le moment, il allait dormir surtout que Tery lui servait ses jambes comme reposoir.
Le lendemain matin, l'ombre encapuchonnée bougea sa tête de gauche à droite sur les genoux de Tery comme si elle avait du mal à se réveiller. Le duo avait dormi plus d'une demi-journée et le soleil se levait à peine dans le ciel.
« Tu comptes dormir pendant combien de temps sur mes genoux ? Je ne suis pas un oreiller que je sache ! » annonça le jeune homme, grognant un peu en voyant la personne qui gesticulait sur lui. C’est bon quoi ! Il avait assez donné !
« Hein que quoi ? AH ! Désolé, désolé ! Mais pour une fois que ce n'était pas un morceau de bois ! J’ai pris l’habitude, moi ! » s’écria la personne masquée.
L'ombre encapuchonné se releva aussitôt d'un air gêné. Drôle de réaction. Tery le regarda d'un air interrogateur avant de faire de même. Il remarqua que ses jambes n’étaient plus paralysées et qu'il était prêt à enfin quitter cette personne un peu trop bizarre à son goût.
« Tu veux bien m'indiquer la sortie de ces ruines ? J'aimerais pouvoir m'en aller et vivre dans mon coin, seul et isolé du monde. Si ça ne te dérange pas trop bien entendu.
« Comment ? Tu ne peux pas rester seul après ce que tu as fait hier ! » répondit l’être encapuchonné avec surprise comme si Tery venait de proférer une aberration. Celui-ci ne tarda pas à répliquer aussitôt avec ironie :
« Tu veux dire : Me casser la figure, me faire casser les doigts de la main droite et être paralysé sur une majeure partie du corps ? Donc, tu me conseilles le suicide, c'est cela ? »
« Ne dis pas n'importe quoi et accompagne moi ! On va aller en ville ! »
« NON ! Je ne viendrai pas ! T’es bouché ou quoi ? » s’égosilla le jeune homme.
L'ombre encapuchonnée avait pris sa main tout en commençant à courir alors qu'il retirait aussitôt celle-ci. Non, cette fois-ci, il n'allait pas se laisser manipuler encore une fois ! Il grogna légèrement avant de croiser les bras devant lui :
« Je ne t'accompagnerais pas cette fois-ci ! Je veux simplement partir ! Je t'ai répété que je ne voulais pas combattre et te suivre ! C’est pourtant bien clair non ? Alors, qu’est-ce que tu ne me comprends pas dans mes paroles ? Je sais pourtant m’exprimer, je crois !
« S'il te plaît ! Accompagnes moi en ville et je te livrerais un secret ! Qu'en penses-tu ? » dit la personne encapuchonnée avec entrain, le jeune homme semblant dubitatif :
« Quel genre de secrets ? C'est encore quelque chose de foireux je suis sûr ! »
« Je ne rigole pas ! Je te dirais pourquoi j'ai besoin de ce médaillon. Je te promets que c'est très important mais tu devras te taire après et de ne JAMAIS le répéter ! »
Pour la première fois depuis qu'il l'avait rencontré, l'ombre encapuchonnée s’était adressé à lui avec une voix sérieuse. S'étant tournée vers lui, elle le regarda à travers son masque blanc. Elle attendit pendant plusieurs secondes qu'il prenne la parole. Il ne sut pas quoi répondre avant de murmurer :
« Je veux bien te suivre mais dis moi ton nom au moins ! J'ai l'impression d'être un domestique qui ne connait pas le nom de son maître et ça m'énerve ! »
« Alors, je vais t'appeler Rufus si tu préfères et tu peux m'appeler « Sa Seigneurie ». Qu'en penses-tu ? » le questionna-t-il avec amusement.
« Toi... Toi... TOI... TOI... TOI ! Je te laisse cinq secondes avant de te faire la peau ! »
Elle avait réussi à détourner la conversation à nouveau et l'ombre encapuchonnée éclata de rire avant de se mettre à courir à toute allure, poursuivie par le jeune homme. Celui-ci avait brandit son poing droit dans les airs, cherchant à la rattraper pour lui faire payer ce qu’elle venait de dire. Elle allait voir s’il lui mettait la main dessus !
Après une course qui dura plus de trente minutes, l'ombre encapuchonnée s'arrêta pour se tourner vers Tery. Le jeune homme était exténué et à bout de souffle, arrivant près de l’ombre. Vraiment, il n'était pas endurant pour un sou et poursuivre cette personne l'avait épuisé. Il s'arrêta, une main sur le coeur. Il reprit sa respiration en marmonnant :
« Tu pourrais éviter de courir comme ça ? J'ai plus mes vingt ans ! »
« Tu en as à peine dix-huit et j'ai le même nombre. C'est ça quand on ne fait pas d'exercices quotidiens hein ? » répondit l’ombre, amusée par les paroles de Tery.
« Quoi ? ! Mais m... Oh et puis zut ! Dis tout ce que tu veux, ça ne m'atteint pas. »
Il fit un petit geste de la main, continuant de reprendre son souffle. Il n'avait pas envie de s'amuser et c'était normal : L'ombre encapuchonnée avait réussi à le faire courir à nouveau. Celle-ci s'approcha de lui en rigolant comme à son habitude. Ainsi, il était trop fatigué pour la poursuivre ? A quelques centimètres de lui, un sourire se dessina sur les lèvres de Tery.
« Dommage. Tu as joué et tu as perdu. » murmura-t-il avec lenteur.
« Ah bon et pourquoi ? » demanda t-elle, souriant à son tour.
