[Fanfiction] La vie de Peter - En Cours!-

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steakfrite

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12 novembre 2012, 23:08
C'était super plaisant à lire :)

Layton'

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steakfrite

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13 novembre 2012, 20:12
Et ?
J'up pour montrer que j'apprécie et qu'une suite serait là bienvenue, au vue du potentiel ça serait dommage de délaisser ce topic.

Vilgrav-Klaus

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20 novembre 2012, 15:22
Désolé pour l'absence qui s'est éternisée. Je vais continuer la fanfic. Le chapitre 9 est disponible! Merci Steakfrite, tu m'as redonné la foi.
« Modifié: 29 novembre 2012, 21:41 par Vilgrav-Klaus »

Vvn Niger

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Grimm

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22 novembre 2012, 19:32
J'aime aussi, j'ai lu que le 1er chap., mais ça promet.
« Modifié: 07 décembre 2012, 20:47 par fandepokemon18 »

Vilgrav-Klaus

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26 novembre 2012, 18:13
Le chapitre 10 est en préparation, et je suis content. L'inspiration revient peu à peu. J'en avais ras le bol de devoir courir après comme derrière un Raikou de bas étage. J'espère que certains sont encore intéressés par l'histoire! N'hésitez pas à faire des remarques ou critiques, une fois de plus, c'est ça qui aide à améliorer la qualité.

EDIT: Le chapitre 10 dans le courant de la semaine!
« Modifié: 26 novembre 2012, 21:02 par Vilgrav-Klaus »

Grimm

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28 novembre 2012, 15:35
Juste que j'ai été un peu perdu avec les personnages dans le premier chapitre, mais après,  je suis pas quelqu'un de normal moi, donc ça peut se comprendre  :maxwell:

Vilgrav-Klaus

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29 novembre 2012, 20:12
C'est que je me retrouve avec Peter et Pierre. Quelle idée, aussi, que d'appeler le champion de Hoenn Pierre, aussi!
Sinon, Lance aussi est perturbant, vu que j'ai décidé d'en faire le père de Peter (alors que dans le jeu, c'est juste le nom anglais de Peter).
Donc ce n'est pas si anormal d'être un peu paumé! Mais je ne peux pas vraiment changer ça...

P.S: il m'arrive de les confondre quand j'écris, je dois faire gaffe à la relecture... Mais normalement, il n'y a pas d'erreur de ce côté là.

Au fait, j'ai un souci avec l'édition de mon message de base, il supprime tout... J'ajoute donc dans celui ça les nouveaux chapitres.

Chapitre 10: Loin, bien loin de la Cité d'Or
Un temps indéterminé c’était écoulé. Peter était resté quasiment muet. Ce qu’il voyait n’avait pas fait de sens, et il s’en moquait. Ce qu’il avait entendu était inaudible et il ne s’en souvenait plus.
Mais les contours de la chambre de l’hôtel Safran finirent par retrouver une signification, et il se sentit comme revenir d’un endroit extrêmement lointain. Une sensation de froid le glaçait de l’intérieur. Il remarqua que Pierre était aussi dans la chambre, regardant par la fenêtre d’un air pensif. Lui était assis sur le lit. Minidraco dormait, enroulé à côté de lui. Comme à son habitude, le dragon paraissait calme et nonchalant.
Peter ne l'était pas. 
Le souvenir était juste là, qui l’attendait, prêt à le lacérer. Ce que sa sœur avait dit, avant d’ordonner à ses deux clephtes de les évacuer vers Doublonville. Bien sûr, il se sentait incapable d’y croire. Sa sœur ne pouvait pas avoir fait ce qu’elle disait. Il ne voulait pas y croire, certes, mais les faits étaient immuables. Elle savait ce qui était arrivé à Lance, son père, et ce qu’il était advenu de ses pokémons. Elle était de mèche avec un groupe de malfrats de Safrania. Plus, elle y avait déjà des responsabilités. Elle était sûre d’être inattaquable, et elle avait voulu se débarrasser de son frère comme on se débarrasse d’une chiquenaude  d’une fourmi sur une table. Elle avait agi comme si ce qu’elle disait et faisait n’était d’aucun poids, comme si ça lui était absolument indifférent et qu’elle devait se contenter de choisir le plus rapide et le plus pratique.
 Peter se sentait écœuré et meurtri. Il était incapable de relier la personne qui l’avait sèchement écarté d’un revers de main en lui jetant au visage la plus inacceptable des vérités avec la grande sœur qu’il avait toujours admirée. Il se décida à interrompre le flot de ses pensées. Cela ne le mènerait à rien. Seule l’action serait déterminante.
-       Ton père est dans les parages, Pierre ?
-   Tiens ! Peter, je commençais à croire que tu ne reparlerais pas… répondit Pierre, pince sans rire. Non, il est sorti il y a dix minutes. Il devait téléphoner à des hommes de son entreprise pour leur dire qu’il aurait du retard, vu qu’on ne va pas pouvoir aller à Carmin sur Mer ce soir.
-   Il est déjà si tard ?
-   Oui… On a vraiment eu de la chance qu’il ait été dans les parages, je ne sais vraiment pas ce qui se serait passé si ces types…
Peter l’interrompit sèchement :
-   Je peux te le dire, ce qui ce serait passé. Ils nous auraient volé nos pokémons, avant de nous jeter hors de la ville. C'est évident. Ne fais pas comme si tu ne l'avais pas compris.
-   Comment peux-tu être aussi distant ? Imagine s’ils avaient volés Minidraco ?
-   Écoute, Pierre, je viens d’apprendre que ma sœur est une meurtrière, une voleuse et en plus une petite frappe de gang. Si je n’étais pas un minimum distant, je ne serais même pas capable de te dire quoi que ce soit. Alors sois sympa, et abstiens-toi de me faire la moindre remarque.
Pierre rencontra le regard dur de Peter, dirigé fixement vers un point quelconque à l’extérieur. Il comprit qu’il n’avait pas à répondre, ni à juger. Seulement, il avait beaucoup de peine pour son ami.
-       Excuses moi, Peter.
-   Ça ne fait rien.
Même son regard était toujours fixe, le visage de Peter se radoucit imperceptiblement. Il pleurait. Sans le moindre mouvement de sa part, des larmes évanescentes coulaient de ses yeux. Cependant, c’est sans la moindre trace de sanglot dans la voix qu’il dit finalement à son ami :
-        Je ne vais pas laisser les choses comme elle sont. Si Sandra a vraiment fait ce qu’elle a fait, elle ne mérite pas que je la considère comme un membre de ma famille. Je vais la traquer. Peu importe le temps dont j’aurai besoin pour être suffisamment fort pour l’affronter, mais je n’abandonnerai pas. Je vais me préparer. Elle… Elle…
Peter s’effondra en sanglots, incapable de réprimer la lame de fond qui le balayait intérieurement. Minidraco regardait son dresseur intensément, l’air inquiet, ne sachant comment réagir. Il posa finalement doucement la tête sur les genoux du garçon vêtu de sa cape.
-        Merci, Minidraco…
Peter se laissa aller à son chagrin, a sa déception, à sa rage, des larmes de frustration lui coulèrent le long des joues et tombèrent sur le joyau qui ornait le crâne de son Pokémon. Pierre quant à lui continuait à regarder à travers le brouillard urbain, conscient de l'inutilité de toute parole ou de toute action. La cité d'Or rentrait dans sa phase nocturne, et la lueur mauvaise de ses lampadaires se faisait plus oppressante encore.


Un quart d’heure plus tard, on frappa à la porte de la chambre. Le champion Rochard entra dans la pièce. Il vit que Peter semblait avoir émergé de sa torpeur, et parut soulagé.
-      Peter ? Heureux de voir que tu es de retour parmi nous. J’ai prévenu la brigade de Safrania. Même s’ils ont dit ne pas avoir les attributions nécessaires pour intervenir directement sur le territoire de l’arène, ils ont promis qu’ils allaient faire suivre aux autorités compétentes. Autant dire qu’ils ne vont rien faire. Mais moi, je ne vais pas rien faire.  J’ai tenté de me rendre moi-même à l’arène, mais elle a été fermée pour « causes exceptionnelles ». Ils ne prennent pas de risques. Mais même ça, c’est encore trop. J’ai vu des types habillés comme ceux qui s’en sont pris à vous deux monter dans des camions de transport. J’ai demandé à mon Roucool de les suivre de loin. Métalosse  peut échanger par télépathie avec lui, et nous saurons où ils vont. Je n’ai pas revu ta sœur, mais je suppose que s’ il y a du mouvement parmi les bandits, elle doit les avoir accompagnés, surtout qu’elle s’est trop exposée ici. Ils n’aiment pas qu’on parle d’eux.
-     Qui sont-ils ?
-     Une association douteuse, prétendument une agence de sécurité et de logistique pour sociétés. La Team Rocket. Cela fait un moment qu’ils existent, mais on les voit de plus en plus ces derniers temps. Beaucoup de monde se doutent qu’ils sont louches, mais ils n’ont jamais eu d’ennuis avec la loi. Leurs soutiens doivent être considérables. 

Le champion se tourna alors vers son fils.
-     Pierre ? Je dois parler seul avec Peter. Tu comprends que c’est important. Peux-tu sortir, s’il te plait ?
-     Bien sûr, je vous laisse, fit Pierre en se détournant de la fenêtre. A tout à l’heure.
La porte se referma doucement derrière lui. Peter leva la tête pour faire face au père de son ami.
-     Peter… Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de te le dire avant, ce n’était d'ailleurs pas encore le moment, mais je pense que je dois parler avec toi.
Peter le considérait le regard vague, et lui répondit sur un ton monocorde.
-     Faites, je vous écoute.
Le champion soupira, cherchant les mots justes. Son allure un peu austère semblait adoucie par ses hésitations.
-     Ton père était un très bon ami, tu sais... Nous nous connaissions depuis notre enfance, et c’était comme un frère à mes yeux. Nous avons parcouru le monde ensemble avec nos Pokémons. C’étaient d’autres temps, sans doute moins sombres, mais ce n’était pas si différent, tout compte fait. Aujourd’hui comme hier, seuls nos efforts nous font aller de l’avant.
Ta famille et la mienne sont très liées. Je t’ai vu naître, comme j’ai vu naître ta sœur, comme ton père a vu naître Pierre.
Je ne vais pas prétendre que je comprends ce que tu ressens, mais je peux imaginer que ce que tu ressens est extrêmement difficile. Même si ton cœur est fort et ton esprit endurant, comme ton père et ton grand-père avant toi. Tu es encore un enfant, et de telles choses ne devraient jamais arriver à des enfants. Je ne sais pas si la décision du doyen était sage de te laisser partir courir le monde dans de telles conditions, mais je sais qu’il n’y en a pas d’autre, et c’est pourquoi je t’aide.
Je ne sais pas si ce que t’as dit ta sœur est vrai, bien  sûr. Mais je sais que quelle que soit la vérité, il faut la retrouver et la ramener. Je suis certain que tu en es conscient. Rien de bon ne pourra lui arriver, et elle ne fera rien de bon avec ces bandits.
Le regard de Peter se durcit, brillant d'une lueur agressive. Il lâcha d'une voix aigrie:
-   Je ne vais pas la laisser disparaître dans la nature. Je ne suis peut-être pas encore prêt, mais je le serai. Pour ma famille et mon père.
-   Ce sont des paroles dignes et louables, Peter. Mais ce sont des paroles contraignantes et difficiles. Tu peux peut-être t’opposer à ta sœur, mais tu ne pourras pas t’opposer seul à la Team Rocket. Pas plus que je ne le pourrais. Il te faudra du temps pour te préparer. Peut-être sera-t-il alors trop tard pour la ramener dans le droit chemin.
-   Je ne suis pas sûr d’avoir envie de la ramener.
-   Ce n’est pas ainsi que tu dois penser. La rancœur n’est jamais un bon moteur, quand bien même elle en est un légitime. Il te faut garder quelque chose comme de l’espoir au fond de toi. L’espoir que tu t’es trompé, qu’elle  s’est trompée.
-   Vous me suggérez de me mentir à moi-même, de me leurrer.
-   Comment peux-tu en être certain ?
-   Je n’en suis pas certain. Mais tant que je n’aurai pas la preuve que ce n’est pas vrai, j’agirai comme si j’étais certain.
-   Je crains que ta quête ne devienne aussi destructrice que celle de ta sœur… Mais je ne peux pas légitimement m’y opposer. Ne rien faire serait bien pire. Sache cependant une chose, Peter. Je ne pourrai pas t’accompagner dans cette quête, pas plus que Pierre ne pourra le faire. Tu seras seul sur ce chemin. Mais tu ne seras pas pour autant solitaire. Nous ferons tout pour t’aider et te soutenir, pour te faciliter la tâche et te faire gagner du temps.
-   Je vous remercie. Je comprends ce que vous me dites.
-   Maintenant, nous allons attendre de savoir où se dirigent les camions de la Team Rocket. Quand nous saurons où ils vont s’établir, où que ce soit, nous irons au Plateau Indigo. De là, tu commenceras ton entraînement de dresseur. Tu partiras à la conquête des badges de la ligue Pokémon. Je ne connais pas de meilleure préparation. Pierre et moi rentrerons à Hoenn, mais nous surveillerons tes progrès pas à pas, et nous garderons la Team Rocket à l’œil. Tu deviendras plus fort, plus expérimenté, et plus âgé. Quel que soit le résultat de ta quête, tu ne resteras pas en arrière. C’est le plus important.
Peter considéra son interlocuteur d’un air pensif. La précipitation des évènements des derniers jours lui laissait une impression de vertige, mais bien plus encore la précipitation des évènements à venir.  Puis il baissa les yeux vers Minidraco.
-       Nous progresserons. Je ne sais pas si je serai suffisamment fort. Je ne sais pas si je serai assez rapide. Ce que je sais, c’est que je vais faire du mieux que je peux. Minidraco et moi, nous pouvons devenir meilleurs que Sandra et ses sbires.
-   Toi et ton Pokémon formerez une puissante équipe, sois en certain.
Le champion Rochard posa la main sur l’épaule de Peter, avant de se marcher vers la porte de la chambre.
-   Il est trop tard pour faire quoi que ce soit de plus pour ce soir. Pierre et toi avez eu une journée très éprouvante. Nous allons aller dîner au restaurant, puis vous irez vous reposer. Demain, nous quitterons Safrania. Cette ville  n’est bonne pour personne.
Peter leva la tête vers le père de son ami.
-   Merci, monsieur Rochard.

