Pokkén Tournament: notre verdict
J'ai passé ce dernier mois sur deux jeux : Street Fighter V et Pokkén Tournament.
Autant dire que les jeux de baston, je connais ; et que je n'ai pas prévu d'être particulièrement tendre avec le jeu de la Pokémon Company.
C'est cependant avec les meilleures intentions du monde que je me suis rué sur la version presse que Nintendo nous a proposé. Car si le jeu fait parler de lui depuis deux ans, rares sont les chanceux qui ont pu y toucher depuis sa sortie japonaise en arcade l'année dernière.
Cette sortie mondiale sur Wii U remet donc les compteurs à zéro : quelques nouveaux persos, un mode solo, un mode online et une nouvelle chance pour le jeu de versus de rassembler une communauté avant son arrivée en trombe à l'EVO 2016.
Dans ma tête au lancement tant attendu du jeu, ces questions : Alors, il est cool le jeu de bagarre Pokémon ? Pas trop casu ? Il est marrant au moins ?
La réponse à toutes ces questions et bien plus encore dans quelques minutes.
Accessible mais pas trop
Pour sa première incursion dans le monde des jeux de combat en 20 ans, Pokémon a décidé de faire appel à des vétérans du genre puisque ce sont les équipes de Namco Bandai qui sont chargées du développement de Pokkén Tournament, sous la houlette du producteur historique de la série Tekken. Une réunion à priori bienvenue pour un projet qui démarre donc sous les meilleures auspices.
Si Pokkén Tournament propose 16 combattants tout comme le dernier Street Fighter, la comparaison s'arrête là.
Mettons d'abord au clair un point : si vous avez lu un peu partout que le jeu s'inspirait grandement de Tekken, c'est foncièrement faux.
Les premières impressions manette en main le confirment, on est ici en présence d'un gameplay hybride, basé sur le rapport de force entre le coup, la chope et le contre.
Si l'alternance régulière entre la phase de terrain et la phase de duel qui rythme les combats est définitivement le choix le plus douteux de ce système de jeu, elle a au moins le mérite d'apporter une certaine variété aux affrontements.
Sans rentrer dans le fond du fond, sachez simplement que le combat débute dans une phase de déplacement libre qui rappelle forcément les Naruto Storm. Cette phase privilégie la gestion de distance et donc les projectiles.
Une fois un violent bourre-pif ou une chope calée, le combat passe dans un système 2D classique à la Street Fighter, avec caméra de côté et combos à gogo. Une projection trop violente fera revenir la phase de terrain, et ainsi de suite. Les différents coups étant pour la plupart différents en phase de terrain et de duel, on a en fait accès à un panel de coup presque trop varié, avec une nette domination des coups typés "spéciaux" au détriment des coups plus basiques qui font d'habitude le sel de tout jeu de combat.
Ce système peut paraître un peu bipolaire, mais le joueur débutant comme le vétéran aura vite fait de le digérer pour se l'approprier.
Certes les coups spéciaux sont à rentrer sur simple pression d'une direction, mais le jeu s'avère tout de même assez technique dès lors qu'il faut rentrer les différents combos parfois plutôt retors.
La présence du classique mode défi confirme une certaine profondeur, avec des combos à base de cancel.
Mais nul besoin de maîtriser toutes ces subtilités pour gagner un match de Pokkén : le néophyte qui se fait enchaîner aura tôt fait de presser les deux gâchettes pour passer en mode furie une fois sa jauge remplie, afin de caler une attaque ultime dévastatrice souvent extrêmement gratuite.
On note également la présence de duos Pokémon de soutien aux effets assez variés (offensif, boost, handicap), que le joueur pourra appeler plus ou moins régulièrement chaque round, selon le Pokémon choisi. Avant chaque round, le jeu propose de choisir un des deux Pokémon de soutien, ajoutant une couche pseudo-tactique aux affrontements en permettant au joueur de s'adapter au comportement de son adversaire selon le déroulement du combat.
Enfin, la garde est activée sur pression d'un bouton, ce qui achève de donner aux matchs un rythme assez posé, où l'analyse des mouvements de son adversaire est bien plus cruciale que la maîtrise de combos dévastateurs.
Si t'es pas joli, sois au moins poli
Maintenant qu'on a fait le tour du système de combat, il va falloir causer de la forme et du contenu. Et c'est peut-être là que le bât blesse.
Dès le lancement du premier match, le constat est sans appel : Pokkén Tournament n'est pas vraiment beau. Voire vraiment pas beau.
Si la modélisation des combattants et leurs animations est honnête, le rendu global est extrêmement flou, un flou qu'on a vraiment du mal à expliquer. Pokkén ressemble à une vidéo YouTube mal encodée, et c'est dommage : ce rendu cradingue contraste avec l'interface nette au premier plan, interface malheureusement assez intrusive et très peu inspirée.