Rapidement, la main droite de Tery se posa sur la cape de l'ombre encapuchonnée : Puisqu'elle voulait s'amuser à ça, alors lui aussi ! Il était temps de voir qui se cachait sous cette cape ! Il tira subitement sur la cape au même moment où celle-ci le recouvrit au niveau du visage, la voix derrière le masque blanc lui répondit :
« Ce n'est pas bien Tery, pas bien du tout ! Tu ne devrais pas faire ce genre de choses ! Je suis désolé mais il est temps pour toi de dormir encore quelques heures ! »
« Ah non ! Arrête ça ! Ne fais pas ça ! NON ! NON ! » s’écria t-il, tentant de se mouvoir et de retirer la cape, la personne masquée l’en empêchant.
« Tu es sûr ? Vraiment sûr ? Je peux retirer cette cape mais tu devras fermer les yeux pour toujours. Enfin … Tu ne pourras plus jamais voir tant que je serais là. »
« Mais pourquoi tu ne veux pas que je te vois ! Tu es difforme ? Tu as un troisième bras ? Une bosse dans le dos ? Un œil dans chaque paume ? »
« Ahhhhh...Tery, Tery, Tery, depuis le temps que l'on se connait, tu devrais savoir qu'il vaut mieux ne pas poser trop de questions. Bonne nuit ! On se revoit dans quelques heures ! »
« Depuis quoi... » commença t-il à parler avant de se stopper net.
Deux coups de poing vinrent le frapper dans le ventre alors que la cape avait recouvert la globalité de son corps pour l’aveugler. Il tomba en avant, inconscient comme à son habitude tandis que l'ombre remit la cape autour d'elle poussa un léger soupir :
« Tu devrais arrêter d'être aussi embêtant hihi. Cela te causera trop de problèmes dans l'avenir. Allons bon, je suis sûr que tu profites de moi de cette façon ! Si tu es qui je pense, alors j’ai une idée sur l’endroit où se trouve ton tatouage. »
Sans un autre mot, l'ombre souleva le corps inanimé de Tery avant de se mettre en route. Plus une minute à perdre ! Il était temps de l'emmener dans une ville pour lui prendre un équipement décent avec l'argent que l'Oracle lui avait donné !
« Hey, enfin réveillé mon gars ? T'as fait un sacré somme ! » murmura une voix masculine.
Il ouvrit ses deux yeux verts avant de se redresser. Il était couché dans un lit de bonne qualité et un homme de forte stature avec une moustache et une barbe noire se tenait devant lui.
« Je peux savoir où je suis ? Ou c'est trop demandé ? » dit-il, se redressant dans le lit.
« Aucun problèmes mon petit, tu es dans une auberge. Tu as été emmené par un drôle de type assez bizarre, toujours en train de rire, avec un masque blanc. »
« C'est le cinglé ! Il est où ? » s’écria le jeune homme, prêt à se lever.
« Ohla ! Calmes toi ! Sans lui, tu serais sûrement en train de dormir sur le sol du trottoir à l'heure où je te parle. Ce n'est peut-être pas l'auberge la plus chère de la ville mais elle a une certaine qualité et c’est pas tout le monde qui peut y dormir. Tu devrais remercier cette personne ! Elle m'a dit que tu devais attendre ici et ne pas commettre de bêtises. »
« Mais je ne suis pas un gamin ! Bon, c'est décidé, je me barre ! » reprit Tery, s’apprêtant à quitter son lit. Il en avait déjà assez, rien qu’à regarder cet homme.
« Ohla mon gaillard ! Je ne crois pas que tu vas pouvoir bouger ! »
L'homme posa ses mains sur les épaules de Tery pour le coucher sur le lit et l'immobiliser. Tery tenta de se débattre tout en le regardant. Il n'avait pas le temps de se redresser que déjà la porte se referma avec l'aubergiste. Un bruit de clé qui tournait et le voilà enfermé. De l’autre côté de la porte, l’aubergiste vint lui dire :
« Désolé mais on m'a payé quelques pièces d'or pour éviter que tu partes. Il parait que tu es plutôt important mais ça, c'est pas mon problème. On me paye, j'exécute. Reste tranquille et je t'emmènerais ton repas dans quelques heures. »
« Bien sûr, compte dessus et bois de l'eau fraîche. Je me tire ! J'aime pas être enfermé ! »
Il avait prononcé cela alors que l'aubergiste était déjà parti depuis quelques minutes. Il se releva avant de regarder la chambre autour de lui. Il siffla d'admiration : Ce n'était pas n'importe quoi ! Le lit était pour deux personnes, les meubles à l'intérieur de la pièce semblaient de bonne qualité et il y avait même un miroir et une bassine pour se raser le matin. Aucune poussière ou débris dans cet endroit, combien de pièces avait donné l'ombre encapuchonnée pour une telle chambre ? Il retira son haut en soupirant, il devait se laver un peu avant de s'enfuir. Trop d'évènements ces derniers jours et il n'aimait pas sentir l'odeur de la transpiration sur son corps. Une bassine remplie d'eau chaude était posée dans un coin de la chambre et il se déshabilla rapidement avant d'y plonger. Il prit la louche à côté de la bassine avant de la mettre dans l'eau. Il s'arrosa plusieurs fois le visage et les cheveux avec la louche en soupirant d'aise : Voilà quelque chose de chaud et de bon. Il ne manquait plus que ce soit de la soupe et il était au paradis. De la soupe... Dans sa bassine, il ferma les yeux, toute envie de partir disparaissant à ce moment précis. Il se redressa subitement en entendant la clé qui tournait dans la serrure.
« Qui est là ? « s’écria t-il, se redressant dans la bassine, ayant pourtant une idée de la personne qui tentait de pénétrer à l’intérieur de la chambre.
