[HORS-SÉRIE] Dragon Quest VII : Le test
Alors que Pokémon Soleil et Lune sortent dans un peu plus de deux mois, votre 3DS prend la poussière. Vous ne savez pas à quoi jouer, et bien il est peut être temps de se lancer dans un nouvel univers. Dragon Quest VII sort dans quelques jours, et pour le coup, c’est un jeu qui pourra faire envie aux amateurs de RPGs.
La série Dragon Quest fête ses 30 ans cette année, et ça faisait un bon bout de temps que les jeux de la série ne sortaient plus du Japon. Depuis Dragon Quest IX sur DS, plus un signe de la série principale sur notre territoire. Mais heureusement, Square Enix a décidé de redonner une chance aux terres occidentales, et la série se réinstalle doucement chez nous. Dans quelques jours, vous pourrez vous aussi jouer à Dragon Quest VII, l’épisode jamais sorti en Europe, qui arrive enfin avec son remake 3DS. Alors c’est bien beau, mais est-ce que c’est bien ?
Alors que vous vivez votre vie tranquille dans un village de pêcheurs sur une petite île isolée, le destin fait que vous découvrez, accompagné de votre ami d’enfance, fils du roi, un temple qui ne s’ouvrira qu’aux coeurs purs. Scénario classique oblige, vous êtes les élus, et une fois à l’intérieur, on vous explique que vous allez devoir compléter des cartes à l’aide de fragments de pierre éparpillés dans le monde. Et c’est de là que part l’histoire de Dragon Quest VII. Un fils de pêcheur, et ses deux amis, le fils du roi et Maribel, fille du maire qui respecte totalement le cliché de la tsundere.
Une fois votre première carte complétée, vous vous verrez téléportés sur une île inconnue, et celle-ci a ses propres problèmes. En tant que bons héros de RPG, vous allez devoir leur porter main forte. Une fois le problème réglé, le choc. L’île est apparue dans votre monde, même si celle-ci semble avoir subi la force du temps sur un bon paquet d’années. Et c’est de cette façon que le scénario avance. Chercher les fragments de pierre nécessaires à la téléportation vers une nouvelle île, régler les problèmes, et recommencer. Si l’idée peut paraître ennuyante aux premiers abords, la construction du jeu permet d’accrocher le joueur grâce à des dizaines d’histoires différentes, sans rapports au premier coup d’oeil. Mais au fur à mesure de l’avancée dans le jeu, on se rend compte que certaines similarités ne sont pas forcément anodines, et le fil rouge se forme.
Même si le jeu met un petit moment à démarrer (vous allez devoir attendre environ une heure et demie avant d’affronter votre premier gluant) celui-ci accroche le joueur assez vite. Les différents problèmes des différentes îles se règlent en quelques heures, et la suite arrive généralement dans les minutes qui suivent. Et, Dragon Quest oblige, les combats sont rapides et dynamique, tout en se contentant d'un classique système au tour par tour.
Old's cool
Et le système de combat n'est pas la seule chose qui est restée classique dans le jeu. Il semble important de préciser que le jeu a aujourd'hui seize ans. Mais la série a toujours profité de remakes de qualité, et Dragon Quest VII n'y échappe pas. Les graphismes sont ce qui se fait encore de mieux sur la 3DS, les modèles colorés et la patte de Akira Toriyama, chara designer depuis le premier épisode, y sont pour beaucoup. Même si la distance d'affichage limitée fait pousser les arbres soudainement sur la carte, le jeu se débrouille plutôt bien pour la petite portable de Nintendo. Malheureusement, le jeu étant sorti il y a déjà 3 ans au Japon, celui-ci ne profite pas de la puissance de la N3DS, et souffre donc par moments de baisses de framerate plus ou moins violentes si l'affichage 3D est activé. Cela étant, comparé à la version PS1 de 2000, les graphismes sont sublimes, et c'est aujourd'hui le Dragon Quest de la série principale le plus agréable à l'oeil aux côtés du VIII. On retrouve une direction artistique très proche de celle du IX sur DS, en plus détaillé et encore plus coloré. L'interface, elle aussi, reste classique. Pas de menus remplis de froufrous, du simple texte qui rend l'utilisation super intuitive, même si parfois un peu lente. La gestion de l'inventaire est laborieuse au début, mais on finit vite par s'y habituer, malgré son aspect archaïque. Pour la musique, le remake a eu la chance de se voir offrir la version orchestrale de sa bande son... Au Japon. En effet, les versions occidentales se contenteront des musiques du jeu original, ce qui est bien dommage étant donné la qualité dingue des reprises. L'OST reste fantastique, grâce au travail, encore une fois, de Koichi Sugiyama, qui en plus de composer toutes les musiques de la série, les ré arrange pour des orchestres symphoniques, et pour notre plus grand plaisir. L'âge du jeu se ressent malheureusement sur sa construction. Malgré un enchaînement assez rapide des évènements, le nombre d'allers-retours à faire pour retrouver les fragments de tablettes et d'aider tout le monde est juste énorme. Le début du jeu se résume à courir d'un bout à l'autre de l'île de base en boucle pendant plus d'une heure, et on vous impose ce genre de petites courses assez fréquemment, et probablement trop pour certains joueurs qui ont l'habitude d'avancer en ligne droite sans trop se prendre la tête.