Le lendemain ne fit pas mentir la grise réputation de Safrania. L’air était vicié, humide, et avait des relents des Tadmorvs qui avaient investi les égouts de la ville. Le soleil semblait avoir honte d’éclairer la cité qui avait si mal vieilli, et esquivait les façades et les trottoirs. Une fois n’était pas coutume, les lampadaires agressifs semblaient presque à propos. Une fine bruine tombait sur le sol, qui pourtant semblait trempé comme après un déluge. La ville était sale, et la pluie n’y changeait rien. Peter avait passé l’une des capes imperméables de son père, trop grande. Ils quittèrent l’hôtel Safran après le déjeuner, et se dirigèrent vers la gare, le pas pressé. Le mauvais temps comme la lamentable atmosphère safrane précipitaient leur avancée. Ils parlaient peu, chacun plongé dans ses pensées. Dans le silence ambiant, perché sur l’épaule de son dresseur, Minidraco observait les rues qui défilaient. L’ennui semblait peu à peu le gagner. Ils finirent par arriver devant la gare safrane, dont la couleur ocre sous la pluie semblait dégouliner de manière pitoyable. Les deux enfants pénétrèrent à l’intérieur, se retournèrent en constatant que le champion était resté dehors. Il tendait la main vers le ciel. Quelques secondes plus tard, un Roucool vint s’y poser. Peter se précipita à l’extérieur. Le champion sortit sa Pokéball, lui fit signe d’un geste de se reculer, puis en fit sortir son Métalosse. Le puissant Pokémon d’acier atterrit sur le sol dans un crissement métallique, laissant dans l’asphalte mal entretenue du parvis de la gare les empreintes des pointes au bout de ses pattes.
-     Métalosse, tu as observé Roucool suivre les camions. Peux-tu nous indiquer où ils sont allés ?
Le géant pivota légèrement, laissant ses yeux rouges aller de son maître à Roucool. Son corps bleuté se mit à luire, indiquant l’activité psy qui le parcourait. Il se préparait à envoyer une image mentale au champion Rochard.
Ce fut d’abord une brume imprécise qui se forma devant les yeux du champion, se précisant peu à peu. Un arbre finit par être identifiable, bientôt un étang, et enfin une route. Sur cette route, des camions en file indienne. Quelques minutes plus tard (que Rochard ne vit durer qu’une poignée de secondes), ceux cis entraient dans une grande ville. Au loin se dessinait la ligne de la côte. Puis l’image mentale se brouilla de nouveau. Métalosse savait que l’information était suffisante. Lui et son maître connaissaient déjà la ville.
-     Carmin sur Mer. La Team Rocket veut quitter le continent, il semblerait.
Peter eut un mouvement de surprise.
-   Ils vont embarquer au port ? Mais comment va-t-on pouvoir les suivre si nous allons à Jadielle? En plus, nous avions au départ prévu d'aller à Carmin!
-   Doucement. De toute façon, comme je te l'ai dit, nous n’allons pas les suivre directement. C'est presque une chance qu'ils soient allés à Carmin sur Mer. Nous allons au Plateau Indigo, c'est cela qui compte pour le moment. Cependant, je connais bien un pêcheur à Carmin sur Mer, qui est ami avec les autorités du port. Je pourrai facilement savoir quel navire est parti, et dans quelle direction. Ne t’inquiète donc pas. Surtout que, vu la charge qu’ils semblent avoir embarquée dans ces camions, ils auront besoin d’un gros navire. Ils ne vont pas passer inaperçu.
-   Et s’ils n’étaient pas allés vers le port ? Carmin est une des voies d’accès vers Parmanie…
-   Très improbable. L’autoroute à l’ouest de Céladopole est bien plus pratique pour s’y rendre, c’est une ligne droite.  Par ailleurs, Parmanie n’est pas une ville très dynamique. Je ne vois pas ce qu’ils pourraient y faire. Non, je pense qu’il y a de bonnes chances pour qu’ils soient allés s’embarquer pour l’une des îles ou encore pour Johto ou Hoenn.
Peter réfléchit quelques secondes.
-   Oui, vous avez sans doute raison…
-   Bon, maintenant, il faut que nous nous pressions un peu. Je n’ai pas l’intention de rater le train et de rester dans ce trou à Rattatacs.
Dit le champion en faisant signe aux enfants de se remettre en route, tout en réintégrant ses deux Pokémons dans leur Pokéball.
Quelques minutes plus tard, le train se mettait en mouvement, quittant l’atmosphère lourde de Safrania. Le wagon était silencieux comme un malaise, et plutôt vide. Peter s’assit en face de son ami, qui prit place à côté de son père. Minidraco, quant à lui, prit ses aises sur le dernier fauteuil restant du carré, regardant avec intérêt le paysage urbain défiler de plus en plus vite derrière la fenêtre.
-      Bon, nous avons quelques heures avant d’arriver à la gare d’Argenta. Vous pourriez en profiter pour aller vous entrainer à nouveau dans le wagon de combat. Pratiquer ne peut que vous faire du bien, et vos Pokémons en ont besoin aussi.
Voyant que s’il ne prenait pas les devants, Peter risquait de rester à ruminer ses pensées pendant tout le trajet, Pierre se leva.
-   Ok, Peter, c’est l’heure de la revanche. Terhal et moi on n’a pas aimé les ridiculisations en série de ces derniers jours.
Peter leva les yeux avec un sourire.
-   Tu as donc envie de vous faire encore plus baisser les yeux ? Minidraco, c’est l’heure d’aller combattre !
Les deux amis se dépêchèrent jusqu’au wagon de combat. Celui-ci était dans un état assez délabré, il avait dû voir un nombre considérable d’affrontements de qualité. Par ailleurs, il était vide. Les lignes du terrain sur le sol étaient presque effacées.

Pierre prit place face à Peter, et sortit Terhal de sa Pokéball. Le Pokémon acier lévita, l’œil rougeoyant. Aussi difficile à interpréter que pouvait être son expression, on pouvait presque sentir son impatience de montrer sa valeur. Minidraco, de son côté, s’avança avec nonchalance sur la partie de terrain qui lui était dévolue.
-   Ok, Peter, cette fois ci, il n’y aura pas de Roucool importun pour te sauver la mise. Je vais te battre.
-   Cette fois ci, aucun Roocool ne sera nécessaire !
-   Court avec le blabla ! Terhal, on finit dès le départ ! Choc Mental !
-   Minidraco, renvoie ce fat de métal dans sa Pokéball ! Allez ! Gare au choc Mental !
Terhal brilla de sa lumière coutumière, tandis que le serpent dragon s’élançait. En un instant, il entourait le blindé bleuté de son corps longiligne. Immédiatement après, il se mit à luire, touché par le choc mental.
Peter analysait la scène avec attention, tout comme son adversaire.
-       Si j’ai bien compris ce qui se passe, c’est une brillante stratégie, Minidraco… Le choc mental tend les muscles de ton corps. En utilisant ligotage contre Terhal, plus il essaiera de te contraindre, moins il pourra agir.  Bonne idée.
-   Oh, pas bête. Maintenant, nous sommes bien coincés, tous les deux, hein ? Terhal, c’est l’heure d’utiliser Bélier !
A cet ordre, Terhal se propulsa de toute sa force contre le sol, entraînant Minidraco enroulé autour de lui. Le wagon trembla sous l’impact, et le sol se bossela. Peter vacilla, comme si il avait lui-même été touché par le choc.
-   Ouch. On dirait que ton dragon a servi d’airbag à mon Terhal… S’il n’avait pas été là, il se serait sans doute blessé. Je crois que cette fois ci, j’ai la main.
-   Minidraco, tiens bon !
-   Tu ne voudrais pas lui donner des directives plus précises ? il risque de prendre cher, là. Bon, Terhal, Bélier !
En effet, le dragon n’avait pas l’air bien en point. Il était toujours enroulé autour de son adversaire, mais son expression trahissait sa douleur. Terhal lévita à nouveau, pour se préparer à une nouvelle attaque. Les yeux de Peter sautaient de son pokémon à Terhal comme deux furies.
-   Ok, Minidraco, il revient avec la même technique. Prend le de vitesse !
Avec un effort considérable, Minidraco s’arracha à sa prise sur son adversaire, et le laissa percuter le sol à nouveau. La seconde suivante, Terhal lévitait, à peine ébranlé.
-   Les bonnes techniques ne marchent qu’une fois, hein ? Peu importe, vu les dégâts que Minidraco a pris, Terhal va le battre sur la durée. Je crois que tu as perdu, Peter.
-   Pour me battre, il faudrait déjà que Terhal puisse bouger.
-   Qu’est-ce que… OH NON ! Une cage éclair !
Terhal semblait étrangement ralenti, comme figé sur place. Minidraco, épuisé, essayait de récupérer de sa première attaque.
-   Et ? Qu’en penses-tu ? Minidraco a profité du ligotage amélioré pour placer une cage éclair. Maintenant, observe comment la situation va se retourner.
Minidraco se regroupa, préparant son attaque suivante.
-   Tu connais la puissance de son dracochoc. Terhal ne pourra pas l’éviter. C’est mal parti pour toi, Pierre !
-   Terhal, Bélier, maintenant ! Allez, vas-y, tu peux y arriver !
Terhal semblait batailler pour se dépêtrer d’un invisible enchevêtrement de liens. De son côté, Minidraco était prêt à attaquer. Le rayon frappa Terhal au centre de son œil. Coincé par la cage-éclair, il ne fut qu’à peine projeté en arrière par l’impact. Mais la violence du coup était sensible.
Cependant, le pokémon d’acier était encore conscient. Il parvient enfin à se dégager momentanément de l’emprise de la cage-éclair. En un clin d’œil, son attaque bélier frappait Minidraco trop faible pour esquiver. Peter ne put retenir son exclamation :
-      Non ! Comment se fait-il que tu aies pu bouger ? Tu étais paralysé !
-   Bah, tu sais aussi bien que moi que la paralysie n’est pas systématique… C’était un beau mouvement, ce dracochoc, mais c’était un mouvement pour l’honneur.
-   Minidraco est KO…
-   ET JE GAGNE !
Peter se précipita vers son pokémon dragon blessé. Puis, il se retourna lentement vers Pierre. Il souriait. De son côté, Pierre faisait regagner sa Pokéball à Terhal.
-   C’était un beau combat. Bien joué, Pierre. Bon, je vais soigner Minidraco au centre pokémon de bord tout de suite.
-   Merci, tu t'es bien battu aussi ! Je viens aussi. Terhal a aussi besoin de soins…
Les deux amis se tapèrent dans le poing, complices, et quittèrent le wagon de combat. A travers la fenêtre, les lignes du Mont Sélénite se dessinaient dans le lointain. Loin, bien loin de la Cité d'Or et de ses relents putrides de tadmorvs, le soleil émergeait de la grisaille.




Chapitre 11: Le deal
Un Airmure épuisé par un trajet bien plus long qu’à l’accoutumée s’écrasa sans grâce plus qu’il n’atterrit sur le sol de Cramois-île. Il faisait nuit, et l’on apercevait à peine les lumières de l’unique petit patelin du rocher insulaire. La voute céleste étincelait, aucun nuage ne couvrait le ciel. Sur une des hauteurs dudit rocher, une seule autre lumière était visible. Celle du vieux manoir Pokémon. L’homme qui venait de descendre du Airmure regarda autour de lui, attentif au moindre signe que l’on avait pu le voir arriver. Apparemment rassuré, il fit rentrer son pokémon dans une Hyper Ball. Les embruns marins agitaient sa chevelure rouge et les pans de son manteau. Il prit une profonde inspiration, les yeux fermés. Enfin de retour sur la terre ferme. La proximité de l’océan le perturbait. Il n’avait pas pu se résoudre à embarquer sur le Ferry de Cramois-île. Trop proche de l’eau. Il se sentait paradoxalement plus en sécurité en l’air, juché sur son Airmure à bout de force. Pour lui, l’océan était un monstre infini, anonyme. Un gouffre béant. L’océan était une créature maligne et sans forme, dévoreuse des hommes. Il ne se l’avouait pas, mais il craignait l’océan. Est-ce qu’il en avait toujours été ainsi ? Maximilien ne pouvait répondre avec exactitude. Il sentait au fond de lui ce que la toute puissante étendue marine avait de monstrueux et de terrifiant. Mais il était incapable de dire quand il en avait été conscient ou convaincu. Il ne se posait d’ailleurs pas la question. Il y avait plus important que de déraisonner sur ses phobies et ses idées à lui.