« Devines donc ? Sa Seigneurie ! » répondit une voix enjouée alors que la porte s’apprêtait à s’ouvrir. Il hurla de toutes ses forces :
« NE RENTRES PAS ! Je te l’interdis, c’est bien compris ! »
« Et pourquoi ça ? C’est quand même une chambre pour nou … »
« CAR JE ME LAVE ! C’est pourtant pas compliqué à comprendre ! »
Un bruit de métal qui tomba et voilà que l'ombre encapuchonnée semblait choquée par ce qu'elle venait d'entendre. Maintenant, il n’y avait plus aucune action envers la porte. Tandis qu’il prit les quelques serviettes déposées sur une chaise pour s'essuyer, l'ombre encapuchonnée lui annonça d’une voix un peu troublée :
« Signales moi quand c'est bon. J'ai été faire quelques emplettes et je veux te les montrer. »
« Mais arrêtes de me coller ! Je devrais te remercier pour ce que tu fais pour moi mais je ne te connais pas, tu ne me connais pas. Tu sais que tu es lourd comme type ? »
« Mais je fais ça car l'Oracle me l'a dit. » reprit la personne masquée de blanc, la phrase étant dictée comme un automatisme depuis des années.
« L'Oracle ? C'est qui ce type ? Oh et toute façon, je m'en fiche. Dès que j'ai fini de me laver, je me tire de là ! J’en ai ma claque de toute cette histoire ! »
« Mais tu ne peux pas ! Je...Je fais comment moi sans toi ? »
« Tu te débrouilles, c'est tout ! Puis bon, fais pas semblant de pleurer ou je ne sais quoi … Ce n’est pas comme si tu avais réellement besoin de moi ! » termina t-il de dire, énervé.
Pendant toute la durée de la conversation, il avait fini de se sécher et s'était approché du miroir. Il plissa légèrement les yeux avant de poser une main au niveau de son plexus solaire, gémissant de douleur avant qu'une lettre entièrement noire apparaisse dessus : La lettre E était représentée sur son plexus solaire. Pfff, de toute façon, elle n'allait jamais changer de forme alors pourquoi s'inquiéter. Le fait qu'elle soit noire annonçait qu'il n'avait pas encore déterminé son élément et de toute façon, il s'en fichait. Il remit une chemise propre déposée sur le bureau, il se tourna vers la porte pour parler :
« Où sommes-nous ? Car je ne crois pas connaître cet endroit. Où est-ce que tu m’as encore embarqué ? Et comment tu as fait ça pour ne pas changer ? »
« Dans la capitale Midès. Tu connais, n’est-ce pas ? »
« QUOI ? C’est juste impossible ! Tu racontes n’importe quoi ! » hurla t-il.
Midès se trouvait à des centaines de kilomètres de son village natal ! Enfin, c’est ce qu’il avait appris … ou du moins cru entendre dans son village. Comment s'était-il déplacé aussi rapidement ? L'ombre encapuchonnée... Encore elle ! Toujours elle ! Marre, marre, marre, marre, marre ! Remettant le dernier habit qui lui restait, il grogna :
« C'est bon ! Je suis prêt ! Tu peux ouvrir la porte ! »
« D'accord, tu vas voir, j'ai acheté pas mal d'armes, on va voir avec quoi tu te débrouilles ! Je suis vraiment pressée de savoir quelle arme sera ta spécialité. »
« Ou PAS ! Désolé mais c’est terminé notre petite aventure à deux ! »
Alors que la porte s'ouvrit peu à peu, il donna un violent coup de pied dans celle-ci. L'ombre encapuchonnée vola contre le mur, à moitié sonnée tandis qu'il se mit à courir à toute allure. Descendant les escaliers à la volée, il quitta l'auberge devant le regard ahuri des quelques personnes se trouvant à l'intérieur. LIBRE ! Il était LIBRE ! ENFIN LIBRE ! Plus d'ombre démoniaque, plus de manipulation ! Plus rien de tout ça ! Il prit une grande bouffée d'air après une course de plusieurs minutes dans la ville avant de rire. Les personnes l'observaient avant de s'éloigner de lui : Un fou, voilà ce qu'il devait être à leurs yeux.
« Bon ! Je ne sais pas ce que je vais faire mais au moins, j'en suis débarrassé. »
« T'as l'air sacrément joyeux. Je pourrais savoir pourquoi ? » lui dit une voix, le forçant à s’arrêter pour regarder qui s’adressait à lui.
Un garçon de son âge se trouvait devant lui, un air interrogateur sur le regard. Tery l'observa avec un sourire aux lèvres : Si seulement il comprenait à quoi il venait d'échapper ! Il lui répondit avec entrain :
« Disons que je viens de m'enfuir d'un paquet d'ennuis marchant sur deux jambes et camouflé ! Mais bon … Tu ne peux pas savoir comme ça fait du bien. »
« Hahahaha ! T'as l'air bien marrant toi ! Aller, suis moi, je vais te payer un coup ! »
Trop joyeux pour questionner son nouvel ami, Tery le suivit sans réticence, ne remarquant pas qu'il l'emmenait dans une ruelle sombre. Quelques secondes plus tard, il se retrouva nez dans une flaque d'un liquide à la couleur brune et au goût des plus douteux.
« Et bien, je vois que tu nous as ramené un nouveau pigeon ! On lui fait quoi à lui ? La totale ? Peut-être que si il a quelques pièces, on pourra éviter de l'éborgner ou de le tuer. » annonça une seconde voix qu’il ne reconnut pas.
