Chapitre 29 : Changement
Chapitre 29 : Changement
« Je suis le chevalier de Demeteros. »
« De Demeteros ? Pas du ? » demanda Sanphinoa, suspicieuse et inquiète. Elle n’avait jamais entendu un tel nom de chevalier-pokémon avant maintenant.
« De … car je suis unique. Un peu comme toutes les armures-pokémon, il est vrai … mais totalement différent en même temps. »
Qu’est-ce qu’il racontait exactement ? C’était bizarre comment il parlait. Unique mais en même temps, il ne l’était pas ? Son armure-pokémon, d’ailleurs, personne ne la voyait. Il ne l’avait surement pas prise avec lui. Ca ne changeait pas qu’il était un adversaire qui était plus que terrifiant à première vue.
« Qu’est-ce que vous voulez à Waram ? Vous auriez pu le prendre très facilement si vous vous en étiez occupé tout seul, non ? » dit Xalex à la suite de Sanphinoa.
« Ce que nous voulons ? Oh, je voulais juste juger de sa force en tant que chevalier du Solochi. Il semblerait qu’il soit bien plus que cela, oh oui. »
Bien plus que cela ? En vue de son comportement, ce n’était pas bien difficile de le remarquer … mais ça ne changeait pas que cet homme était énervant et inquiétant en un sens. Qu’est-ce qu’ils pouvaient contre lui ? Même à trois, cela était tout simplement impossible qu’ils n’arrivent, ne serait-ce qu’à l’égratigner. La différence était … trop grande.
« On ne vous laisser jamais Waram ! »
« Qui a dit que je ne pouvais pas récupérer ce dont j’ai besoin ? Vous comptez m’arrêter dans votre état ? Vous êtes tous les trois exténués et fatigués. »
L’homme murmurait cela dans un sourire presque carnassier alors que Waram avait fini par se calmer. Il était maintenant assis dans la cage faite de pierre, les yeux fermés alors qu’il restait parfaitement immobile, sans rien dire.
« Ca ne fait rien ! Je continuerai de protéger Waram jusqu’au bout ! » s’exalta Sanphinoa, déjà prête à se battre malgré que son corps criait sa douleur.
« Sanphinoa, ça ne sert à rien. Si tu te bats comme ça, tu vas juste mourir. » dit Karry, plus neutre qu’elle sur la situation, Sanphinoa criant :
« Je ne les laisserai pas toucher à Waram ! C’est tout ! NON ET NON ! »
« S’il veut le récupérer, on n’a pas trop le choix et on doit lui laisser Waram. »
NON NON ET NON ! Elle se répétait inlassablement ça, criant de toutes ses forces avant de faire apparaître de l’eau autour d’elle. Elle visa le chevalier de Demeteros avec ça mais l’eau vint tout simplement le toucher sans même l’égratigner.
« C’est bon, Sanphinoa. Laissez-les tranquille. »
La voix ne provenait pas de l’un des deux groupes face à face mais de la personne enfermée dans la cage. Waram avait rouvert les yeux, regardant autour de lui avec lenteur avant de reprendre d’un ton neutre et las :
« J’aimerai bien savoir exactement ce qui s’est passé. Mon corps fait atrocement mal et je ne sais pas du tout ce qui se passe. Et qui est ce type ? »
« Wa … Waram ! Attends, je viens te délivrer ! »
Elle semblait maintenant si heureuse de revoir Waram en bonne santé qu’elle ne se préoccupait plus de cet homme. Elle chercha à libérer Waram de la cage mais celle-ci explosa tout simplement en morceaux, arrêtant de l’emprisonner.
« Plus de raison de te garder ainsi si tu as retrouvé la tienne, n’est-ce pas ? »
« Je ne t’aime pas … si tu n’as pas encore compris. »
« Je m’en doutais mais bon, cela fait toujours plaisir de l’entendre de vive voix. »
Cet homme avait quoi ? La quarantaine ? Des cheveux-gris blancs attachés en une queue-de-cheval mais surtout des habits simples. Un pantalon de tissu brun et un marcel noir. Par contre, il était immense mais dans le sens vraiment immense : il devait faire deux mètres voire les dépasser un peu. Et aussi, qu’est-ce qu’il était musclé. Qu’est-ce qu’une montagne comme lui faisait ici exactement ? Et surtout, c’était vraiment un chevalier-pokémon ?