Les choses commençaient enfin à bouger. Giovanni n’était peut-être pas fiable à 100%, mais il ne l’était pas non plus, et en gens de la même espèce, ils se comprenaient d’une certaine manière. Par ailleurs, l’organisation de ce jeune parvenu était bien réglée, puissante et sans scrupule. Un avantage de poids qui lui faciliterait bien des choses. Le marché qu’ils avaient conclu était à l’image des deux requins qu’ils étaient. Négocié âprement, sans concession aucune de l’une ou l’autre des parties avant d’être certain de ne pas être à la plus stricte équivalence. Pendant une longue réunion qui s’était étalée sur plusieurs semaines, lui et Giovanni s’étaient partagés Kanto et Hoenn, chacun avide et vorace des possessions de l’autre. En y repensant, ça aurait bien pu être une guerre ouverte qu’ils ne se seraient pas comportés différemment. A cette idée, un rictus apparut au coin des lèvres de Maximilien. Le jeune loup savait déjà comment faire marcher la boutique. Sa célèbre mère aurait été fière de lui. Lui n’était pas vieux non plus, et il avait même l’air considérablement plus jeune que son âge. Mais il avait tout de même plus d’expérience et d’ancienneté, c’était un fait certain. Le moment voulu, si c’était nécessaire, il pourrait montrer qui avait les crocs les plus aiguisés. Et malgré toute sa prudence et on intelligence, Giovanni devrait surement courber l’échine. Mais il n’était pas temps de penser à se poignarder dans le dos (même si sans aucun doute, son « partenaire » considérait avec le même rictus que le sien une éventualité similaire). L’efficacité de leur tandem devait encore leur profiter à tous les deux. De grands projets étaient en cours.

 Maximilien se mit en route à travers les la dune, en direction des lumières du manoir. Il n’en aurait que pour une petite dizaine de minutes, Cramois-île tenait dans un mouchoir de poche.
Le manoir était un bâtiment ancien, mais cependant en bon état. Par chance, les anciens propriétaires avaient entrepris de le rénover peu de temps avant qu’ils soient doucement mais fermement enjoints pas les hommes de Giovanni à le céder à son organisation. Maximilien ignorait combien d’hommes travaillaient d’arrache-pied chaque jour dans ce manoir, qui servait de principal centre de recherche à la Team Rocket. Il ignorait également la teneur d’une grande partie des expériences et projets qui y étaient conduits. Mais il en connaissait au moins un, et c’était le seul qui avait une infime chance de l’intéresser. C’était précisément l’existence de ce projet qui avait rendu possible l’entente entre leurs deux organisations. Au départ, Maximilien avait été plutôt surpris d’être contacté par la team Rocket. Ils étaient du genre à s’occuper de leurs affaires sur leur territoire, et d’éviter autant que possible d’avoir à communiquer avec l’extérieur. Il avait même été vivement intéressé. Depuis que l’ancienne dirigeante de la team Rocket avait cédé place à son fils, l’organisation ne faisait absolument plus parler d’elle. Il fallait donc que Giovanni ait ferré un gros poisson pour qu’il se décide à aller voir un « concurrent » d’une autre région.
En marchant vers le manoir, Maximilien repensa à sa dernière négociation avec Giovanni. Elle avait eu lieu dans leur QG caché de Céladopole, au sous-sol d’un tripot en mauvais état. Giovanni avait ordonné à ses gardes du corps de quitter la pièce, et lui avait demandé d’en faire de même. Non sans une certaine réticence, Maximilien avait accepté.
Ils avaient pris place derrière la table de négociation dressée pour l’occasion.
Le chef de la Team Rocket portait un habit plutôt décontracté, arborant uniquement le sigle de son organisation au revers de la veste, un R rouge. De son côté, Maximilien portait son habituel manteau pourpre.
Giovanni l’avait regardé en silence pendant un moment, comme s’il rassemblait ses idées. Son Persian était couché dans une caisse dans un coin de la pièce, et les observait, une lueur étrange au fond du regard. C'était un regard incisif, qui semblait pénétrer plus profond que les choses elles mêmes. Peut-être que Giovanni avait dressé son Pokémon exprès pour qu'il darde son œil omniscient sur les gens avec qui il voulait traiter. Peut-être aussi tout simplement que le Pokémon était en appétit et attendait de son maître une collation.
-   Bon, Maximilien, il y a quelque chose d’important qu’il nous reste à traiter. Je suis heureux que vous ayez accepté de réunir nos forces jusqu’ici. Je sais que si vous avez accepté, c’est parce que vous vous doutez bien que nous avons une bonne raison de vous solliciter.
-   Enfin, nous y voilà. Qu’avez-vous en tête, Giovanni ?
-   Un projet grandiose. Nos deux groupes en ressortiront plus puissants qu’ils ne le furent jamais.
-   Je me méfie des plans géniaux, Giovanni. Ils ont une fâcheuse tendance à échouer.
Le chef de la Rocket avait laissé furtivement un sourire traverser son visage.
-   Oh, je comprends votre méfiance, je ne vous ai encore rien dit. Je vais combler le manque. Notre équipe de renseignement sait sur quoi vous travaillez à Hoenn.
Le visage de Maximilien s’était crispé, mais il n’avait rien dit. Beaucoup de ses projets étaient hautement confidentiels. Jusque-là, Giovanni n’avait cependant rien annoncé de précis. Le bluff était une stratégie suffisamment éculée pour qu'il ne tombe pas dedans.
-   Je parle de votre subvention de l’archéologie locale pour blanchir vos activités.
-   Ne me dites pas que c’est votre grand scoop, Giovanni. Je sais que vous passez par la Sylphe pour nettoyer votre argent sale, si vous voulez aller par là.
-   Ce n’est pas là que je voulais aller. Je sais que vous êtes à la recherche d’une puissance ancienne. Tous les moyens sont bons, n’est-ce pas ? Financement d’une expédition nautique, des musées, de l’association de spéléologie… On a fait plus discret, comme mécénat.
Maximilien garda le silence.
-   Mettons les points sur les « i ». Vous tentez de mettre la main sur un Pokémon légendaire. Mais jusqu’à maintenant, vous piétinez. Parce que même si vous saviez où il est censé se trouver, vous ignorez comment en prendre le contrôle.
-   Je vois que votre équipe a bien fait son travail. Et, que vous sert de savoir cela ? J’espère que vous ne comptez pas utiliser cela comme moyen de pression, c’est vain.
-   Je vous ai dit que j’escomptais une entente avec vous. Je n’ai aucunement l’intention de vous forcer la main. Voilà mon idée. Je suis moi aussi à la recherche d’une puissance ancienne à Kanto. Mes équipes travaillent d’arrache-pied pour mettre la main dessus. Nous n’avons que très peu de résultats sur notre projet pour le moment, mais il se trouve par hasard que nous sommes tombés sur quelque chose qui pourrait vous intéresser tout particulièrement.
-   Oh, très aimable de votre part de m’en informer. Et, de quoi s’agit-il ?
-   L’Orbe.
Le visage de Maximilien se raidit encore plus.
-   Impossible. L’Orbe a disparu depuis des siècles à Hoenn. Vous ne pouvez pas l’avoir trouvé à Kanto.
-   Il y a de nombreuses manières de trouver des choses. En fait, pour ainsi dire, l’Orbe n’est pas en notre possession. Mais nous avons des pistes très sérieuses et intéressantes quant à sa localisation.
-   Jusqu’à maintenant, je vois plutôt bien quel est mon intérêt dans cette affaire. Mais où est le vôtre ? Nos recherches n’ont rien en retour qui puisse faire avancer votre projet.
-   C’est justement là que vous vous trompez. Comme vous ne l’ignorez pas, Hoenn était il y a très longtemps rattachée au continent. Nous avons étudié longuement le passé géologique et biologique de la région. Il semblerait qu’un foisonnement de la biodiversité ait son origine à Hoenn, puis se soit étendu dans Kanto. Mais pour en être sûrs, il faudrait que nous puissions enquêter massivement à Hoenn. Ce n’est pas notre secteur, ce qui explique cette proposition de marché.
-   Je ne suis pas idiot, Giovanni. Une poignée de fossiles ou de cailloux n’est pas une motivation suffisante pour mettre autant en jeu.
-   Je ne peux pas vous reprocher d’ignorer ce que tout le monde ignore, Maximilien. Quant à l’utilité d’une poignée de cailloux, comme vous dites, je pense que vos propres recherches prouvent que vous y croyez autant que moi.
Il était assez clair en effet pour Maximilien que les raisons de Giovanni devaient être excellentes. Il avait du flair, et il savait où se situaient ses intérêts.
-   Et si je n’étais pas intéressé par cette partie de notre marché ? Si je refusais de vous laisser fouiller Hoenn à la recherche de vos traces anciennes ?
-   Alors nous ne vous donnerions pas accès à l’Orbe, bien entendu. C’est un objet d’une valeur colossale. Nous pourrions en tirer profit nous-mêmes, sans nous impliquer dans vos propres projets.
-   Je vois. Ne me prenez pas pour un idiot, Giovanni. Qu'est-ce qui vous fait croire que je ne peux pas mettre la main dessus avant vous? Vous l'avez trouvé depuis Kanto, il n'y a aucune raison que je ne puisse en faire autant à Hoenn. Si vous aviez vraiment la possibilité de l'obtenir, vous l'auriez déjà fait, ne serait-ce que pour me l'agiter sous le nez pendant ces négociation. Seulement, pour pouvoir y accéder, je suppose que vous avez besoin d'un peu plus que d'un simple commis aux objets rares qui passerait le récupérer au dépôt Bekipan. C'est pour ça que vous voulez "enquêter" à Kanto. En fait, vous et moi cherchons la même chose, Giovanni.
-       Que de méfiance, décidément. Mais votre raisonnement ne manque pas de logique. Je puis cependant vous assurer que votre caillou et le Pokémon avec lequel il est livré ne nous intéressent pas. Du moins pas plus que dans le cadre de ces négociations où il pourrait nous obtenir votre précieux concours. Ou encore dans une optique strictement pécuniaire, si vous refusiez notre marché. Je connais un nombre colossal d'explorateurs et d'aventuriers prêts à payer un prix d'or pour la position d'un tel objet. Et bien sûr, je suppose que ce cher Arthur de vos amis serait lui aussi bien heureux d'apprendre où un tel objet se trouve, ne serait-ce que parce que vous le cherchez aussi.
-       Ces menaces doucereuses n'ont de sens que si vous avez effectivement des informations que je n'ai pas, et je ne vois vraiment pas pourquoi je devrais croire que vous les détenez vraiment. Ce que j'observe pour le moment, c'est le formidable travail dont vos équipes d'espionnage sont capables.
-       Faisons les choses d'une manière qui vous convaincra peut-être plus, alors. Je vous laisse deux jours pour réfléchir, après quoi et si vous ne vous décidez pas, je contacte la Team Aqua et lui donne les informations que j'ai à ma disposition, en échange de sa bénédiction pour accoster à Nénucrique. Je préfèrerais la vôtre et un accès à Poivressel, mais j'ai à faire et rapidement à Hoenn. 
-      Vous croyez donc que si vous faisiez une telle chose, je vous laisserait les mains libres dans ma région?
-      Croyez moi, vous auriez bien trop à faire avec vos rivaux. Surtout que vous seriez en train de vous ronger les sangs pour pouvoir les suivre à la trace jusqu'à ce fameux Orbe. Moi, de mon côté, j'ai juste quelques ruines et quelques falaises à étudier, et, croyez moi, elles ne vous intéressent pas. Disons donc deux jours?
Maximilien avait passé quelques secondes à reconsidérer la situation sous tous ses angles. Il était évident que le roquet Rocket avait l'ascendant sur lui. A la Team Rocket, une hypothèse, si elle pouvait faire progresser les plans du boss ou faire rentrer de l'argent dans les caisses, devenait très vite un fait accompli. Giovanni connaissait sa partition, il savait que Maximilien ne pouvait pas prendre le risque de laisser la Team rivale le doubler. Il avait donc à trouver un moyen d'accepter, tout en obtenant autant de contreparties que possible.
Malgré la tension palpable, la conversation avait gardé un ton calme et professionnel du début à la fin, comme toujours, sous l’œil inquisiteur du Persian. Ils avaient fini par se mettre d’accord sur un dernier accord mutuel. Maximilien allait suivre les opérations en cours à Kanto, en tout cas dans le domaine le concernant, tandis que Giovanni pourrait suivre celles de Hoenn quand le moment serait venu. Ils s’étaient également mis d’accord sur un projet commun plus général d’étude des Pokémons légendaires. Tous deux manquaient cruellement d’informations, et tout ce qui était un tant soit peu complet appartenait justement au rang des légendes.