Il redressa légèrement la tête : le jeune homme qui avait été si amical au départ montrait maintenant un sourire mauvais, une dague à la main. Trois autres personnes de son âge l'entouraient alors qu'il semblait comprendre où il était tombé : dans un traquenard. Pourquoi était-il si facile à berner ? Il préférait encore l'ombre encapuchonnée à tout ça !
Il tenta de se relever mais un coup de pied le coupa dans son geste, le faisant voler un mur. AIE … AIE ! Ça faisait mal ça ! AIE ! Où est-ce qu’il était ? Ah oui … Dans une ruelle … Il regarda à gauche et à droite, cherchant à crier pour avertir diverses personnes mais une main se posa sur la bouche. La main le poussa violemment contre le mur, le jeune homme qui s’était adressé à lui auparavant reprenant :
« C’est un petit conseil si tu tiens à la vie, il vaudrait mieux que tu ne l’ouvres pas trop. »
« Qu’est-ce … Qu’est-ce que vous allez me faire ? » arriva-t-il à dire malgré la main posée en majeure partie sur sa bouche. Il avait parfaitement compris le message mais … mais … Dans quel pétrin s’était-il fourré encore une fois ? Il ne pouvait pas mener … une vie tranquille ? C’était si compliqué que ça ou quoi ? A croire que oui … Et bon … Il n’y avait aucune chance que l’Ombre vienne le sauver. Il s’était enfuit … alors qu’elle avait voulu l’épauler depuis le début. Quel idiot … Mais quel idiot ! Mais quel idiot !
« Ce que l’on va te faire dépend tout simplement de ce que tu as sur toi, ce n’est pourtant pas si compliqué que cela quand tu y réfléchis bien, n’est-ce pas ? »
« Mais je n’ai rien sur moi ! Ce n’est pas si difficile à comprendre pourtant ! Sinon, je ne serai pas dans cet endroit pourri ! » s’écria t-il avec un peu de peur dans la voix.
« C’est pas vraiment l’impression que tu me donnes avec ton air joyeux comme si le fiston avait reçu une jolie somme de ses parents. Tu crois vraiment qu’on va te croire alors que t’as été dans l’une des meilleures auberges de la ville ? »
Ca ne servait à rien de parler avec eux. A rien du tout ! Il allait tout simplement en baver … et avoir super mal … Sans même avoir pu souffler un petit peu … Depuis qu’il avait quitté la demeure familiale, il ne lui arrivait que des ennuis !
« Vous pouvez … Vous pouvez me faire tout ce que vous voulez. » bafouilla le jeune homme aux yeux verts, baissant la tête en signe d’abandon. Ca ne servait à rien … Il ne pouvait pas se battre contre eux, ils étaient trop nombreux, plus musclés, bref … Non … C’était complètement inutile … d’espérer s’en sortir.
Ailleurs, dans l’auberge, le corps recouvert par la cape s’était immobilisé. Son sac tombé à côté de lui, la personne semblait comme évanouie. Pourtant, quelques petits mouvements se firent voir, jusqu’à ce que la personne ne murmure avec lenteur :
« Oracle ? Pourquoi cela se passe-t-il comme ça ? Est-il vraiment celui qui doit m'accompagner ? Est-ce que j'ai fais quelque chose de mal ? »
L'ombre encapuchonnée se releva, regardant son sac rempli d'armes et de livres ouvert sur le sol. Sans d'autres mots, elle remit les objets dans le sac avant de le refermer : Qu'importe ce qu'il disait, elle était là pour lui apprendre tout ce qu'il fallait. Mais pour ça, il fallait déjà le retrouver ! Un petit sanglot se fit entendre de la part de la personne masquée de blanc.
« J’espère … J’espère qu’il ne lui est rien arrivé de mal. » dit l’Ombre avec un petit trémolo dans la voix. Malgré le fait que le jeune homme l’ait envoyée dans le décor, elle ne semblait pas lui en vouloir plus que cela. Elle avait parfaitement remarqué que Tery ne se sentait pas à sa place ici ! C’était pour cela … C’était … pour ça qu’elle voulait l’aider.
Mais lui … Il ne semblait pas comprendre tout ce qu’il voulait faire pour lui. C’était pourtant très simple ! Il voulait devenir son professeur ! Tout lui expliquer, du début à la fin ! Rien d’autre ! Rien du tout … d’autre … Ah … Bon … Bon …
Ce n’était pas le moment d’être triste … même si ça lui faisait mal en un sens. Il était temps d’aller le retrouver et de tout lui dire, de parler avec lui. L’être masqué quitta la chambre puis l’auberge, partant à la recherche de Tery.
Ce n'était pas si mal de dormir après un combat. Il ronfla légèrement, le souffle court, signe qu'il était apaisé. Il aimait bien ces petits moments où il savait que rien n'allait le déranger pendant sa sieste. Sauf peut-être cette chose à laquelle il ne s’était pas attendu. La tête de l'ombre encapuchonnée tomba sur ses genoux : Visiblement, la personne avait le sommeil agité mais quand même...
« Tu me dis si je te dérange quand tu dors ? Car bon, s’installer sur moi … »
Il murmurait cela l'ombre encapuchonnée, se disant qu'elle ne devait sûrement pas l'entendre vue la façon dont elle dormait. Mais pourquoi une telle personne existait en ce monde ? Il tenta de fermer ses yeux verts mais n'y arrivait pas : Il devait voir ce qu'il y avait sous cette capuche mais comment l'ombre allait-elle prendre son geste ? Le souvenir du corps du chef de clan Gnomold qui explosait revint aussitôt dans sa mémoire. Sa main se retira de la capuche avant qu’il ne soupire un long moment. Les yeux fermés à nouveau, il chercha à retrouver le sommeil disparu tandis qu’un sourire se dessina sur le visage sous le masque. Il n'avait pas fait de bêtises, ce n'était pas un si mauvais bougre.
