Spoiler
Les premières choses qu'il aperçut furent les étoiles.
Il commença par contempler le ciel, pensif. Il ne comprenait pas pourquoi il était ici.
Avant, il n'y avait rien. Un repos éternel et absolu. Puis soudainement, son univers s'était fissuré.
Et soudain ce noir intense... constellé de lumières.
Il ne put jamais dire pourquoi, mais ces lumières le terrifiaient.
Puis il se rendit compte qu'il pouvait bouger. Les petites pattes se mirent en action, et il se traîna sur le sol en poussant de petits cris. C'est alors qu'il se rendit compte qu'il pouvait émettre des sons.
Il resta à nouveau immobile un moment, interloqué par sa découverte. Mais très vite, sa peur reprit le dessus. Il n'aimait pas les lumières. Elles le guettaient. Bien qu'il ignora ce que c'était, il ressentit confusément qu'elles lui voulaient du mal. Il se remit donc à avancer.
Il trébucha soudain. Pris par surprise, son corps frêle tomba lourdement sur le sol. C'est alors qu'il sentit le goût du sang dans sa bouche. Et la douleur. Il ne put le supporter. Il se mit à hurler. De rage. De peur. De douleur.
Il hurla jusqu'à l'épuisement, jusqu'à sentir la fatigue -encore une nouvelle sensation- envahir son corps et l'obliger à s'allonger.
-Pourquoi hurles-tu ainsi ?
Il leva la tête. Une douce chaleur l'avait envahi. Une chose entourée d'une lumière éclatante apparaissait devant lui, mais il n'avait pas peur. Cette lumière là était douce, rassurante, et en même temps étrangement familière.
Le pokemon poussa un petit cri plaintif.
-Tu peux me comprendre , n'est ce pas ?
Oui. Il comprenait ce que disait cette créature. Ce fût la première pensée logique et raisonnée qui lui vint. Il ne pouvait parler - d'ailleurs , la créature en face de lui non plus ne parlait pas. Ce langage le touchait bien plus profondément, jusqu'aux plus infimes racines de son être: ce langage touchait son âme.
-Mon nom est Arceus. Et tu es mon enfant.
La créature blanche leva la tête:
-Ce que tu vois ici est l'œuvre de tes frères. Le temps, l'espace... Plus tard , tu apprendras à les connaître. Mais le moment n'est pas encore venu. Tu dois d'abord apprendre à vivre.
Il ne comprit pas. Si le temps et l'espace étaient l'œuvre de ses frères, lui, qu'était-il destiné à devenir ?
Devait-il vivre, était-ce là sa destinée? Il ignorait tout de la vie. Sa plus grande envie était de retourner au néant. Le début de sa "vie" ne se résumait qu'à une succession de peurs, de douleur et d'échecs.
-Ne doute pas. Un jour viendra ou tu trouveras ta place. Tu es né de mon essence, et ton nom est Giratina. Tu es destiné à devenir un dieu.
Le petit être sentit une grande fatigue l'envahir. Il ne comprenait pas, trop de choses étaient arrivées en si peu de temps. Il sentait qu'il venait d'entendre une chose importante, mais il ne pouvait plus rien entendre. Il se sentit tomber, ses yeux se fermèrent. Et il ne pensa plus à rien.
Quand il se réveilla, le ciel avait changé, et était devenu d'un bleu éclatant. Il trouva cela joli. Une sphère lumineuse éclairait ce ciel. Il crût d'abord que c'était son père. Mais il fut très vite forcé de détourner les yeux. La sphère aussi lui faisait mal. Ça n'était pas lui.
Malgré tout , il aimait bien cette sphère. Elle le réchauffait, tout comme son père, et elle donnait au ciel une si jolie couleur! Il regarda autour de lui. Il se trouvait en lisière d'une forêt. Non loin de là, une caverne: sans doute l'endroit dont il était venu. Il n'avait pas envie d'y retourner, il voulait laisser cela derrière lui. Il s'enfonça donc dans la forêt.