C’est ainsi qu’ils en étaient venus à attaquer Ebenelle. La ville était depuis un âge immémorial réputée pour sa grotte aux dragons et son clan de dresseurs de Pokémons exceptionnels. La première étape de leur plan consistait donc à mettre la main sur les Pokémons du meilleur d’entre eux. S’il ne s’agissait peut-être pas de pokémons légendaires, c’était néanmoins ce qui s’en rapprochait le plus. On disait même que certains Pokémons étaient transmis de père en fils depuis des générations. Quoi d'autre qu'un Pokémon en apparence immortel pouvait plus se rapprocher des légendes?
Approcher la ville n’avait cependant pas été une chose facile. Extrêmement repliée sur elle-même, Ebenelle se méfiait des étrangers. Jamais ils n??auraient pu gagner la confiance d’un des locaux. Et pourtant, le hasard avait bien fait les choses. La fille du champion de la ville était une dresseuse compétente et indépendante. Mais plus que tout ambitieuse. La seule chose qu’il lui manquait, c’était l’expérience. Giovanni avait manœuvré habilement en lui faisant miroiter ses rêves  de grandeur, et l’avait convaincue que la place qu’elle occupait dans le petit patelin était minable et indigne d’elle. Elle avait mordu à l’hameçon assez tôt. Peut-être que ses relations avec son père étaient difficiles. Quoi qu’il en soit, les résultats avaient été obtenus très rapidement. Elle s’était emparée des Pokémons du champion. Seulement, elle en avait trop fait, et son père était mort. Les choses auraient pu tourner bien plus mal, si la ville n’avait pas été aussi refermée sur elle-même. Ils avaient eu de la chance.

Maximilien arrivait enfin au pied du manoir. Avant de se présenter à la porte, il songea qu’il saisissait mal pourquoi Giovanni continuait de s’encombrer avec la fille du champion. Elle avait accompli la seule chose que l’on attendait d’elle, elle n’avait plus aucune utilité. Il serait incompréhensible que Giovanni remplisse sa part du marché et permette à la jeune tueuse d’accéder à ce qu’elle voulait. Il ne devait jamais en avoir eu l’intention. Peut-être avait-il d’autres plans pour elle, ou était-il seulement satisfait de mettre la main sur une recrue moins mauvaise que la moyenne de ses sbires. Aux yeux de Maximilien, ces méthodes étaient incertaines. Tout au plus pouvait-il reconnaitre que Giovanni savait s’y prendre pour réunir un personnel compétent. Sa garde personnelle et ses lieutenants étaient tous des individus sans scrupules et efficaces, chacun à leur manière. Mieux, Giovanni réussissait à mener son organisation sur tous les fronts, déléguant aussi peu que possible. Il se passait de bras droit. De son côté, Maximilien aurait été incapable de faire tourner correctement son équipe loin de Hoenn si son adjoint compétent, Kelvin, ne menait pas les troupes. En tant que décisionnaire, Maximilien était sûr de ses capacités. Mais en tant que meneur d’homme, il préférait passer la main. C’était un défaut que Giovanni n’avait pas, et tous deux le savaient parfaitement.

Un sbire en tenue noire attendait près de la porte en fumant. Le rougeoiement de sa cigarette éclairait son visage dans la nuit. Il leva les yeux en direction de Maximilien, et, le reconnaissant, jeta sa cigarette avant de l’écraser du talon et de se mettre au garde-à-vous.
-   Le Boss nous a prévenus de votre arrivée, Monsieur. Je vous en prie, suivez-moi.
-   Bien.
Le sbire appuya sur un des boutons de l’interphone, attendit quelques secondes. Un bip retentit, et il poussa la lourde porte du manoir. Maximilien entra sur ses talons. Une chaleur agréable l’accueillit à l’intérieur. L’aspect extérieur un peu délabré du bâtiment n’avait que peu à voir avec l’intérieur. Tout semblait neuf, et était plutôt crûment éclairé par des néons accrochés sur le plafond, vieillot en contraste. Le style était bien plus proche du laboratoire que de l’ancienne bâtisse, et le mélange des genres était un peu criard. Hormis le couloir central dégagé, l’espace était presque entièrement occupé par diverses machines, bureaux aux cloisons minces, écrans et autres enchevêtrements de câbles. Un peu partout, des scientifiques et des sbires s’activaient, dans un mouvement de blouses blanches et d’uniformes noirs. Celui qui guidait Maximilien le dirigea alors vers l’escalier principal au bout du hall.
-   Excusez-moi, Monsieur, mais je dois retourner garder l’entrée. Le professeur Auguste ne va pas tarder à descendre vous accueillir.
-   Faites.
Quelques instants plus tard un homme en blouse blanche, le port fier, arborant d’étranges moustaches triangulaires descendit les escaliers principaux. Il portait en sus une paire de lunettes  rondes, et son crane était entièrement chauve. Il était difficile de lui donner un âge. Il aurait pu avoir aussi bien trente ans que soixante, et l'on ne se décidait pour la seconde option qu'à la couleur grisâtre de ses moustaches, probablement à tort. Le professeur Auguste, célèbre spécialiste de la physique des matériaux, dresseur émérite des Pokémons de type feu, ancien chef de la R&D de la Sylphe Sarl, lieutenant haut gradé de la team Rocket. Il s’exclama avec affabilité à l’intention de Maximilien :
-   Ah, Monsieur Maximilien, vous êtes arrivés. Henri Auguste, chef de la division scientifique de la Team Rocket. J’espère que vous avez fait bon voyage ?
-    Mon voyage n’a pas été des plus agréables, je n’aime pas tant prendre la mer. Mais je vous remercie, professeur. Comment se déroulent vos recherches ?
-   Bien, bien, nous progressons à un bon rythme. Je suppose que vous apprécierez de vous reposer un peu avant de commencer à voir l’avancée de nos travaux. Nous avons une suite réservée aux personnalités dans une des ailes du manoir. J’espère qu’elle vous conviendra.
-   Je n'en doute pas un instant, merci beaucoup, professeur.
Auguste fit un signe à un des sbires qui semblait désœuvré. Il s’approcha avec diligence.
-   Conduisez Monsieur Maximilien à ses quartiers, je vous prie.
Puis, se tournant vers Maximilien :
-   Je vous prie de m’excuser, mais je suis actuellement en train de mener des expériences de première importance. Ma présence est requise. Vous me pardonnerez de ne pas pouvoir vous recevoir ce soir. S’il vous faut quoi que ce soit, n’hésitez pas à demander à mon adjoint.
-   Je comprends parfaitement. En ce cas, bonne soirée, professeur.
Auguste tourna les talons, saisissant des mains d’un des scientifiques un rapport d’expériences qu’il commença à lire avec attention en remontant les escaliers. De son côté, Maximilien suivit son nouveau guide à travers les couloirs du manoir. Il était effectivement fatigué par le voyage, et il était déjà tard. Il se conterait de dîner et d’aller dormir aussi vite que possible. La pensée lui traversa l’esprit que seul, sans garde du corps dans les locaux d’une association rivale, il courrait de gros risques. Si Giovanni avait eu l’intention de le piéger, il ne pourrait rien faire d'autre que subir. Son visage se crispa légèrement, comme à l’accoutumée. Espérons que Giovanni ait vraiment besoin de son accès à Hoenn, et de Poivressel par dessus le marché, pensa-t-il. Il congédia le sbire une fois dans sa chambre, en lui demandant de lui faire porter un repas. La chambre était spacieuse, voire luxueuse. La vue, plutôt belle, donnait sur la mer. Au moins, on ne se moquait pas de lui. Certes, il aurait préféré avoir autre chose à voir que l’océan, mais il ne pouvait pas reprocher à Giovanni de préférer ça à l’anonyme relief de Cramois-île la volcanique, qui méritait tant bien que mal son surnom en ne gardant de volcanique que la pierre sombre recouverte d'une végétation quelconque et de la poussière. Il y avait même une unité de soins de Pokémon privative. Maximilien déposa la Ball contenant son Airmure sur l’un des supports. La lumière du scanner luit sur les murs de la pièce.
La team Rocket était décidément une organisation efficace. Le manoir en était une preuve incontestable. Maximilien n’aurait pas eu les fonds à allouer à une telle installation. Et en matière de scientifiques, aucun des siens n’aurait pu rivaliser en termes de prestige avec Henri Auguste. Le petit parvenu avait su faire bon usage de ce que sa mère lui avait laissé, il fallait bien le reconnaître. Il faudrait rester méfiant jusqu’au bout.
Une vingtaine de minutes après, un sbire vint frapper à la porte de la chambre, apportant le repas. Celui-ci était bon, sans être particulièrement raffiné. Sans doute ce que l’on pouvait faire de mieux dans les cuisines de la Rocket sur l’île. De ce côté-là, au moins, son organisation avait l’avantage. A cette pensée, le visage de Maximilien se décrispa un peu, laissant apparaître un rictus au coin de ses lèvres.
Je règne sur Hoenn parce que j’ai un bon cuisinier, pensa le chef de la Team Magma en mangeant.
Chapitre 12: Les Goel's carmins
Le voyage était loin d’être confortable. A l’arrière du camion de tête bringuebalant sur la route 6 mal entretenue, les lieutenants de la team rocket étaient assis en silence. Il n’y avait pas de fenêtre à travers laquelle regarder, aussi la plupart d’entre eux fixaient le sol devant eux. Certains semblaient en train de dormir. Certains d’entre eux arboraient sur l’un des pans de leur uniforme le double cercle doré de la division Alpha de la Team rocket. La force personnelle du Commandant Morgane, elle-même assise à côté du conducteur du camion. Les autres lieutenants portaient leur uniforme noir conventionnel, les yeux masqués par la visière de leur casquette rabaissée. Parmi eux était assise Sandra, dans un coin. Elle était pensive. Les deux sbires qu’elle avait chargés d’écarter son frère avaient été retrouvés en état de choc, visiblement incapable de la moindre pensée complexe. Bien entendu, son frère n’avait pas pu être responsable de ça, pas plus que son ami. Elle s’était attendue à des représailles de la part de la championne de Safrania, mais Morgane n’avait même pas demandé à lui parler. C’était plutôt incompréhensible. De toute évidence, cette affaire avait précipité le départ de la Team pour Carmin sur Mer, mais personne n’en semblait troublé ou même étonné. On l’avait juste informée qu’elle recevrait la charge d’une autre unité de sbires pour remplacer celle-ci. Il n’y avait aucun doute que le Commandant était au courant du déroulement exact des évènements, elle savait que le frère de Sandra l’avait reconnue. Et pourtant, cela lui était apparemment parfaitement égal. Mieux, elle savait aussi sans doute qui était responsable de l’état des deux sbires, mais elle ne l’avait ni empêché d’agir, ni neutralisé. En tout cas, si elle l’avait fait, ça avait été avec la plus grande vitesse et la plus grande discrétion.
Les idées de Sandra étaient troublées. Depuis qu’elle était sous les ordres de la Maîtresse des Psys, elle prenait l’habitude de penser de la manière la plus confuse possible, sautant d’une pensée à l’autre sans logique. Elle supposait bien que c’était inutile pour tromper l’a toute puissance de Morgane, mais elle ne pouvait pas se résoudre à penser clairement en sa présence, par une espèce de pudeur. Tout au plus, elle se rendait compte qu’elle avait de la peine pour son frère. Il était jeune, et il avait subi des choses incroyablement difficiles en très peu de temps. C’était un prix qu’il payait lui pour ce qu’elle faisait elle. Ce n’était pas juste. Mais il ne pouvait en être autrement. S’il restait en dehors de tout, il pourrait encore vivre tranquillement.
Cette pensée fugitive fut rapidement écartée par une autre. Plus dure. La venue de Peter avait été une épine dans le pied considérable. Peut-être aurait-elle du s’assurer qu’il ne viendrait plus jamais lui poser problème, de la même manière qu’elle avait disposé de son père.
Elle n’avait plus vraiment le choix. Si ils se recroisaient, elle devrait faire le nécessaire pour qu’il ne devienne plus une gêne. Jusqu’où devrait-elle descendre pour accomplir ses objectifs ? A cela elle ne voulait pas penser. La mission qui l’attendait était déjà plus intéressante que de jouer les surveillants d’arène. Il était rare que toute une division de la Team Rocket se déplace, avec les scientifiques et les forces spéciales. De toute évidence, il y avait un plan d’envergure qui se dessinait. Giovanni était déjà parti dans son hélicoptère personnel, un véhicule dernier cri qui avait dû coûter une fortune à la Team.Le Major Bob, son pilote habituel, étant au même moment à Cramois-île, c’était un des membres de sa garde qui pilotait la luxueuse machine.
Dans la matinée, Sandra avait épluché l’organigramme de la Team qu’un des sbires lui avait fourni à sa demande, agrémenté de commentaires officieux à propos de la hiérarchie, qui sans doute avaient le plus de valeur.