L'Oracle avait été formel : Dans cette forêt, il y allait avoir un jeune homme complètement perdu et inapte au combat. C'était à elle, l'ombre encapuchonnée, de devoir s'occuper de lui et de le rendre capable de très grandes prouesses. Néanmoins, l'Oracle n'avait pas réussi à voir plus loin dans l'avenir et cela l'avait inquiété. Son tatouage … Sur son corps … Elle n’avait pas oublié qu’il était présent mais c’était la première fois … qu’elle voyageait aussi loin. Quant au jeune homme, elle allait se charger de lui. Dès demain, ils allaient se rendre dans une ville et prendre un équipement décent pour Tery. L'une de ses mains gantées de rouge se posa sur la bourse qu'elle avait. Oui, tout était prêt pour demain mais lui, comment allait-il le prendre ? Enfin … Il verrait cela en temps et en heure. Pour le moment, il allait dormir surtout que Tery lui servait ses jambes comme reposoir.
Le lendemain matin, l'ombre encapuchonnée bougea sa tête de gauche à droite sur les genoux de Tery comme si elle avait du mal à se réveiller. Le duo avait dormi plus d'une demi-journée et le soleil se levait à peine dans le ciel.
« Tu comptes dormir pendant combien de temps sur mes genoux ? Je ne suis pas un oreiller que je sache ! » annonça le jeune homme, grognant un peu en voyant la personne qui gesticulait sur lui. C’est bon quoi ! Il avait assez donné !
« Hein que quoi ? AH ! Désolé, désolé ! Mais pour une fois que ce n'était pas un morceau de bois ! J’ai pris l’habitude, moi ! » s’écria la personne masquée.
L'ombre encapuchonné se releva aussitôt d'un air gêné. Drôle de réaction. Tery le regarda d'un air interrogateur avant de faire de même. Il remarqua que ses jambes n’étaient plus paralysées et qu'il était prêt à enfin quitter cette personne un peu trop bizarre à son goût.
« Tu veux bien m'indiquer la sortie de ces ruines ? J'aimerais pouvoir m'en aller et vivre dans mon coin, seul et isolé du monde. Si ça ne te dérange pas trop bien entendu.
« Comment ? Tu ne peux pas rester seul après ce que tu as fait hier ! » répondit l’être encapuchonné avec surprise comme si Tery venait de proférer une aberration. Celui-ci ne tarda pas à répliquer aussitôt avec ironie :
« Tu veux dire : Me casser la figure, me faire casser les doigts de la main droite et être paralysé sur une majeure partie du corps ? Donc, tu me conseilles le suicide, c'est cela ? »
« Ne dis pas n'importe quoi et accompagne moi ! On va aller en ville ! »
« NON ! Je ne viendrai pas ! T’es bouché ou quoi ? » s’égosilla le jeune homme.
L'ombre encapuchonnée avait pris sa main tout en commençant à courir alors qu'il retirait aussitôt celle-ci. Non, cette fois-ci, il n'allait pas se laisser manipuler encore une fois ! Il grogna légèrement avant de croiser les bras devant lui :
« Je ne t'accompagnerais pas cette fois-ci ! Je veux simplement partir ! Je t'ai répété que je ne voulais pas combattre et te suivre ! C’est pourtant bien clair non ? Alors, qu’est-ce que tu ne me comprends pas dans mes paroles ? Je sais pourtant m’exprimer, je crois !
« S'il te plaît ! Accompagnes moi en ville et je te livrerais un secret ! Qu'en penses-tu ? » dit la personne encapuchonnée avec entrain, le jeune homme semblant dubitatif :
« Quel genre de secrets ? C'est encore quelque chose de foireux je suis sûr ! »
« Je ne rigole pas ! Je te dirais pourquoi j'ai besoin de ce médaillon. Je te promets que c'est très important mais tu devras te taire après et de ne JAMAIS le répéter ! »
Pour la première fois depuis qu'il l'avait rencontré, l'ombre encapuchonnée s’était adressé à lui avec une voix sérieuse. S'étant tournée vers lui, elle le regarda à travers son masque blanc. Elle attendit pendant plusieurs secondes qu'il prenne la parole. Il ne sut pas quoi répondre avant de murmurer :
« Je veux bien te suivre mais dis moi ton nom au moins ! J'ai l'impression d'être un domestique qui ne connait pas le nom de son maître et ça m'énerve ! »
« Alors, je vais t'appeler Rufus si tu préfères et tu peux m'appeler « Sa Seigneurie ». Qu'en penses-tu ? » le questionna-t-il avec amusement.
« Toi... Toi... TOI... TOI... TOI ! Je te laisse cinq secondes avant de te faire la peau ! »
Elle avait réussi à détourner la conversation à nouveau et l'ombre encapuchonnée éclata de rire avant de se mettre à courir à toute allure, poursuivie par le jeune homme. Celui-ci avait brandit son poing droit dans les airs, cherchant à la rattraper pour lui faire payer ce qu’elle venait de dire. Elle allait voir s’il lui mettait la main dessus !
Après une course qui dura plus de trente minutes, l'ombre encapuchonnée s'arrêta pour se tourner vers Tery. Le jeune homme était exténué et à bout de souffle, arrivant près de l’ombre. Vraiment, il n'était pas endurant pour un sou et poursuivre cette personne l'avait épuisé. Il s'arrêta, une main sur le coeur. Il reprit sa respiration en marmonnant :
« Tu pourrais éviter de courir comme ça ? J'ai plus mes vingt ans ! »
« Tu en as à peine dix-huit et j'ai le même nombre. C'est ça quand on ne fait pas d'exercices quotidiens hein ? » répondit l’ombre, amusée par les paroles de Tery.