L'évolution entre le jeu original et son remake est bluffante.
Si vous êtes de ceux qui veulent aller vite et tout expédier par la bagarre, passez votre chemin, car Dragon Quest VII propose plus d'une centaine d'heure de jeu juste pour l'histoire en ligne droite. Si l'idée de jouer au livreur Fedex ne vous dérange pas tant que ça, le charme du jeu rattrape ce problème avec des dialogues bien écrits qui profitent d'une traduction de qualité, et toujours en rapport avec l'action que vous êtes en train d'accomplir. Une simple pression du bouton B déclenchera un dialogue avec un des membres de votre équipe, ce qui rend le cast vivant, et surtout attachant. Toute l'histoire prend alors un air de conte, comme tous les jeux de la série. Pas de concepts prise de tête, juste une histoire à suivre avec ses acteurs qui lui sont propres.
Dragon Warrior
Afin de revenir à l'interface que vous allez voir le plus, celle du système de combat est quasiment toujours la même. Attaque, défense, magie, aptitudes, objets, et fuite. Difficile de faire plus simple. Et si vous avez du mal à gérer vos troupes, il est toujours possible de leur attribuer une stratégie afin que les personnages soient contrôlés par l'ordinateur. Attribuez la tâche de soin à un personnage, celle de faire du support à un autre, et celle d'attaquer au dernier, et il vous sera possible de faire face à quasiment toutes les situations. Par ailleurs, le changement de stats et les altérations d'état fonctionnent sur tous les ennemis, y compris les boss, ce qui permet une myriade de stratégies différentes. Et pour couronner le tout, le jeu possède un système de classes plutôt original. Des classes telles que Berger ou Pirate côtoient les classiques Voleurs et Chevaliers. Et il est également possible de "fusionner" celles-ci afin d'obtenir des aptitudes et sorts uniques. La gestion des classes arrive assez tard dans le jeu, (prévoyez près d'une vingtaine d'heures) ce qui permet d'avoir largement pris en main le reste. Et heureusement, car des combats il va y en avoir. Exit les rencontres aléatoires, les monstres apparaissent sur la carte, ce qui permet aux joueurs de les éviter, même si certains passages exigus risquent de vous coincer entre un mur et un ennemi. Mais tant mieux, car il va falloir monter de niveau pour avancer et ne pas être bloqué par le premier boss qui passe. Heureusement les combats sont dynamiques, les animations des personnages et des ennemis sont un vrai plaisir pour les yeux, et même si les habitués de la série connaissent déjà la moitié du bestiaire, leurs modèles 3D et leurs animations de fuite, d'attaque ou autre sont assez détaillés pour surprendre. Et niveau surprise, Dragon Quest VII ne s'arrête pas là. Pour son passage à la portable de Nintendo, le jeu s'offre une fonction StreetPass, qui consiste à échanger des tablettes de voyageurs avec les joueurs qu'on rencontre. Chaque tablette permet de découvrir un donjon généré aléatoirement, avec un boss au bout qui vous lâchera un objet rare en cas de victoire. Pratique pour le farm, et une excuse autre que Pokémon Go pour sortir de chez soi, que demander de plus ? De plus, comme à l'époque de Dragon Quest IX, des tablettes spéciales seront distribuées par le net, et les premières distributions commenceront dès la sortie du jeu.
"L'éternité occupe ceux qui ont du temps à perdre."