La hiérarchie au sein de la Rocket était très stricte dans l’ensemble, cependant à certains endroits elle semblait se chevaucher ou se recouper. La seule chose absolument indubitable était la position de chef qu’occupait Giovanni. Toutes les décisions et toutes les manettes aboutissaient finalement entre les mains, malgré la relative liberté donnée aux plus hauts gradés. En dessous, les quatre Commandants Rocket étaient placés en théorie sur un pied d’égalité, chacun œuvrant dans son domaine avec ses propres moyens. Mais ils étaient de facto très inégalement placés. Le Major Bob, qui avait gardé son grade et son surnom de l’armée mais était en théorie le Commandant Robert, dirigeait la force paramilitaire la plus développée de la Rocket. Dans toute autre organisation de ce type, on aurait pu appeler ça un gang. Mais les hommes de Bolt étaient entraînés avec sérieux, ils étaient disciplinés et efficaces comme une vraie armée. Malgré l’importance de ce poste pour que la Team puisse exercer tranquillement ses activités en jouant les gros bras, Bolt disposait d’assez peu d’autorité sur les autres structures de la Team. Il passait pour l’homme de main  entièrement dévoué à son chef. Peut-être était-ce dû en partie à l’impression d’efficacité militaire sans grande intelligence qu’il dégageait. Mais il était très certainement plus malin qu’il n’y paraissait, et en tout cas parfaitement adapté et satisfait à son poste, également sur le plan physique : c’était un véritable géant, musculeux et puissant.
Le professeur Auguste, chef de la division scientifique, était un autre des Commandants de la Team. Son rôle était également essentiel pour la bonne marche des opérations et des projets, et l’équipe scientifique dont il avait la tête était le groupe le plus richement doté de la Team Rocket. Il passait pour être un ami personnel de Giovanni, dont il avait bien connu la mère. Sandra ne l’avait pas encore rencontré, mais elle avait déjà entendu parler du personnage comme une des sommités du monde scientifique. D’après ce qu’elle avait pu comprendre, Auguste passait également pour être l’un des plus courtois et sympathique  Commandants, apprécié et respecté de ses subordonnés. C’était suffisamment rare pour être remarqué, même si le Major Bob avait également des moments d’affabilité. Cependant, son autorité en dehors de l’équipe scientifique était aussi plutôt limitée, et il devait la plupart du temps taire son avis face aux autres Commandants en cas de litige ou de décision sensible.
Probablement le plus influents des Commandants, Koga dirigeait l’équipe de renseignement de la Team Rocket. Un espion sans scrupule, retors, lâche s’il le fallait. Très doué dans ce qu’il faisait. C’était lui qui était la plupart du temps chargé des opérations les plus obscures de la Team Rocket, allant de l’espionnage industriel à l’assassinat. Il était au courant de tout, partout, tout le temps, par le biais de son équipe de taupes infiltrées dans tous les organismes un tant soit peu importants de Kanto. Sandra l’ignorait, mais il avait dirigé l’opération d’espionnage de la Team Magma qui avait amené Maximilien, son chef, à collaborer avec Giovanni. Si rien  n’était un secret pour lui, tout ce qu’il faisait était un secret pour tous, à l’exception du Boss. Il passait également pour extrêmement arriviste, tentant autant que possible de se ménager un poste de bras droit aux côtés de Giovanni, en dominant les autres Commandants. Il était cordialement méprisé par tous, comme une espèce de cancrelat malveillant que personne ne voulait croiser, mais que l’on était bien obligé de tolérer.
Morgane, la dernière et de loin la plus jeune des Commandants, paraissait avoir une bien plus faible importance que les autres. Hormis le petit nombre des individus qu’elle avait dans son unité personnelle, elle était aussi chargée de superviser le gros des sbires de la Rocket, pour les opérations courantes. Presque systématiquement, elle était envoyée sur le terrain. Son rôle était théoriquement d’entraîner les nouveaux arrivants, ce qu’elle déléguait la plupart du temps, sauf quand une envie malsaine de martyriser un bleu lui prenait. « Comme moi », avait pensé Sandra. La plupart du temps, lors des réunions des Commandants, elle ne s’exprimait pas, laissant les trois autres, ou plus exactement le Major Bob et Koga, débattre sans fin. Pourtant, Sandra ne s’y trompait pas : elle était certaine que là où Koga était détesté, Auguste apprécié et Bob respecté, Morgane était invariablement crainte. Elle passait pour instable et lunatique, ce qui avait sans aucun doute contribué à la limitation de ses attributions au sein de la Team.

En dessous de ces quatre dirigeants, la hiérarchie devenait impersonnelle, répartie entre lieutenants et dirigeants de groupes, les admins, dont la seule différence était le nombre d’individus qu’ils commandaient. Sous leurs ordres, la masse des Sbires, scientifiques, pilotes, chauffeurs, ouvriers et autres employés de la Team. Une masse probablement très étendue et nombreuse, fréquemment renouvelée. A cela il fallait encore ajouter les individus directement reliés à la Team sans en faire partie, les fonctionnaires corrompus, les sociétés peu regardantes sur les sources de leurs financements, les prête noms.
La Team Rocket était un véritable état dans l’état à Kanto, et ce n’était pas, loin s’en fallait, une démocratie.

Au bout d’un certain temps, la route se fit plus régulière. Morgane prit alors la parole, à sa manière, s’introduisant dans l’esprit de Sandra. De toute évidence, elle s’adressait à l’ensemble des membres de la Team de cette manière-là, ce qui lui permettait également de communiquer directement avec les autres camions.
-   Nous n’allons pas tarder à arriver à Carmin sur Mer. Préparez-vous, le navire doit être prêt à partir d’ici le plus vite possible. Les membres de l’Alpha se rassembleront pour diriger les équipes sur le pont, les autres lieutenants restent à terre pour superviser le déchargement des camions.
L’intrusive présence se retira, et un soulagement impalpable fut furtivement perceptible à l’arrière du camion. A part les hommes de son unité qui devaient y être habitués, aucun Rocket n’appréciait le viol de ses pensées.

Quelques minutes plus tard, le convoi s’immobilisait dans le port de Carmin sur Mer. Rapidement, les portes furent ouvertes, et malgré le relatif éblouissement du soleil et les courbatures du voyage inconfortable, les Rocket se mirent en mouvement. Le navire de la Team Rocket était un porte conteneur de taille moyenne emprunté à une entreprise satellite, suffisamment grand toutefois pour que les camions puissent-être chargés directement à l’intérieur, ce qui cependant ne serait pas fait. Sandra supputait qu’ils devaient être encore utiles ailleurs à Kanto pour qu’il soit nécessaire de les décharger et de les laisser sur place. Les Lieutenants de l’Alpha prirent la tête d’une partie des sbires et montèrent sur le navire, tandis que les officiers conventionnels se regroupaient devant les forces restantes, en rang discipliné pour attendre les ordres. Sandra, en tant qu’admin, n’avait à sa charge qu’un maximum de trois sbires, qu’elle avait par ailleurs déjà vus dans la base de Safrania. Elle leur fit sèchement signe de la suivre. Les truands se détachèrent du groupe et lui emboitèrent le pas. Tous trois étaient plutôt jeunes, sans doute des recrues récentes comme elle. Ils manquaient probablement d’expérience, mais ils savaient apparemment respecter les ordres, ce qui suffisait à Sandra.
-   Bon, nous avons le camion 9 à l’arrière de la cale du navire. Il s’agit de matériel fragile, hors de question que la moindre caisse soit esquintée. Toi, va chercher un chariot élévateur, dit-elle en désignant un sbire, qui se mit aussitôt en mouvement.
-   Oui, Admin Sandra.
-   Vous deux, vous allez préparer les caisses dans le camion.
Les Rocket opinèrent du chef.
A peine étaient-ils arrivés à Carmin sur Mer que le port était en effervescence. Les uniformes noirs de la Team s’affairaient en tous sens, dans un bruit de moteurs, de câbles et de raclement de caisses. Des ordres criés à haute voix fusaient çà et là.
Le chariot élévateur arriva, trop lentement au goût de Sandra. Les trois sbires se mirent à la tâche sans entrain, déplaçant les caisses d'un air démotivé. Agacée par leur lenteur, Sandra porta la main à l’une des Pokéballs à sa ceinture. On lui avait remise avant le départ pour accélérer le mouvement.
Elle fit apparaître un puissant Machopeur, qui, comme si il n’avait jamais fait autre chose, entreprit de déplacer les caisses dès qu’il les vit, une dans chaque main, du camion au chariot élévateur, poussant sans ménagement les deux sbires penauds à l'intérieur du camion. Sandra s’abstint de tout commentaire, seul lui importait pour le moment que le travail ingrat soit abattu en vitesse. Les Pokémons dressés par la Team Rocket comme outils de travail étaient particulièrement efficaces et dociles, il fallait le reconnaître.
Sur le pont, l’agitation était au moins aussi grande, tandis que d’autres Lieutenants faisaient appels à leurs Pokémons pour pallier le manque de grues de chargement. Les Alpha n’utilisaient pas de Machopeurs, mais des Kadabras télékinésistes qui faisaient léviter les caisses avec précision jusqu’à l’emplacement qui leur était dévolu dans la cale, où ils étaient réceptionnés et amarrés par les sbires.
Entre deux chargements, Sandra regardait le port. C’était la première fois qu’elle voyait la mer, même si la crique reculée de Carmin sur Mer, par ailleurs assez polluée, était loin de l’image  qu’elle se faisait du grand océan. Il y avait bien une odeur de mer puissante, mais elle était dominée par une encore plus forte odeur de gasoil. Au moins, le temps était bien meilleur qu’à Safrania, et c'était tout de même son premier contact avec l'étendue marine.
 A l’opposé du port utilitaire, elle pouvait distinguer les mats des bateaux du port de plaisance, très réputé à Carmin sur Mer, entre lesquels serpentait un ponton de bois. De nombreux pêcheurs amateurs y laissaient trainer leurs lignes, sans doute dans l’espoir de pêcher quelque Magicarpe joufflu qui ferait leur fierté. En amont, comme sur une espèce de falaise (la marée était basse), se tenait l’arène de la ville surmontée d’un vieux phare éteint depuis longtemps, couvert de fientes de Goélises qui l’avaient choisi comme nid. Le port industriel était d’ailleurs littéralement envahi par ces Pokémons oiseaux maigrelets aux ailes en forme de marque-page, à cause des chalutiers qui venaient y décharger leur précieuse manne. Si l’activité des Rocket avait été moins bruyante, tous auraient eu le loisir de se faire agresser les oreilles par le cri perçant des Goélises.
Sandra reporta son attention sur le déchargement du camion numéro 9, qui était bien avancé. Le Machopeur travaillait avec entrain, tandis que les Rocket, qui ne voulaient pas être en reste, donnaient au moins l’impression de faire de leur mieux. C'était l'avantage des nouvelles recrues, qui étaient aussi promptes à se démotiver pour les tâches ingrates qu'à les accomplir avec zèle quand elles risquaient d'être humiliées. Certains camions étaient toutefois déjà déchargés, et leurs équipes désormais occupées sur le pont. Il ne fallait donc pas perdre de temps.