Cette finition moyenne empêche également le joueur de vraiment profiter des décors pourtant souvent jolis des stages du jeu, aux ambiances assez variées et remplis de détails destinés au Pokémaniaque. À vrai dire, les différents Pokémon qui font vivre les décors sont infiniment plus agréables que les modèles basse-résolution qu'on peut retrouver dans un Street Fighter V.
Les attaques ultimes sont bien souvent complètement pétées.
On passera outre la qualité de la bande-son, qui est ici au minimum syndical, pour s'attaquer au contenu solo du jeu.
Là non plus, ce n'est pas bien compliqué : pour débuter le joueur a accès à divers tutoriels, à un mode entraînement libre, et à un mode combos pour s'entraîner à placer quelques enchaînements avec son Pokémon favori.
L'essentiel se déroule dans le mode tournoi : vaguement scénarisé, il s'agira d'enchaîner des suites de 5 combats pour se hisser dans le classement afin de se qualifier au tournoi de la première ligue, tournoi qu'il faudra remporter avant de vaincre le champion de ligue, et ainsi passer à la ligue suivante. Puis il faudra revenir aux séries de combats pour se qualifier au tournoi de cette ligue, et ainsi de suite.
Se battre pour être le meilleur dresseur, pas très original mais on a l'habitude.
Si les deux premières ligues sont vraiment faciles, les dresseurs contrôlés par l'IA peuvent poser un challenge intéressant sur les dernières ligues.
Malheureusement, ce parcours est extrêmement répétitif et il faudra prendre son mal en patience pour compléter ce passage obligé : c'est en finissant chaque ligue que le joueur débloquera les différents Pokémon de soutien et stages du jeu, en plus de diverses fringues et accessoires pour son dresseur qu'il payera avec l'argent des tournois.
Shadow Mewtwo fait office de classique boss surpété, et il n'a rien à envier à Gill de Street Fighter III.
Ponctuée de quelques affrontements déséquilibrés avec un Shadow Mewtwo mystérieux et bien pété, la progression n'est motivée que par cette simili-intrigue qu'il faudra malgré tout achever pour débloquer les deux Pokémon jouables cachés du jeu. Un peu longuet tout de même : on parle d'une centaine de combats pour tout débloquer.
En plus de ce mode histoire, on a évidemment accès aux combats en local, avec un ami ou seul. Contre un ami, le framerate du jeu est divisé par deux puisque l'un des deux joueurs jouera sur l'écran du gamepad et l'autre sur la télé.
À noter également, chaque Pokémon démarrera au niveau 1 et pourra grimper jusqu'au niveau 100. Chaque niveau gagné permettra d'investir un point de statistique pour spécialiser son Pokémon dans la force, le mode furie, la défense ou l'appel de soutien.
Ce principe est assez étrange dans la mesure où ces statistiques seront valables dans les affrontements multijoueurs, et qu'il sera très long et laborieux de faire grimper un Pokémon qu'on a peu utilisé jusqu'au niveau 100.
Hotline bagarre
Sur le long terme, c'est évidemment le multijoueur et donc le mode en ligne qui priment dans un jeu de baston.
Pokkén ne déroge pas à la règle puisqu'il propose de prendre part à des affrontements amicaux et classés.
Classement des joueurs et système de rang sont au rendez-vous pour les plus acharnés, et mes quelques heures en ligne ne m'ont pas fait remarquer de problèmes de lag particuliers.
Pour être le meilleur dresseur, c'est dans le classement en ligne que ça se passe. Nous on est déjà dans le top 100, et on t'attend.
Si c'est avec des potes en local que le jeu s'est révélé le plus amusant, il est encore un peu tôt pour juger de son équilibrage général et de son potentiel sur le long terme. Quelques Pokémon comme Dimoret semblent se hisser au dessus du lot, mais chaque combattant possède ses points forts. Certains comme Gardevoir sont assez difficiles à maîtriser, et le panel de personnages se révèle franchement varié dans les styles de combat. Chacun devrait y trouver son compte, même si le charisme des 16 Pokémon peut sembler insuffisant sur le long terme.
Pour conclure, Pokkén Tournament est un jeu en demi-teinte. Joli essai pour une première incursion dans le versus fighting, le jeu est assez accessible et marrant pour promettre quelques heures de fun entre potes. La finition du jeu vient cependant ombrager le tableau : clairement pas à la hauteur de ce que peut faire tourner la Wii U, le jeu manque surtout de contenu pour justifier de s'y investir sur le long terme. Si le jeu a le mérite de réunir les fans de Pokémon et les aficionados de baston, il ne devrait pas faire date, même si on est assez curieux de son potentiel dans un vrai tournoi tel que l'EVO. |
Cool
-Des Pokémon plus vivants que jamais
-Facile à jouer
-Plus technique qu'on aurait cru
-Enfin de la vraie baston Pokémon
Pas Cool
-Système de combat un peu chelou
-C'est quoi ce flou ?!
-Interface gavante et un peu lourde
-Assez avare en contenu (coucou Street V)
-Où est Tygnon ?