« Mon allure semble t’impressionner. »
« Après les cinq premières secondes, tu n’es qu’un individu comme un autre pour moi. »
« Hahaha ! Voilà ce que j’apprécie. Un tel langage venant de ta part. C’est ça qui te rend si intéressant, si différent des autres … et si on rajoute bien entendu ta petite particularité que tes compagnons ont pu voir de leurs propres yeux. »
« Quelle particularité ? Qu’est-ce qu’il raconte ? Sarine ? Sarine ? »
« J … Je suis là, Waram. Je suis là, ne t’en fait pas. »
Pourquoi est-ce qu’elle semblait si fatiguée quand il entendait sa voix ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il n’aimait pas ça, il n’aimait pas ça du tout. Il voulait avoir une réponse ! Mais mais … son corps lui répondait à peine pour le moment. Il devait faire autre chose.
« Qu’est-ce qui t’arrive, Sarine ? T’as l’air épuisé. Ce n’est pas normal pour une armure-pokémon. Ca veut dire quoi ça ? »
« Ce n’est rien … ce n’est pas bien grave, Waram. »
« Si ! Ça l’est ! Qu’est-ce que ça veut dire ?! Et il se passe quoi ?! Pourquoi est-ce qu’ils sont au sol ces deux-là ?! Je veux savoir ce qui se passe exactement ! Vous ne moquez pas de moi ! Je commence à en avoir marre d’être pris pour un imbécile ! »
« Tu peux tout simplement considérer que tu es le vainqueur. »
« Vainqueur de quoi ? Du combat contre ce type du Diamat ? Je ne savais même pas que j’avais réussi à le battre. On peut m’expliquer ce que ça veut dire ?! »
Puis il tourna son visage vers Sanphinoa. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Son masque … il était fissuré ? Elle était proche de lui, n’osant pas s’avancer vers lui mais il la prit par le bras, le tirant à lui avant de dire d’une voix qui aurait pu paraître énervée s’il n’y avait pas quelques tremblements à l’intérieur :
« Qu’est-ce que ça veut dire ? Sanphinoa ? Qui t’a frappé aussi violemment au point de te faire fissurer ce masque ? Dis-moi tout. »
« Ce … ce n’est pas bien important, Waram. Pas important du tout et … »
« C’est toi qui est responsable de ça, Waram. C’est toi qui lui a fait ça. » déclara Karry sans même se soucier de la surprise qui se dessina sur le visage de l’adolescent aux cheveux noirs. Comment ça ? Co … Comment ça ? Ce n’était pas possible.
« Pourquoi est-ce que j’aurai fait ça ? Je n’aurai pas réellement blessé Sanphinoa. Pas au point de la blesser comme ça, pas du tout hein ? Hein ? »
Non, non et non. Il n’acceptait pas ça. Pourquoi il blesserait Sanphinoa ? Il la gardait contre lui, tremblant de tout son corps. Autant, il n’était pas très sociable, autant avec Sanphinoa, c’était bien la réelle dernière personne qu’il voulait blesser.
« Sanphinoa … je … suis désolé ? Sanphinoa, j’en suis sûr que je suis désolé. »
« Mais ce n’est pas grave, pas grave du tout. Ce n’était pas de ta faute, tu n’étais pas réellement conscient de ce que tu faisais. Ce n’était pas ta faute. Ne t’inquiète et ne te préoccupe pas vraiment de ça, je te le promets hein ? Regarde-moi, Waram. »
Qu’est-ce que ça voulait dire ? Enfin, elle caressait sa joue pour le rassurer et il se sentait … un peu plus soulagé. Mais il allait avoir besoin d’une sérieuse explication. Pour le moment, il y avait encore beaucoup à terminer là.