Deux heures après l’arrivée des Rocket à Carmin sur Mer, le navire appareillait. Une unité était restée sur place pour reconduire les camions à Safrania.
Le bateau tanguait légèrement, au fur et à mesure qu’il s’éloignait de la baie carmine. Depuis le pont, on pouvait entendre le ronflement régulier du puissant moteur. Une pause générale avait été accordée aux hommes, la plupart épuisés par le rythme soutenu qui leur avait été imposé. Sans doute s’agissait-il d’une modalité fixée à l’avance lors de la planification de l’opération, Sandra imaginant mal le Commandant Morgane prendre d’elle-même ce genre de décision. Le spectacle de la mer l’avait vite lassée, aussi était-elle allée se reposer dans le quartier des officiers du navire, traversant le pont supérieur pour entrer dans le château, la tour de contrôle contenant la cabine du porte-conteneur. C’était une salle commune assez peu éclairée par les hublots donnant sur l’extérieur et une série de plafonniers de faible intensité, dominant d'un étage le pont. On trouvait quelques canapés rustiques, ainsi que deux grands bureaux de travail. La plupart des lieutenants y attendaient, dans une relative oisiveté, entre lectures de rapports et de liste d'ordres, et sieste. Un des admins de l’Alpha était en train de s’occuper de son Kadabra. Il jetait une balle en caoutchouc en l’air, que le Kadabra devait intercepter par télékynésie.
Sandra le considéra d’un air soupçonneux. Rien n’interdisait un membre de la team de prendre soin de son Pokémon, c’était même encouragé, mais la plupart des rockets considéraient leurs Pokémons comme des outils interchangeables, surtout ceux qui leurs étaient fournis pour les nécessités d’une mission. Sans parler du fait que la plupart d’entre eux étaient volés, et n’étaient donc que peu disposés à apprécier leur nouveau dresseur.
Y-avait-il quelque chose de différent pour ce Kadabra ou cet admin ? Sandra s’approcha de lui.
-   Un problème avec ce Pokémon, admin ?
L’Alpha se retourna, attrapant la balle en vol, sous le regard un peu courroucé du Kadabra qui s'était concentré pour l'intercepter.
-   Ce Kadabra est particulièrement faible, admin. J’ai voulu l’utiliser sur le pont pour aider à décharger, mais il n’était pas fichu de bouger la moindre caisse. J’ai cru au début que c’était de la mauvaise volonté de sa part, mais pour des petits objets, il y arrive, quoique avec peine. Je voulais comprendre pourquoi.
-   N’est-ce pas une perte de temps ? Si ce Pokémon est faible, demandez à en changer. De toute façon, vous en serez débarrassés dès notre arrivée.
-   On voit bien que vous manquez d’expérience. Il faut pallier les faiblesses de ses alliés pour pouvoir aller de l’avant.
Piquée, Sandra répondit un peu plus sèchement.
-   Je ne sais pas si vous êtes en mesure de juger de mon expérience, mais en tout cas, votre raisonnement me parait invalide dans la mesure où ce Pokémon ne vous appartient pas, admin.
-   Justement, il appartient à la Team. Si je peux le rendre utile, nous en bénéficieront tous. Ce n’est pas compliqué à comprendre.
-       Je maintiens que vous seriez plus utiles à mettre votre temps à disposition de la Team plutôt qu'à vous occuper d'un mauvais cheval remplaçable.
Une troisième voix se fit entendre. Ou plutôt percevoir. Morgane.
-   Ne soyez pas bornée, admin Sandra. Les apparences sont trompeuses, et de tout évidence vous ont trompée vous. Vous n’avez pas saisi ce que l’on vous disait par « vous manquez d’expérience ».
Les deux admins se retournèrent vers l’entrée de la salle. Le Commandant se tenait dans l’encadrement de la porte. Elle fit léviter la Ball du Kadabra de la ceinture du membre de l’Alpha jusqu’à elle. Le Kadabra se tourna vers la nouvelle venue d'un air enjoué.
-   Ce Kadabra m’appartient. Il a toujours du plaisir à participer aux opérations. Malheureusement, ses capacités sont bornées s’il n’est pas en présence d’individus suffisamment sensibles.
L’admin Alpha mit immédiatement un genou à terre.
-   Excusez-moi, Commandant, j’étais dans l’ignorance !
-   Tout beau, admin Lepold. Vous avez bien traité ce Pokémon, malgré sa faiblesse. Je suppose que votre collègue n’en aurait pas fait autant. Jusqu’où serez-vous une déception, admin Sandra ?
Sandra se concentra pour penser sur un ton mielleux.
-   Sauf votre respect, Commandant, si vos Pokémons sont trop talentueux pour que nous puissions les contrôler, je ne comprends pas pourquoi vous les mettez à notre disposition.
-   Votre insolence se calmera, admin Sandra. Je peux comprendre le dépit des vaincus, mais votre position vous oblige à plus de considération. Soyez reconnaissante que je ne vous en tienne pas rigueur, c’est la deuxième fleur que je vous fais en deux jours. Mais je n’aurai pas éternellement la patience de tolérer cette espèce d’insubordination de nouvelle venue fière.
Sandra sentit alors qu’une force irrépressible la contraignait à se baisser. Elle mit elle aussi un genou à terre, le visage tourné vers le sol. Elle s’entendit alors dire, à voix haute et claire, devant les autres lieutenants :
-   Oui, mon Commandant ! Mes excuses, cela ne se reproduira plus !
Elle pouvait sentir le regard satisfait et moqueur de Morgane, et elle tempêtait intérieurement. Il n’y avait aucun moyen de faire face, elle agissait en dépit d’elle-même. Quand elle put de nouveau se mouvoir librement, le Commandant avait disparu de l’entrée, emportant le Kadabra avec elle. L’admin Lepold s’était assis à un bureau et détournait les yeux. Les autres lieutenants la regardaient d’un air gêné. Combien de temps était-elle restée agenouillée ? Sandra serra les dents et remonta sur le pont, frustrée et honteuse. Le vent marin frais de l'extérieur la fit frissonner. Elle se mit à marcher entre les conteneurs et les cales.

Elle avisa un emplacement vide dans l'une d'elles, et y descendit. Il y faisait sombre, fairs et même humide, mais il n’y avait personne. Sandra sentait que la solitude était nécessaire pour un moment. Elle ne comprenait pas ce qui l'avait poussée à se mêler des affaires de cet admin, en plus pour lui dire des choses qu'elles n'avait pas pensé une seconde. Elle devait être à cran. Elle fit sortir son Draco de sa Ball. Elle ne l’avait plus appelé depuis la défaite sordide à Safrania, la veille.
Le dragon s’éploya avec satisfaction. Il fit quelques tours dans la cale, comme pour se dégourdir, puis il s’arrêta devant Sandra et fixa sa dresseuse, réprobateur.
-   Désolée, Draco. Je n’avais pas prévu que ça se passerait comme ça.  C’était désagréable pour nous deux, crois-moi. Mais il faut en passer par là, d’une manière ou d’une autre. J’espère que tu ne m’en veux pas trop.
Elle tendit la main vers la tête du serpent bleu, qui se mit à son niveau pour recevoir sa caresse.
Draco pardonnait. Il connaissait sa dresseuse depuis si longtemps. Leurs peines étaient communes, comme leurs joies. Sandra était une dresseuse exigeante, mais lui était un Pokémon exigeant.
 Il aurait aimé savoir ce qui motivait Sandra, depuis quelques temps. Malgré leur complicité et leur proximité, il ne parvenait pas à comprendre ce qu’elle cherchait à atteindre, son but. Tout ce qu’elle avait fait ces derniers jours était une énigme pour le dragon. En allié fidèle, il n’avait changé en rien son comportement, mais il se sentait inquiété. Sandra enlaça son Pokémon, qui se lova autour d’elle. Elle avait besoin de repos, de ne penser à rien. Par chance, son unité n’était pas mobilisée pour la traversée, elle n’avait rien d’urgent à faire avant la fin de la traversée. Elle restait simplement assise sur le sol froid de la cale, son Pokémon contre elle la réchauffant.
Chapitre 13: Jadielle la lointaine
Arrivés à Argenta dans l’après-midi, ils se remirent rapidement en route en direction de Jadielle, dernière ville avant le plateau Indigo. Le temps c’était considérablement éclairci depuis qu’ils avaient quitté Safrania. Argenta était une ville ancienne enclavée entre le Mont Sélénite et la forêt de Jade, ce qui aurait pu en faire, à l’instar d’Ebenelle, une bourgade repliée sur elle-même et isolée. Ce n’était pourtant pas le cas. La ville jouissait de l’attractivité touristique du Mont, et son musée de fossiles très complet attirait beaucoup de curieux. La ville avait su profiter de son environnement pas forcément favorable pour se développer, sans cependant dépasser la taille d’un grand village montagnard.
La population d’Argenta était aussi très mobile, les natifs éprouvant souvent au bout d’un certain temps l’envie de sortir de leur retraite, voir le soleil se lever et se coucher sans qu'une imposante montagne ou une forêt touffue ne les en empêche. Il fallait tout de même dire que la bourgade ne se distinguait pas par sa beauté, et c'était sans doute une autre chose qui motivaient les citoyens d'Argenta à la quitter. La plupart des maisons anciennes étaient délabrées, quand elles n’étaient pas simplement remplacées par des habitations sans grand intérêt. Seule la roche semblait vraiment à l'honneur dans la ville, sculptée, domptée, asservie comme le meilleur support de l'urbanisme. Il n'était pas rare de trouver des galets polis en guise de plancher dans les maisons d'Argenta, et la tradition subsistait curieusement même dans les bâtiments à étages, pour peu qu'ils soient un peu plus luxueux que les autres.
Pour les trois compagnons de voyage, la ville était avant tout l’une des dernières étapes. Restait encore Jadielle.

Peter, Minidraco sur son épaule, marchait aux côtés de son ami, quelques pas derrière  le champion Rochard. La sortie sud de la ville était en vue. Le champion s’arrêta devant un panneau d’indication, et se tourna vers les deux jeunes.
-   Bon, nous voilà à l’entrée de la forêt de Jade. Il y a deux chemins différents pour la traverser, l’un, plus long, étant destiné aux individus sans pokémons ou non désireux de combattre. L’autre est un chemin de forêt très apprécié des dresseurs débutants, mais également infesté de Pokémons sauvages, notamment des Insectes. Je vais pour ma part prendre le chemin balisé, ni les dresseurs ni les pokémons de cette forêt ne sont à mon niveau, et j’aimerais autant garder mes bottes propres. Vous deux, par contre, je vous suggère de passer par le chemin de forêt. Autant faire en sorte que vous tiriez parti de nos déplacements, non ?
Les deux amis opinèrent.
-   Ce n’est pas tout. Les Pokémons insectes connaissent souvent de redoutables attaques de statut, et je pense que ça ne serait pas très agréable pour vous de finir cette promenade sylvestre en courant de toute vos jambes vers la sortie parce que votre Pokémon est empoisonné. Aussi, voilà pour vous un antidote et deux anti-para. Bien sûr, dit-il en se tournant vers son fils, avec Terhal, tu n’auras jamais besoin que des anti-para.
Il sortit de son sac trois petites bouteilles colorées, jaunes et orange, qu’il tendit à Pierre et à Peter.
-   Oh, et ce n’est pas tout. Je vous ai aussi pris trois Pokéballs vides chacun. Comme ça, si vous croisez un Pokémon intéressant, vous pourrez aussi essayer de le capturer.
Pierre lui répondit sur un ton surpris.
-   Mais, monsieur Rochard, nous n’avons jamais capturé de Pokémons nous même ! N’est-ce pas un peu compliqué ?
Rochard lui sourit
-   Oh, ne t’en fais pas, c’est bien plus simple que ça en a l’air. Et puis, je suis sûr que tu connais les bases de la capture, même si tu n’as pas encore pratiqué.
-   Oui, j’ai lu le livre du Professeur Chen là-dessus…
-   Bon, ben alors on y va, Peter ! le pressa Pierre. Tu m’expliqueras ça en route, sinon on ne sera jamais arrivés à Jadielle.
-   Bon, OK, j’arrive. Et, merci beaucoup, monsieur Rochard !
-   Mais de rien. Je vous attends de l’autre côté. Essayez d’être arrivés avant la nuit.
Ils se séparèrent, Pierre et Peter pénétrèrent dans la forêt de Jade.
Leur première constatation fut que la forêt en question était sombre. Le feuillage dense empêchait une bonne partie de la lumière du soleil d’arriver jusqu’au sol. La végétation était touffue et dense, et il était difficile de suivre la mince découpe dans la verdure qui faisait office de sentier. Il se dégageait de la forêt un parfum mélangé de pinède et de forêt tropicale, auquel s’ajoutait la fragrance de quelques fleurs de sous-bois. Il n’y faisait pourtant pas plus chaud qu’en dehors. La forêt regorgeait de vie, c’était l’une des premières choses que l’on pouvait constater. Que ce soit les milliers de bruits de Pokémons, des cris d’insectes au couinement des rongeurs et au chant des oiseaux, ou encore les mouvements subtils et fugitifs dans les fougères et les branches. Pierre ne put retenir un soupir d’admiration :
-   Wouah, elle en jette, la forêt. Ca à l’air profond.
-   J’espère qu’on ne va pas se paumer si l’on quitte le sentier, parce que je n’ai aucune idée de comment on retrouvera notre chemin dans ce labyrinthe.
-   Mais n’empêche, tu es d’accord avec moi, cette forêt est…
-   Verte.
-   VERTE ? C’est tout ce que ça te fais ?
-   Tu m’as mal compris. Le vert de la forêt de Jade, c’est le vert tel qu’il est dans sa forme la plus pure. C’est un vert entre le végétal et l’animal, tout ce qu’il y a de plus vivant. Un vert profond, mais en même temps rafraichissant.
-   Bon, ok, toi aussi tu aimes bien. Allons-y.
-   Minidraco, tu ouvres la voie, nous te suivons.
Le petit serpent descendit de l’épaule de son dresseur jusque dans les hautes herbes, et commença à y avancer, suivi de Pierre et Peter. Il semblait apprécier la verdure et le contact de l’herbe, sans doute dépaysé (le sol aride et caillouteux d’Ebenelle était bien évidemment d’un autre ordre que la mousse douce qui tapissait la forêt). A peine eurent-ils fait quelques pas qu’un Chenipan surgit des hautes herbes, traversant à toute vitesse pour trouver un abri.
-   Tu as vu ça ?
-   Ouais, c’était un gros Chenipan. On essaye de le suivre ? Répondit Peter.
-   Bah, tu parles… Rien n’est aussi faible qu’un Chenipan… Continuons plutôt, on trouvera sans doute plus intéressant.
Cependant, le faible Chenipan, perturbé, ne l’entendait pas de cette oreille. Aussi sortit-il des fourrés comme un missile, chargeant Minidraco. Le dragon esquiva sans difficulté, et d’un dracochoc dédaigneux envoya la chenille s’assommer contre un arbre.
-   Bon, voilà qui est fait, fit Pierre. J’espère que l’on va pouvoir avancer un peu plus sans être interrompus à chaque fois par des insectes kamikazes…
-   C’est sûr.
Mais la forêt de Jade, fidèle  à sa réputation d’abondance, ne leur laissa aucun répit. Chaque buisson semblait grouiller de Pokémons prêts à l’attaque. Chenipans tout d’abord, mais aussi Aspicots venimeux, Coconforts et Chrysacier qui se croyaient inébranlables. Si les deux amis furent vite lassés de ces innombrables interruptions, Minidraco semblait lui s’en donner à cœur joie, grillant chenilles et chrysalides de ses dracochoc. Une demi-heure après leur départ, il leur semblait avoir fait bien peu de chemin.
-   Je comprends pourquoi ton père nous a dit « d’essayer d’être là avant la nuit ». A ce rythme-là on sera arrivés la semaine prochaine, dit Peter, tandis que Minidraco clouait un Aspicot au sol par les dards. Dit, pour qu’on avance un peu plus vite, envoie Terhal. Comme ça, on pourra continuer à avancer quand un sauvage nous tombera dessus.
-   Bonne idée, on aurait dû commencer par ça, répondit Pierre en sortant Terhal de sa Pokéball. Terhal, suis Minidraco !