C'est plus d'une centaine d'heures de jeu qui vont être nécessaires pour arriver au bout de l'histoire. Et si vous décidez de faire les annexes, de remplir votre livre des monstres, ou de faire des donjons issus de vos rencontres StreetPass, ce nombre pourra doubler, voir tripler. Le fait de devoir chercher des fragments de tablette aux quatre coins du monde, avec une carte qui grandit sans arrêt suite à vos exploits, risque d'en rebuter un paquet, étant donné le temps fou que tout cela va prendre. Mais malgré tout, la découpe du jeu en petites histoires parvient à garder le joueur intéressé, et à moins d'être allergique à sa narration, qui a pu souffrir de son âge, on se surprend à être captivé par des petits retournements de situation, ou même à être ému par les personnages que vous rencontrerez lors de votre voyage. Mention spéciale à l'île envahie par des robots qui propose une histoire plutôt originale pour un Dragon Quest. Ajoutez à cela les jeux de mots et les dialogues qui composent l'écriture du jeu, et vous avez là de quoi passer un agréable moment à parcourir le monde juste pour parler à tout le monde. Et c'est là que le jeu parvient à accomplir un tour de maître, celui de ne pas être ennuyant malgré une durée de vie formidable, à la limite de l'absurde.
Et en plus, les cinématiques sont quasiment absentes. Pour avoir une comparaison, les épisodes portés sur DS dépassaient péniblement les 40 heures de jeu pour les plus longs, sauf pour le IX qui proposait un énorme contenu post game et surtout, du multi-joueur. La seule chose à reprocher à la durée de vie du jeu est le rythme parfois cassé par des séquences d'allers-retours, impossibles à passer avec le sort de téléportation qui ne fonctionne pas entre le passé et le présent. En dehors de ça, c'est très certainement un des plus gros points forts du jeu, étant donné que peu de jeux solo peuvent se vanter d'une durée de vie pareille aujourd'hui. Vous pouvez aussi vous amuser à battre des monstres en boucle afin de les faire arriver dans votre prairie aux monstres, perdre votre temps au casino, chasser les mini-médailles... Non vraiment, vous avez de quoi vous occuper. Et si vous êtes perdus, un lutin jaune fait office de guide afin de vous sortir du bourbier dans lequel vous vous trouvez. Vous ne savez pas où se trouve le prochain fragment pour avancer ? Vous avez oublié ce que vous devez faire ? Tout se trouve dans la partie "Infos" du menu principal, qui regroupe un résumé de l'histoire jusqu'à maintenant, des indices concernant votre prochaine destination ainsi que la liste des tampons de monstres à récolter, qui sont plus de 400. Et si vous pensez que le jeu s'arrête une fois le boss de fin battu... Ne parlez pas trop vite.
Dragon Quest VII est certainement le jeu parfait pour la rentrée. Jouable par petites sessions, une durée de vie qui saura vous faire patienter jusqu'à fin Novembre facilement, et une histoire captivante. Si vous avez aimé les Bravely ou les autres Dragon Quest, foncez pour découvrir un des classiques de l'ère PS1 dans une version au goût du jour. Le jeu de qualité est très bon, et le remake est encore meilleur. Comme quoi, Square Enix sait toujours traiter ses licences correctement. Si vous n'aimez pas les combats au tour par tour, vous risquez de passer à côté d'un des meilleurs jeux de la console pour cette année. Mais si vous jouez à Pokémon, il y a fort à parier que ce n'est pas ça qui va vous déranger. On regrette quand même les quelques ralentissements, les allers-retours vite gavants et l'absence de la version orchestrale de la bande son, mais Dragon Quest VII a tellement pour se faire pardonner qu'on passera outre. Et si vous en avez pas assez avec celui là, Dragon Quest XI approche à grand pas sur NX, 3DS et PS4, et le portage de Dragon Quest VIII est attendu sur 3DS pour l'année prochaine.
Les Plus :
- Beau, coloré, la patte de Toriyama.
- La bande son qui fait honneur à la série.
- Les petites histoires aussi attachantes que les personnages.
- Le contenu et la durée de vie totalement dingues.
- Les ajouts de la version 3DS.
- L'aide apportée pour les nouveaux joueurs.
- Gameplay au tour par tour classique mais toujours aussi agréable
Les moins :
- L'absence de la version orchestrale de l'OST, présente sur la version Japonaise.
- Les allers-retours, bien trop fréquents.
- Le début du jeu assez lent.
- Les menus perfectibles.