« Explications … Je veux des explications ! OU JE VEUX RENTRER A L’ECOLE ! »
« Ce n’est pas vraiment le bon moment pour cela, j’en suis désolée, Waram. »
Xalex tentait de le calmer mais ça ne servait pas vraiment à grand-chose. L’adolescent avait toujours son armure sur son corps mais rapidement, une main faite de pierre sortit du sol, les empoignant, lui et Sanphinoa alors que l’homme aux cheveux gris-blanc les regardait :
« Je ne pense pas que tu sois en position pour avoir ton opinion. »
« Qu’est-ce que … LÂCHE MOI OU JE T’ECARTELE ! » hurla l’adolescent avec rage, commençant à gesticuler dans tous les sens, énervé pour tenter de s’enfuir sans vraiment y arriver. QU’ILS LE LÂCHENT SINON ! Sinon … sinon …
« Et pendant ce temps, je ferai mieux d’en terminer. Itarès, sais-tu quel est le problème dans ce que tu as fait exactement ? »
L’homme s’adressait maintenant au chevalier-pokémon du Diamat, celui-ci semblant très mal à l’aise tout en disant d’une voix qui se voulait rassurée :
« Euh … Le fait que j’ai perdu contre le chevalier-pokémon du Solochi ? »
« Non, non et non. Cela peut arriver à chacun. Non, le problème, c’est que tu as préféré abandonner plutôt que de te battre jusqu’au bout. C’est désagréable. Très désagréable. Sais-tu les premières règles de l’Antre de la Terre ? »
« Cela ne me dit rien exactement. Je … ne crois pas m’en rappeler. Je suis déso … » commença à répondre Itarès avant que sa tête ne quitte le tronc : « lé. »
Un simple coup de poing de la part du chevalier-pokémon du Demeteros et il venait d’abattre l’un des membres de son organisation ? Il reprit la parole :
« Le simple fait que tu abandonnes le combat au lieu de te donner jusqu’au bout. C’est reconnaître que tu es faible, très faible, incapable de te battre correctement. Ce n’est pas ainsi que nous fonctionnons dans l’Antre de la Terre. Enfin, maintenant, tu n’as plus à te poser de questions à ce sujet, là où tu es. »
« Il … il l’a tué … d’un seul … d’un seul coup. »
Et même si Itarès ne portait pas d’armure, cet homme non plus ! Comment est-ce qu’il avait pu faire ça sans aucun problème ? Com … comment ? Hein ? Non, non. Il n’était pas d’accord avec ça, pas d’accord du tout même. Ca ne lui convenait pas. Enfin, ça ne convenait à personne ce qui venait de se passer … sauf une. Un grand éclat de rire se fit entendre de la part de l’armure du Diamat avant qu’elle ne s’écrie :
« Libre ! Je suis libre donc ! Chouette ! C’est parfait ! On fait comme prévu alors ?! »
« Essaye donc si tu en es capable. Mais peut-être que tu devrais expliquer comment cela risque se produire ? Pour qu’il comprenne la situation ? Enfin, ils ? »
« Oh, ça, je veux bien, de toute façon, il comprendra où est son avantage. »
Où est son avantage ? De qui est-ce qu’il parlait ? De lui ? Il n’était pas sûr réellement de trouver un avantage dans ce qu’il allait dire. Pas du tout même. Vraiment pas … En fait, ça ne lui plaisait carrément pas même ! Surtout que l’armure du Diamat avait quelque chose de vraiment glauque, sa bouche s’ouvrant et se refermant plusieurs fois :
« Disons que certains chevaliers peuvent porter des armures qui évoluent au fur et à mesure. Des fois, les armures n’ont pas de propriétaire donc cela est bien plus facile. Des fois, elles en ont un et alors, il faut que le propriétaire abandonne complètement son combat et donc l’armure peut se libérer … ou alors soit mort. »
« Mais cet homme avait alors abandonné le combat ! Il aurait pu être autre chose qu’un chevalier-pokémon ! Un simple humain ! » s’écria Raon, comprenant mieux ce qui venait de se passer ici. Ce … c’était monstrueux !
« Hum ? Quand on rejoint une organisation, il faut alors obéir aux règles. Il n’a pas respecté la plus vitale d’entre toutes. Nous ne sommes pas de bons samaritains, loin de là. »
« Et alors ?! Ca ne nous donne pas droit de vie ou de mort sur autrui ! »
« Quelle candeur. Êtes-vous réellement des chevaliers-pokémon ? Que pensez-vous qui vous attends dans ce monde ? Autour de vous ? Soyez donc un peu réalistes. Molno … Tu peux continuer maintenant alors. Expliques-leur. »
« Hahaha ! Bien entendu, bien entendu ! » s’exclama l’armure du Diamat après la courte discussion entre le chevalier du Demeteros et Raon. « Alors, maintenant, tu dois te dire : mais je ne peux pas porter deux armures ! Et tu as tout à fait raison ! C’est pourquoi il va te falloir faire un choix, hahaha. Car quand un porteur abandonne son armure complètement, celle-ci peut complètement disparaître … du moins l’être à l’intérieur de l’armure. »
« L’être ? Sarine ? Vous voulez que j’abandonne Sarine ? »
« Oh, soit tu l’abandonnes pour obtenir alors une armure à la hauteur de ta puissance, soit alors tu la laisses m’affronter, hahaha. HAHAHAHA ! M’affronter ! Je vais la dévorer toute crue la fille qui est dans ton armure ! »
« Et si je refuse de changer d’armure ? » rétorqua l’adolescent aux cheveux noirs, Molno perdant son rire aussitôt, reprenant :
« Tu te moques de moi hein ? Après la démonstration de force que tu as fait, tu crois VRAIMENT que tu pourras être tranquille et paisible comme si de rien n’était ? Tu crois vraiment que tu peux avoir une petite vie pépère sans aucun problème ? Il ne te faut pas une armure de fillette ! Tu sais parfaitement que tu ne peux faire qu’un seul choix : MOI ! Ou alors … tu crois que cette gamine dans l’armure du Solochi peut me battre ? »
« Waram, est-ce que … tu préfères aller avec lui ? »
La voix de Solochi lui transperça le cerveau. Elle … lui demandait son avis sur le sujet ? Elle ne pensait pas à elle en un sens ? C’était quoi cette question stupide ?