La coopération leur permit d’accélérer un peu leur avancée, quoique le nombre de Pokémons sauvages semblait paradoxalement augmenter avec  le nombre de ceux qui étaient défaits. Le sentier tournait et retournait en tous sens, passant entre les rangées d’arbres se chevauchant presque tellement ils étaient proches. Ils finirent cependant par gagner une trouée dans la végétation, d’où bifurquaient plusieurs sentiers similaires au leur. A l’entrée de l’un d’eux, se trouvait un panneau indiquant Jadielle. A côté du panneau, un groupe de jeunes garçons était assis sur le sol, discutant tranquillement autour d’une partie de cartes. Pierre et Peter s’approchèrent d’eux.
Ils se tournèrent comme un seul homme.
-   Non, c’est pas vrai, je rêve ! Des promeneurs ! Dit l’un.
-   Et moi qui disais qu’on allait bêtement passer toute la journée à attendre pour rien… dit un autre, visiblement en train de se faire plumer.
Peter les aborda :
-   Euh, Hello, vous savez si c’est le chemin le plus court pour aller à Jadielle ? On vient de se farcir une brouette de combats de Pokémons, et on aimerait autant éviter de dormir ici…
-   Aucun doute, le chemin avec le panneau est le plus court. Il est mieux entretenu que les autres, du coup les Pokémons évitent de le traverser pour ne pas se retrouver à découvert.  Par contre, je dois dire que ce n’est pas de bol, parce que nous, on est là pour garder l’entrée du sentier. Nous sommes des dresseurs de Pokémon insectes ! Si vous voulez aller à Jadielle par la voie rapide, il faudra nous battre d’abord. Et je vous préviens, les autres sentiers sont VRAIMENT longs.
-   Bon, Pierre, je crois qu’on n’a pas trop le choix, il va falloir montrer à ces scouts ce que l’on vaut.
-   Bien parlé. Nous sommes six, c’est-à-dire que vous allez affronter trois d’entre nous chacun, si vous gagnez, bien sûr. Vous pourrez utiliser des objets de soin entre deux combats. Les règles vous conviennent comme ça ?
-   C’est parti ! Peter, je prends les deux grands et le rouquin, tu t’occupes du gros, du perdant aux cartes et du frimeur.
-   Comment tu oses me traiter de gros ? Je vais montrer à ton tas de ferraille abstrait ce que c’est qu’un combat Pokémon, dit le scout un peu gras, saisissant sa Pokéball.
-    Bon, on dirait que celui-là est pour toi. Je m’occupe du roux.

Les quatre dresseurs marchèrent jusqu’au centre de la petite clairière, d’où tombait la lumière comme en un puis concentré.
-   Ok, voyons voir comment tu te débrouilles face à un Pokémon évolué, lança le roux à Peter. Chrysacier, en avant !
-   Minidraco, tu es prêt ? Pas trop lassé de devoir plier des chenilles ?
De son côté, le gros avait fait appel à un Paras.
-   Ey, Peter, j’ai jamais vu ce truc. Tu crois que c’est fort ?
-   Nan, ne t’inquiète pas, c’est un insecte des montagnes. Fait quand même attention à ne pas être endormi ou paralysé, ce Pokémon est un sac de spores.
-   Ok, merci.
-   Bon, alors, on peut commencer ? s’impatienta le gros, encore vexé.
Le match fut rapide. Malgré sa bonne résistance physique, Chrysacier ne parvenait pas à encaisser les attaques fulgurantes de Minidraco, et se trouvait en outre bien trop lent pour contre-attaquer. Le roux pesta, rappela son Pokémon et envoya un Chenipan à sa suite, qui, bien que considérablement plus puissant et rapide que les sauvages, ne fut en aucun cas source d’inquiétude pour Peter et Minidraco. De son côté, une attaque bélier bien ajustée de Terhal eut raison de Paras, même s’il subit au passage le déluge de spores paralysantes du Pokémon Tochukaso.
-   Il semblerait que nous ayons gagné la première manche, dit Pierre en soignant la paralysie de Terhal. Notre dernier combat a bien entraîné nos pokémons, Peter !
-C’est sûr, mais je me méfie quand même. Après autant de combats, Minidraco commence à fatiguer.
- Bon, c’est notre tour, fit le frimeur (celui qui leur avait adressé la parole en premier) , faisant signe à l’un des grands. Vous ne vous êtes pas laissés surprendre ni par des pokémons évolués ni par des pokémons peu communs. Maintenant, testons un peu votre endurance !
A ces mots, dans un bel effort de synchronisation, les deux nouveaux scouts jetèrent leurs Pokéballs. En sortirent deux Aspicots.
-   Ce n’est pas vraiment ça qui va relever le niveau, railla Peter. Amuses-toi bien, Minidraco.

Le combat fut cette fois considérablement plus corsé pour Minidraco, cependant. Le scout n’avait pas en effet un seul Aspicot, mais bien six, tous dressés dans le but d’être extrêmement véloces. Le même schéma était opposé à Pierre, qui lui n’était aucunement dérangé par les attaques poison de ses adversaires et gagna sans encombre, bien que plus lentement. Une des esquives de Minidraco ne fut pas assez rapide, et il fut blessé par l’un des dards empoisonné d’un des Aspicots. Peter se sentit mal d’avoir ainsi présumé de ses forces, d’autant plus que son Pokémon tentait de garder une allure sereine, bien que touché. Une fois le combat terminé, il administra l’antidote à Minidraco.
-   Bon, Minidraco, il va falloir être prudent pour le dernier match. Tu as déjà fait énormément pour aujourd’hui. 
Le dragon lui répondit par un regard déterminé, mais dans lequel la fatigue commençait à poindre.
-   Prêts pour le dernier match ? demanda le deuxième grand scout. Maintenant, vous êtes bien fatigués, et nous allons vous achever.
-   Dépêchez-vous de perdre, nous devons être à Jadielle aussi tôt que possible.
Le perdant aux cartes regarda Peter sans rien dire, sortant sa Pokéball de sa poche en s’approchant à son tour de la zone de combat.
-   Allez !
Le deuxième grand lança sa Pokéball, dont sortit un petit Pikachu, à la surprise de Peter et Pierre. Mais la surprise fut plus grande encore quand le perdant aux cartes invoqua sa propre créature. Un magnifique Dardargnan se matérialisa. Le Pokémon guêpe éploya ses ailes, s’envolant au-dessus des arbres avant de replonger en piqué dans la clairière.
-   Mince, Peter, un Dardargnan ! Fais attention. C’est un stade final d’évolution, il doit être fort !
-   Je sais, figure-toi. Minidraco, prend garde à ses dards, tu auras du mal à encaisser ses attaques directes ! Et toi, Pierre, fais attention à Pikachu : il peut encore te paralyser, mais surtout ses attaques ne sont pas aussi inefficaces contre Terhal que celles des insectes.
-   Ok, je note.
Le grand ordonna à son Pikachu d’utiliser une cage-éclair, ruinant en un instant la mobilité de Terhal. De son côté, Dardargnan assenait une attaque double-dard à Minidraco, qui contrait du mieux qu’il pouvait.
-   Je hais cette attaque, pesta Pierre en voyant son Pokémon immobilisé et incapable de répliquer aux attaques de harcèlement du Pikachu.
-    On dirait que vous allez sortir de la forêt de Jade par la petite porte, vous deux, se moqua le grand.
-   Dardargnan, esquive, dit calmement le perdant aux cartes, anticipant le dracochoc de Minidraco, qui frôla la guêpe.
Peter réfléchissait à toute vitesse. Il fallait trouver un moyen de neutraliser l’adversaire aussi vite que possible, Minidraco ne pouvait pas tenter de gagner à l’usure alors qu’un dard-venin menaçait à chaque instant. Terhal put finalement se libérer de l’emprise de la cage éclair un instant, se laissant tomber de toute sa hauteur sur le Pikachu, qui, surpris, n’esquiva pas, et se retrouva coincé sous le Pokémon de fer bleuté.
-   Pas mal, on pourrait presque appeler ça un plaquage, Terhal ! Maintenant qu’il est immobilisé, Choc Mental !
-   Pikachu, attaque éclair ! Il faut te sortir de là !
Peter comprit alors comment vaincre Dardargnan, alors en train de cribler de coup un Minidraco de plus en plus amoindri.
-   Minidraco, Tu dois tirer parti de la vitesse de Dardargnan ! Sa précision n’est pas son point fort !
Le dresseur de Dardargnan répliqua sur une voix plate.
-   Dardargnan, cloues le dragon avec dard-nuée.
L’insecte fondit sur Minidraco en un instant. Les dards acérés sabrèrent l’air à quelques centimètres de Minidraco qui s’était plaqué au sol. Le serpent se releva d’un bond, atteignant Dardargnan au thorax avec le dur joyau de sa tête. La guêpe, surprise, fit jaillir son terrible dard abdominal balafrant le corps de Minidraco qui roula sur le sol.
-   Ton pokémon est empoisonné…
Minidraco tremblait, vacillant. La toxine du dard de son adversaire faisait rapidement effet.
-   Minidraco… Je sais, Minidraco, attaque Dracochoc ! Fit Peter en pointant Dardargnan du doigt. Le dragon le regarda d’un air perplexe, et commença à charger son attaque
-   Dardargnan, esquive !
Pierre n’en revenait pas : Peter  venait de donner un ordre direct à Minidraco ! De son côté, le combat ressemblait à une bagarre d’infirmes, Pikachu coincé sous le corps massif de Terhal lâchant par vagues des torrents d’éclairs.
De son côté, Minidraco finissait de charger son attaque. Dardargnan, préparé, attendait le moment d’esquiver. Un flash éblouissant jaillis de Minidraco, immédiatement suivi par l’esquive de Dardargnan. Quelle ne fut pas sa surprise et celle de son dresseur quand il fut percuté de plein fouet par le dragon venant de son dos, s’écrasant au sol où ses dards se plantèrent profondément.
-   Quoi ? Mais ce n’est pas un dracochoc ? firent les scouts, médusés.
-   Non, certes pas, répondis Peter d’un air triomphant. Minidraco et moi ne combattons pas par les ordres d’attaques, mais en nous adaptant à chaque situation. Ce que je lui demande ne passe pas par la voix, nous nous comprenons. Cette attaque était une attaque reflet, à ce que je peux en juger… Minidraco a su tirer parti de la précipitation de Dardargnan. Mais observez, vous n’êtes peut-être pas totalement floués…
En effet, alors que Dardargnan se démenait pour se sortir du sol, Minidraco préparait son attaque suivante. Ce fut un dracochoc en bonne et due forme, fauchant la guêpe prisonnière comme un fêtu.
Minidraco, empoisonné et sur le point de s’effondrer, avait gagné.
-   Pierre, tu termines ce Pikachu ? fit Peter, inquiet pour son dragon, à court d’antidotes.
-   Ouais, une minute, répondit Pierre, ordonnant à son Terhal de réitérer son choc mental.
La partie finit à l’usure par le forfait du Pikachu en train d’étouffer sous le poids de son adversaire, ce qui prit nettement plus d’une minute néanmoins. 
Le frimeur, qui semblait parler au nom des autres, fut bien obligé de reconnaître qu’ils avaient trouvés leur maître.
-   Vous-êtes libre de passer. Vous êtes vraiment coriaces. Si vous vous pressez un peu, vous devriez arriver à temps avant la nuit.
-   Bon, merci. On doit se dépêcher, Pierre, Minidraco tient à peine debout !
Le dragon était effondré sur le sol, son dresseur fut obligé de le prendre dans ses bras.
-   Hep, un instant, fit le dresseur du Dardargnan.
Il s’approcha de Minidraco, et lui fit croquer dans une baie. Quelques instants après, Minidraco sembla s’apaiser un peu.
-   Qu’est-ce que c’est ? fit Peter, méfiant.
-   Une baie Pêcha. C’est un bon antidote. On peut en trouver en cherchant bien dans cette forêt. Ton pokémon ferait mieux de ne pas combattre d’ici à ce que vous atteignez le centre pokémon, mais sinon, il ne souffrira plus du poison.
-   Ah… Merci. Mais vous, vous n’allez pas faire soigner vos propres Pokémon ?
-   Non, nous avons des rappels et des potions ici, ce serait dommage de partir si un autre dresseur arrive.
-   Au revoir, alors. Peut-être pour une revanche ? Fit Pierre, serrant la main du dresseur au Pikachu.
-   Avec plaisir, si vous repassez dans le coin.