Alors qu'il avançait, examinant avec attention chaque arbre, il entendit un bruit. Il se retourna soudainement, mais ne vit rien. Quelque chose le toucha alors et il sursauta. Il entendit un petit rire. Se retournant, il découvrit la chose qui avait émis ce son. Ce n'était ni une lumière, ni un arbre, et Giratina en ressentit une grande perplexité. L'être avait deux pattes allongées, un petit corps rose, et une longue queue. Sa petite tête ronde était terminée par des oreilles légèrement pointues. Mais surtout, il possédait de grands yeux bleus, semblable à ce ciel que Giratina avait pu apercevoir en se réveillant.
Le pokemon s'éleva alors dans les airs. Giratina en ressentit une vive frayeur, qui se dissipa vite pour laisser place à un sentiment d'admiration. Il tenta alors d'imiter le pokemon, mais retomba lourdement sur le sol. Cela fit rire à nouveau le pokemon, et Giratina ressentit pour la première fois de la honte.
Mew s'éleva alors jusqu'à un arbre, et y décrocha une pomme. Redescendant sur la terre ferme, il la tendit à Giratina. Celui-ci, intrigué, se demanda ce que le pokemon attendait de lui. Mew, ne comprenant pas la gêne de son nouveau compagnon, croqua la pomme et lui tendit. Giratina, comprenant soudain, mordit alors la pomme. Un goût sucré envahit sa bouche, et il ressentit une sensation de bonheur indescriptible. Il avala goulûment le reste de la pomme, sous le regard ravi du Mew.
Giratina attrapa alors violemment le Mew dans sa gueule.
Le Mew se débattit, et Giratina ressentit le même goût qu'il avait ressenti la veille au soir: le goût du sang. Mais cette fois, cela lui procurait beaucoup de plaisir, et il n'y avait aucune douleur: le sang coulait, chaud et salé, et il l'aspirait à grandes gorgées. Le fait que le Mew se débattait ne faisait qu'accentuer son plaisir. Il se sentait enfin vivant – il comprenait ce que son père avait voulu dire. Après une ultime plainte, le Mew cessa de bouger. Giratina, surpris, ouvrit la gueule et le laissa tomber à terre. Le Mew avait les yeux fermés, et ne respirait plus. Giratina le considéra un instant, avant que son instinct ne l'emporte sur sa raison: il se jeta sur lui et le dévora.
Il voyagea ainsi toute la journée a travers la forêt, massacrant et dévorant tous les pokemons – toutes les choses vivantes qu'il rencontrait. A chaque nouvelle proie, son plaisir augmentait. Il ressentait quelque chose de violent, de sauvage, qu'il n'avait jamais ressenti depuis le début de sa courte vie. Son cœur battait la chamade, il avait l'impression de découvrir un secret que nul ne connaissait alors. Ce qui le fascinait, ce n'était pas tant le goût, bien que cela fut très agréable, mais plutôt la façon dont, soudainement, ils cessaient de bouger et de se débattre pour devenir l'objet de son seul plaisir.
Le soir tombait, et Giratina continuait d'errer à travers la forêt. Il ne croisait plus aucun être, et il en ressentait un profond chagrin. Il se sentait seul. Il se demandait ou étaient passés ceux avec lesquels il s'était amusé durant cette journée. Il fit alors ce qu'il avait fait la veille au soir, lorsque le désespoir l'avait envahi: il leva la tête et poussa un cri vers le ciel.
La lumière blanche apparut, aussi éclatante que la veille. Giratina en ressentit un profond soulagement: il n'était plus en danger, il n'avait plus peur de la nuit. La lumière était là, elle le protégeait.
-Tu m'as appelé et je suis venu. Commences-tu à comprendre ce qu'est la vie ?
Comprendre ? Non. Il avait touché, senti, goûté, mais n'arrivait pas encore à comprendre. Toute la journée, il s'était laissé emporter dans un tourbillon d'émotions sur lequel il n'avait aucune prise: quand il le réalisa, cela le troubla beaucoup.
-C'est naturel. La compréhension, qui engendre la connaissance, vient avec l'âge. Mais qu'as tu ressenti ?
Giratina ferma les yeux, et ouvrit alors son esprit au grand être. Il voulait partager cela avec lui. Les émotions qu'il avait ressenties, en prenant sur les autres créatures qui bougeaient, et en donnant – il ne savait quoi. Mais il savait qu'il faisait bien, en les empêchant de bouger sans cesse. C'était pour ça qu'il était venu. Il était heureux et fier: il avait enfin trouvé sa voie.