« Et toi ? Tu en penses quoi, Sarine ? Que je sache, tu es libre de tes choix. »
« Je te laisserai décider pour moi, Waram. Je ne ferai que suivre ce que tu désires. Est-ce que tu veux tellement cette nouvelle armure ou non ? »
« Bah … être toujours plus fort, c’est bien. Ca me plait bien quand même, je dois le reconnaître. Puis bon, chevalier d’argent du Diamat, ça en impose non ? »
« Alors, tu as … décidé d’aller avec lui, Waram ? »
« Bah si je vais avec lui, ça veut dire que je n’entendrai plus tes réflexions stupides. Ça ne me plait pas vraiment si je peux me permettre. Je préfère que tu sois avec moi. »
« Alors, d’accord. Je vais le combattre, Waram. Rien que pour toi. »
« Hein ? C’est une blague ? Elle veut se battre contre moi ? HAHAHA ! D’accord, d’accord, la plaisanterie a assez duré, oui. Si tu veux vraiment me combattre, reprend ta forme d’armure et vient donc te poser en face de moi. »
Elle s’exécuta, quittant le corps de Waram pour reprendre sa forme de Solochi de métal alors qu’elle se plaçait peu à peu en face du Diamat métallisé. Il était plus grand qu’elle et plus imposant, chose logique et normale à bien y réfléchir.
« Et là, nous rentrons tous les deux en osmose. Nos deux esprits vont se rencontrer et s’affronter. Celui qui aura l’esprit le plus fort obtiendra alors les faveurs de la meilleure armure. L’autre armure disparaîtra alors pour se réfugier quelque part dans le monde, attendant un nouvel esprit et un nouveau porteur. Tu as compris ? »
« Parfaitement, cela me semble plutôt simple. »
« Simple ? Ca sera avant de me rencontrer. » rétorqua l’armure du Diamat.
« SARINE ! FAIS ATTENTION ! » s’égosilla Waram, peu rassuré par la tournure des évènements alors que les deux armures se rapprochaient … puis plus aucun mouvement. Sauf une sombre aura violette et ténébreuse qui se formait autour d’eux.
Ailleurs, les deux esprits se rencontraient finalement. Plutôt, l’esprit de Molno s’insinua dans celui de Sarine, ayant trouvé l’accès avec une certaine facilité. A l’intérieur, une personne humanoïde regardait autour d’elle, disant avec lenteur :
« Je m’attendais à quelque chose de plus coloré pour une gamine. »
C’était vraiment assez sinistre. Cela ressemblait à un temple abandonné depuis des siècles ou alors celui de rites sataniques et obscurs. Les rares flammes sur les chandeliers étaient de diverses couleurs, éclairant faiblement la pièce alors que l’humanoïde marchait toujours tout droit, ne pouvant détacher ses yeux du décor :
« Bienvenue. Vous êtes Molno, n’est-ce pas ? »
« Hum ? Tu es en train de te cacher, n’est-ce pas ? Montre-toi ! Je te promets que ça ne sera pas du tout douloureux ! Je ferai ça rapidement. »
« Je ne me cache pas. Je suis juste assise, devant vous. Vous devriez mieux ouvrir vos yeux. Je vais vous éclairer, ça sera mieux. »
Deux chandeliers, quatre, six, huit, dix. Des lignes de chandeliers de diverses couleurs s’allumaient subitement, traçant une ligne jusqu’à un imposant cercueil fait de marbre. Assise dessus tout en balançant ses pieds nus dans le vide, une jeune fille à la robe de chambre noire s’y trouvait. Elle ne devait avoir qu’environ six ans, des cheveux noirs cachant ses deux yeux tout en lui allant jusqu’au dos. Seul son sourire était visible sur son visage.