« Quoi ? ! Mais m... Oh et puis zut ! Dis tout ce que tu veux, ça ne m'atteint pas. »
Il fit un petit geste de la main, continuant de reprendre son souffle. Il n'avait pas envie de s'amuser et c'était normal : L'ombre encapuchonnée avait réussi à le faire courir à nouveau. Celle-ci s'approcha de lui en rigolant comme à son habitude. Ainsi, il était trop fatigué pour la poursuivre ? A quelques centimètres de lui, un sourire se dessina sur les lèvres de Tery.
« Dommage. Tu as joué et tu as perdu. » murmura-t-il avec lenteur.
« Ah bon et pourquoi ? » demanda t-elle, souriant à son tour.
Rapidement, la main droite de Tery se posa sur la cape de l'ombre encapuchonnée : Puisqu'elle voulait s'amuser à ça, alors lui aussi ! Il était temps de voir qui se cachait sous cette cape ! Il tira subitement sur la cape au même moment où celle-ci le recouvrit au niveau du visage, la voix derrière le masque blanc lui répondit :
« Ce n'est pas bien Tery, pas bien du tout ! Tu ne devrais pas faire ce genre de choses ! Je suis désolé mais il est temps pour toi de dormir encore quelques heures ! »
« Ah non ! Arrête ça ! Ne fais pas ça ! NON ! NON ! » s’écria t-il, tentant de se mouvoir et de retirer la cape, la personne masquée l’en empêchant.
« Tu es sûr ? Vraiment sûr ? Je peux retirer cette cape mais tu devras fermer les yeux pour toujours. Enfin … Tu ne pourras plus jamais voir tant que je serais là. »
« Mais pourquoi tu ne veux pas que je te vois ! Tu es difforme ? Tu as un troisième bras ? Une bosse dans le dos ? Un œil dans chaque paume ? »
« Ahhhhh...Tery, Tery, Tery, depuis le temps que l'on se connait, tu devrais savoir qu'il vaut mieux ne pas poser trop de questions. Bonne nuit ! On se revoit dans quelques heures ! »
« Depuis quoi... » commença t-il à parler avant de se stopper net.
Deux coups de poing vinrent le frapper dans le ventre alors que la cape avait recouvert la globalité de son corps pour l’aveugler. Il tomba en avant, inconscient comme à son habitude tandis que l'ombre remit la cape autour d'elle poussa un léger soupir :
« Tu devrais arrêter d'être aussi embêtant hihi. Cela te causera trop de problèmes dans l'avenir. Allons bon, je suis sûr que tu profites de moi de cette façon ! Si tu es qui je pense, alors j’ai une idée sur l’endroit où se trouve ton tatouage. »
Sans un autre mot, l'ombre souleva le corps inanimé de Tery avant de se mettre en route. Plus une minute à perdre ! Il était temps de l'emmener dans une ville pour lui prendre un équipement décent avec l'argent que l'Oracle lui avait donné !
« Hey, enfin réveillé mon gars ? T'as fait un sacré somme ! » murmura une voix masculine.
Il ouvrit ses deux yeux verts avant de se redresser. Il était couché dans un lit de bonne qualité et un homme de forte stature avec une moustache et une barbe noire se tenait devant lui.
« Je peux savoir où je suis ? Ou c'est trop demandé ? » dit-il, se redressant dans le lit.
« Aucun problèmes mon petit, tu es dans une auberge. Tu as été emmené par un drôle de type assez bizarre, toujours en train de rire, avec un masque blanc. »
« C'est le cinglé ! Il est où ? » s’écria le jeune homme, prêt à se lever.
« Ohla ! Calmes toi ! Sans lui, tu serais sûrement en train de dormir sur le sol du trottoir à l'heure où je te parle. Ce n'est peut-être pas l'auberge la plus chère de la ville mais elle a une certaine qualité et c’est pas tout le monde qui peut y dormir. Tu devrais remercier cette personne ! Elle m'a dit que tu devais attendre ici et ne pas commettre de bêtises. »
« Mais je ne suis pas un gamin ! Bon, c'est décidé, je me barre ! » reprit Tery, s’apprêtant à quitter son lit. Il en avait déjà assez, rien qu’à regarder cet homme.
« Ohla mon gaillard ! Je ne crois pas que tu vas pouvoir bouger ! »
L'homme posa ses mains sur les épaules de Tery pour le coucher sur le lit et l'immobiliser. Tery tenta de se débattre tout en le regardant. Il n'avait pas le temps de se redresser que déjà la porte se referma avec l'aubergiste. Un bruit de clé qui tournait et le voilà enfermé. De l’autre côté de la porte, l’aubergiste vint lui dire :
« Désolé mais on m'a payé quelques pièces d'or pour éviter que tu partes. Il parait que tu es plutôt important mais ça, c'est pas mon problème. On me paye, j'exécute. Reste tranquille et je t'emmènerais ton repas dans quelques heures. »
« Bien sûr, compte dessus et bois de l'eau fraîche. Je me tire ! J'aime pas être enfermé ! »
Il avait prononcé cela alors que l'aubergiste était déjà parti depuis quelques minutes. Il se releva avant de regarder la chambre autour de lui. Il siffla d'admiration : Ce n'était pas n'importe quoi ! Le lit était pour deux personnes, les meubles à l'intérieur de la pièce semblaient de bonne qualité et il y avait même un miroir et une bassine pour se raser le matin. Aucune poussière ou débris dans cet endroit, combien de pièces avait donné l'ombre encapuchonnée pour une telle chambre ? Il retira son haut en soupirant, il devait se laver un peu avant de s'enfuir. Trop d'évènements ces derniers jours et il n'aimait pas sentir l'odeur de la transpiration sur son corps. Une bassine remplie d'eau chaude était posée dans un coin de la chambre et il se déshabilla rapidement avant d'y plonger. Il prit la louche à côté de la bassine avant de la mettre dans l'eau. Il s'arrosa plusieurs fois le visage et les cheveux avec la louche en soupirant d'aise : Voilà quelque chose de chaud et de bon. Il ne manquait plus que ce soit de la soupe et il était au paradis. De la soupe... Dans sa bassine, il ferma les yeux, toute envie de partir disparaissant à ce moment précis. Il se redressa subitement en entendant la clé qui tournait dans la serrure.