Quand il rouvrit les yeux, il ressentit soudainement une vive inquiétude: la lumière était devenu rouge, et ne paraissait plus ni chaleureuse, ni rassurante. Giratina recula de quelques pas. Il ressentait à nouveau la peur.
-Qu'as tu fait ?!
La voix n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait été. Elle était forte , agressive , emplie de colère. Giratina poussa un petit cri de terreur, et continua de reculer. Puis il tomba à terre et resta là, couché sur le sol, à pousser des gémissements, pauvre petite chose perdue dans un monde qui ne lui semblait pas être le sien, qui n'était pas le sien, face à un être qui le dépassait.
Il lui sembla alors que la lumière disparaissait. Elle devenait plus terne: sans retourner complètement vers le blanc, elle ne semblait plus ni rouge ni agressive .
-Mon fils ... Est-ce de ma faute ? Ai-je mal agi ? Ce que tu as fait, nul ne devrait en avoir le droit. Tu as propagé la mort chez tes semblables, qui l'ignoraient autrefois, et tu les as condamné à connaître la peur et l'obscurité . Tu étais destiné à devenir le dieu de la vie, Giratina, et tu as pourtant apporté la mort. Tu étais destiné à incarner la pureté, et te voilà entaché de sang .
Giratina releva la tête. Des larmes coulaient de ses yeux. La crainte, la peur qu'il avait ressenties coulaient en dehors, ne laissant qu'un sentiment de vide. Cette sensation lui rappelait son sang qui coulait – et pourtant, il savait qu'il aurait préféré saigner.
-Ton esprit était pur et innocent, mais tu l'as souillé à jamais, et rien ne pourra te sauver. Je ne peux te sauver de ton mal: mais je peux au moins tenter de sauver les autres. Adieu, mon fils.
Une sphère noire apparut devant Giratina. Il leva les yeux vers elle. La sphère semblait l'attirer, l'entraîner: l'une après l'autre , mécaniquement, ses pattes s'actionnèrent, et il se mit à avancer. Sans un mot, sans un regard pour la lumière, il pénétra dans la sphère – dans le noir. La voix devint un chuchotement:
-Puisses-tu ne jamais ressortir de cette prison.
Mais il ne l'entendait déjà plus.
Il commença par contempler le ciel, pensif. Il ne comprenait pas pourquoi il était ici.
Avant, il n'y avait rien. Un repos éternel et absolu. Puis soudainement, son univers s'était fissuré.
Et soudain ce noir intense... constellé de lumières.
Il ne put jamais dire pourquoi, mais ces lumières le terrifiaient.
Puis il se rendit compte qu'il pouvait bouger. Les petites pattes se mirent en action, et il se traîna sur le sol en poussant de petits cris. C'est alors qu'il se rendit compte qu'il pouvait émettre des sons.
Il resta à nouveau immobile un moment, interloqué par sa découverte. Mais très vite, sa peur reprit le dessus. Il n'aimait pas les lumières. Elles le guettaient. Bien qu'il ignora ce que c'était, il ressentit confusément qu'elles lui voulaient du mal. Il se remit donc à avancer.
Il trébucha soudain. Pris par surprise, son corps frêle tomba lourdement sur le sol. C'est alors qu'il sentit le goût du sang dans sa bouche. Et la douleur. Il ne put le supporter. Il se mit à hurler. De rage. De peur. De douleur.
Il hurla jusqu'à l'épuisement, jusqu'à sentir la fatigue -encore une nouvelle sensation- envahir son corps et l'obliger à s'allonger.
-Pourquoi hurles-tu ainsi ?
Il leva la tête. Une douce chaleur l'avait envahi. Une chose entourée d'une lumière éclatante apparaissait devant lui, mais il n'avait pas peur. Cette lumière là était douce, rassurante, et en même temps étrangement familière.
Le pokemon poussa un petit cri plaintif.
-Tu peux me comprendre , n'est ce pas ?
Oui. Il comprenait ce que disait cette créature. Ce fût la première pensée logique et raisonnée qui lui vint. Il ne pouvait parler - d'ailleurs , la créature en face de lui non plus ne parlait pas. Ce langage le touchait bien plus profondément, jusqu'aux plus infimes racines de son être: ce langage touchait son âme.
-Mon nom est Arceus. Et tu es mon enfant.