« Je suis le chevalier de Demeteros. »
« De Demeteros ? Pas du ? » demanda Sanphinoa, suspicieuse et inquiète. Elle n’avait jamais entendu un tel nom de chevalier-pokémon avant maintenant.
« De … car je suis unique. Un peu comme toutes les armures-pokémon, il est vrai … mais totalement différent en même temps. »
Qu’est-ce qu’il racontait exactement ? C’était bizarre comment il parlait. Unique mais en même temps, il ne l’était pas ? Son armure-pokémon, d’ailleurs, personne ne la voyait. Il ne l’avait surement pas prise avec lui. Ca ne changeait pas qu’il était un adversaire qui était plus que terrifiant à première vue.
« Qu’est-ce que vous voulez à Waram ? Vous auriez pu le prendre très facilement si vous vous en étiez occupé tout seul, non ? » dit Xalex à la suite de Sanphinoa.
« Ce que nous voulons ? Oh, je voulais juste juger de sa force en tant que chevalier du Solochi. Il semblerait qu’il soit bien plus que cela, oh oui. »
Bien plus que cela ? En vue de son comportement, ce n’était pas bien difficile de le remarquer … mais ça ne changeait pas que cet homme était énervant et inquiétant en un sens. Qu’est-ce qu’ils pouvaient contre lui ? Même à trois, cela était tout simplement impossible qu’ils n’arrivent, ne serait-ce qu’à l’égratigner. La différence était … trop grande.
« On ne vous laisser jamais Waram ! »
« Qui a dit que je ne pouvais pas récupérer ce dont j’ai besoin ? Vous comptez m’arrêter dans votre état ? Vous êtes tous les trois exténués et fatigués. »
L’homme murmurait cela dans un sourire presque carnassier alors que Waram avait fini par se calmer. Il était maintenant assis dans la cage faite de pierre, les yeux fermés alors qu’il restait parfaitement immobile, sans rien dire.
« Ca ne fait rien ! Je continuerai de protéger Waram jusqu’au bout ! » s’exalta Sanphinoa, déjà prête à se battre malgré que son corps criait sa douleur.
« Sanphinoa, ça ne sert à rien. Si tu te bats comme ça, tu vas juste mourir. » dit Karry, plus neutre qu’elle sur la situation, Sanphinoa criant :
« Je ne les laisserai pas toucher à Waram ! C’est tout ! NON ET NON ! »
« S’il veut le récupérer, on n’a pas trop le choix et on doit lui laisser Waram. »
NON NON ET NON ! Elle se répétait inlassablement ça, criant de toutes ses forces avant de faire apparaître de l’eau autour d’elle. Elle visa le chevalier de Demeteros avec ça mais l’eau vint tout simplement le toucher sans même l’égratigner.
« C’est bon, Sanphinoa. Laissez-les tranquille. »
La voix ne provenait pas de l’un des deux groupes face à face mais de la personne enfermée dans la cage. Waram avait rouvert les yeux, regardant autour de lui avec lenteur avant de reprendre d’un ton neutre et las :
« J’aimerai bien savoir exactement ce qui s’est passé. Mon corps fait atrocement mal et je ne sais pas du tout ce qui se passe. Et qui est ce type ? »
« Wa … Waram ! Attends, je viens te délivrer ! »
Elle semblait maintenant si heureuse de revoir Waram en bonne santé qu’elle ne se préoccupait plus de cet homme. Elle chercha à libérer Waram de la cage mais celle-ci explosa tout simplement en morceaux, arrêtant de l’emprisonner.
« Plus de raison de te garder ainsi si tu as retrouvé la tienne, n’est-ce pas ? »
« Je ne t’aime pas … si tu n’as pas encore compris. »
« Je m’en doutais mais bon, cela fait toujours plaisir de l’entendre de vive voix. »
Cet homme avait quoi ? La quarantaine ? Des cheveux-gris blancs attachés en une queue-de-cheval mais surtout des habits simples. Un pantalon de tissu brun et un marcel noir. Par contre, il était immense mais dans le sens vraiment immense : il devait faire deux mètres voire les dépasser un peu. Et aussi, qu’est-ce qu’il était musclé. Qu’est-ce qu’une montagne comme lui faisait ici exactement ? Et surtout, c’était vraiment un chevalier-pokémon ?