« Qui est là ? « s’écria t-il, se redressant dans la bassine, ayant pourtant une idée de la personne qui tentait de pénétrer à l’intérieur de la chambre.
« Devines donc ? Sa Seigneurie ! » répondit une voix enjouée alors que la porte s’apprêtait à s’ouvrir. Il hurla de toutes ses forces :
« NE RENTRES PAS ! Je te l’interdis, c’est bien compris ! »
« Et pourquoi ça ? C’est quand même une chambre pour nou … »
« CAR JE ME LAVE ! C’est pourtant pas compliqué à comprendre ! »
Un bruit de métal qui tomba et voilà que l'ombre encapuchonnée semblait choquée par ce qu'elle venait d'entendre. Maintenant, il n’y avait plus aucune action envers la porte. Tandis qu’il prit les quelques serviettes déposées sur une chaise pour s'essuyer, l'ombre encapuchonnée lui annonça d’une voix un peu troublée :
« Signales moi quand c'est bon. J'ai été faire quelques emplettes et je veux te les montrer. »
« Mais arrêtes de me coller ! Je devrais te remercier pour ce que tu fais pour moi mais je ne te connais pas, tu ne me connais pas. Tu sais que tu es lourd comme type ? »
« Mais je fais ça car l'Oracle me l'a dit. » reprit la personne masquée de blanc, la phrase étant dictée comme un automatisme depuis des années.
« L'Oracle ? C'est qui ce type ? Oh et toute façon, je m'en fiche. Dès que j'ai fini de me laver, je me tire de là ! J’en ai ma claque de toute cette histoire ! »
« Mais tu ne peux pas ! Je...Je fais comment moi sans toi ? »
« Tu te débrouilles, c'est tout ! Puis bon, fais pas semblant de pleurer ou je ne sais quoi … Ce n’est pas comme si tu avais réellement besoin de moi ! » termina t-il de dire, énervé.
Pendant toute la durée de la conversation, il avait fini de se sécher et s'était approché du miroir. Il plissa légèrement les yeux avant de poser une main au niveau de son plexus solaire, gémissant de douleur avant qu'une lettre entièrement noire apparaisse dessus : La lettre E était représentée sur son plexus solaire. Pfff, de toute façon, elle n'allait jamais changer de forme alors pourquoi s'inquiéter. Le fait qu'elle soit noire annonçait qu'il n'avait pas encore déterminé son élément et de toute façon, il s'en fichait. Il remit une chemise propre déposée sur le bureau, il se tourna vers la porte pour parler :
« Où sommes-nous ? Car je ne crois pas connaître cet endroit. Où est-ce que tu m’as encore embarqué ? Et comment tu as fait ça pour ne pas changer ? »
« Dans la capitale Midès. Tu connais, n’est-ce pas ? »
« QUOI ? C’est juste impossible ! Tu racontes n’importe quoi ! » hurla t-il.
Midès se trouvait à des centaines de kilomètres de son village natal ! Enfin, c’est ce qu’il avait appris … ou du moins cru entendre dans son village. Comment s'était-il déplacé aussi rapidement ? L'ombre encapuchonnée... Encore elle ! Toujours elle ! Marre, marre, marre, marre, marre ! Remettant le dernier habit qui lui restait, il grogna :
« C'est bon ! Je suis prêt ! Tu peux ouvrir la porte ! »
« D'accord, tu vas voir, j'ai acheté pas mal d'armes, on va voir avec quoi tu te débrouilles ! Je suis vraiment pressée de savoir quelle arme sera ta spécialité. »
« Ou PAS ! Désolé mais c’est terminé notre petite aventure à deux ! »
Alors que la porte s'ouvrit peu à peu, il donna un violent coup de pied dans celle-ci. L'ombre encapuchonnée vola contre le mur, à moitié sonnée tandis qu'il se mit à courir à toute allure. Descendant les escaliers à la volée, il quitta l'auberge devant le regard ahuri des quelques personnes se trouvant à l'intérieur. LIBRE ! Il était LIBRE ! ENFIN LIBRE ! Plus d'ombre démoniaque, plus de manipulation ! Plus rien de tout ça ! Il prit une grande bouffée d'air après une course de plusieurs minutes dans la ville avant de rire. Les personnes l'observaient avant de s'éloigner de lui : Un fou, voilà ce qu'il devait être à leurs yeux.
« Bon ! Je ne sais pas ce que je vais faire mais au moins, j'en suis débarrassé. »
« T'as l'air sacrément joyeux. Je pourrais savoir pourquoi ? » lui dit une voix, le forçant à s’arrêter pour regarder qui s’adressait à lui.