La créature blanche leva la tête:
-Ce que tu vois ici est l'œuvre de tes frères. Le temps, l'espace... Plus tard , tu apprendras à les connaître. Mais le moment n'est pas encore venu. Tu dois d'abord apprendre à vivre.
Il ne comprit pas. Si le temps et l'espace étaient l'œuvre de ses frères, lui, qu'était-il destiné à devenir ?
Devait-il vivre, était-ce là sa destinée? Il ignorait tout de la vie. Sa plus grande envie était de retourner au néant. Le début de sa "vie" ne se résumait qu'à une succession de peurs, de douleur et d'échecs.
-Ne doute pas. Un jour viendra ou tu trouveras ta place. Tu es né de mon essence, et ton nom est Giratina. Tu es destiné à devenir un dieu.
Le petit être sentit une grande fatigue l'envahir. Il ne comprenait pas, trop de choses étaient arrivées en si peu de temps. Il sentait qu'il venait d'entendre une chose importante, mais il ne pouvait plus rien entendre. Il se sentit tomber, ses yeux se fermèrent. Et il ne pensa plus à rien.
Quand il se réveilla, le ciel avait changé, et était devenu d'un bleu éclatant. Il trouva cela joli. Une sphère lumineuse éclairait ce ciel. Il crût d'abord que c'était son père. Mais il fut très vite forcé de détourner les yeux. La sphère aussi lui faisait mal. Ça n'était pas lui.
Malgré tout , il aimait bien cette sphère. Elle le réchauffait, tout comme son père, et elle donnait au ciel une si jolie couleur! Il regarda autour de lui. Il se trouvait en lisière d'une forêt. Non loin de là, une caverne: sans doute l'endroit dont il était venu. Il n'avait pas envie d'y retourner, il voulait laisser cela derrière lui. Il s'enfonça donc dans la forêt.
Alors qu'il avançait, examinant avec attention chaque arbre, il entendit un bruit. Il se retourna soudainement, mais ne vit rien. Quelque chose le toucha alors et il sursauta. Il entendit un petit rire. Se retournant, il découvrit la chose qui avait émis ce son. Ce n'était ni une lumière, ni un arbre, et Giratina en ressentit une grande perplexité. L'être avait deux pattes allongées, un petit corps rose, et une longue queue. Sa petite tête ronde était terminée par des oreilles légèrement pointues. Mais surtout, il possédait de grands yeux bleus, semblable à ce ciel que Giratina avait pu apercevoir en se réveillant.
Le pokemon s'éleva alors dans les airs. Giratina en ressentit une vive frayeur, qui se dissipa vite pour laisser place à un sentiment d'admiration. Il tenta alors d'imiter le pokemon, mais retomba lourdement sur le sol. Cela fit rire à nouveau le pokemon, et Giratina ressentit pour la première fois de la honte.
Mew s'éleva alors jusqu'à un arbre, et y décrocha une pomme. Redescendant sur la terre ferme, il la tendit à Giratina. Celui-ci, intrigué, se demanda ce que le pokemon attendait de lui. Mew, ne comprenant pas la gêne de son nouveau compagnon, croqua la pomme et lui tendit. Giratina, comprenant soudain, mordit alors la pomme. Un goût sucré envahit sa bouche, et il ressentit une sensation de bonheur indescriptible. Il avala goulûment le reste de la pomme, sous le regard ravi du Mew.
Giratina attrapa alors violemment le Mew dans sa gueule.
Le Mew se débattit, et Giratina ressentit le même goût qu'il avait ressenti la veille au soir: le goût du sang. Mais cette fois, cela lui procurait beaucoup de plaisir, et il n'y avait aucune douleur: le sang coulait, chaud et salé, et il l'aspirait à grandes gorgées. Le fait que le Mew se débattait ne faisait qu'accentuer son plaisir. Il se sentait enfin vivant – il comprenait ce que son père avait voulu dire. Après une ultime plainte, le Mew cessa de bouger. Giratina, surpris, ouvrit la gueule et le laissa tomber à terre. Le Mew avait les yeux fermés, et ne respirait plus. Giratina le considéra un instant, avant que son instinct ne l'emporte sur sa raison: il se jeta sur lui et le dévora.