« Mon allure semble t’impressionner. »
« Après les cinq premières secondes, tu n’es qu’un individu comme un autre pour moi. »
« Hahaha ! Voilà ce que j’apprécie. Un tel langage venant de ta part. C’est ça qui te rend si intéressant, si différent des autres … et si on rajoute bien entendu ta petite particularité que tes compagnons ont pu voir de leurs propres yeux. »
« Quelle particularité ? Qu’est-ce qu’il raconte ? Sarine ? Sarine ? »
« J … Je suis là, Waram. Je suis là, ne t’en fait pas. »
Pourquoi est-ce qu’elle semblait si fatiguée quand il entendait sa voix ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il n’aimait pas ça, il n’aimait pas ça du tout. Il voulait avoir une réponse ! Mais mais … son corps lui répondait à peine pour le moment. Il devait faire autre chose.
« Qu’est-ce qui t’arrive, Sarine ? T’as l’air épuisé. Ce n’est pas normal pour une armure-pokémon. Ca veut dire quoi ça ? »
« Ce n’est rien … ce n’est pas bien grave, Waram. »
« Si ! Ça l’est ! Qu’est-ce que ça veut dire ?! Et il se passe quoi ?! Pourquoi est-ce qu’ils sont au sol ces deux-là ?! Je veux savoir ce qui se passe exactement ! Vous ne moquez pas de moi ! Je commence à en avoir marre d’être pris pour un imbécile ! »
« Tu peux tout simplement considérer que tu es le vainqueur. »
« Vainqueur de quoi ? Du combat contre ce type du Diamat ? Je ne savais même pas que j’avais réussi à le battre. On peut m’expliquer ce que ça veut dire ?! »
Puis il tourna son visage vers Sanphinoa. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Son masque … il était fissuré ? Elle était proche de lui, n’osant pas s’avancer vers lui mais il la prit par le bras, le tirant à lui avant de dire d’une voix qui aurait pu paraître énervée s’il n’y avait pas quelques tremblements à l’intérieur :
« Qu’est-ce que ça veut dire ? Sanphinoa ? Qui t’a frappé aussi violemment au point de te faire fissurer ce masque ? Dis-moi tout. »
« Ce … ce n’est pas bien important, Waram. Pas important du tout et … »
« C’est toi qui est responsable de ça, Waram. C’est toi qui lui a fait ça. » déclara Karry sans même se soucier de la surprise qui se dessina sur le visage de l’adolescent aux cheveux noirs. Comment ça ? Co … Comment ça ? Ce n’était pas possible.
« Pourquoi est-ce que j’aurai fait ça ? Je n’aurai pas réellement blessé Sanphinoa. Pas au point de la blesser comme ça, pas du tout hein ? Hein ? »
Non, non et non. Il n’acceptait pas ça. Pourquoi il blesserait Sanphinoa ? Il la gardait contre lui, tremblant de tout son corps. Autant, il n’était pas très sociable, autant avec Sanphinoa, c’était bien la réelle dernière personne qu’il voulait blesser.
« Sanphinoa … je … suis désolé ? Sanphinoa, j’en suis sûr que je suis désolé. »
« Mais ce n’est pas grave, pas grave du tout. Ce n’était pas de ta faute, tu n’étais pas réellement conscient de ce que tu faisais. Ce n’était pas ta faute. Ne t’inquiète et ne te préoccupe pas vraiment de ça, je te le promets hein ? Regarde-moi, Waram. »
Qu’est-ce que ça voulait dire ? Enfin, elle caressait sa joue pour le rassurer et il se sentait … un peu plus soulagé. Mais il allait avoir besoin d’une sérieuse explication. Pour le moment, il y avait encore beaucoup à terminer là.