Les deux amis prirent congé des dresseurs et s’enfoncèrent à nouveau dans la forêt, la lumière déclinant de plus en plus. Mais les scouts avaient dit vrai. Ils arrivèrent rapidement à la sortie, et ce sans être harcelés par les pokémons sauvages. En dehors, ils trouvèrent une route de terre en pente douce, large et bordée de verdure. Un panneau indiquait Jadielle. Ils empruntèrent la route, au terme de laquelle ils arrivèrent enfin, alors que le soleil commençait à se coucher, dans la ville de Jade, dernière étape avant le plateau indigo. Ville qui avait d’ailleurs tout d’un simple village, plutôt délabré de plus, dont la seule attraction avait été une arène fermée depuis que le champion, un vieux voyageur, était tombé malade et ne quittais plus son lit. Malgré cela, les parterres de fleurs qui l’entouraient et l’architecture désuète mais charmante laissaient à l’endroit un certain cachet. Le champion Rochard les attendait dans le centre pokémon, lisant un livre sur un des fauteuils de la salle d’attente. Il fut peu étonné de les voir entrer précipitamment et ne pas le remarquer tandis qu’ils déposaient leurs pokémons à une infirmière de toute évidence fatiguée et plutôt mauvaisement surprise d’avoir un patient à traiter à cette heure.
Quelques minutes après, ils quittaient le centre pour aller dîner dans un petit restaurant auberge de Jadielle, dans lequel ils allaient passer la nuit. Le plateau Indigo attendrait le lendemain.

-   Vous aviez raison, monsieur Rochard, fit Peter alors qu’ils dégustaient un Poussifeu de ferme rôti à sa propre braise, spécialité de Hoenn qui avait été importée à Jadielle par l’ancien champion d’arène, la forêt de Jade était vraiment un entrainement intense. Nous sommes tombés sur des dresseurs plutôt coriaces... Ils avaient un Dardargnan. Je comprends pourquoi vous avez choisi l’autre chemin.
-   Et un Pikachu increvable, ajouta Pierre. Sans parler de la légion de pokémons sauvages qui n’ont jamais arrêté de nous tomber dessus.
-   La forêt est vraiment comme dans mes souvenirs… Pour sûr, j’éviterais d’y remettre les pieds. il faut être jeune et patient pour tolérer le Chenipan susceptible des heures durant. Répondit Rochard, amusé. Vous devez être plutôt lessivés, il me semble.
Les enfants répondirent en hochant la tête, retournant leur attention vers leur plat.
-   Bon, demain matin, nous serons au plateau Indigo. Prenez des forces tous les deux, Peter tu vas en avoir besoin, car nous nous séparons là-bas, et Pierre pour le voyage du retour. A propos, Peter, est-ce que vous avez capturé d’autres pokémons ?
-   Euh, non, pourquoi ?
-   Minidraco a beau être un bon Pokémon, tu auras beaucoup de mal si tu dois te reposer uniquement sur lui. Je pense même que c’est absolument impossible. Il faudra que nous nous assurions demain que tu aies d’autres pokémons sur lesquels compter.
-   Mais comment en choisir un autre ? Nous nous sommes choisis mutuellement, Minidraco et moi, c’est pour ça que nous pouvons combattre !
-   Je n’en doute pas. Mais j’ai déjà ma petite idée. On en reparlera demain. Pierre, ce sera aussi une bonne occasion pour toi.
-   Ah ? Moi, je trouve que je m’en sors bien avec Terhal. Mais c’est sûr qu’il faut sans doute plus de pokémons pour être un vrai dresseur.
-   Ce qui importe, répondit Rochard entre deux bouchées, c’est la manière dont vous traitez vos Pokémons. Un Pokémon faible peut devenir excellent s’il est très bien traité. N’oubliez pas non plus qu’un Pokémon peut être très puissant, mais que si vous le traitez mal, vous ne serez jamais sûr de pouvoir compter sur lui, car lui ne peut pas compter sur vous. C’est très important. Les gens qui vous ont attaqués à Safrania n’en tiennent pas compte. Cela finira par leur retomber sur le dos.
Peter posa sa fourchette, la mine maussade.
-   Ma sœur a toujours bien traité ses pokémons. Qu’est-ce qu’elle a à voir avec ces types ? On peut bien traiter ses pokémons et ne rien être de plus qu’un assassin.
Rochard soupira.
-   Je suis désolé, Peter, mais c’est aussi quelque chose qui m’échappe. Je veux croire que Sandra est quelqu’un de bien qui s’est égaré. Peut-être se retrouvera-t-elle. Je ne peux pas te le dire à l’heure qu’il est, mais je l’espère.
-   Quoi qu’il en soit, ce qu’elle a fait ne sera pas impuni, dit Peter, les yeux vagues, la main crispée sur sa fourchette. Jamais.
Minidraco savourait sa part avec délices, gouttant le moment de tranquillité après la longue et laborieuse journée. Pierre regardait son ami du coin de l’œil, peiné de le voir ainsi. Le dîner se termina silencieusement.
Le chapitre 14 est en page trois!
« Modifié: 17 février 2013, 14:48 par Vilgrav-Klaus »

Layton'

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Vilgrav-Klaus

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01 décembre 2012, 22:11
OMG un lecteur!
 :wtf:
Avant que tu ne repartes pour ne jamais revenir, tu pourrais me dire ce que tu as aimé, ce que tu n'as pas aimé? Les chapitres forts, ceux qui sont en mousse?

Chapitre 11 en fin de semaine prochaine, si tout va bien!

Grimm

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02 décembre 2012, 16:17

Donc ce n'est pas si anormal d'être un peu paumé! Mais je ne peux pas vraiment changer ça...


Peut-être aurait tu pu créer une liste des personnages principaux en tant que introduction.

Mais c'est pas bien grave vue que le chapitre 2 m'a aidé à retrouver chaque personnage.

Je vais m'attaquer au chapitre 3 là, j'y vais par petit bout ^^.

Vilgrav-Klaus

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02 décembre 2012, 17:48
Prend ton temps. J'ai pensé aussi à un lexique des personnages, mais je veux me laisser une marge d'adaptation de leurs personnalités. Je n'ai pas envie de les figer dans un moule. Je pensais que le fait que tout le monde les connaisse grâce aux jeux suffiraient à éviter les confusions...

Je suis très curieux d'avoir tes retours au fur et à mesure que tu avanceras.

Grimm

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03 décembre 2012, 18:40
Non mais de toute façon c'est compréhensible, après, moi, ça fait longtemps que je n'ai pas rejoué à OAC / HG / SS, donc je suis un peu perdu pour les persos, mais sinon je reconnais la ville  ^^


Je n'ai pas encore lu en entier le chapitre 3, j'ai pas beaucoup de temps à moi, j'ai simplement relu les deux premiers chapitres, je compte le lire ce soir ainsi que le chapitre 4 avec.

En tout cas, c'est vraiment du très haut niveau.  :tibia:



Vilgrav-Klaus

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04 décembre 2012, 14:42
Ce n'est pas encore du très haut niveau, loin de là. En relisant mes premiers chapitres, je me suis rendu compte que j'avançais trop vite pour le scénario que j'ai en tête. Il faut s'attendre à des chapitres plus posés à partir du 9/10. Mais ils seront aussi plus travaillés, et je pense meilleurs.
A ce propos, je dois reprendre le 11, il sera donc peut-être un peu plus long à sortir. J'espère que l'histoire te plaira autant à lire qu'elle me plait à écrire et à imaginer!

Grimm

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04 décembre 2012, 15:30
J'espère que l'histoire te plaira autant à lire qu'elle me plait à écrire et à imaginer!

Quelle belle phrase viens tu de sortir là  :tibia:


J'ai fais un peu pareil pour mon histoire figure toi; j'ai été trop rapide au début, et après je suis rentré un peu plus dans les détails.

Bon, je reviens à ta fic :


Je viens de finir les chapitres 3 et 4, j'ai vraiment aimé la fin du 3ème, on voit un réel bouleversement, autant je trouvais ton histoire très palpitante avant, autant je la trouve encore mieux à ce stade; l'élèment pertubateur est vraiment très accentué  :orly:

Spoiler
Surtout juste après l'épisode du centre Pokemon, qui donnait une vague de joie, réconfort ect ...



Voilà mon avis, pas celui d'un connaisseur, mais chacun à le droit de dire ce qu'il pense  :)


Par contre juste une question: pourquoi le chapitre 2 à deux titres ?

Vilgrav-Klaus

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04 décembre 2012, 19:43
Merci encore de ta lecture attentive, ça fait très plaisir. Le double titre du chapitre 2 était en fait dans mon brouillon; je m'étais décidé de scinder l'histoire en deux parties distinctes. Puis, j'ai réalisé que continuer avec les références aviaires pour les titres ne m'amènerait pas très loin. Mais comme le titre me plaisait comme ça, je l'ai gardé. Rien de plus...

Grimm

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05 décembre 2012, 13:27
Mais de rien.


Je compte lire le 5 cet après-midi, ou ce soir.

Vilgrav-Klaus

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06 décembre 2012, 21:22
Le chapitre 11 est disponible! Je l'ai mis dans l'Edit de la seconde page avec le chapitre 10. Viel Spaß!

Grimm

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09 décembre 2012, 13:37
J'ai imprimé le Chapitre 5, mais je ne l'aie pas encore lu.

Juste une petite remarque sur celui ci : pourquoi n'a t-il pas plusieurs paragraphes ?

Erreur informatique ? Tu a zappé ? Ou alors c'est fait exprès ?

Vilgrav-Klaus

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09 décembre 2012, 21:24
Je crois que mon world a zappé un ou deux passages de lignes. Je vais essayer de les replacer, merci pour la remarque.

EDIT: done
« Modifié: 09 décembre 2012, 21:29 par Vilgrav-Klaus »

Grimm

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13 décembre 2012, 18:27
J'ai finis le chapitre 5, juste quelques très rares passages confus, sinon j'ai plutôt bien aimé  :)

Je vais lire la suite ce soir si je peux.

Vilgrav-Klaus

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13 décembre 2012, 22:24
Je verrai si je peux commencer le chapitre 12 d'ici la fin de la semaine.

Grimm

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15 décembre 2012, 11:43
Le chapitre 6 est un peu plus long que les autres, mais super plaisant à lire.

EDIT : Rien qu'un petit point d'orthographe, moi même, j'écris très mal, alors je vais m'abstenir des rares petites fautes d'orthographes (souvent de frappe) présentes, juste dire que Pokémon est un nom propre, il porte donc la majuscule, et est invariable (tu l'accordes en nombre toi "pokémons"). Mais je le vois souvent sans la majuscule, donc c'est pas bien grave, cela reste tout de même bon à savoir. ^^
« Modifié: 16 décembre 2012, 15:25 par fandepokemon18 »

Vilgrav-Klaus

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16 décembre 2012, 20:25
Content d'apprendre que le chapitre 6 t'a plu. Avoir un lecteur attentif est quelque chose de très appréciable. Je suis actuellement un peu en peine avec le chapitre 12, je ne sais pas exactement quand je pourrais le sortir... A propos, les derniers chapitres sont plus longs que les précédents en général.
Pour le mot Pokémon, je suis en hésitation constante. Spontanément, j'ajoute le pluriel, bien que ce soit effectivement faux. Je vais essayer de faire attention à le conserver comme nom propre, sinon c'est vrai qu'il y a un souci de cohérence. Merci d'avoir attiré mon attention là dessus.

EDIT: chapitre 12 en bonne voie!
« Modifié: 16 décembre 2012, 23:20 par Vilgrav-Klaus »

Grimm

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17 décembre 2012, 18:32
De rien.

Evidemment, plus de détails = chapitres plus longs.

Je vais essayer de lire le chapitre 7 d'ici peu de temps, malgré un petit souci de cartouche d'encre (ma foi, je peux toujours le lire sur place).

Vilgrav-Klaus

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21 décembre 2012, 15:26
Le Chapitre 12 est disponible! J'ai décidé de mettre au pluriel Pokémon en Pokémons, ça me dérange trop quand j'écris sinon. Même si ce n'est pas correct, navré.

@ Grimm: Tu as lu le 7?
« Modifié: 21 décembre 2012, 15:28 par Vilgrav-Klaus »

Grimm

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21 décembre 2012, 18:25
J'ai décidé de mettre au pluriel Pokémon en Pokémons

Je pense que de toute façon, vue que tu l'as déjà mis au pluriel auparavant, c'est pas gênant du tout.

@ Grimm: Tu as lu le 7?

Honnêtement, pas encore.

Je le lis ce soir.
« Modifié: 23 décembre 2012, 14:26 par Grimm »

Vilgrav-Klaus

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22 décembre 2012, 03:09
Prends ton temps, j'ai de quoi faire avec les autres chapitres aussi. Par contre, le chapitre 13 aura peut-être du retard, je n'aurai pas forcément beaucoup de temps pendant les vacances.

Grimm

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23 décembre 2012, 16:53
J'ai lus le 7, pas mal, j'aime l'intrigue qu'il y a sur Safrania ^^

Il manque juste des morceaux de mots à des endroits, ça peut géner la lecture parfois :

Citation de: Chapitre 7; ligne 37

Ey, Terhal, ne m'en veut pas trop.


- Hey, Terhal, ne m'en veut pas trop.*

Citation de: Chapitre 7; ligne 52

[...] quand Terhal chut sur le sol [...]


quand Terhal chuta sur le sol*


Et il y a un endroit où j'ai eu du mal à retrouver à qui appartient la réplique :

Citation de: Chapitre 7; ligne 19 et 20

- Ton père ne s'est pas moqué de nous. L'ambiance de cette ville est vraiment mauvaise. Vivement demain que l'on s'en aille.


C'est le fait que la réplique précédente appartienne aussi à Peter.

Après, si j'aurais été plus attentif, j'aurais peut-être put deviner de quel père parle t-on.

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