Il voyagea ainsi toute la journée a travers la forêt, massacrant et dévorant tous les pokemons – toutes les choses vivantes qu'il rencontrait. A chaque nouvelle proie, son plaisir augmentait. Il ressentait quelque chose de violent, de sauvage, qu'il n'avait jamais ressenti depuis le début de sa courte vie. Son cœur battait la chamade, il avait l'impression de découvrir un secret que nul ne connaissait alors. Ce qui le fascinait, ce n'était pas tant le goût, bien que cela fut très agréable, mais plutôt la façon dont, soudainement, ils cessaient de bouger et de se débattre pour devenir l'objet de son seul plaisir.
Le soir tombait, et Giratina continuait d'errer à travers la forêt. Il ne croisait plus aucun être, et il en ressentait un profond chagrin. Il se sentait seul. Il se demandait ou étaient passés ceux avec lesquels il s'était amusé durant cette journée. Il fit alors ce qu'il avait fait la veille au soir, lorsque le désespoir l'avait envahi: il leva la tête et poussa un cri vers le ciel.
La lumière blanche apparut, aussi éclatante que la veille. Giratina en ressentit un profond soulagement: il n'était plus en danger, il n'avait plus peur de la nuit. La lumière était là, elle le protégeait.
-Tu m'as appelé et je suis venu. Commences-tu à comprendre ce qu'est la vie ?
Comprendre ? Non. Il avait touché, senti, goûté, mais n'arrivait pas encore à comprendre. Toute la journée, il s'était laissé emporter dans un tourbillon d'émotions sur lequel il n'avait aucune prise: quand il le réalisa, cela le troubla beaucoup.
-C'est naturel. La compréhension, qui engendre la connaissance, vient avec l'âge. Mais qu'as tu ressenti ?
Giratina ferma les yeux, et ouvrit alors son esprit au grand être. Il voulait partager cela avec lui. Les émotions qu'il avait ressenties, en prenant sur les autres créatures qui bougeaient, et en donnant – il ne savait quoi. Mais il savait qu'il faisait bien, en les empêchant de bouger sans cesse. C'était pour ça qu'il était venu. Il était heureux et fier: il avait enfin trouvé sa voie.
Quand il rouvrit les yeux, il ressentit soudainement une vive inquiétude: la lumière était devenu rouge, et ne paraissait plus ni chaleureuse, ni rassurante. Giratina recula de quelques pas. Il ressentait à nouveau la peur.
-Qu'as tu fait ?!
La voix n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait été. Elle était forte , agressive , emplie de colère. Giratina poussa un petit cri de terreur, et continua de reculer. Puis il tomba à terre et resta là, couché sur le sol, à pousser des gémissements, pauvre petite chose perdue dans un monde qui ne lui semblait pas être le sien, qui n'était pas le sien, face à un être qui le dépassait.
Il lui sembla alors que la lumière disparaissait. Elle devenait plus terne: sans retourner complètement vers le blanc, elle ne semblait plus ni rouge ni agressive .
-Mon fils ... Est-ce de ma faute ? Ai-je mal agi ? Ce que tu as fait, nul ne devrait en avoir le droit. Tu as propagé la mort chez tes semblables, qui l'ignoraient autrefois, et tu les as condamné à connaître la peur et l'obscurité . Tu étais destiné à devenir le dieu de la vie, Giratina, et tu as pourtant apporté la mort. Tu étais destiné à incarner la pureté, et te voilà entaché de sang .
Giratina releva la tête. Des larmes coulaient de ses yeux. La crainte, la peur qu'il avait ressenties coulaient en dehors, ne laissant qu'un sentiment de vide. Cette sensation lui rappelait son sang qui coulait – et pourtant, il savait qu'il aurait préféré saigner.
-Ton esprit était pur et innocent, mais tu l'as souillé à jamais, et rien ne pourra te sauver. Je ne peux te sauver de ton mal: mais je peux au moins tenter de sauver les autres. Adieu, mon fils.
Une sphère noire apparut devant Giratina. Il leva les yeux vers elle. La sphère semblait l'attirer, l'entraîner: l'une après l'autre , mécaniquement, ses pattes s'actionnèrent, et il se mit à avancer. Sans un mot, sans un regard pour la lumière, il pénétra dans la sphère – dans le noir. La voix devint un chuchotement:
-Puisses-tu ne jamais ressortir de cette prison.
Mais il ne l'entendait déjà plus.