« Explications … Je veux des explications ! OU JE VEUX RENTRER A L’ECOLE ! »
« Ce n’est pas vraiment le bon moment pour cela, j’en suis désolée, Waram. »
Xalex tentait de le calmer mais ça ne servait pas vraiment à grand-chose. L’adolescent avait toujours son armure sur son corps mais rapidement, une main faite de pierre sortit du sol, les empoignant, lui et Sanphinoa alors que l’homme aux cheveux gris-blanc les regardait :
« Je ne pense pas que tu sois en position pour avoir ton opinion. »
« Qu’est-ce que … LÂCHE MOI OU JE T’ECARTELE ! » hurla l’adolescent avec rage, commençant à gesticuler dans tous les sens, énervé pour tenter de s’enfuir sans vraiment y arriver. QU’ILS LE LÂCHENT SINON ! Sinon … sinon …
« Et pendant ce temps, je ferai mieux d’en terminer. Itarès, sais-tu quel est le problème dans ce que tu as fait exactement ? »
L’homme s’adressait maintenant au chevalier-pokémon du Diamat, celui-ci semblant très mal à l’aise tout en disant d’une voix qui se voulait rassurée :
« Euh … Le fait que j’ai perdu contre le chevalier-pokémon du Solochi ? »
« Non, non et non. Cela peut arriver à chacun. Non, le problème, c’est que tu as préféré abandonner plutôt que de te battre jusqu’au bout. C’est désagréable. Très désagréable. Sais-tu les premières règles de l’Antre de la Terre ? »
« Cela ne me dit rien exactement. Je … ne crois pas m’en rappeler. Je suis déso … » commença à répondre Itarès avant que sa tête ne quitte le tronc : « lé. »
Un simple coup de poing de la part du chevalier-pokémon du Demeteros et il venait d’abattre l’un des membres de son organisation ? Il reprit la parole :
« Le simple fait que tu abandonnes le combat au lieu de te donner jusqu’au bout. C’est reconnaître que tu es faible, très faible, incapable de te battre correctement. Ce n’est pas ainsi que nous fonctionnons dans l’Antre de la Terre. Enfin, maintenant, tu n’as plus à te poser de questions à ce sujet, là où tu es. »
« Il … il l’a tué … d’un seul … d’un seul coup. »
Et même si Itarès ne portait pas d’armure, cet homme non plus ! Comment est-ce qu’il avait pu faire ça sans aucun problème ? Com … comment ? Hein ? Non, non. Il n’était pas d’accord avec ça, pas d’accord du tout même. Ca ne lui convenait pas. Enfin, ça ne convenait à personne ce qui venait de se passer … sauf une. Un grand éclat de rire se fit entendre de la part de l’armure du Diamat avant qu’elle ne s’écrie :
« Libre ! Je suis libre donc ! Chouette ! C’est parfait ! On fait comme prévu alors ?! »
« Essaye donc si tu en es capable. Mais peut-être que tu devrais expliquer comment cela risque se produire ? Pour qu’il comprenne la situation ? Enfin, ils ? »
« Oh, ça, je veux bien, de toute façon, il comprendra où est son avantage. »
Où est son avantage ? De qui est-ce qu’il parlait ? De lui ? Il n’était pas sûr réellement de trouver un avantage dans ce qu’il allait dire. Pas du tout même. Vraiment pas … En fait, ça ne lui plaisait carrément pas même ! Surtout que l’armure du Diamat avait quelque chose de vraiment glauque, sa bouche s’ouvrant et se refermant plusieurs fois :
« Disons que certains chevaliers peuvent porter des armures qui évoluent au fur et à mesure. Des fois, les armures n’ont pas de propriétaire donc cela est bien plus facile. Des fois, elles en ont un et alors, il faut que le propriétaire abandonne complètement son combat et donc l’armure peut se libérer … ou alors soit mort. »
« Mais cet homme avait alors abandonné le combat ! Il aurait pu être autre chose qu’un chevalier-pokémon ! Un simple humain ! » s’écria Raon, comprenant mieux ce qui venait de se passer ici. Ce … c’était monstrueux !
« Hum ? Quand on rejoint une organisation, il faut alors obéir aux règles. Il n’a pas respecté la plus vitale d’entre toutes. Nous ne sommes pas de bons samaritains, loin de là. »
« Et alors ?! Ca ne nous donne pas droit de vie ou de mort sur autrui ! »
« Quelle candeur. Êtes-vous réellement des chevaliers-pokémon ? Que pensez-vous qui vous attends dans ce monde ? Autour de vous ? Soyez donc un peu réalistes. Molno … Tu peux continuer maintenant alors. Expliques-leur. »
« Hahaha ! Bien entendu, bien entendu ! » s’exclama l’armure du Diamat après la courte discussion entre le chevalier du Demeteros et Raon. « Alors, maintenant, tu dois te dire : mais je ne peux pas porter deux armures ! Et tu as tout à fait raison ! C’est pourquoi il va te falloir faire un choix, hahaha. Car quand un porteur abandonne son armure complètement, celle-ci peut complètement disparaître … du moins l’être à l’intérieur de l’armure. »
« L’être ? Sarine ? Vous voulez que j’abandonne Sarine ? »
« Oh, soit tu l’abandonnes pour obtenir alors une armure à la hauteur de ta puissance, soit alors tu la laisses m’affronter, hahaha. HAHAHAHA ! M’affronter ! Je vais la dévorer toute crue la fille qui est dans ton armure ! »
« Et si je refuse de changer d’armure ? » rétorqua l’adolescent aux cheveux noirs, Molno perdant son rire aussitôt, reprenant :
« Tu te moques de moi hein ? Après la démonstration de force que tu as fait, tu crois VRAIMENT que tu pourras être tranquille et paisible comme si de rien n’était ? Tu crois vraiment que tu peux avoir une petite vie pépère sans aucun problème ? Il ne te faut pas une armure de fillette ! Tu sais parfaitement que tu ne peux faire qu’un seul choix : MOI ! Ou alors … tu crois que cette gamine dans l’armure du Solochi peut me battre ? »
« Waram, est-ce que … tu préfères aller avec lui ? »
La voix de Solochi lui transperça le cerveau. Elle … lui demandait son avis sur le sujet ? Elle ne pensait pas à elle en un sens ? C’était quoi cette question stupide ?