Un garçon de son âge se trouvait devant lui, un air interrogateur sur le regard. Tery l'observa avec un sourire aux lèvres : Si seulement il comprenait à quoi il venait d'échapper ! Il lui répondit avec entrain :
« Disons que je viens de m'enfuir d'un paquet d'ennuis marchant sur deux jambes et camouflé ! Mais bon … Tu ne peux pas savoir comme ça fait du bien. »
« Hahahaha ! T'as l'air bien marrant toi ! Aller, suis moi, je vais te payer un coup ! »
Trop joyeux pour questionner son nouvel ami, Tery le suivit sans réticence, ne remarquant pas qu'il l'emmenait dans une ruelle sombre. Quelques secondes plus tard, il se retrouva nez dans une flaque d'un liquide à la couleur brune et au goût des plus douteux.
« Et bien, je vois que tu nous as ramené un nouveau pigeon ! On lui fait quoi à lui ? La totale ? Peut-être que si il a quelques pièces, on pourra éviter de l'éborgner ou de le tuer. » annonça une seconde voix qu’il ne reconnut pas.
Il redressa légèrement la tête : le jeune homme qui avait été si amical au départ montrait maintenant un sourire mauvais, une dague à la main. Trois autres personnes de son âge l'entouraient alors qu'il semblait comprendre où il était tombé : dans un traquenard. Pourquoi était-il si facile à berner ? Il préférait encore l'ombre encapuchonnée à tout ça !
Il tenta de se relever mais un coup de pied le coupa dans son geste, le faisant voler un mur. AIE … AIE ! Ça faisait mal ça ! AIE ! Où est-ce qu’il était ? Ah oui … Dans une ruelle … Il regarda à gauche et à droite, cherchant à crier pour avertir diverses personnes mais une main se posa sur la bouche. La main le poussa violemment contre le mur, le jeune homme qui s’était adressé à lui auparavant reprenant :
« C’est un petit conseil si tu tiens à la vie, il vaudrait mieux que tu ne l’ouvres pas trop. »
« Qu’est-ce … Qu’est-ce que vous allez me faire ? » arriva-t-il à dire malgré la main posée en majeure partie sur sa bouche. Il avait parfaitement compris le message mais … mais … Dans quel pétrin s’était-il fourré encore une fois ? Il ne pouvait pas mener … une vie tranquille ? C’était si compliqué que ça ou quoi ? A croire que oui … Et bon … Il n’y avait aucune chance que l’Ombre vienne le sauver. Il s’était enfuit … alors qu’elle avait voulu l’épauler depuis le début. Quel idiot … Mais quel idiot ! Mais quel idiot !
« Ce que l’on va te faire dépend tout simplement de ce que tu as sur toi, ce n’est pourtant pas si compliqué que cela quand tu y réfléchis bien, n’est-ce pas ? »
« Mais je n’ai rien sur moi ! Ce n’est pas si difficile à comprendre pourtant ! Sinon, je ne serai pas dans cet endroit pourri ! » s’écria t-il avec un peu de peur dans la voix.
« C’est pas vraiment l’impression que tu me donnes avec ton air joyeux comme si le fiston avait reçu une jolie somme de ses parents. Tu crois vraiment qu’on va te croire alors que t’as été dans l’une des meilleures auberges de la ville ? »
Ca ne servait à rien de parler avec eux. A rien du tout ! Il allait tout simplement en baver … et avoir super mal … Sans même avoir pu souffler un petit peu … Depuis qu’il avait quitté la demeure familiale, il ne lui arrivait que des ennuis !
« Vous pouvez … Vous pouvez me faire tout ce que vous voulez. » bafouilla le jeune homme aux yeux verts, baissant la tête en signe d’abandon. Ca ne servait à rien … Il ne pouvait pas se battre contre eux, ils étaient trop nombreux, plus musclés, bref … Non … C’était complètement inutile … d’espérer s’en sortir.
Ailleurs, dans l’auberge, le corps recouvert par la cape s’était immobilisé. Son sac tombé à côté de lui, la personne semblait comme évanouie. Pourtant, quelques petits mouvements se firent voir, jusqu’à ce que la personne ne murmure avec lenteur :
« Oracle ? Pourquoi cela se passe-t-il comme ça ? Est-il vraiment celui qui doit m'accompagner ? Est-ce que j'ai fais quelque chose de mal ? »
L'ombre encapuchonnée se releva, regardant son sac rempli d'armes et de livres ouvert sur le sol. Sans d'autres mots, elle remit les objets dans le sac avant de le refermer : Qu'importe ce qu'il disait, elle était là pour lui apprendre tout ce qu'il fallait. Mais pour ça, il fallait déjà le retrouver ! Un petit sanglot se fit entendre de la part de la personne masquée de blanc.
« J’espère … J’espère qu’il ne lui est rien arrivé de mal. » dit l’Ombre avec un petit trémolo dans la voix. Malgré le fait que le jeune homme l’ait envoyée dans le décor, elle ne semblait pas lui en vouloir plus que cela. Elle avait parfaitement remarqué que Tery ne se sentait pas à sa place ici ! C’était pour cela … C’était … pour ça qu’elle voulait l’aider.
Mais lui … Il ne semblait pas comprendre tout ce qu’il voulait faire pour lui. C’était pourtant très simple ! Il voulait devenir son professeur ! Tout lui expliquer, du début à la fin ! Rien d’autre ! Rien du tout … d’autre … Ah … Bon … Bon …
Ce n’était pas le moment d’être triste … même si ça lui faisait mal en un sens. Il était temps d’aller le retrouver et de tout lui dire, de parler avec lui. L’être masqué quitta la chambre puis l’auberge, partant à la recherche de Tery.