« Et toi ? Tu en penses quoi, Sarine ? Que je sache, tu es libre de tes choix. »
« Je te laisserai décider pour moi, Waram. Je ne ferai que suivre ce que tu désires. Est-ce que tu veux tellement cette nouvelle armure ou non ? »
« Bah … être toujours plus fort, c’est bien. Ca me plait bien quand même, je dois le reconnaître. Puis bon, chevalier d’argent du Diamat, ça en impose non ? »
« Alors, tu as … décidé d’aller avec lui, Waram ? »
« Bah si je vais avec lui, ça veut dire que je n’entendrai plus tes réflexions stupides. Ça ne me plait pas vraiment si je peux me permettre. Je préfère que tu sois avec moi. »
« Alors, d’accord. Je vais le combattre, Waram. Rien que pour toi. »
« Hein ? C’est une blague ? Elle veut se battre contre moi ? HAHAHA ! D’accord, d’accord, la plaisanterie a assez duré, oui. Si tu veux vraiment me combattre, reprend ta forme d’armure et vient donc te poser en face de moi. »
Elle s’exécuta, quittant le corps de Waram pour reprendre sa forme de Solochi de métal alors qu’elle se plaçait peu à peu en face du Diamat métallisé. Il était plus grand qu’elle et plus imposant, chose logique et normale à bien y réfléchir.
« Et là, nous rentrons tous les deux en osmose. Nos deux esprits vont se rencontrer et s’affronter. Celui qui aura l’esprit le plus fort obtiendra alors les faveurs de la meilleure armure. L’autre armure disparaîtra alors pour se réfugier quelque part dans le monde, attendant un nouvel esprit et un nouveau porteur. Tu as compris ? »
« Parfaitement, cela me semble plutôt simple. »
« Simple ? Ca sera avant de me rencontrer. » rétorqua l’armure du Diamat.
« SARINE ! FAIS ATTENTION ! » s’égosilla Waram, peu rassuré par la tournure des évènements alors que les deux armures se rapprochaient … puis plus aucun mouvement. Sauf une sombre aura violette et ténébreuse qui se formait autour d’eux.
Ailleurs, les deux esprits se rencontraient finalement. Plutôt, l’esprit de Molno s’insinua dans celui de Sarine, ayant trouvé l’accès avec une certaine facilité. A l’intérieur, une personne humanoïde regardait autour d’elle, disant avec lenteur :
« Je m’attendais à quelque chose de plus coloré pour une gamine. »
C’était vraiment assez sinistre. Cela ressemblait à un temple abandonné depuis des siècles ou alors celui de rites sataniques et obscurs. Les rares flammes sur les chandeliers étaient de diverses couleurs, éclairant faiblement la pièce alors que l’humanoïde marchait toujours tout droit, ne pouvant détacher ses yeux du décor :
« Bienvenue. Vous êtes Molno, n’est-ce pas ? »
« Hum ? Tu es en train de te cacher, n’est-ce pas ? Montre-toi ! Je te promets que ça ne sera pas du tout douloureux ! Je ferai ça rapidement. »
« Je ne me cache pas. Je suis juste assise, devant vous. Vous devriez mieux ouvrir vos yeux. Je vais vous éclairer, ça sera mieux. »
Deux chandeliers, quatre, six, huit, dix. Des lignes de chandeliers de diverses couleurs s’allumaient subitement, traçant une ligne jusqu’à un imposant cercueil fait de marbre. Assise dessus tout en balançant ses pieds nus dans le vide, une jeune fille à la robe de chambre noire s’y trouvait. Elle ne devait avoir qu’environ six ans, des cheveux noirs cachant ses deux yeux tout en lui allant jusqu’au dos. Seul son sourire était visible sur son visage.